Abstracts
Résumé
Dans le contexte de gestion durable du bassin versant de la rivière Mulet, un ensemble de mesures de conservation et de restauration ont été identifiées par une approche participative soutenue par la littérature scientifique. Le système d’acteurs locaux impliqués dans ce processus a été défini avec l’aide des organisations locales partenaires travaillant dans le territoire. Dans le but d’évaluer les mesures selon leur performance globale et de les regrouper en des paniers de mesures robustes, la démarche d’aide multicritère à la décision en contexte multi-acteurs a été utilisée. Celle-ci permet de comparer, et de ranger les mesures identifiées en prenant en considération divers critères et indicateurs, et les valeurs et les préférences des différents acteurs engagés, afin de faciliter la négociation en vue de construire une solution consensuelle et partagée, constituée de paniers de mesures. Par l’application de cette démarche, débouchant sur un bon niveau d’accord entre les acteurs du bassin versant, plusieurs mesures appartenant aux catégories agronomiques, végétales, mécaniques, socioculturelles et sociopolitiques ont été retenues, et structurées en des paniers d’interventions selon les niveaux de dégradation du bassin versant. La mise en œuvre de ces mesures vise à rendre le bassin versant mieux adapté aux impacts des changements et de la variabilité climatiques, tout en améliorant les conditions de vie des communautés locales.
Mots-clés :
- bassin versant,
- participation,
- aide multicritère à la décision,
- mesures de conservation et de restauration,
- changements climatiques
Abstract
In the context of the sustainable management of the Mulet River watershed, a set of conservation and restoration measures have been identified through a participatory and contributory approach supported by scientific literature. In order to assess these measures according to their overall performance and to bundle them into robust baskets of measures, a multi-criteria decision aid approach in a multi-stakeholder context was employed. This approach allows comparison and ranking of the identified measures while considering the values and the preferences of the various actors involved, in order to facilitate negotiations towards the building of a consensual and shared solution, consisting in baskets of measures. Through the application of this approach leading to a good level of agreement between the actors of the watershed area, several measures of agronomic, plant, mechanical, socio-cultural and socio-political categories were selected, and structured into intervention baskets according to the degredation levels of the watershed. The implementation of these measures aims at making the watershed better adapted to the impacts of climate variability and change, while improving the living conditions of the local communities.
Keywords:
- watershed,
- participation,
- multi-criteria decision support,
- conservation and restoration measures,
- climate change
Article body
Introduction
Les bassins versants, par les ressources naturelles qu’ils détiennent, fournissent de nombreux services écosystémiques et assurent la sécurité alimentaire et économique des populations (Wani et Garg, 2009; Limaye, 2019). Dans les pays du Sud en particulier, les bassins versants subissent une forte dégradation, entre autres à cause de formes de mise en valeur des terres agricoles mal adaptées, empêchant les écosystèmes de remplir de manière adéquate leurs fonctions (Wolancho, 2015; Mirchooli et al., 2021). À l’échelle planétaire, la situation suit la même tendance; les services que fournissent les bassins versants se détériorent continuellement (Moges et Bhat, 2020; Yohannes et al., 2021). Les facteurs à l’origine des pratiques destructives et de la dégradation comprennent la croissance démographique, le surpâturage, la déforestation, les conditions de la tenure foncière, et d’autres, auxquels viennent s’ajouter les impacts des changements climatiques (Flotemersch et al., 2016; Moges et Bhat, 2020). Au regard de cette situation, des pratiques de gestion durable des bassins versants sont nécessaires dans le but de freiner le processus de dégradation, et pour une amélioration de la résilience et de la capacité d’adaptation des populations face aux impacts potentiels des changements climatiques (Kosmowski, 2018; Mekonnen et al., 2021).
En Haïti, la situation est tout aussi préoccupante; les ressources naturelles (sol, eau, matière ligneuse) dans les limites des bassins versants sont soumises à un processus de dégradation souvent avancé (Rosillon, 2014; Mardy et al., 2020). Celui-ci est principalement engendré par les pratiques agricoles inadaptées adoptées par les exploitants, associées aux particularités topographiques du territoire (Saffache, 2001; Bigi, 2012; Vital, 2018). Cela augmente la vulnérabilité des bassins versants aux impacts des changements et de la variabilité climatiques (MDE, 2015; Nadeau et al., 2018; Vital, 2018; Weissenberger, 2018). D’ailleurs, au cours de ces deux dernières décennies, Haïti a connu de grandes périodes de sécheresses exacerbées par le phénomène El Nino, affectant les terres cultivées déjà fragilisées par les activités anthropiques néfastes auxquelles elles sont assujetties, et entrainant des situations d’insécurité alimentaire au sein des communautés (MDE, 2016; CNSA et PAM, 2016; Weissenberger, 2018). Autrement dit, en plus de la faible productivité des terres à cause des problèmes de dégradation, les événements météorologiques extrêmes, par leur manifestation régulière, affectent de manière importante les récoltes (CNSA et PAM, 2016). Ainsi, selon une estimation de la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA), à l’échelle nationale, environ 4,5 millions de personnes se trouvent en insécurité alimentaire très marquée (CNSA, 2022). De plus, selon la FAO (2023), dans son rapport sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, Haïti se situe en tête de liste des pays de la région Amérique latine et Caraïbes en situation d’insécurité alimentaire. À ce titre, les actions en faveur du renforcement de la résilience et de l’augmentation de la capacité d’adaptation des populations face aux perturbations climatiques devraient privilégier le secteur agricole, notamment les systèmes de production agrosylvopastoraux eu égard à leur contribution au renforcement de la sécurité alimentaire (FAO, 2018, 2021a). Au-delà de leur rôle dans l’amélioration de la sécurité alimentaire, ces systèmes de production participent parallèlement à la durabilité de l’environnement et à la diversification des revenus des communautés locales (FAO, 2021a).
Le terme de « service écosystémique » apparait dans la communauté scientifique dans les années 1970 pour définir les processus et les conditions des écosystèmes naturels qui permettent le développement des activités et de la vie humaine, tout en exposant les liens associant les sociétés humaines et la nature ainsi que la nécessité de garantir l’équilibre de ces écosystèmes (Ehrlich et Ehrlich, 1982; Méral et Pesche, 2016). La présente étude porte sur les bassins versants et leur rôle dans le soutien des systèmes de production agrosylvopastoraux qui assurent, dans le contexte climatique actuel, l’amélioration des conditions de vie des communautés locales. De manière spécifique, elle s’intéresse au bassin versant de la rivière Mulet, situé dans le département du Sud d’Haïti. Cette région est confrontée à des problèmes d’insécurité alimentaire à cause du faible rendement des espaces cultivés lié aux effets du phénomène érosif et de la fréquence des événements météorologiques extrêmes, affectant la production agricole (FAO, 2021b). À l’image de sa zone de localisation et des autres bassins hydrographiques du pays, le bassin versant de la rivière Mulet fait l’objet d’un processus accéléré de détérioration, illustré par l’érosion importante des sols et leur perte de fertilité, menaçant la durabilité des écosystèmes, la sécurité alimentaire ainsi que les moyens d’existence des communautés (Mardy et al., 2020). Compte tenu de cet état de fait, notre recherche s’est fixé comme objectif d’identifier des mesures de conservation et de restauration du bassin versant en se basant sur la littérature scientifique et les savoirs traditionnels et locaux des communautés. En appliquant la démarche d’aide multicritère à la décision (AMCD) en contexte multi-acteurs, les mesures identifiées sont rangées selon leur performance globale, puis regroupées afin de constituer de meilleurs paniers de mesures pour chaque catégorie de niveau de dégradation du bassin versant. Cette étude a été menée dans le cadre d’une thèse de doctorat relative à la coconstruction de la résilience des communautés agricoles du bassin versant de la rivière Mulet dans un contexte d’adaptation face aux impacts potentiels des changements climatiques.
Territoire d’étude
Le bassin versant de la rivière Mulet occupe une superficie de 31 kilomètres2 pour un périmètre évalué à 27 kilomètres, situé à cheval sur les territoires des communes de Roche-à-Bateau, Côteaux et Chantal. Il intègre les chaines de montagnes du massif de la Hotte et est localisé entre les latitudes 18°14'40" et 18°16'0" N et les longitudes 73°58'40" et 74°0'0" W, à l’ouest de la presqu’île du sud d’Haïti (Figure 1). Il est caractérisé par un relief accidenté, constitué à 75% de territoires montagneux, avec des pentes supérieures, à certains endroits, à 60% (Mardy et al., 2020). Il est occupé par une population estimée à 8 140 habitants (IHSI, 2015). Le climat qui y règne est de type tropical. La saison pluvieuse s’échelonne sur deux périodes, d’avril à mai et de septembre à novembre. La saison sèche s’échelonne sur deux périodes, de décembre à mars et de juin à août (CSI, 2012). La température moyenne varie entre 20° Celsius et 30° Celsius au cours de l’année (MPCE, 1997). Les systèmes de production agrosylvopastoraux constituent le système agraire prédominant, notamment dans les segments aval et milieu du bassin versant. Celui-ci possède une couverture végétale qui n’est pas uniforme sur toute sa superficie. Elle est caractérisée par des savanes, des cultures agricoles denses et moyennement denses, combinées à des arbres fruitiers et forestiers par endroits. Sur le plan pédologique, les cambisols dominent au sein du bassin versant, et reposent principalement sur des formations lithologiques représentées par des calcaires durs et des roches volcano-sédimentaires (Gardi et al., 2015; Mardy et al., 2020). Sur le plan socioéconomique, l’agriculture représente la principale activité économique du bassin versant, suivie du petit commerce. Le niveau d’éducation inclut le primaire et parfois le secondaire pour un faible pourcentage d’exploitants, mais la grande majorité ne sait ni lire ni écrire (Mardy, 2018).
Figure 1
Localisation du territoire d’étude
Cadre théorique
Notre recherche est guidée par l’approche de recherche-action participative (RAP). Cette approche permet de favoriser l’implication active des acteurs tout au long du déroulement de la démarche, c’est-à-dire de la définition du problème et des objectifs jusqu’aux activités de suivi et d’évaluation (Gonzalez-Laporte, 2014; Méndez et al., 2017; Plante et al., 2006, 2018; Kinnebrew et al., 2023). Autrement dit, cette approche permet, dans le cadre de la coconstruction de solutions par les savoirs, la collaboration entre les acteurs appartenant à des secteurs différents ayant des liens de partenaire et de cochercheur (Gonzalez-Laporte, 2014). De leur côté, les chercheurs ont pour rôle de s’assurer que le processus fonctionne bien, ce qui implique la médiation entre les participants/partenaires ainsi que faciliter l’acquisition de connaissances, d’outils, et donc d’autonomie et d’agentivité des partenaires (Longtin et Fontan, 2010).
L’intégration des connaissances traditionnelles et locales, ainsi que des apprentissages et des expériences d’application (Plante et al., 2018) est une des caractéristiques de la RAP que nous avons retenue pour notre démarche. Par ailleurs, la RAP est adaptée à la résolution de problèmes localisés à travers un processus de coconstruction (Canlas et Karpudewan, 2020). Elle est généralement mise en application face à des situations où les systèmes sociaux possèdent un caractère transversal ou complexe (Liu, 1992; Blangy et al., 2018), tels que des systèmes associant des composantes sociales et écologiques (Diallo et al., 2014; Bezrukova et al., 2020), comme c’est le cas du bassin versant de la rivière Mulet, où les dynamiques de dégradation des sols et de pratiques agricoles sont en interaction réciproque.
Les interventions passées dans le bassin versant ont abouti à des résultats limités du fait que les approches utilisées n’ont pas permis une implication effective des populations qui vivent et affrontent les problèmes, ce qui a entrainé des frustrations au sein de la communauté bénéficiaire, se manifestant entre autres par la destruction des structures mises en place (Mardy, 2018). Cette absence de prise en compte des communautés locales et de leurs savoirs crée une injustice épistémique (Godrie et al., 2020). Ce constat a exhorté les chercheurs à procéder différemment, en favorisant la participation active des communautés, en mettant donc la RAP au cœur de notre recherche. Les aspects plus techniques du projet, soit la manipulation du logiciel Visual PROMETHEE intégrant les méthodes PROMETHEE et GAIA, ont été assumés par les chercheurs étant donné le niveau de technicité requis (Taibi et Waaub, 2015; Aenishaenslin et al., 2019). L’ensemble des résultats a servi à alimenter un processus de délibération et de négociation menant à la construction de solutions négociées, impliquant la recherche de compromis et certaines fois la résolution de conflits entre des acteurs (Waaub et Bélanger, 2015).
Méthodologie
Notre démarche méthodologique comprend trois grands moments (Figure 2). Il s’agit de l’identification des acteurs impliqués, de l’identification des mesures de conservation et de restauration des terres, et de l’évaluation de la performance des mesures identifiées.
Figure 2
Démarche générale de l’évaluation de la performance des mesures de conservation et de restauration du bassin versant
Les boites de couleur blanche correspondent à la contribution du chercheur principal à la coconstruction, celles de couleur jaune correspondent aux étapes coconstruites, et celle de couleur verte correspond au résultat final attendu.
Cette démarche méthodologique implique la consultation de la littérature scientifique et la conduite des entrevues individuelles et de groupe. Aussi, elle implique l’utilisation d’outils regroupant la géomatique (SIG et Télédétection) et l’aide multicritère à la décision (AMCD) (Figure 2). Les outils de géomatique ont été principalement utilisés dans le cadre de l’établissement de la typologie de dégradation des terres. L’AMCD a été mise en œuvre en contexte multi-acteurs dans le cadre du rangement des mesures identifiées de conservation et de restauration des terres ainsi que leur regroupement en paniers. Cet outil facilite la mise en évidence de solutions face à des problèmes complexes (Côté et al., 2017; Diallo et al., 2019a; Guay et Waaub, 2019). Son application dans le domaine de l’environnement se révèle importante étant donné la complexité des liens entre les composantes sociales et biophysiques dont le processus décisionnel doit tenir compte (Martin et Legret, 2005). Par ailleurs, la recherche d’acteurs concernés et intéressés par la démarche de gestion durable du bassin versant a été réalisée en collaboration avec trois associations locales partenaires, l’association Planteurs pour le développement de Roche-à-Bateau (APDRB), la Coalition Roche-à-Batelaise pour l’expansion locale (CORABEL) et l’association des Femmes vaillantes pour le développement de Roche-à-Bateau (AFVDRB). Celles-ci œuvrent, depuis plusieurs décennies, dans le domaine du développement au sein du bassin versant et, par conséquent, établissent un réseau social fort au niveau de la collectivité. Bâtissant sur des collaborations précédentes, elles ont été des partenaires privilégiées en ce qui concerne la recherche et la mobilisation des acteurs locaux concernés, la collecte de données, et la recherche de solutions. Donc, elles ont constitué un atout important pour la conduite de l’étude axée sur la démarche de recherche-action participative.
Identification des acteurs impliqués
La démarche d’aide multicritère à la décision (AMCD) nécessite une mobilisation importante de ressources. Elle fait appel aux acteurs concernés par le problème, et à des experts qui l’accompagnent tels que des experts de domaines distincts, et des spécialistes en aide à la décision, et en participation. De plus, par rapport à la construction de solutions dans un contexte multi-acteurs, elle requiert l’engagement des participants dans toutes les phases de la démarche (Côté et Waaub, 2012). En effet, l’identification des acteurs est incontournable dans les processus décisionnels impliquant l’AMCD. Ces derniers peuvent jouer plusieurs rôles visant à faciliter le succès de la démarche (Côté et Waaub, 2012; Aenishaenslin et al., 2019). De leur côté, Martel et Rousseau (1993) indiquent que, pour une meilleure précision d’un problème particulier, l’identification des acteurs est une étape importante. À cet égard, dans le contexte de gestion durable du bassin versant de la rivière Mulet, un ensemble d’acteurs ont été identifiés en vue de leur participation au processus d’évaluation des mesures de conservation et de restauration des terres du bassin versant, et de proposition de paniers de mesures. En s’appuyant sur la typologie des acteurs établie par Prades et al. (1998), les acteurs impliqués correspondent à quatre catégories (Tableau 1) : 1) le secteur public, regroupant le pouvoir public et politique aux échelles communale et section communale; 2) le secteur économique, comprenant les institutions financières desservant la communauté; 3) la société civile, composée des associations locales, dont celles regroupant les exploitants agricoles, et internationales intervenant sur le territoire; et, 4) les experts, représentés par des spécialistes détenant des compétences dans les domaines du développement, de la gestion des ressources naturelles et de l’AMCD. Notons que les spécialistes en AMCD ont été représentés par le chercheur principal et des chercheurs externes, et ceux en développement et gestion des ressources naturelles par des chercheurs de la région.
Tableau 1
Catégorisation du système d’acteurs identifiés pour le bassin versant
Identification des mesures de conservation et de restauration du bassin versant
Typologie de la dégradation des terres
Dans le but de mieux organiser les mesures de conservation et de restauration des terres à des fins d’application dans le bassin versant, il a été important d’effectuer une catégorisation de leur niveau de dégradation.
Les changements de superficies d’occupation et d’utilisation des terres représentent l’un des éléments fondamentaux renseignant sur la dégradation des sols (Liniger et al., 2008; Al Karkouri et al., 2013). À cet égard, le système d’utilisation des terres (LUS) a été utilisé comme unité de base permettant d’évaluer la dégradation des terres du bassin versant. Dans ce but, nous avons établi une carte de dynamique territoriale, illustrant les gains, les pertes et la persistance des principales classes d’occupation et d’utilisation des sols du bassin versant telles que les systèmes agrosylvopastoraux, les cultures agricoles denses, les savanes et les affleurements de roches et sols nus. Réalisée à l’aide des images d’archives du satellite Landsat, des observations directes de terrain et des entrevues avec les acteurs locaux, cette carte a permis d’analyser, au cours des 40 dernières années, les changements survenus, dans le territoire du bassin versant. À la lumière de ces informations et de nos connaissances du milieu, nous avons défini quatre indicateurs de dégradation des terres : 1) la réduction de la superficie des systèmes agrosylvopastoraux/augmentation des savanes et sols dénudés; 2) la diminution de la couverture végétale; 3) l’observation de signes d’érosion en rigole ou en ravine; et 4) l’observation de l’état des parcelles agricoles (degré de rabougrissement des cultures). L’analyse croisée, dans le logiciel ArcGIS, des statistiques découlant de la carte de dynamique, des données socioéconomiques acquises et les indicateurs de dégradation formulés, a permis d’effectuer des calculs, afin d’élaborer la carte de dégradation du bassin versant. Les niveaux de dégradation définis sont au nombre de quatre et sont appréciés de manière qualitative en s’inspirant des catégorisations établies par Liniger et al. (2008) ainsi que par Al Karkouri et al. (2013) :
-
Faible. La dégradation est légèrement établie, et pourrait être facilement corrigée par l’utilisation de mesures simples;
-
Moyen. Les signes de dégradation sont perceptibles, mais la restauration est encore possible;
-
Fort. Le processus de dégradation est avancé, nécessitant des mesures de contrôle adaptées;
-
Très fort. La dégradation est à son maximum, nécessitant des efforts considérables de restauration.
Cette typologie de dégradation des terres se révélait également fondamentale dans le cadre de l’établissement, par les acteurs locaux, d’une carte de distribution spatiale des paniers de mesures. Ainsi, à l’issue de l’évaluation multicritère de la performance des mesures identifiées et la coconstruction des paniers de mesures (sections relatives à l’analyse multicritère), les différents acteurs locaux impliqués dans le processus ont procédé, grâce à des ateliers de travail collectif, à l’organisation spatiale des paniers de mesures coconstruits et destinés à être mis en œuvre dans les limites du bassin versant.
Consultation de la littérature scientifique
La littérature scientifique a été consultée afin de prendre connaissance des mesures de conservation et de restauration des terres employées en Haïti et dans d’autres territoires comparables à travers le monde. À cette fin, des recherches documentaires ont été effectuées sur le sujet à travers l’examen de certaines bases de données (Virtuose/Sofia, Scopus, Erudit, ProQuest, Cairn.info, Archipel et Google Scholar). Les sites Web d’organismes nationaux (ministères, ONG, et cetera) et internationaux (FAO, Nations unies, Banque mondiale, et cetera) ont également été consultés. Ces consultations nous ont permis d’identifier un certain nombre d’articles scientifiques et de rapports traitant les questions relatives à la gestion durable des terres. Au terme de cette analyse documentaire, un ensemble de mesures ont été identifiées, en se renseignant sur leurs limites, leurs avantages et leurs conditions biophysiques d’application. Par la suite, une liste de mesures a été constituée en tenant compte des critères liés à leur facilité d’adoption par la communauté agricole, à l’importance des coûts de leur mise en place, à leur fréquence d’entretien, et à leur durabilité. Soulignons que les mesures issues de la littérature scientifique ont été associées à celles acquises à l’aide des entrevues menées au sein des communautés locales.
Réalisation des entrevues
Afin de pouvoir déterminer les mesures traditionnelles et locales de lutte contre la dégradation des terres utilisées dans le territoire, des entrevues individuelles et de groupe ont été réalisées au sein de la communauté. Concernant les entrevues individuelles, 60 répondants ont été recrutés dans les trois segments du bassin versant, soit 20 en amont, 20 au milieu et 20 en aval. Leur recrutement a été fait par le chercheur principal de concert avec les organisations locales partenaires selon la méthode appelée « boule de neige ». Les répondants retenus sont, avant tout, des exploitants agricoles ayant une bonne connaissance du milieu, notamment en ce qui a trait aux pratiques traditionnelles et locales de conservation des terres, ce qui au préalable nous a amenés à privilégier l’échantillonnage par quota afin de pouvoir recruter un nombre raisonnable de répondants pour les trois sections du bassin versant présentant des caractéristiques distinctes.
Les informations ont été recueillies à l’aide d’un formulaire d’enquête établi à partir des éléments provenant de la littérature scientifique, des discussions avec nos partenaires locaux et de nos connaissances du milieu. Ce formulaire a été organisé en des questions fermées et semi-ouvertes portant principalement sur les techniques mécano-biologiques traditionnelles de conservation et de restauration des terres, incluant leur fréquence d’entretien, leur durabilité et leur rôle face à l’augmentation des rendements agricoles. Ces entrevues individuelles ont été menées en créole et ont duré en moyenne 60 minutes par répondant.
En ce qui concerne les entrevues de groupe, trois rencontres ont été réalisées, comptabilisant plus d’une trentaine de participants, soit une douzaine de participants chacune. À l’instar des entrevues individuelles, les participants ont été identifiés par le chercheur principal avec l’aide des organisations locales partenaires, et les discussions se sont déroulées en créole. Ces groupes de discussion, d’une durée de 120 à 150 minutes, ont offert la possibilité d’échanger en plénière et en l’absence d’un questionnaire (Sako et al., 2013; Mardy et al., 2020) avec les membres de la communauté et les acteurs locaux. Cela a permis de recueillir des informations supplémentaires sur les mesures traditionnelles et locales de conservation et de restauration des terres ainsi que sur les différentes préoccupations des répondants en ce qui concerne la gestion durable du bassin versant.
Tel qu’indiqué précédemment, les entrevues menées visent à obtenir des renseignements spécifiques sur l’activité agricole dans le bassin versant, en particulier l’identification des mesures traditionnelles et locales. Dans ce cadre, nous avons effectué une validation des résultats avec nos partenaires de terrain pour nous assurer que toutes les informations importantes avaient été recueillies.
La conduite des entrevues de terrain a dû être adaptée à la montée de l’insécurité en Haïti empêchant les déplacements, et les restrictions de voyages dues à la crise de COVID19. Par conséquent, les entrevues ont été menées avec l’appui des personnes-ressources identifiées au sein des organisations locales collaboratrices. Ces dernières ont été formées par le chercheur principal afin de pouvoir réaliser le travail qui leur a été confié. Aussi, le chercheur principal a effectué des suivis réguliers en vue de s’assurer de la bonne conduite des activités sur le terrain. Grâce à ces stratégies adoptées, la qualité des données obtenues n’a pas été affectée par les situations défavorables sévissant lors de nos campagnes de terrain.
Le traitement de ces entrevues a été réalisé à l’aide de MS Excel pour ce qui est des statistiques descriptives, et à l’aide du logiciel de traitement et d’analyse de données qualitatives (NVivo) pour l’analyse de contenus par thèmes. À partir d’une analyse par croisement de contenus qualitatifs, des informations à caractère socioculturel, politique et écologique pertinentes ont été extraites. Enfin, ces informations ont été exploitées durant toute la procédure d’établissement des paniers de mesures de conservation et de restauration du bassin versant. Il faut rappeler que les verbatims ont été inclus dans un autre chapitre de la thèse et un article en découlant, soumis pour publication, plus axé sur cette dimension de l’étude. Ainsi, dans le cadre de cet article, plusieurs données ont été mobilisées, dont celles relatives principalement aux systèmes agraires, aux pratiques agricoles, et aux savoirs traditionnels et locaux. Donc, les entrevues ont permis non seulement de recueillir ces données, mais également de mettre en relief les thèmes pertinents soulevés par les répondants visant à alimenter les analyses.
Évaluation de la performance des mesures de conservation et de restauration du bassin versant
Identification des enjeux et définition des critères
L’identification des enjeux et des préoccupations des différents acteurs dans le cadre de l’élaboration de solutions face à un problème précis constitue un préalable à la construction des critères d’évaluation (Taibi et Waaub, 2015). Au regard de ce principe, à partir de nombreux énoncés formulés par les acteurs à ce sujet, plus d’une dizaine d’enjeux - ce que l’on peut perdre ou gagner et peut se construire ou se définir grâce aux interactions des parties prenantes (Aenishaenslin et al., 2019) - relatifs à la problématique de dégradation du bassin versant ont été identifiés par l’expert en aide à la décision et validés par les acteurs, en préparation à la définition d’un nombre restreint de critères d’évaluation des mesures de conservation et de restauration. Ces enjeux ont été établis en fonction des préoccupations soulevées par les différents acteurs lors des entrevues, combinées aux éléments relevant de la littérature scientifique (Tableau 2). Ils sont structurés selon les cinq dimensions du développement durable des territoires suivantes : environnementale (ENV en vert pâle), économique (ÉCO en turquoise), socioculturelle (SOC en rouge), sociopolitique (SOP en bleu) et territoriale (TER en brun). Ainsi, les enjeux environnementaux concernent l’amélioration de la structure des sols cultivés, la conservation et la restauration de la biodiversité, et la pérennisation des systèmes de production agrosylvopastoraux. Les enjeux économiques sont liés au renforcement de l’économie locale, aux investissements afférents à l’établissement des mesures de conservation et de restauration, et à l’ampleur des superficies des espaces cultivés. Concernant les enjeux socioculturels, les aspects soulevés intègrent l’appropriation par la communauté des mesures de conservation et de restauration, la valorisation des mesures locales de conservation et de restauration et le soutien technique des exploitants. Quant aux enjeux sociopolitiques, les préoccupations tiennent compte de la sécurité alimentaire et de la diminution de la pauvreté, du rôle des élus locaux, et de leur engagement par rapport à la gestion des terres. Enfin, l’enjeu territorial a notamment porté sur les impacts de l’aménagement du bassin versant en matière d’occupation et d’utilisation.
En outre, les enjeux définis ont été soumis aux différents acteurs à des fins de validation, ce qui a permis de constituer une liste d’enjeux partagés. À l’issue de cet exercice, les enjeux ont été formulés sous forme de critères d’évaluation, lesquels répondent aux principes d’exhaustivité, de cohérence et de non-redondance auxquels les critères d’évaluation de tout processus décisionnel doivent nécessairement satisfaire (Roy et Bouyssou, 1993; Taibi et Waaub, 2015; Diallo et al., 2019b). Les critères d’évaluation construits et retenus sont au nombre de treize et regroupés, à l’instar des enjeux, en cinq dimensions (Tableau 2). Ces critères ont été à leur tour validés par les acteurs impliqués dans le processus. Un code de trois lettres associées à un chiffre est assigné à chacun des critères afin de faciliter une meilleure lecture après leur intégration dans le logiciel d’AMCD (Visual PROMETHEE) mis en application.
Tableau 2
Enjeux et critères relatifs à l’évaluation de la performance des mesures de conservation et de restauration identifiées pour le bassin versant
Définition des indicateurs et échelles de mesure
Un indicateur et son échelle de mesure ont été associés à chacun des critères d’évaluation définis. Cela s’est fait en fonction de la disponibilité des données et des ressources humaines et financières disponibles pour effectuer les évaluations et qui ont résulté en des mesures qualitatives ou quantitatives (Aenishaenslin et al., 2019; Perez-Benitez et al., 2021). Ainsi, un indicateur et son échelle de mesure ont été attribués à chacun des treize critères retenus regroupés selon les cinq dimensions du développement durable des territoires (Tableau 3). En effet, tous les critères sont mesurés par des échelles qualitatives en raison, notamment d’une faible disponibilité de données quantitatives ainsi que du caractère qualitatif de la majorité des critères, rendant ardue leur mesure à l’aide de données chiffrées. Par conséquent, une échelle de mesure à quatre paliers (nul, faible, moyen et fort) a été utilisée. Des valeurs numériques allant de zéro à trois sont reliées à ces derniers, soit nul = 0; faible = 1; moyen = 2 et fort = 3.
Par ailleurs, face à cette carence de données quantitatives pour la mesure des critères d’évaluation, l’évaluation qualitative par les indicateurs de mesure a été réalisée d’une part, sur la base de la documentation scientifique ainsi que les rapports d’études qui ont été exploités par les experts sectoriels et le chercheur principal, et d’autre part, dans la démarche de coconstruction basée sur les informations recueillies auprès des acteurs des communautés locales. Il y a ainsi une validation collective des évaluations, ce qui a nécessité la tenue d’un atelier de travail avec tous les acteurs engagés dans le processus.
Tableau 3
Critères, indicateurs et échelles de mesure relatifs à l’évaluation de la performance des mesures de conservation et de restauration identifiées pour le bassin versant
Pondération des critères : préférence inter-critères
Afin de permettre aux acteurs engagés dans un processus décisionnel de faire valoir leurs préférences en termes d’importance relative des critères, les méthodes d’analyse multicritère et multi-acteurs, PROMETHEE et GAIA, offrent à chaque acteur ou groupes d’acteurs, la possibilité de pondérer les critères (Côté et Waaub, 2000). Cela permet d’une certaine manière de prendre en considération les valeurs des acteurs ou groupes d’acteurs, enrichissant ainsi la démarche et permettant d’identifier les éléments de convergence et de divergence au sein des acteurs (Côté et Waaub, 2000, 2012; Côté et al., 2017). Au regard de l’importance de la pondération des critères par les acteurs dans la réflexion autour de la coconstruction de solutions face à une problématique donnée, les critères d’évaluation des mesures de conservation et de restauration du bassin versant retenus ont été pondérés par les différents acteurs du processus, regroupés en 10 groupes selon leurs sensibilités communes (Tableau 4). Ainsi, au sein du secteur public (SP), les poids des acteurs désignant Délégués de ville (SP1) et municipalités (SP2) ont été agrégés afin de former un groupe d’acteurs ainsi nommé « Secteur public-commune (SP-COM) ». Aussi, dans ce secteur, les acteurs CASEC et ASEC ont été regroupés sous le nom de « Secteur public-section communale (SP-SCO) ». Au niveau de la société civile (SC), les acteurs APDRB et CORABEL ont été combinés pour constituer le groupe désigné « Société civile-Association locale (SC-AL) ». Les organisations internationales telles que CRS et PADF partagent les mêmes visions, et ont été par conséquent associées pour former le groupe baptisé « Société civile-Organisation internationale (SC-OI) ».
La méthode d’attribution de 100 points maximum entre les différents types de critères (Aenishaenslin et al., 2019) a été privilégiée en raison de sa facilité d’application par les acteurs ainsi que sa facilité d’utilisation à travers le logiciel Visual PROMETHEE. Ainsi, de manière individuelle, les dix regroupements d’acteurs ont été contactés afin d’allouer à chacun des critères un poids relatif.
Tableau 4
Regroupement des acteurs du bassin versant selon leurs sensibilités communes
Élaboration de la matrice des performances des mesures de conservation et de restauration du bassin versant
La matrice des performances (Figure 4) permet de visualiser, sur un même plan, l’ensemble des paramètres constituant le processus d’évaluation (Taibi et Waaub, 2015; Aenishaenslin et al., 2019). Ces paramètres regroupent, d’une manière générale, les critères et indicateurs d’évaluation, les structures de préférences des acteurs, ainsi que les actions (Aenishaenslin et al., 2019). La matrice des performances élaborée inclut les paramètres susmentionnés. Cette matrice présente sur les colonnes les critères, et sur les lignes, d’une part les structures de préférences des acteurs par critère, et d’autre part, pour chaque mesure de conservation et de restauration, leurs évaluations selon les critères et indicateurs. Les critères sont regroupés en cinq grandes catégories correspondant aux cinq dimensions du développement durable des territoires : environnementale, économique, socioculturelle, sociopolitique et territoriale. Tous les critères de catégories environnementale et socioculturelle sont à maximiser, contrairement aux autres catégories détenant certains critères à minimiser. Comme indiqué plus haut, une échelle qualitative (nul, faible, moyen, fort) a été utilisée pour mesurer tous les critères retenus. En effet, selon une description de l’échelle ordinale effectuée par Cissé (2013), le niveau « fort » désigne une meilleure performance quant aux critères à maximiser, alors que pour les critères à minimiser il correspond à une mauvaise performance. Le niveau « faible » indique une meilleure performance pour les critères à minimiser, tandis que pour les critères à maximiser il indique une mauvaise performance.
Les méthodes PROMETHEE et GAIA (Mareschal, 2015, 2018) permettent à chaque acteur de prendre en considération la signification de l’amplitude des différences d’évaluation de deux mesures pour un critère (préférences intra-critères). Cela se fait par le choix de fonctions de préférence. Six choix sont proposés et leur utilisation dépendant du mode d’évaluation des critères. En ce qui nous concerne, du fait que tous les critères sont évalués selon la même échelle qualitative déjà définie en trois niveaux de signification, il n’y a pas d’interprétation à établir entre des différences de niveau, une différence de niveau impliquant d’office une préférence stricte de la mesure la mieux évaluée par rapport à l’autre. C’est la fonction usuelle qui est utilisée dans ces cas-là. Elle a donc été attribuée à tous les critères et pour tous les acteurs.
Cette étape aboutit à la matrice de performances des mesures de conservation et de restauration des terres en fonction des 13 critères d’évaluation qui est commune et partagée par tous les acteurs. Le seul paramètre de la matrice qui est spécifique à chacun des 10 groupes d’acteurs est le poids donné à chacun des critères. Ainsi, contrairement à d’autres façons de mettre en œuvre la démarche d’aide multicritère à la décision en contexte multi-acteurs très conflictuel, nous avons choisi de miser sur des délibérations et des négociations en amont pour clarifier les points de divergences entre les acteurs de divers secteurs, permettant ainsi de progresser plus aisément dans le processus de décision en se basant sur une compréhension commune et partagée du problème. Dans ce cas, si des divergences subsistent, elles peuvent être abordées sous forme d’analyse de sensibilité et de robustesse. Soulignons que les acteurs cherchent toujours à faire valoir leurs préoccupations reliées au secteur auquel ils se rattachent, mais cela ne les empêche pas de trouver un consensus afin de faciliter la décision qui sera dans l’intérêt de tous. Dans ce but, tous les acteurs des différents secteurs concernés ont participé au processus décisionnel. De son côté, le chercheur principal a joué un rôle de facilitateur auprès des acteurs, illustré par des activités d’encadrement et d’orientation.
Analyse multicritère et agrégation des préférences : méthodes PROMETHEE et GAIA
Une fois la matrice des performances constituée, l’agrégation des performances peut être effectuée. Celle-ci permet de se renseigner sur la préférence globale des mesures potentielles en fonction des éléments d’information relevant des préférences des critères (Maystre et al., 1994). Elle permet aussi de procéder au rangement complet des mesures pour l’ensemble des acteurs et à l’élaboration des représentations visuelles globales (profils des mesures, GAIA - critères et GAIA - acteurs) (Taibi et Waaub, 2015). Elle est complétée par des analyses de sensibilité et de robustesse (Taibi et Waaub, 2015; Diallo et al., 2019a, 2019b) en ce qui concerne le rangement des mesures de conservation et de restauration. Ces analyses permettent de déceler les véritables enjeux de controverse au sein des groupes d’acteurs, tout en facilitant le processus de négociation relatif à une meilleure organisation des mesures. Cela consiste à agir sur plusieurs paramètres, dont le poids des critères, les seuils d’indifférence et de préférence stricte (Joerin et al., 2001; Prévil et al., 2003; Guay et Waaub, 2019). Une telle démarche a contribué à alimenter les processus de délibération et de négociation afin de parvenir à la construction des paniers de mesures robustes. Par ailleurs, les méthodes PROMETHEE et GAIA intégrées au sein du logiciel Visual PROMETHEE ont été utilisées dans le cadre de l’agrégation des préférences. Le choix de ces méthodes est expliqué par leurs caractéristiques de surclassement ainsi que leur facilité d’agrégation des préférences (Taibi et Waaub, 2015; Mareschal, 2018; Aenishaenslin et al., 2019). Selon Taibi et Waaub (2015), le logiciel de mise en œuvre de ces méthodes offre des outils permettant d’accomplir des tâches plus poussées que celle du rangement des scénarios. Aussi, il permet de générer un ensemble de représentations visuelles facilitant une meilleure interprétation des résultats (Mareschal, 2018).
Résultats
Typologie de dégradation des terres du bassin versant
La typologie de dégradation établie montre que le bassin versant est caractérisé par quatre niveaux de dégradation (Tableau 5) : faible, moyen, fort, très fort. Ainsi, 42% de la superficie du bassin versant est touché par les niveaux de dégradation faible et moyen. Par contre, les niveaux de dégradation fort et très fort affectent 58% du territoire.
Tableau 5
Catégorisation de la dégradation des terres du bassin versant
La section milieu du bassin versant est l’endroit le plus affecté par les niveaux de dégradation fort et très fort. Cette section est principalement occupée par des affleurements de roches et sols nus. La dégradation de niveaux faible et moyen affecte majoritairement la partie est du bassin versant de l’amont vers l’aval. À cet endroit se retrouvent des poches de systèmes agroforestiers et de savanes (Figure 3).
Figure 3
Niveaux de dégradation du bassin versant
Mesures de conservation et de restauration identifiées pour le bassin versant
Les mesures de conservation et de restauration identifiées sont organisées en cinq catégories (Tableau 6). 1) Les mesures agronomiques (MA en vert pâle) supposent l’application par les agriculteurs de pratiques culturales durables au sein des exploitations agricoles. Il s’agit des techniques qui visent la protection de l’environnement et des sols cultivés pour une production agricole accrue (Liniger et al., 2008; Bigi, 2012; Ouedraogo et al., 2012). 2) Les mesures biologiques ou végétales (MV en bleu) incluent l’utilisation des espèces forestières ou fruitières ainsi que celle des herbacées dans le cadre des interventions de conservation et de restauration des terres. D’une manière générale, elles incluent toute pratique biologique contribuant à la préservation de l’environnement et à l’amélioration de la fertilité des sols (FAO, 2011; Ouedraogo et al., 2012). 3) Les mesures mécaniques ou structurelles (MM en mauve) regroupent l’ensemble des techniques à caractère physique faisant intervenir, notamment des ressources abiotiques (pierres, résidus de récolte, et cetera) de l’environnement dans la lutte contre la dégradation des terres (Régis et Roy, 1999; FAO, 2011; Bigi, 2012). 4) Les mesures socioculturelles (MSC en vert kaki) incluent particulièrement la valorisation des savoirs inhérents aux communautés par rapport à la gestion durable des ressources naturelles du milieu (UNESCO, 2008). 5) Les mesures sociopolitiques (MSP en rouge) comprennent la sensibilisation de la population, le soutien technique des agriculteurs ainsi que la responsabilité du pouvoir local face à la gestion durable du bassin versant.
Tableau 6
Liste des mesures de conservation et de restauration du bassin versant
Matrice des performances des mesures de conservation et de restauration du bassin versant
La figure 4 constitue la matrice des performances des mesures. Elle présente les résultats de l’évaluation de toutes les mesures (cercles de couleur en fonction des cinq catégories de mesures). Ainsi, chacune des mesures a fait l’objet d’une évaluation, à l’aide des ateliers de travail, par l’ensemble des acteurs mobilisés sur la base des indicateurs de mesures (losange de couleur en fonction des cinq catégories de critères) définis sur chaque critère. Cette matrice représente, en amont, le couronnement d’une étape participative entre les acteurs (Taibi et Waaub, 2015).
Figure 4
Matrice des performances, commune pour l’ensemble des acteurs du bassin versant
Analyse multicritère des mesures de conservation et de restauration du bassin versant
L’analyse multicritère est réalisée grâce au logiciel Visual PROMETHEE (Mareschal, 2013). D’une part, il met en œuvre les algorithmes mathématiques permettant l’agrégation des performances et donc le rangement de toutes les mesures de conservation et de restauration, éventuellement regroupées en cinq catégories, pour les treize critères, éventuellement regroupés en cinq catégories, et pour chacun des dix groupes d’acteurs, et pour l’ensemble de tous les groupes (méthodes PROMETHEE). De plus, le logiciel offre un certain nombre d’outils permettant d’illustrer les résultats d’analyse tels que les profils des mesures, le plan GAIA – critères, le plan GAIA – multi-acteurs, et les analyses de sensibilité (intervalles de stabilité des poids et walking weights). Mareschal (2013) propose un guide complet d’utilisation du logiciel détaillant tous les outils disponibles. Nous en présentons ci-dessous quelques-uns pour illustrer nos résultats.
Forces et faiblesses des mesures de conservation et de restauration du bassin versant
Le logiciel Visual PROMETHEE (Mareschal, 2013) offre un outil appelé « profils ». Nous présentons ici les profils construits par catégories de mesures de conservation et de restauration du bassin versant. Ils permettent d’évaluer leurs forces et leurs faiblesses en fonction des critères d’évaluation (Figure 5). L’analyse des profils de chacune des 21 mesures évaluées peut être utile pour la constitution des paniers de mesures, car même si une mesure est jugée relativement moins performante que les autres, elle peut avoir un intérêt du point de vue d’une ou l’autre de ses forces. Une telle analyse se base sur la disposition des critères en fonction des valeurs de flux nets unicritères (Mareschal, 2013). Ainsi, les valeurs positives de flux net caractérisent les critères favorables aux catégories de mesures et les négatives correspondent aux critères qui leur sont défavorables.
Figure 5
Forces et faiblesses des catégories de mesures de conservation et de restauration du bassin versant
Nous pouvons observer que les mesures agronomiques (MA) sont performantes sur tous les critères environnementaux et économiques. Les critères exerçant une grande influence sont ceux relatifs à la diversification du paysage (ENV2) et à la dimension des superficies consacrées aux activités agricoles (ÉCO3). Elles détiennent également de bonnes performances, notamment sur les critères concernant la facilité d’adoption des mesures de conservation et de restauration (SOC1), l’amélioration de la durabilité des mesures appliquées (SOC2), l’amélioration des rendements agricoles (SOP1) et de l’affectation des terres (TER1). Néanmoins, leurs faiblesses se situent au niveau des deux critères suivants : l’amélioration des capacités techniques des agriculteurs (SOC3) et, dans une moindre mesure, l’implication des élus locaux quant à la mise en place des mesures de conservation et de restauration (SOP3).
Les mesures végétales ou biologiques (MV) performent sur l’ensemble des critères environnementaux ainsi que la majorité des critères économiques et socioculturels. Elles sont particulièrement performantes sur les critères de diversification du paysage (ENV2) et de diversification des revenus agricoles (ÉCO1). Par contre, leurs faiblesses s’observent principalement sur les critères correspondant à la dimension des superficies consacrées aux activités agricoles (ÉCO3), et à l’amélioration des capacités techniques des agriculteurs (SOC3).
Les mesures mécaniques (MM) présentent leurs forces sur les critères afférents à la conservation et restauration des espaces cultivés (ENV1), à l’amélioration de la durabilité des mesures appliquées (SOC2) et à l’amélioration du rendement agricole (SOP1). Cependant, leurs faiblesses sont démontrées notamment au niveau des critères relatifs à la diversification du paysage (ENV2), à l’importance des coûts liés aux mesures de conservation et de restauration (ÉCO2), à la dimension des superficies consacrées aux activités agricoles (ÉCO3), et à l’affectation des terres (TR1).
Les mesures socioculturelles (MSC) ont un profil similaire à celui des mesures agronomiques. Leurs forces et leurs faiblesses impliquent les mêmes critères d’évaluation. Néanmoins, seul le critère de diversification de paysage (ENV2) se différencie par son niveau d’importance par rapport à la performance de ces mesures. Cette similarité de profils est due au fait que la majorité des mesures agronomiques identifiées relèvent des pratiques traditionnelles et locales des communautés.
Pour ce qui est des mesures sociopolitiques (MSCP), leurs forces se trouvent notamment au niveau de l’importance des coûts des mesures de conservation et de restauration (ÉCO2), de la dimension des superficies consacrées aux activités agricoles (ÉCO3), de l’amélioration des capacités techniques des agriculteurs (SOC3), et de l’affectation des terres (TR1). À l’inverse, les principaux critères défavorables à ces mesures concernent la diversification du paysage (ENV2), la diversification des revenus agricoles (ÉCO1) et la durabilité des mesures appliquées (SOC2). Comparativement aux autres mesures, celles-ci détiennent des faiblesses sur tous les critères environnementaux, indiquant une faible prise en compte des enjeux y étant associés par certains groupes d’acteurs.
Rangement complet des mesures de conservation et de restauration du bassin versant
La méthode PROMETHEE II a permis de réaliser le rangement complet des mesures. Il s’agit d’un rangement qui se base sur les flux nets de surclassement (Phi), tout en excluant l’incomparabilité (Mareschal, 2018). Cela permet de classer les mesures de la meilleure à la moins bonne (Mareschal, 2013, 2018). Ce rangement complet intègre toutes les données du problème et subit l’influence de plusieurs paramètres tels que les poids attribués aux critères ainsi que le choix des seuils de préférences (Guay, 2016). La figure 6 expose le rangement complet par ordre décroissant de flux net des mesures de conservation et de restauration du bassin versant pour l’ensemble de tous les groupes d’acteurs et prenant en considération que chaque groupe d’acteurs a le même poids décisionnel.
Figure 6
Rangement complet des mesures de conservation et de restauration du bassin versant pour tous les groupes d’acteurs : PROMETHEE II
Les mesures les plus performantes ont un flux net supérieur à zéro. Cela concerne les 12 mesures ci-contre, disposées par ordre décroissant selon leur flux net : semis direct et semis direct sous couvert végétal (MA4), valorisation des « jaden lakou » (MSC6), association de cultures (MA1), rotation de cultures (MA2), assolement (MA3), renforcement des capacités techniques des exploitants (MSP2), association des arbres aux cultures (MA5), paillage (MSC4), jachère (MA6), bandes végétales ou rampes vivantes (MV3), plantation des cultures en fonction des courbes de niveau (MSC2), et valorisation des déchets d’élevage et des résidus de l’agriculture (MSC5).
Au regard de ce rangement, nous constatons que toutes les mesures agronomiques et la majorité des socioculturelles (4/6) sont fortement préférées par les acteurs. À l’inverse, une faible quantité de mesures sociopolitiques (1/3) et végétales (1/3) est préférée. De plus, l’ensemble des mesures mécaniques n’est pas apprécié par les acteurs, et tel qu’illustré par leur profil qui indique de nombreuses faiblesses relatives.
Lors de cette analyse, il faut aussi prendre en compte que le rangement complet des mesures est relatif, de la meilleure à la moins bonne. Ainsi, même si la constitution de la liste des mesures par un processus de coconstruction, combinant la littérature scientifique et les contributions des acteurs, prend en compte qu’elles se qualifient au moins par leur utilité potentielle, et que par la suite, l’analyse multicritère les range comme relativement moins performantes que les autres, cela ne présume en rien qu’elles doivent être systématiquement écartées sans autres considérations. En effet, les mesures pourraient être toutes bonnes, il y en aurait toujours des meilleures et des moins bonnes. Il faut donc savoir retourner aux données de la matrice des performances, pour voir les mesures qui ont de mauvaises évaluations. Les profils des mesures individuelles permettent aussi de raisonner des repêchages de mesures sur la base de certaines forces affichées. Tout cela permet de ne pas rater des opportunités pour constituer des paniers de mesures se complétant bien pour atteindre les objectifs de conservation et de restauration des terres du bassin versant.
En outre, en agrégeant les performances par catégories de mesures, nous remarquons que les mesures agronomiques surclassent toutes les autres mesures en indiquant un flux net positif de 0.18. Celles-ci sont suivies par les mesures socioculturelles ayant un flux net positif de 0.10, ainsi que végétales avec un flux net positif de 0.07. Puis, en dernière position viennent les mesures sociopolitiques et mécaniques présentant respectivement un flux net négatif de -0.08 et de -0.28 (Figure 7).
Figure 7
Rangement complet des catégories de mesures de conservation et de restauration du bassin versant pour tous les groupes d’acteurs : PROMETHEE II
Cette forte préférence pour les mesures agronomiques et socioculturelles peut s’expliquer par leur facilité de mise en place, et par leur rôle dans la diversification des revenus au sein de la communauté. Il s’agit en majorité des mesures traditionnelles et locales auxquelles certains exploitants des sections milieu et aval du bassin versant ont l’habitude de recourir. Contrairement à la plupart des mesures mécaniques, ces dernières nécessitent des coûts d’établissement moins importants, que ce soit en termes de main-d’œuvre et d’intrants.
Conflits et synergies entre critères pour l’ensemble des acteurs : plan GAIA - critères
Le plan GAIA - critères est une représentation à deux dimensions impliquant les mesures et les critères d’évaluation. Il est obtenu par une analyse en composantes principales (ACP) (Guay, 2016). Considérant que la représentation d’un espace à 13 dimensions sur un plan implique une certaine perte d’information, il n’en demeure pas moins que l’ACP fournit la meilleure représentation possible du problème en deux dimensions.
Le plan GAIA – critères fournit une analyse descriptive. Il permet facilement d’identifier les conflits et les synergies au sein des critères en analysant l’orientation de leur axe, et par conséquent favorise une meilleure appréciation de la problématique de décision (Brans et Mareschal, 2005). Il convient de souligner qu’en fonction de la longueur de l’axe d’un critère, on peut identifier son degré d’influence sur la décision. Un axe long indique que le critère associé possède une influence sur la décision. La disposition des mesures (points sans axe) par rapport à l’axe de décision Pi (barre en rouge, Figure 8) renseigne sur leurs forces et leurs faiblesses (Mareschal, 2013). L’axe de décision Pi correspond à la pondération des critères et donc aux compromis relatifs aux poids alloués. Lorsque celui-ci est long, il désigne un fort pouvoir de décision. De plus, pour qu’une mesure ou un groupe de mesures soient qualifiés de meilleurs, ils doivent être localisés de manière éloignée dans la direction de l’axe Pi (Cissé, 2013; Mareschal, 2013).
La figure 8 illustre le plan GAIA - critères relatif à la performance des mesures de conservation et de restauration du bassin versant pour tous les groupes d’acteurs et donc intégrant à la fois les poids des critères pour chaque groupe d’acteurs, et les poids de chaque groupe d’acteurs dans l’agrégation complète de tous les groupes d’acteurs. Sa qualité est évaluée à 90%, indiquant la précision sur la qualité du pourcentage d’information conservé de l’ACP. Elle est estimée automatiquement par le logiciel Visual PROMETHEE. Pour un pourcentage compris entre 70 et 75%, le résultat est considéré comme étant acceptable (Mareschal, 2013).
Le plan illustre les conflits, notamment entre les critères afférents aux coûts liés aux mesures de conservation et de restauration (ÉCO2) et à la modification importante de l’affectation des terres (TER1), et ceux concernant la conservation des espaces cultivés (ENV1) ainsi que les ressources en sol et en eau et les matières ligneuses (ENV3). Les rapports de synergies se font entre les critères environnementaux (ENV1, ENV2, ENV3), socioculturels (SOC1, SOC2), sociopolitiques (SOP1, SOP2) et économiques (ÉCO1). Aussi, il est observé qu’une grande partie des critères s’oriente vers la direction de l’axe Pi. Cela constitue un indice par rapport à une vision un peu partagée au sein des secteurs impliqués. Les deux principaux groupes de critères exerçant une influence sur la performance des mesures sont ceux économiques (ÉCO1, ÉCO3) et environnementaux (ENV1, ENV3). Cela prouve que les acteurs sont très préoccupés par la conservation et la restauration du bassin versant en vue d’une amélioration des moyens d’existence de la collectivité.
À la lumière de l’orientation de l’axe Pi, et de la projection orthogonale des mesures sur l’axe de décision, il est possible de représenter assez fidèlement le rangement complet PROMETHEE II. Ainsi, les mesures les plus performantes relèvent des catégories de mesures agronomiques, socioculturelles et végétales, ce qui confirme la fiabilité du rangement complet préalablement réalisé selon la méthode PROMETHEE II. La plupart des mesures sociopolitiques et mécaniques sont classées comme étant les moins performantes. Par rapport aux mesures sociopolitiques, un tel rangement est dû, entre autres, au problème d’instabilité politique ne facilitant pas la continuité des activités initiées par les autorités locales. En conséquence, les autres secteurs se sont montrés peu sensibles à leur égard. Pour ce qui est des mesures mécaniques, leur faible performance pourrait être expliquée par les coûts liés à leur mise en place ainsi qu’à leur effet sur la taille des superficies cultivables.
Figure 8
Conflits et synergies entre critères : plan GAIA – critères
Conflits et synergies entre les groupes d’acteurs : plan GAIA - acteurs
Le plan GAIA - acteurs comme celui du GAIA - critères est une représentation visuelle et descriptive à deux dimensions, obtenue par ACP. Cependant, il fait intervenir les mesures et les groupes d’acteurs, ce qui permet d’identifier les conflits et les coalitions entre eux ainsi que les possibilités de compromis relatives aux mesures les plus performantes (Diallo et al., 2019b).
En ce qui a trait au plan GAIA - acteurs obtenu (Figure 9), sa qualité est évaluée à 94,2%. Celle-ci est estimée de la même façon que celle du Plan GAIA - critères. Par conséquent, l’information en résultant est de bonne qualité. Aussi, l’axe de décision Pi (barre en rouge) illustrant la pondération des acteurs est très long. Selon Waaub (2012), un axe Pi long signifie que l’information est de meilleure qualité face à la prise de décision. Lorsque celui-ci est court, la qualité de l’information est médiocre et la solution de compromis doit être recherchée dans l’environnement de son origine.
En outre, nous remarquons que la plupart des acteurs ont des préférences se dirigeant dans le même sens compte tenu de leur position par rapport à l’axe Pi (Figure 9). Cela indique donc que ces derniers appuient fortement le rangement obtenu. Toutefois, trois groupes d’acteurs sont identifiés en fonction de la convergence de leurs intérêts par rapport aux choix des mesures de conservation et de restauration du bassin versant. Le premier implique deux regroupements d’acteurs du secteur public (SP-COM et SP-BAC) et le regroupement des organisations internationales intégrant la société civile (SC-OI). Ces acteurs ont montré leur préférence pour les mesures à caractères sociopolitique et socioculturel. Le deuxième est composé des experts (EXP1 et EXP2), d’un regroupement d’acteurs de la société civile (SC-AL) et des acteurs du secteur économique (SEC1). Cette coalition d’acteurs est favorable à toutes les mesures agronomiques ainsi qu’à la plupart des mesures végétales et socioculturelles. Le troisième réunit les acteurs de trois secteurs, soit la société civile (SC-AF), le secteur public (SP-SCO) et le secteur économique (SEC2). Pour ces acteurs, leur préférence porte sur toutes les mesures mécaniques et sur certaines mesures relevant des catégories sociopolitiques et végétales.
D’une manière générale, l’analyse globale du plan GAIA - acteurs permet de constater que les mesures des catégories agronomiques, socioculturelles et végétales sont préférées par la majorité des acteurs et sont donc considérées performantes et offrant de bons compromis. À l’opposé, compte tenu de leur faible préférence par certains groupes d’acteurs, les catégories sociopolitiques et mécaniques sont moins performantes. De plus, en analysant les différentes coalitions d’acteurs, nous remarquons qu’il existe des possibilités de compromis au sein des acteurs pouvant favoriser, notamment, la prise en compte d’un bon nombre de mesures sociopolitiques et mécaniques. Leur intégration peut permettre de constituer des paniers de mesures complets, c’est-à-dire prenant en compte toutes les dimensions afférentes à la gestion durable du territoire. À travers les analyses de sensibilité du rangement des mesures a émergé un processus de consensus en vue de la constitution des paniers de mesures répondant mieux à la gestion durable du bassin versant. Ce consensus a impliqué des discussions entre les acteurs et, par conséquent, ils se mettent activement d’accord sur des points de vue en lien, dans une certaine mesure, avec leurs préoccupations.
Figure 9
Conflits et coalitions entre les groupes d’acteurs : plan GAIA – acteurs
Analyses de sensibilité des résultats
Dans notre cas, nous avons effectué des analyses de sensibilité selon les poids représentant les préférences de chacun des 10 groupes d’acteurs en termes d’importance relative des critères. Elles permettent de vérifier, pour chacun de ces groupes d’acteurs impliqués dans le processus, jusqu’à quel niveau le poids d’un critère peut varier sans entrainer de modification dans le rangement des catégories de mesures, et par la même occasion quels sont les changements de rangs observés au-delà de cette valeur. Visual PROMETHEE offre deux outils pour effectuer ces analyses : la figure des intervalles de stabilité des poids des critères pour chaque groupe d’acteurs, et un outil appelé walking weights qui permet d’effectuer les analyses de variation de poids de manière interactive. Il est à noter que la stabilité est toujours évaluée en fonction d’une modification dans le rangement des « x » premières mesures et non pas de l’ensemble des mesures. Dans notre cas, l’analyse a été effectuée non pas sur les mesures individuelles, mais sur les cinq catégories de mesures, et la stabilité a été évaluée sur le rangement des trois premières catégories.
Un groupe d’acteurs ne modifie habituellement pas les poids assignés aux critères du tout au tout. Les poids correspondant à des préférences relatives, si un groupe d’acteurs à des doutes sur les poids choisis, la variation habituellement testée est de 5% de chaque côté de la valeur attribuée. C’est la valeur qu’un groupe d’acteurs peut aisément consentir afin de faciliter le processus de négociation devant conduire à l’élaboration de solutions partagées et robustes.
Pour illustrer les intervalles de stabilités ci-dessus évoqués, nous prenons en exemple le groupe d’acteurs du secteur public (SP-SCO). Pour ce dernier, les figures 10 et 11 (combinaison des graphiques des walking weights, illustrés par l’histogramme des rangs et celui des poids des critères; et des intervalles de stabilité, pointillés verticaux et lignes de couleur indiquant le rangement des catégories de mesures) exposent respectivement les changements obtenus au rangement des trois premières catégories de mesures avant et après modification du poids de plus ou moins 5% du critère environnemental relatif à la diversification du paysage (ENV2).
Figure 10
Rangement des catégories de mesures et intervalle de stabilité du poids du critère ENV2 avant modification du poids
Figure 11
Rangement des catégories de mesures et intervalle de stabilité du poids critère ENV2 après modification du poids
Nous observons dans les histogrammes des rangs, que la première catégorie, celle des mesures agronomiques (MA, vert) est toujours considérée comme la plus performante. En effet, cela se confirme aussi sur les figures des intervalles de stabilité du poids du critère ENV2, où la ligne verte croissante (MA) exprime que la catégorie serait rangée première même jusqu’à donner un poids de 100% au critère ENV2, ce qui indique en même temps, que la catégorie est la meilleure sur ce critère, quoiqu’égale avec la catégorie des mesures végétales (MV, ligne bleue). Par contre, il y a inversion des rangs des 2e et 3e catégories. Ainsi, la catégorie des mesures socioculturelles (MSC, ligne vert kaki) passe du 2e au 3e rang et inversement pour la catégorie des mesures végétales (MV, ligne bleue). Cette inversion correspond au croisement de ces lignes au poids un peu inférieur à 19%. De plus, le nouvel intervalle de stabilité illustre que ce rangement serait très stable face à une augmentation encore plus élevée du poids du critère ENV2. Il est par ailleurs normal de voir qu’une légère diminution de poids entrainerait à nouveau l’inversion des rangs. Nous pouvons ainsi conclure qu’une variation de 5% de ce critère, considéré comme sensible, exerce une grande influence sur la performance des catégories MSC et MV, de mesures de conservation et de restauration du bassin versant.
Ces analyses ont donc permis d’évaluer l’influence des préférences inter-critères (poids) de chacun des dix groupes d’acteurs sur le rangement des catégories de mesures de conservation et de restauration du bassin versant. Aussi, sur la base de ces analyses, nous constatons que six des treize critères affichent des intervalles de stabilité importants, c’est-à-dire qu’une faible variation de poids n’occasionne aucun changement dans le rangement des catégories mesures. En revanche, pour certains groupes d’acteurs, notamment du secteur public et de la société civile, les sept critères suivants, ENV2, ÉCO1, ÉCO3, SOC2, SOC3, SOP1, SOP3, possèdent de faibles intervalles de stabilité et, par conséquent, une variation de poids autour de plus ou moins 5% peut affecter le rangement des catégories de mesures, et donc donner lieu à des discussions.
En définitive, cette analyse de sensibilité montre que les catégories de mesures sociopolitiques, mécaniques et végétales sont intéressantes et peuvent faire partie des paniers de mesures de conservation et de restauration du bassin versant. Ces mesures incluent la sensibilisation du grand public (MSP1), la création d’un environnement politique propice (MSP3), le clayonnage et le fascinage (MM1), les cordons ou murettes en pierres sèches (MM2), la foresterie (MV1) et la mise en place de cultures pérennes (MV2). Ainsi, à partir d’un véritable compromis et de négociations entre les dix groupes d’acteurs, ces dernières ont été retenues pour intégrer les paniers de mesures.
Constitution des paniers de mesures de conservation et de restauration du bassin versant
Au terme de l’évaluation multicritère de la performance des 21 mesures de conservation et de restauration identifiées, et des résultats d’analyse fournis par le logiciel Visual PROMETHEE, une démarche de coconstruction de paniers de mesures adaptées aux différents niveaux de dégradation du bassin versant a été entreprise.
Le rangement complet PROMETHEE II permet d’identifier un groupe de six mesures présentant une très bonne performance globale (flux nets supérieurs ou égaux à 0,11). Il s’agit de quatre mesures appartenant à la catégorie des mesures agronomiques (MA), d’une mesure de la catégorie socioculturelle, et une de la catégorie sociopolitique.
Un second groupe de six mesures présente des performances globales acceptables (flux nets supérieurs ou égaux à 0,00 et inférieurs à 0,11). Il s’agit de deux mesures appartenant à la catégorie des mesures agronomiques (MA), trois mesures de la catégorie socioculturelle, et une de la catégorie des mesures végétales. Ces douze mesures sont les plus performantes et c’est parmi elles que les groupes d’acteurs commencent à constituer les paniers de mesures tout en discutant de leur utilité en fonction du niveau de dégradation du bassin versant.
Par la suite, certaines mesures sont « repêchées » parmi celles qui affichent des performances relativement moins bonnes (flux nets inférieurs à 0,00), mais qui ont toutefois certaines forces qui complètent les mesures offrant le plus de potentiels.
Tout ce processus aboutit à 18 mesures (Tableau 7) qui ont été retenues et validées par les différents acteurs engagés. Elles sont constituées des mesures appartenant à chacune des catégories agronomiques (MA), végétales (MV), mécaniques (MM), socioculturelles (MSC), et sociopolitiques (MSP), énumérées ci-dessous selon leurs rangs. Un signe + identifie les mesures de rang 13 et plus qui sont repêchées.
Tableau 7
Organisation des mesures selon leurs performances et intérêts particuliers
Après leur validation, les mesures sont structurées en quatre paniers de mesures, correspondant aux quatre niveaux de dégradation du bassin versant (faible, moyen, fort, très fort) (Tableau 8). À la fin, les paniers de mesures coconstruits ont fait l’objet d’un processus de validation auprès de nombreux acteurs impliqués. Soulignons que les mesures sociopolitiques maintenues (R6 : MSP2, puis +R18 : MSP3 et +R20 : MSP1 repêchées) intègrent tous les paniers de mesures étant donné leur caractère transversal par rapport à la gestion du territoire.
Tableau 8
Paniers de mesures de conservation et de restauration du bassin versant correspondant aux niveaux de dégradation des terres
La distribution spatiale des paniers de mesures est présentée à la figure 12. Cette répartition spatiale des paniers de mesures est principalement le fruit d’un travail de cartographie participative réalisé en collaboration étroite avec les acteurs. En se basant sur la typologie de dégradation du bassin versant établie au préalable ainsi que leurs connaissances approfondies du milieu, les acteurs locaux ont pu dessiner à leur manière l’organisation spatiale des paniers de mesures dans le territoire du bassin versant. Celle-ci a été traitée à l’aide du logiciel ArcGIS par le chercheur principal afin que sa visualisation soit mieux représentée. Une telle représentation a également été validée par l’ensemble des acteurs engagés dans le processus.
Figure 12
Spatialisation des paniers de mesures de conservation et de restauration du bassin versant
Mise en œuvre et suivi des mesures de conservation et de restauration retenues
La mise en œuvre des mesures d’intervention maintenues devrait être idéalement coordonnée par des comités intégrant les acteurs des différents secteurs impliqués. Ainsi, trois comités ont été constitués à partir de la table de négociation entre les acteurs, soit un par zone du bassin versant (amont, milieu, aval). En collaboration avec les techniciens agricoles communaux affectés au sein du territoire, ces comités veilleraient à la bonne conduite de l’ensemble des mesures de conservation et de restauration du bassin versant ainsi que leur évaluation sur la base des outils définis à cet effet.
Discussion
Cette étude illustre la pertinence de la démarche d’aide multicritère à la décision en contexte multi-acteurs dans le cadre de l’évaluation des mesures d’intervention de gestion durable du bassin versant. À travers cette démarche, la prise de décision est facilitée en ce qui concerne la coconstruction des paniers de mesures en lien avec les quatre niveaux de dégradation du bassin versant identifiés et cartographiés. Grâce à l’application de cette méthode d’analyse, nous observons que les catégories de mesures définies ont des profils proches. De manière globale, celles-ci ont des forces sur la majorité des critères environnementaux et économiques, et certains critères socioculturels. Leurs faiblesses se trouvent notamment au niveau de certains critères sociopolitiques. En ce qui a trait au rangement complet PROMETHEE II, les mesures agronomiques et socioculturelles sont grandement préférées par les acteurs. Cela signifie que ces derniers ont des sensibilités un peu partagées par rapport à ces mesures, et sont donc plus enclins à s’approprier des pratiques traditionnelles et locales de gestion des terres.
De plus, selon les enquêtes réalisées, nous avons constaté, notamment au milieu et en aval du bassin versant, que plusieurs exploitants utilisent des mesures de catégories agronomiques et socioculturelles sur la plupart de leurs parcelles. Selon certains exploitants, en raison des effets de l’application de ces mesures sur la conservation du milieu et le rendement agricole, il s’avère par conséquent nécessaire d’encourager les autres agriculteurs à les adopter au sein de leurs exploitations agricoles. Aussi, dans la majorité des cas, ces mesures ont la particularité d’intégrer la structure même de production. Au-delà de leur rôle dans la lutte contre l’érosion, elles visent à assurer la production agricole (Régis et Roy, 1999; Ouedraogo et al., 2012). À titre d’exemple, prenons le cas du « jaden lakou », pratique traditionnelle de système de culture, constitué de systèmes de production agroforestiers multistrates se trouvant à l’intérieur de la limite de l’aire résidentielle de l’agriculteur (Jean-Denis et al., 2014). Par sa localisation, ce jardin est bien entretenu et bénéficie des apports de matières organiques domestiques (cendres, résidus de cuisine, et cetera) contribuant à sa fertilité (Brochet, 1993; Jean-Denis et al., 2014). En effet, ce type de jardin permet non seulement la protection des sols et la diversification du paysage, mais assure la sécurité alimentaire tout en améliorant les revenus des agriculteurs (FAMV et Gret, 1990; Brochet, 1993; Bigi, 2012; Temple et al., 2014). Cette mesure socioculturelle occupe le deuxième rang du rangement PROMETHEE II, indiquant sa préférence par les différents acteurs compte tenu de leur contribution reconnue sur les plans écologique, social et alimentaire.
En outre, il ressort du rangement complet PROMETHEE II que toutes les mesures mécaniques identifiées sont caractérisées par des flux nets négatifs, ce qui signifie qu’elles sont faiblement considérées par certaines catégories d’acteurs. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce manque d’appréciation exprimé par les acteurs concernés : 1) les exploitants ne détiennent pas suffisamment de compétences techniques quant à l’établissement correct des cordons ou murettes en pierres sèches ainsi que des terrasses, ou d’autres structures; 2) leur mise en place constitue un surcroit de travail et nécessite des coûts élevés au cas où l’exploitant ne disposerait pas d’une main-d’œuvre familiale qualifiée; 3) selon les agriculteurs, ces structures diminuent l’espace cultivable et répondent directement à un seul objectif qui est la conservation des sols, par opposition à la majorité des mesures agronomiques assurant à la fois la production agricole et la protection des sols. Néanmoins, ces mesures mécaniques représentent des techniques simples s’inspirant de pratiques traditionnelles et sont faciles à vulgariser (Régis et Roy, 1999; Saffache, 2001; Delerue, 2010, 2014). Aussi, nous avons constaté que certaines mesures végétales et sociopolitiques ont été faiblement préférées par certains acteurs. Concernant les mesures végétales, l’intérêt a surtout porté sur la superficie des espaces agricoles. Le fait est qu’il existe un risque pour que certaines structures végétales établies entrent en compétition avec les cultures agricoles et empiètent sur les superficies cultivables (Régis et Roy, 1999). Ceci peut compromettre, en matière de volume, la production agricole sur le bassin versant. Pour ce qui est des mesures sociopolitiques, leur faible appréciation pourrait être notamment liée à la situation politique instable et à la faiblesse de la gouvernance locale.
Dans le but d’établir des mesures négociées et partagées, des représentations visuelles telles que les profils des mesures individuelles et les figures GAIA critères et acteurs ont été générées afin d’identifier les compromis possibles entre les acteurs. Ainsi, nous observons que, selon les tendances de préférence des groupes d’acteurs, certaines mesures, notamment mécaniques, végétales et sociopolitiques, peuvent intégrer les paniers de mesures à constituer. Par la suite, une analyse de sensibilité à des variations de poids des critères selon chaque groupe d’acteurs sur le rangement des mesures a été réalisée. Cela a permis de découvrir les critères qui sont sensibles à une faible variation de poids et ceux qui ne le sont pas.
À la suite des discussions avec les groupes d’acteurs sur des mesures ayant obtenu une faible performance globale (flux nets inférieurs à 0), certaines d’entre elles s’avèrent avoir des forces intéressantes dans l’optique de compléter des paniers de mesures. Ainsi, six mesures (R13 : MV2; R14 : MM1; R15 : MM2; R18 : MSP3; R19 : MV1; et R20 : MSP1) ont été maintenues à cet effet.
Les paniers de mesures coconstruits résultent d’un processus participatif et contributif ainsi que de négociation et de consensus. Ils sont par ailleurs constitués de mesures découlant des connaissances locales et ancestrales, lesquelles sont de nos jours préconisées dans le cadre de la gestion durable des ressources de l’environnement (Merceron et Yelkouni, 2012). Le fait de valoriser les savoirs locaux pourrait contribuer à une meilleure application des mesures ainsi qu’à leur durabilité et, dans le même temps, à une meilleure gestion des terres. Selon Saffache (2001), la prise en compte des connaissances locales des paysans est fondamentale à la gestion conservatoire des ressources en sol et en eau au sein des bassins versants. Les paysans ont une bonne connaissance de leur territoire, d’où l’intérêt de définir avec eux des techniques de conservation et de restauration des terres au lieu de leur imposer des pratiques de conservation qui, certaines fois, ne s’adaptent pas aux conditions biophysiques et socioéconomiques du milieu. De leur côté, Merceron et Yelkouni (2012) corroborent les avancées de Saffache (2001) en précisant que les connaissances traditionnelles du milieu naturel concourent à la gestion efficace de l’environnement dans une perspective de développement durable. Celles-ci s’avèrent indispensables dans l’établissement des stratégies de gestion des ressources de l’environnement étant donné leur rôle dans l’appréciation du contexte du milieu. Ilboudo et al. (2020) vont dans le même sens pour indiquer que les savoirs endogènes facilitent la compréhension et l’analyse des phénomènes de détérioration de l’environnement. Par conséquent, ceux-ci devraient être aujourd’hui privilégiés dans les processus impliquant la conservation et la restauration des ressources du milieu.
Conclusion
La démarche multicritère en contexte multi-acteurs, guidée par l’approche de la recherche-action participative (RAP) et assistée par les outils de la géomatique, a contribué à un consensus négocié entre les différents acteurs du territoire par rapport à l’établissement des paniers de mesures robustes de conservation et de restauration du bassin versant. L’exercice d’évaluation multicritère de la performance de 21 mesures de conservation et de restauration a montré que les mesures agronomiques et socioculturelles ont été privilégiées par les acteurs. Ceci révèle des intérêts communs relatifs à la durabilité du secteur agricole et à la valorisation des connaissances et pratiques locales de gestion des ressources du milieu. Cependant, cela n’empêche pas d’identifier des groupes d’acteurs ayant tendance à préférer des mesures relevant des catégories végétales, mécaniques et sociopolitiques. À cause de ce constat, une analyse de sensibilité et de robustesse des résultats a été effectuée, suivie d’un processus de recherche de compromis entre les acteurs afin de favoriser la prise en compte de certaines mesures intéressantes visant à atteindre les objectifs de conservation et de restauration du bassin, mais écartées selon le rangement complet PROMETHEE II. En conséquence, dix-huit mesures impliquant les cinq catégories de mesures établies ont été retenues pour être mises en application au niveau du bassin versant. Constituées en paniers, ces mesures sont le résultat d’un bon niveau d’accord entre les acteurs intervenant dans le territoire, ce qui favorise la transparence et une meilleure appropriation par les communautés locales. Elles ont pour but, dans un contexte de changements climatiques, de contribuer à la conservation et à la restauration des terres du bassin versant tout en permettant de renforcer la sécurité alimentaire, et de diversifier les revenus des populations locales.
Dans l’ensemble, il s’agit des mesures issues de pratiques traditionnelles et locales, qui sont donc faciles à mettre en place et à vulgariser. De plus, leur combinaison en fonction du degré de détérioration du bassin versant offre la possibilité de mieux organiser leur mise en œuvre, laquelle est appuyée par des comités établis à cet effet.
Par ailleurs, l’approche de RAP adoptée, malgré ses avantages en ce qui a trait à la participation et la collaboration des acteurs engagés, peut toutefois présenter certaines limites, par exemple l’invisibilité de certaines préoccupations et la reproduction de relations inégales entre les acteurs, surtout lorsque la majorité des acteurs sont analphabètes et si les chercheurs ne jouent pas pleinement leur rôle de facilitateurs. Aussi, la méthode d’aide multicritère (AMCD) demeure une approche à caractère subjectif, lié à l’assignation des poids par les acteurs dans le cadre de l’évaluation de la performance des mesures. Cependant, ce cas d’application montre l’utilité d’une telle approche. Elle facilite la recherche de solutions dans un contexte impliquant plusieurs acteurs avec des points de vue convergents et divergents, ce qui est très difficile à réaliser en dehors d’une démarche favorisant un consensus négocié comme celle de l’AMCD.
Appendices
Remerciements
Nous exprimons notre profonde reconnaissance aux organisations locales collaboratrices, dont l’association Planteurs pour le développement de Roche-à-Bateau (APDRB), l’association des Femmes vaillantes pour le développement de Roche-à-Bateau (AFVDRAB), et la Coalition Roche-à-Batelaise pour l’expansion locale (CORABEL). Sans leur contribution, la réalisation de cet article aurait été difficile. Ce travail a également été rendu possible grâce aux sources de financement suivantes : bourse du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) via les fonds de recherche de Jean-Philippe Waaub (cochercheur), bourse d’excellence - Hydro-Québec, et les fonds de recherche personnels de Sebastian Weissenberger (cochercheur). Le travail a bénéficié d’un certificat d’éthique (no 3300) du comité d'éthique de la recherche pour les projets étudiants impliquant des êtres humains (CERPE) de l’UQAM.
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List of figures
Figure 1
Localisation du territoire d’étude
Figure 2
Démarche générale de l’évaluation de la performance des mesures de conservation et de restauration du bassin versant
Figure 3
Niveaux de dégradation du bassin versant
Figure 4
Matrice des performances, commune pour l’ensemble des acteurs du bassin versant
Figure 5
Forces et faiblesses des catégories de mesures de conservation et de restauration du bassin versant
Figure 6
Rangement complet des mesures de conservation et de restauration du bassin versant pour tous les groupes d’acteurs : PROMETHEE II
Figure 7
Rangement complet des catégories de mesures de conservation et de restauration du bassin versant pour tous les groupes d’acteurs : PROMETHEE II
Figure 8
Conflits et synergies entre critères : plan GAIA – critères
Figure 9
Conflits et coalitions entre les groupes d’acteurs : plan GAIA – acteurs
Figure 10
Rangement des catégories de mesures et intervalle de stabilité du poids du critère ENV2 avant modification du poids
Figure 11
Rangement des catégories de mesures et intervalle de stabilité du poids critère ENV2 après modification du poids
Figure 12
Spatialisation des paniers de mesures de conservation et de restauration du bassin versant
List of tables
Tableau 1
Catégorisation du système d’acteurs identifiés pour le bassin versant
Tableau 2
Enjeux et critères relatifs à l’évaluation de la performance des mesures de conservation et de restauration identifiées pour le bassin versant
Tableau 3
Critères, indicateurs et échelles de mesure relatifs à l’évaluation de la performance des mesures de conservation et de restauration identifiées pour le bassin versant
Tableau 4
Regroupement des acteurs du bassin versant selon leurs sensibilités communes
Tableau 5
Catégorisation de la dégradation des terres du bassin versant
Tableau 6
Liste des mesures de conservation et de restauration du bassin versant
Tableau 7
Organisation des mesures selon leurs performances et intérêts particuliers
Tableau 8
Paniers de mesures de conservation et de restauration du bassin versant correspondant aux niveaux de dégradation des terres