Abstracts
Résumé
Au cours des premières années de la province du Canada, Kingston et Montréal furent tour à tour siège du gouvernement, puis capitale, et divers projets d’aménagement ont été proposés. Or, faire l’histoire de ces villes comme capitales ne peut se faire qu’au carrefour de l’histoire politique et de l’histoire urbaine. Il importe donc d’abord de revenir sur ce que sont les capitales, leur aménagement et leur relation avec l’État libéral moderne. Par la suite, nous examinerons les trois projets de siège de gouvernement puis de capitale de 1838 à 1849, soit à Montréal (1838–1840), à Kingston (1840–1843) puis à nouveau à Montréal (1844–1849). Ces projets, qui ont été plus ou moins menés à bien, seront examinés selon deux axes. D’une part, sur le plan politique, les choix successifs témoignent d’une autonomisation croissante face au pouvoir régalien et d’une affirmation « moderne » plus sentie de la capitale comme centre politique. D’autre part, les aménagements proposés et partiellement mis en oeuvre témoignent d’une volonté de valoriser matériellement et symboliquement dans l’espace urbain le pouvoir émergent. Dans cette perspective, le projet d’établir à Montréal ce qu’on appellerait une « cité parlementaire » est le plus achevé, mais le gouvernement de la province, limité dans ses ressources, doit cependant adopter une approche plus ciblée. Au final, les projets de capitale témoignent des vicissitudes et difficultés d’un nouvel État en émergence, dont les marques dans le paysage urbain et la mémoire de Kingston et de Montréal restent méconnues.
Abstract
In the early years of the province of Canada, Kingston and Montreal were alternately seat of government and then capital, and various development projects were proposed. However, making the history of these cities as capitals can only be done at the crossroads of political and urban history. It is therefore important first to look at what capitals are, their development and their relationship with the modern liberal state. We will then examine the three projects for the seat of government and then the capital from 1838 to 1849, in Montreal (1838–1840), in Kingston (1840–1843), and again in Montreal (1844–1849). These projects, which were more or less completed, will be examined along two axes. On the one hand, on the political level, the successive choices testify of an increasing empowerment in the face of sovereign power and a “modern” affirmation of the capital as a political centre. On the other hand, the proposed and partially implemented developments reflect a desire to enhance the material and symbolic value of emerging power in the urban space. In that perspective, the project to establish what would be called a “parliamentary city” in Montreal is the most complete, but the provincial government, limited in its resources, must adopt a more focused approach. In the end, the capital projects reflect the vicissitudes and difficulties of a new emerging state, whose marks on the urban landscape and memory of Kingston and Montreal remain unknown.