Article body
« La littérature québécoise comme objet de savoir ». Depuis maintenant trente ans, la revue Voix et Images se consacre à l’étude, à l’analyse et à la comparaison des oeuvres et des problématiques liées à la littérature du Québec. Son histoire et son mandat entrecroisent l’évolution de la littérature québécoise, qui a acquis peu à peu une reconnaissance en tant que discipline d’étude, d’enseignement et de recherche. Seule revue à en faire son objet de recherche exclusif, Voix et Images a publié depuis sa fondation des centaines d’articles et de chroniques sur la littérature québécoise, qui forment une vaste encyclopédie critique. Aussi, j’accepte la direction de cette institution avec respect et humilité, mais aussi avec la vigoureuse intention de travailler à la mise en valeur de son patrimoine et au renforcement de son rôle et de son rayonnement, tout en amorçant une réflexion de fond quant aux modes aujourd’hui les plus appropriés pour que la revue puisse remplir le mandat qui est le sien. Pour souligner le trentième anniversaire de la revue, le comité de rédaction annoncera au cours de l’année diverses initiatives et activités en ce sens.
Le lecteur trouvera dans ce numéro, dirigé par Marie-Pier Luneau et Pierre Hébert et consacré au « pseudonyme au Québec », différentes études qui cherchent à circonscrire l’histoire, le fonctionnement et les conséquences de l’emploi de noms d’auteurs qui ne correspondent pas au nom légal des écrivains. Parfois ruse, souvent stratégie, le pseudonymat est un jeu de rôle plus complexe qu’il n’y paraît. Dans son article, Marie-Pier Luneau en dévoile l’importance, tout en notant à quel point il s’agit d’une pratique variable selon les époques. Lucie Robert, en s’intéressant à la question de la double profession des écrivains, remarque que le pseudonyme permet d’opérer une rupture entre la vie et l’oeuvre. Quant à Manon Brunet, elle trace la trajectoire intellectuelle d’Henri Raymond Casgrain sous l’angle du travestissement littéraire, alors que Chantal Savoie suit l’évolution des signatures féminines au tournant du vingtième siècle. Enfin, Pierre Hébert analyse l’usage de la pseudonymie et de la transgression chez Louis Dantin, alors que Patricia Godbout, à partir de quelques cas, examine les rapports entre les stratégies de traduction et l’emploi de pseudonymes. En étude libre, Maxime Prévost propose un article qui relève l’importance de la figure de Lord Byron dans le roman Prochain épisode, rappelant à quel point l’écriture d’Hubert Aquin oscille entre des pôles opposés. Comme à l’habitude, le numéro se termine par nos chroniques, fort appréciées, que signent cette fois François Paré, Michel Biron, André Brochu, Catherine Mavrikakis et Lucie Robert.
Je tiens à remercier ma prédécesseure à la direction, ma collègue Lori Saint-Martin, pour son remarquable travail d’édition et d’intendance. Lori a aimablement accepté de demeurer un an de plus au comité de rédaction, selon un nouveau mécanisme qui permet à un ancien directeur d’assurer une continuité éditoriale. Lori Saint-Martin, et avant elle Max Roy et Jean-François Chassay, ont dirigé la revue tout en étant soutenus avec minutie, rigueur et discrétion par Diane Brabant qui, après avoir occupé le poste de secrétaire à la rédaction, nous quitte maintenant. Je la remercie chaleureusement et lui souhaite la meilleure des chances pour la suite. Elle a été remplacée par Michel Nareau, avec qui elle a pu partager son expérience au cours des derniers mois. Enfin, je souligne le départ de Paul Chamberland du comité de rédaction, lui souhaite une excellente retraite, et salue l’arrivée de Jacinthe Martel et de Robert Dion, qui se joignent à Voix et Images.
Bonne lecture, et bon trentième anniversaire !