Abstracts
Résumé
La permaculture est souvent considérée comme un procédé « alternatif » de production alimentaire écologique en ville ou à la campagne. Cependant, et bien que la définition et les principes de la permaculture soient en constante évolution, il apparaît que la permaculture n'est pas simplement une autre façon de jardiner, mais une autre façon de concevoir le monde. Considérant la place de la permaculture dans le processus de l'agriculture urbaine, nous remarquons que la conception permaculturelle est, bien entendu, différent de l'agriculture conventionnelle, mais nous observons également que le projet permaculturel est fondamentalement différente de l'urbanisme. De là, face à la crise écologique mondiale croissante, nous interrogeons la permaculture comme une possibilité de re-conception de la structure urbaine existante. Enfin, nous nous questionnons sur les bases épistémologiques de la permaculture en vue de susciter un changement philosophique et matériel global.
Mots-clés :
- Agriculture urbaine,
- Décroissance,
- Écologie,
- Épistémologie,
- Permaculture,
- Urbanisme
Abstract
Permaculture is often considered an “alternative” way of ecological food production in countrysides or cities.. Although the definition and principles of permaculture are in constant evolution, it appears that permaculture is not simply a different way of gardening but another way of conceiving the world. Considering the place of pemaculture in the urban agriculture process we notice that the permacultural design is, of course, different from the conventional agriculture, but we observe as well that the permacultural project is fundamentally different from urbanism. From there, confronted to the growing ecological global crisis, we interrogate the source of permaculture as a possibility of re-designing the existing urban structure. Finally, we question the epistemological basis of permaculture in order to seek a global philosophical and material change.
Keywords:
- Degrowth,
- Ecology,
- Epistemology,
- Permaculture,
- Urbanism,
- Urban agriculture
Download the article in PDF to read it.
Download
Appendices
Notes
-
[1]
Le « feed-back » qu’elle instaure comme un principe de base.
-
[2]
La permaculture cherche à mettre en relation des zones de vie homogènes (bio-topos) dans un but d’échange, en même temps qu’elle favorise la diversité biologique afin de d’augmenter la capacité de récupération d’un site face à un traumatisme (résilience).
-
[3]
« Lorsque les problèmes d’ensemble ont émérgé, sous le nom d’urbanisme, on les a subordonnés à l’organisation générale de l’industrie. Attaquée à la fois par en haut et par en bas, la ville s’aligne sur l’entreprise industrielle ; elle figure dans la planification comme rouage ; elle devient dispositif matériel propre à organiser la production, à contrôler la vie quotidienne des producteurs et la consommation des produits. Tombée au rang de moyen, elle étend la programmation du côté des consommateurs et de la consommation ; elle sert à régler, à ajuster l’une sur l’autre la production des marchandises et la destruction des produits par l’activité dévorante dite “consommation”. » (Lefebvre 2009 :74[1967]).
-
[4]
« I remember the Club of Rome report in 1967 which said that the deterioration of the environment was inevitable due to population growth and overconsumption of resources. After reading that, I thought, "People are so stupid and so destructive — we can do nothing for them." So I withdrew from society. I thought I would leave and just sit on a hill and watch it collapse. It took me about three weeks before I realized that I had to get back and fight. [Laughs] You know, you have to get out in order to want to get back in. » (Mollison :2005)
-
[5]
« It actually goes back to 1959. I was in the Tasmanian rain forest studying the interaction between browsing marsupials and forest regeneration. We weren’t having a lot of success regenerating forests with a big marsupial population. So I created a simple system with 23 woody plant species, of which only four were dominant, and only two real browsing marsupials. It was a very flexible system based on the interactions of components, not types of species. It occurred to me one evening that we could build systems that worked better than that one. Because I was an educator, I realized that if I didn’t teach it, it wouldn’t go anywhere. So I started to develop design instructions based on passive knowledge and I wrote a book about it called Permaculture One. » (Mollison :2005)
-
[6]
Pour Mollison, ils sont au nombre de 18, dont : 1-Work with nature rather than against. 2-The problem is the solution. 3-Make the least change for the greatest possible effect. 4- The yield of a system is theoretically unlimited. 5-Everything gardens (1988 :15-16). Pour Holgrem 12 suffisent (2002 :VIII) :1-Observe and interact, 2-Catch and store energy, 3-Obtain a yield, 4-Apply self-regulation and accept feedback, 5-Use and value renewable ressources and services, 7-Produce no waste, design from pattern to details, 8-Integrate rather than segregate, 9-Use small and slow solutions, 10-Use and value diversity, 11-Use edges and value the marginal, 12- Creatively use and respond to change.
-
[7]
Par exemple Blanquart (1997 :123) relate à propos du Paris du 19 ème siècle : « Bref, la guerre de rues devient difficile aux éventuels insurgés, et la classe capitaliste peut s’étaler à l’aise. La population ouvrière est refoulée en une énorme vague dans les quartiers périphériques. Le nouveau centre, où le terrain est hors de prix est réservé aux immeubles d’habitation pour riches, mais il est surtout dédié aux affaires. S’y élèvent les cathédrales du nouveau monde, les grands magasins : à la Belle Jardinière, qui date de 1824, s’ajoute le Bon Marché, construit par Eiffel en 1850, et le Printemps élévé en 1867. La logique de l’argent, après avoir fait table rase du passé, structure l’espace urbain à partir de son centre, où elle s’est puissamment installée : c’est la ségrégation sociale qui se lit sur le sol »
-
[8]
« It’s a quiet revolution » (Mollison :2005).
-
[9]
« Permaculture (permanent agriculture) is the conscious design and maintenance of agriculturally productive ecosystems which have the diversity, stability, and resilience of natural ecosystems. » (Mollison, 1988 :ix)
-
[10]
« The permaculture tree presented the concept as analogous to the germinating tree seed, giving rise to interdependent root and aerial structures. The germination of the idea generates both the physical reality of ecological human support systems and the wholistic conceptual framework of knowledge. » (Holgrem, 2002 :xxiii)
-
[11]
Du « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-là ; ayez autorité sur les poissons de la mer et sur les oiseaux des cieux, sur tout ce qui est vivant et qui remue sur la terre » de la Genèse à l’espoir contemporain de la croissance du PIB, on pourra consulter la nécéssité de passer d’une société de la croissance destructrice de la Terre à une société de la décroissance conviviale et non-subie présentée par exemple par Latouche (2006).
-
[12]
Pour s’en persuader on pourra par exemple observer aux beaux jours l’embouteillage hebdomadaire à l’aller et au retour du congé de fin de semaine aux environs des grandes agglomérations françaises.
-
[13]
À ce sujet, il est possible de retrouver l’analyse de Debord notamment sur le fait que « L'e´conomie transforme le monde, mais le transforme seulement en monde de l'e´conomie » (1992 :38 [1967]) et que « Celui qui subit passivement son sort quotidiennement étranger est donc poussé vers une folie qui réagit illusoirement à ce sort, en recourant à des techniques magiques. La reconnaissance et la consommation des marchandises sont au centre de cette pseudo-réponse à une communication sans réponse. Le besoin d’imitation qu’éprouve le consommateur est précisément le besoin infantile, conditionné par tous les aspects de sa dépossession fondamentale. » (1992 :208 [1967]).
-
[14]
En 1958, Hundertwasser artiste et architecte viennois prône la moisissure contre le rationalisme froid de l’architecture de l’époque. Cette moisissure comme premier stade du vivant se développera d’ailleurs dans son discours et sa pratique vers une architecture où la limite entre le bâti et le végétal s’efface. Cependant contrairement à la permaculture, la production de nourriture ne sera pas sa priorité.
-
[15]
« So it’s a revolution. But permaculture is anti-political. There is no room for politicians or administrators or priests. » (Mollison, 2005)
Bibliographie
- Blanquart, P., 1997, Une histoire de la ville. Pour repenser la société, Paris, La Découverte, 194 p.
- Cotula, L., S. Vermeulen, R. Leonard, and J. Keeley, 2009, Land grab or development oppotunity ? Agricultural investment and international land deals in Africa, London/Rome, IIED/FAO/IFAD, 120p.
- Debord, G., 1967, La société du spectacle, (1992), Paris, Les Éditions Gallimard, 208 p.
- Descartes, R., 1637, Discours de la méthode, (2000), Paris, Flammarion.,189 p.
- Ellul, J., 1954, La technique ou l’enjeu du siècle, 1999, Paris, Economica, 2e éd., 423 p.
- Fukuoka, M., La révolution d'un seul brin de paille, Paris, Éditeur Guy Tredaniel, 202 p.
- Hopkins, R., 2008, The transition handbook. From oil dependency to local resilience, Totnes, Green Book Ltd, 240 p.
- Holmgren, D., 2002, Permaculture, principles and pathways beyond sustainability, Hepburn, Australie, Holmgren design service, 287 p.
- Holmgren, D., 2009, Future Scenarios : How communities can adapt to peak oil and climate change, White River Jct, USA, Chelsea Green Publishing Company, 136 p.
- Hundertwasser, F., Manifeste contre le rationalisme en Architecture et pour la moisissure créatrice, Programmes et manifestes de l’architecture du XXe siècle, Ulrich Conrads, Paris, Les éditions de La Villette, 238 p.
- Latouche, S., 2006, Le pari de la décroissance, Paris, Fayard, 302 p.
- Lefebvre, H., 1967, Le droit à la ville, (2009) Paris, Economica, 3e ed, 138 p.
- Meadows, D. H., D. L. Meadows, J. Randers, and W.W. Behrens III., 1972, The Limits to Growth, New York, Universe Books, 205 p.
- Méheust, B., 2009, La politique de l'oxymore : Comment ceux qui nous gouvernent nous masquent la réalité du monde, Paris, Éditions La Découverte, 161 p.
- Mollison, B., Holmgren, D., 1986, Permaculture 1, Paris, Debard, 186 p.
- Mollison, B., 1993, Permaculture 2, Flers, Équilibres Aujourd'hui, 180 p.
- Mollison, B., 1988, Permaculture : a designers manual, Tyalgum, Tagari Publication, 576 p.
- Mollison, B., 2005, Permaculture a quiet revolution. Scott London [En ligne] URL : http://www.scottlondon.com/interviews/mollison.html Consulté le 15 Janvier 2010.
- Odum, H.T., E. C., Odum., 2001, A prosperous way down, Boulder, University Press of Colorado, 326 p.
- P.M., 1983, Bolo’Bolo, (1998) Paris, Éditions de l’Éclat, 216 p.
- Robin, MM., 2008, Le Monde selon Monsanto : de la dioxine aux OGM, une multinationale qui vous veut du bien, Issy-les-Moulineaux/Paris, La Découverte, 370 p.
- Rey, A., 2000, Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Dictionnaires Le Robert, 4304 p.
- Serres, M., 1993, Les origines de la géométrie. Paris, Flammarion, 337 p.
- Simmel, G., 1903, The Metropolis and Mental Life, (2000), Readings in Social Theory : The Classic Tradition to Post-Modernism, , New York, McGraw Hill, edited by James Farganis, 3d ed., pp. 149-157
- Tracey, D., 2007, Guerilla gardening : a manualfesto, Gabriola Island, BC, Canada, New Society Publishers, 240 p.
- Vico, G., 1710, De l’antique sagesse de l’Italie, (1993), Paris, Flammarion, 178 p.
- Voltaire., 1759, Candide, ou l’optimisme, (2003), Paris, Gallimard, 228 p.