Abstracts
Résumé
Un rêve québécois de Victor-Lévy Beaulieu est un texte qui travaille à sa propre insanité, c'est-à-dire qui pousse à son comble l'expression ou l'expérience de l'abjection, du manque et de l'aliénation. C'est un « roman scié » qui délibérément se livre à l'horreur pour mieux ressaisir — en négatif — la voix catastrophée de son « romancier ». Ainsi, ce n'est pas que l'histoire d'un homme humilié qui expurge sa rage en fantasmant qu'il sacrifie et mutile sa femme infidèle. C'est surtout la métaphore d'un rêve d'écriture qui tourne mal, d'une main toujours gauche à écrire une Oeuvre qui s'objecte et qui manifestement ne peut s'écrire sans combat ni perte, sans dommage ni ravage. Fiction d'une (con)quête éperdue et d'une écriture suppliciante, Un rêve québécois porte en sa déficience l'écho d'une littérature malaisée et attentatoire et porte au corps les traces de ses violences.
Abstract
Un rêve québécois by Victor-Lévy Beaulieu is a text that works on its own insanity, i.e., that pushes to an extreme the expression or experience of abjectness, want and alienation. This "sawn novel" deliberately gives itself over to horror in order better to recapture — in negative — the shattered voice of its "novelist". Thus, the novel is more than the story of a humiliated man who vents his rage in fantasies of sacrificing and mutilating his unfaithful wife. Above all, it is the metaphor of a dream of writing turned to nightmare, of a hand that is always clumsy in its efforts to write a Work that makes itself abject and clearly cannot be written without struggle or loss, damage or devastation. Fiction of a frantic (con)quest and the torture of writing, Un rêve québécois carries in its deficiency the echo of an uneasy and violent literature and, in its body, traces of its violence.
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