Abstracts
Résumé
Dans cet article, l’auteure analyse et compare les représentations de la Shoah dans l’oeuvre poétique d’un écrivain québécois francophone non juif, Jacques Brault, et de deux écrivains anglo-québécois d’origine juive, Irving Layton et Leonard Cohen. Ces témoins indirects du génocide juif survenu en Europe le représentent indirectement, en articulant un rapport complexe entre les sentiments de culpabilité et de fraternité avec les victimes. L’auteure propose de montrer que c’est la mise à distance de leurs sujets poétiques qui autorise Brault, Layton et Cohen à aborder ce thème pour lequel les interdits théoriques abondent depuis la désormais célèbre formule d’Adorno : « Écrire de la poésie après Auschwitz est barbare. »
Abstract
This article analyzes and compares representations of the Shoah in the poetic work of a non-Jewish Francophone Quebec writer, Jacques Brault, and two Anglo-Québécois writers of Jewish origin, Irving Layton and Leonard Cohen. Witnessing the Jewish genocide in Europe at one remove, these writers present it indirectly, evoking a complex relationship between feelings of guilt and brotherhood with the victims. The author’s purpose is to demonstrate that a process of distancing themselves from their subjects allows Brault, Layton and Cohen to deal with this theme, which has been surrounded by theoretical prohibitions since Adorno’s famous statement: “to write poetry after Auschwitz is barbaric”.