Abstracts
Résumé
Le succès de Huis clos et la conférence de Jean-Paul Sartre à Montréal en mars 1946 suscitent un engouement pour Sartre. Le caractère public de l'événement et la division entre les intervenants catholiques entraînent une crise de la censure. L'impuissance des censeurs à interdire ou à contrôler la discussion les contraint à recourir à la dénonciation dissuasive et à l'arme du ridicule. D'autres catholiques prennent en compte la curiosité pour Sartre et en proposent une lecture « symptômale » et récupératrice d'un point de vue catholique. L'analyse d'une brèche importante mais brève dans le champ intellectuel montréalais des années quarante contribue à la compréhension des conditions de l'exercice du contrôle de l'opinion publique là où, grâce à l'action des journaux, la société civile acquiert une autonomie relative par rapport à l'institution religieuse.
Abstract
The success of Huis clos and Sartre's public lecture in Montréal in March 1946 created an infatuation with Sartre. A crisis of censorship arose from the public nature of the event and the division among Catholic authorities. Powerless to forbid or control the debate, censors were forced to fall back on dissuasive denunciation and the weapon of ridicule. Other Catholics accepted curiosity about Sartre and put forward a "symptomatic" reading to coopt his work from a Catholic point of view. Analysis of this significant, though short, breach in the structure of Montreal's intellectual field in the 1940s helps us understand the conditions under which public opinion was controlled when civil society had become relatively independent of religious institutions through the action of newspapers.
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