Volume 41, Number 1 (121), Fall 2015 Louis Hamelin Guest-edited by Michel Nareau and Jacques Pelletier
Table of contents (17 articles)
Dossier
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L’écriture comme appropriation de soi et du monde
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Entretien avec Louis Hamelin
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Inédit : Crash
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Espace et pouvoir dans La rage de Louis Hamelin
Julien Desrochers
pp. 35–47
AbstractFR:
En prenant appui sur le concept d’espace abstrait tel que développé par Henri Lefebvre, cet article propose de montrer comment, dans La rage (1989) de Louis Hamelin, le pouvoir, par le truchement de figures et de configurations spatiales précises, prend place à l’intérieur du récit. Appareil de domination politique, technocratique et capitaliste, le complexe aéroportuaire de Mirabel que décrit le narrateur Édouard Malarmé est investi de significations symboliques qui imposent aux personnages une hégémonie physique et mentale. À la fois contesté et convoité, ce pouvoir détermine leur champ d’action, fortement circonscrit à l’intérieur d’une logique spatiale où s’oppose une matrice de verticalité à une autre d’horizontalité. Loin de se limiter à La rage, cette configuration de l’espace romanesque est réitérée dans les fictions subséquentes d’Hamelin, ce qui témoigne de la place importante qu’elle occupe dans l’imaginaire de l’auteur.
EN:
Starting from the concept of abstract space as developed by Henri Lefebvre, this article seeks to show how power takes its place within the narrative of Louis Hamelin’s La rage (1989) through specific spatial figures and configurations. The Mirabel airport complex described by the narrator, Édouard Malarmé, is a structure of political, technocratic and capitalist domination, invested with symbolic meanings that impose a physical and mental hegemony on the characters. Both contested and coveted, this power determines their field of action, one that is confined within a spatial logic in which a matrix of verticality is opposed to one of horizontality. This configuration of the novel’s space is not limited to La rage: it is reiterated in Hamelin’s subsequent fictions, reflecting its significance in the author’s imaginary world.
ES:
Apoyándose en el concepto de espacio abstracto, tal y como lo desarrolla Henri Lefebvre, este artículo propone mostrar, en La rage (1989) de Louis Hamelin, la manera en que el poder, a través de figuras y configuraciones espaciales precisas, se sitúa dentro del relato. Aparato de dominación política, tecnocrática y capitalista, el complejo aeroportuario de Mirabel descrito por el narrador Édouard Malarmé está impregnado de significados simbólicos que imponen a los personajes una hegemonía física y mental. A la vez discutido y codiciado, dicho poder determina su campo de acción, fuertemente circunscrito dentro de una lógica espacial en la que se oponen una matriz de verticalidad a otra de horizontalidad. Lejos de limitarse a La rage, esta configuración del espacio novelesco se repite en las ficciones subsiguientes de Hamelin, lo cual demuestra la importancia del lugar que ocupa en el imaginario del autor.
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L’expression du sujet en tant qu’« entité » : se définir chez Louis Hamelin
Jimmy Thibeault
pp. 49–63
AbstractFR:
Depuis le début des années 1980, plusieurs écrivains québécois se sont intéressés au caractère américain de la société québécoise, c’est-à-dire à l’expérience historique de cette société francophone qui a pris forme certes dans un rapport de filiation à la France, mais également dans une proximité culturelle avec d’autres sociétés qui se sont formées en parallèle sur le continent. Louis Hamelin occupe une place importante dans cette lignée d’auteurs qui ont inscrit leur oeuvre sous le signe de l’américanité. Chez Hamelin, cette américanité, si elle renvoie au territoire continental et à la culture états-unienne, est néanmoins empreinte d’une certaine conscience francophone qui participerait à définir le territoire, ouvrant ainsi la voie à une recomposition de l’imaginaire continental par sa franco-américanité. Le présent article propose d’étudier comment Louis Hamelin participe à la réflexion sur la franco-américanité en s’intéressant essentiellement au rapport qu’entretient son écriture avec les discours identitaires qui marquent le Québec, notamment dans son rapport avec la France et avec les États-Unis. Il sera question, dans un premier temps, de la représentation de la France dans la construction identitaire du Québec telle qu’elle apparaît dans quelques textes du livre Le voyage en pot et, dans un deuxième temps, de la construction du sujet en marge d’une certaine représentation du mythe américain dans Le joueur de flûte.
EN:
Since the early 1980s, a number of Québec writers have been interested in the American nature of Québec society, i.e., the historical experience of a French-speaking society that has been shaped by a relationship of filiation with France, but also by cultural proximity to other parallel societies that appeared in North America. Louis Hamelin is a major figure within this group of authors who have placed their work under the sign of Americanity. In Hamelin’s work, this Americanity, while referring to the territory of the continent and the culture of the United States, is nonetheless shaped by a certain Francophone awareness that might participate in defining the territory, thus opening the way to a recomposition of the continental imaginary world through its Franco-Americanity. This article attempts to see how Louis Hamelin participates in thinking about Franco-Americanity, focusing essentially on the relation between Hamelin’s writing and the identitary discourses affecting Québec, especially in its relation to France and the United States. First, we will look at the representation of France in the construction of Québec’s identity as it appears in various texts from Le voyage en pot; then, we will discuss the construction of the subject at the margins of a certain way of representing the American myth in Le joueur de flûte.
ES:
Desde principios de los años 1980, varios escritores quebequenses se han interesado por el carácter estadounidense de la sociedad quebequense, es decir, por la experiencia histórica de esta sociedad francófona que, por cierto, tomó forma en una relación de filiación con Francia, pero también en una proximidad cultural con otras sociedades que se fueron formando en paralelo en el continente. Louis Hamelin ocupa un lugar importante en este linaje de autores que han inscrito su obra bajo el signo de la americanidad. En Hamelin, dicha americanidad, si bien se remite al territorio continental y a la cultura estadounidense, está no obstante impregnada de cierta conciencia francófona que contribuiría a definir el territorio, abriendo así la vía para una recomposición del imaginario continental por su francoameridanidad. El presente artículo propone estudiar cómo Louis Hamelin participa de la reflexión sobre la francoamericanidad, interesándose esencialmente por la relación que mantiene su escritura con los discursos identitarios que caracterizan a Quebec, sobre todo en su relación con Francia y con Estados Unidos. Se tratará, en una primera fase, de la representación de Francia en la construcción identitaria de Quebec tal y como aparece en algunos textos del libro Le voyage en pot (El viaje en bote) y, en una segunda fase, en la construcción del tema al margen de cierta representación del mito americano en Le joueur de flûte (El flautista).
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Le Ville Jacques-Cartier de Louis Hamelin : infrastructures et infrahistoire du récit au Québec
Daniel Laforest
pp. 65–74
AbstractFR:
Cet article porte sur la représentation du Ville Jacques-Cartier des années 1960 dans La constellation du Lynx. L’hypothèse est que dans le roman historique de Louis Hamelin l’accroissement de la documentation factuelle (ce qui s’est vraiment passé) dépend d’un accroissement proportionnel du mythe territorial québécois (le lieu où ça se serait vraiment passé). Le premier est un travail de reconstruction, le second d’imagination. En découle une figure de l’écrivain québécois très attaché aux lieux et qui se présente comme affabulateur scrupuleux ou comme conteur cherchant un surcroît d’authenticité dans les marges géographiques. Figure dont la critique de la fin des années 2000 s’est éprise et dont Hamelin serait le préfigurateur.
EN:
This article focuses on the representation of 1960s Ville Jacques-Cartier in La constellation du Lynx. Its hypothesis is that in a Louis Hamelin historical novel, the increase in factual information (what really happened) depends on a corresponding increase in the Quebec territorial myth (the place where it is thought to really have happened). The first is a work of reconstruction, the second of imagination. The result is the figure of a Québec writer who is very attached to places and presents himself as a scrupulous author of tall tales or a storyteller looking for more authenticity in geographical margins. This figure, which critics of the late 2000s have found compelling, would seem to be prefigured by Hamelin.
ES:
Este artículo se refiere a la representación de la ciudad Ville Jacques-Cartier de los años 1960 en La constellation du Lynx. La hipótesis es que, en la novela histórica de Louis Hamelin, el incremento de documentación fáctica (lo que sucedió realmente) depende de un aumento proporcional del mito territorial quebequense (el lugar en que habría sucedido de verdad). El primero es un trabajo de reconstrucción, y el segundo de imaginación. De ello se desprende una figura del escritor quebequense muy vinculado a los lugares y que se presenta como un fabulador escrupuloso o como un narrador que busca un aumento de autenticidad en las márgenes geográficas. Es una figura de la cual se prendó la crítica de finales de los años 2000 y cuyo prefigurador sería Hamelin.
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Pour en finir avec Octobre
François Ouellet
pp. 75–86
AbstractFR:
Pour écrire La constellation du Lynx, roman dans lequel Sam Nihilo enquête sur la crise d’Octobre, Louis Hamelin a fait de nombreuses années de recherche. Cet article vise à montrer comment le canevas politique sert néanmoins à faire émerger un autre discours dont il ne saurait se passer pour que Sam mène à bien son enquête. Car ici, à la suite de la mort de Chevalier Branlequeue, le mentor politique de Sam, une quête amoureuse se substitue progressivement à l’enquête, la relation de Sam avec Dora s’imposant au détriment de l’intrigue nationaliste. La fin du roman, en bouclant l’enquête, met définitivement au rancart le pays des felquistes.
EN:
To write La constellation du Lynx, a novel in which Sam Nihilo investigates the October crisis, Louis Hamelin did many years’ research. This article seeks to show that the political outline nonetheless supports the emergence of another discourse that is absolutely necessary if Sam is to be successful in his investigation. After the death of Sam’s political mentor, Chevalier Branlequeue, a love quest gradually replaces the investigation as Sam’s relation with Dora becomes dominant at the expense of the nationalist aspect of the plot. The end of the novel, as it finishes off the investigation, sets the felquistes’ country aside for good.
ES:
Para escribir La constellation du Lynx, novela en la cual Sam Nihilo investiga sobre la crisis de Octubre, Louis Hamelin dedicó muchos años a esta investigación. Este artículo pretende mostrar cómo el esquema político sirve, no obstante, para que surja otro discurso del cual no podría prescindir para que Sam lleve a cabo su investigación, pues aquí, a raíz de la muerte de Chevalier Branlequeue, el mentor político de Sam, una búsqueda amorosa sustituye progresivamente a la investigación, la relación de Sam con Dora, imponiéndose en detrimento de la intriga nacionalista. El final de la novela, al concluir la encuesta, aparta definitivamente al país de los felquistas (miembros del Frente de Liberación de Québec - FLQ).
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Présences d’Octobre : variations littéraires autour d’un épisode de l’histoire québécoise (Louis Hamelin, Carl Leblanc)
Robert Dion
pp. 87–100
AbstractFR:
Parmi les ouvrages littéraires québécois publiés ces dernières années à propos d’événements historiques marquants, il en est deux, particulièrement intéressants, qui portent sur la crise d’Octobre 1970. Le premier, Le personnage secondaire de Carl Leblanc (2006), ressortit à l’essai-fiction, et le second, La constellation du Lynx de Louis Hamelin (2010), au roman d’enquête. À travers ces deux ouvrages qui optent pour des stratégies discursives éminemment différentes, mais qui ont en commun de revisiter au présent un épisode traumatique de l’histoire nationale (relativement) récente, il s’agit de voir comment la littérature entend interroger les fictions de l’historiographie pour, à la fois, lui contester le monopole de la mémoire et lui opposer d’autres formes de discours telles que le témoignage et le documentaire, d’une part, et la fiction romanesque, de l’autre. Nous avons ainsi voulu vérifier s’il est vrai que, comme l’a écrit à propos du roman d’Hamelin un critique plutôt complaisant, la crise d’Octobre « a tellement traumatisé notre conscience collective que seule la lunette de la fiction peut nous en faire découvrir la vérité cachée, l’essence qu’obscurciraient toute exactitude anecdotique, tout sensationnalisme lié à des noms véritables » (Michel Lapierre, « Louis Hamelin et les étoiles d’Octobre », Le Devoir, 25 septembre 2010).
EN:
Among Québec literary works published over the last few years that deal with important historical events, two particularly interesting books deal with the October 1970 crisis. The first, Carl Leblanc’s Le personnage secondaire (2006), can be described as a fiction/essay, while the second, Louis Hamelin’s La constellation du Lynx (2010), can be described as an investigative novel. Through these two works that adopt highly different discursive strategies, but that both revisit, in the present, a traumatic episode of (relatively) recent national history, our purpose is to see how literature seeks to question the fictions of historiography in order to challenge its monopoly of memory and oppose to it other forms of discourse such as the personal account and the documentary, on the one hand, and novelistic fiction, on the other. We have attempted to determine whether it is true that, as a rather lenient critic wrote about Hamelin’s novel, the October crisis “traumatised our collective consciousness so much that only through the lens of fiction can we discover its hidden truth, the essence that would be obscured by any anecdotal accuracy, any sensationalism related to real names” (Michel Lapierre, “Louis Hamelin et les étoiles d’Octobre”, Le Devoir, September 25, 2010).
ES:
Entre las obras literarias quebequenses publicadas en estos últimos años a propósito de acontecimientos históricos relevantes, hay dos que resultan particularmente interesantes: son las que se refieren a la crisis de Octubre de 1970. La primera, Le personnage secondaire (El personaje secundario), de Carl Leblanc (2006), está relacionada con el ensayo-ficción, y la segunda, La constellation du Lynx (La constelación del Lince), de Louis Hamelin (2010), con la novela de encuesta. A través de estas dos obras que optan por estrategias discursivas eminentemente diferentes, pero que tienen en común el hecho de mostrar de nuevo, en presente, un episodio traumático de la historia nacional (relativamente) reciente, se trata de cómo la literatura pretende interrogar las ficciones de la historiografía para, al mismo tiempo, discutirle el monopolio de la memoria y oponerle otras formas de discurso, tales como el testimonio y el documental, por una parte, y la ficción novelesca, por otra. Quisimos de esta forma comprobar si es verdad que, como escribió a propósito de la novela de Hamelin un crítico más bien indulgente, la crisis de Octubre “traumatizó de tal manera nuestra conciencia colectiva que tan sólo el anteojo de la ficción puede hacernos descubrir la verdad oculta, la esencia que oscurecería cualquier exactitud anecdótica, cualquier sensacionalismo ligado a nombres verdaderos” (Michel Lapierre, « Louis Hamelin et les étoiles d’Octobre » [“Louis Hamelin y las estrellas de Octubre”], en el diario Le Devoir del 25 de septiembre de 2010).
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Bibliographie de Louis Hamelin
Étude
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« L’Allemagne que j’abhorre. L’Allemagne que j’adore. » : la perception polémique de l’Autre dans Ça va aller de Catherine Mavrikakis
Louise-Hélène Filion
pp. 123–142
AbstractFR:
Le roman Ça va aller (2002), de Catherine Mavrikakis, entremêle les filiations littéraires, culturelles et généalogiques en empruntant à la fois au « roman familial » et au « récit de filiation » : c’est ainsi qu’il est notamment porteur d’un imaginaire allemand aux ramifications considérables. Le roman étonne par le traitement qu’il réserve aux cultures germanophones, sa narratrice oscillant entre germanophobie et germanophilie. Ambivalente, la perception de l’Allemagne fait souvent glisser le texte du côté de l’injonction ou de la sommation idéologique. Cet article a pour objectif de décrire la perception globale de l’Autre proposée dans Ça va aller, à partir d’analyses sémiologique, sociocritique, interdiscursive et intertextuelle, lesquelles dévoilent tour à tour la dimension polémique, voire éthique de la perception de l’Allemagne.
EN:
Catherine Mavrikakis’s novel Ça va aller (2002) entwines literary, cultural and genealogical filiations, borrowing simultaneously from the “family novel” and the “filiation narrative”. Among other things, the novel carries an imaginary German realm that has widespread ramifications. The novel deals with German-language cultures in a surprising way as the narrator wavers between Germanophobia and Germanophilia. The ambivalent perception of Germany often causes the text to move towards injunction or ideological warning. This article proposes to describe the overall perception of the Other put forward in Ça va aller on the basis of semiological, sociocritical, interdiscursive and intertextual analyses, which successively disclose the polemical, or even ethical, dimension of the perception of Germany.
ES:
La novela Ça va aller (2002), de Catherine Mavrikakis, entremezcla las filiaciones literarias, culturales y genealógicas al extraer a la vez de la “novela familiar” y del “relato de filiación”: y así es portadora, en particular, de un imaginario alemán con ramificaciones considerables. La novela sorprende por su manera de tratar las culturas germanófonas, al oscilar su narradora entre germanofobia y germanofilia. Ambivalente, la percepción de Alemania hace que el texto se deslice con frecuencia del lado de la conminación o de la intimación ideológica. Este artículo tiene como objetivo describir la percepción global del Otro que se propone en Ça va aller, a partir de análisis semiológico, sociocrítico, interdiscursivo e intertextual, los cuales desvelan, por turno, la dimensión polémica, incluso ética de la percepción de Alemania.