Abstracts
Résumé
Cet article veut montrer la présence dans Trente arpents d’une pensée de la parole partagée profonde et complexe au moyen de la description des traits constitutifs de la poétique dialogale du roman. Contrairement à l’idée reçue, ces traits constitutifs ne sont pas lexicaux ou grammaticaux ; pragmatiques, ils relèvent des conventions de la conversation, des modalités de construction des objets discursifs et du conflit des rencontres sociolectales. Se laisse lire dans cette poétique dialogale raffinée une conception anthropologique de la parole partagée, véritable bien commun dont le destin, au coeur du roman, raconte le crépuscule fictionnel d’un genre et d’une forme de vie dont Trente arpents dit la lente mais irrémédiable disparition.
Abstract
By describing the basic features of Trente arpents’s dialogal poetics, this article attempts to show that the novel embodies the idea of a deep and complex shared speech. Conventional ideas to the contrary, the basic features in question are not lexical or grammatical; they are pragmatic, governed by conversational conventions, the rules for constructing discursive objects and the conflict arising from sociolectal encounters. Within this sophisticated dialogal poetics, it is possible to read an anthropological conception of shared speech as a genuine common good whose destiny is at the heart of the novel. Describing the fictional twilight of a genre and lifestyle, Trente arpents charts the slow but irreversible disappearance of this phenomenon.