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Sophie Marcotte, qui a dirigé le présent dossier sur Gilles Archambault, a réussi à conserver la discrétion et la simplicité qui caractérisent le parcours et les oeuvres de cet auteur qui, comme il le révèle en entrevue, ressent parfois le souhait de dire « merci » à ses lecteurs, étonné qu’ils le lisent et surtout, le commentent. Paradoxalement, les commentateurs de cette oeuvre qu’elle a ici réunis — Laurent Mailhot, Jacques Brault et Lori Saint-Martin — nous rappellent avec intelligence et sensibilité que tout n’est pas si simple dans l’oeuvre d’Archambault : la paternité, les « romans d’auteur », la subtilité même posent des contradictions fécondantes. « J’ai écrit parce que je n’en pouvais plus de me contenter de vivre », dit Archambault pour justifier son oeuvre : « Je ne me suis jamais adressé qu’à un lecteur aux prises avec des démons qui ressemblent aux miens. »
À la suite de ce dossier, Nicolas Xanthos propose une étude éclairante sur les « communautés de paroles » (et certainement aussi, de silences) dans le roman Trente arpents de Ringuet. Selon Xanthos, c’est par une poétique de la parole partagée qu’est racontée dans cette oeuvre la disparition d’un monde, et l’éveil d’un nouveau. En suivant méticuleusement les étapes de la correspondance entre Gaston Miron et Henri Pichette, Pascal Caron y voit les signes plus vastes de l’amitié franco-québécoise, telle que l’imaginait la seconde moitié du siècle précédent. Font suite à ces études les chroniques du roman, de la poésie et de ses rééditions, de l’essai et de la recherche.