Avec la parution de Histoire de Québec et de sa région, la collection « Les régions du Québec » vient de s’enrichir d’un 18e titre. Planifiée en 1995, cette recherche a démarré dès l’année suivante sous la direction de Marc Vallières, professeur d’histoire à l’Université Laval. Cette monumentale synthèse a donc nécessité 17 ans de travail pour une équipe qui réunissait des chercheurs autonomes tels Andrée Héroux ou des historiens provenant de Parcs Canada (Yvon Desloges et André Charbonneau) ou de l’IQRC et l’INRS (Fernand Harvey et Sophie-Laurence Lamontagne). L’archéologue Réginald Auger de l’Université Laval complète l’équipe qui a pu compter en outre sur la collaboration d’un nombre considérable de personnes de divers milieux. Contrairement aux autres ouvrages de la collection, celui-ci porte non pas sur une région mais sur une ville et sa région immédiate, soit 13 000 km2. Grosso modo, celle-ci longe la rive nord du Saint-Laurent, tout en incluant l’île d’Orléans, depuis le Sault-au-Cochon jusqu’à Grondines et, au nord, englobe la réserve faunique des Laurentides en épousant les limites des anciens comtés électoraux. Cette région, faiblement peuplée, s’articule autour de la ville de Québec dont le coeur se situe entre le fleuve Saint-Laurent et le lit de la rivière Saint-Charles. Entre les deux s’étire, dans l’axe est-ouest, une plate-forme oblongue sur une distance de 13 kilomètres qui va de la basse-ville à Cap Rouge, lieu probable d’hivernement des Français de 1541 à 1543. Depuis sa fondation en 1608 à l’embouchure de la rivière Saint-Charles, la ville de Québec n’a cessé d’annexer d’abord ses faubourgs, puis les villes voisines pour prendre finalement les limites de la Communauté urbaine de Québec (CUQ) créée en 1969 et qui comprenait, en 2001, Sainte-Foy, Beauport, Charlesbourg, Sillery, Loretteville, Val-Bélair, Cap-Rouge, Saint-Augustin-de-Desmaures, L’Ancienne-Lorette, Saint-Émile, Vanier et Lac-Saint-Charles. En 2004, Saint-Augustin et L’Ancienne-Lorette profitaient d’une loi sur les défusions pour quitter la nouvelle ville. Dans ces deux cas, l’opposition aux fusions réalisées avait atteint plus de 61 % des voix exprimées, lesquelles représentaient respectivement 38,4 % et 40,94 % des personnes inscrites sur les listes référendaires. Cette partie sur les institutions (chapitre 19) est certes l’une des plus utiles. Elle permet de suivre l’évolution des dernières années et dissimule derrière des chiffres les lacunes des politiques d’aménagement. Pour l’étape finale, celle de 2000–2001, on se réfère au Rapport de la Commission nationale sur les finances et la fiscalité locales (Rapport Bédard, 1999) tout en laissant au lecteur le soin de réaliser que le législateur s’est servi de ce rapport pour imposer un type de fusion qui ne figurait dans aucun programme électoral ni dans le rapport Bédard lui-même. En outre, Marc Vallières évite de signaler les mises en garde formulées par les auteurs du rapport Bédard. Après avoir évoqué « la très vive opposition des municipalités de banlieue devant une fusion forcée », Vallières ajoute : « Faisant preuve d’un courage politique indéniable, le gouvernement maintient le cap » (p. 1751) ce qui « contribuera certainement à sa défaite électorale de 2003 ». Ce rappel des fusions municipales réalisées, alors que se terminait la rédaction de cette synthèse, permet de souligner le flegme des auteurs. Ils évitent les jugements personnels mais acceptent de rendre compte, sans s’attarder sur la perte de précieux repères toponymiques, avant tout milieux de vie et d’authenticité. Face à l’étalement urbain qui transforme le Québec et son économie, le présent ouvrage est extrêmement instructif et montre bien l’érosion dont furent victimes les villes-centres au cours du dernier demi-siècle. La population de Québec n’a cessé de diminuer au profit des villes voisines et rien n’indique que les …