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Blanchet, Renée, et Léo Beaudoin. Jacques Viger : une biographie. Montréal, VLB, 2009. 270 p.[Record]

  • Jules Racine St-Jacques

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  • Jules Racine St-Jacques
    Département d’histoire, Université Laval

Derrière la couverture de cette biographie de Jacques Viger se cachent en vérité deux livres. En une première partie de quelque 120 pages, Léo Beaudoin trace à grands traits les origines, faits d’armes et accomplissements de Jacques Viger tout en nous éduquant sur le contexte. Dans la seconde moitié de cet ouvrage, Renée Blanchet présente son édition de la correspondance échangée entre Jacques Viger et sa femme, Marguerite, entre 1808 et 1813. Deux ouvrages en un, donc, rédigés par deux auteurs qui présentent deux contenus différents et s’adressent en apparence à deux lectorats aux intérêts dissemblables: le curieux d’histoire que l’on sait friand de biographies, et l’historien patenté, à qui la seconde partie de ce livre évitera un patient travail de transcription de sources manuscrites. Il apparaît donc préférable de diviser ce compte rendu en deux. La biographie d’abord. Rédigée d’une plume élégante par un historien amateur qui, comme il l’avoue dans un entretien publié sur le site web de la maison d’édition, poursuit « des recherches à tâtons et sans méthode scientifique », la portion biographique de cet ouvrage ne repose sur aucune méthodologie clairement exposée, l’introduction se contentant d’annoncer le « personnage hors du commun » dont il sera question. Sans problématique ni hypothèse de recherche, cet essai fait moins l’impression d’une biographie historique, capable, par exemple, de relever et d’expliquer les contingences qui modifient le parcours individuel d’un acteur, que d’un panorama prospectif qui replace l’acteur dans son époque, une vue d’ensemble, en somme. L’auteur, en vérité, n’entretient d’autre ambition que celle du défricheur: ouvrir une voie encore peu empruntée, jeter un peu de lumière sur un personnage méconnu de l’histoire montréalaise. Après avoir établi, genre biographique oblige, l’ascendance généalogique de J. Viger et de sa femme, l’auteur passe en revue les principales étapes ayant marqué la carrière de Viger. En de courts chapitres d’à peine dix pages, le lecteur apprend que ce « bourgeois typique de son siècle » fut successivement journaliste pour le Canadien en 1809, capitaine de la milice des Voltigeurs durant la guerre de 1812-1813, premier maire de Montréal de 1833 à 1836, membre de la nébuleuse Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal et fondateur et premier président de la Société historique de Montréal - à laquelle Léo Beaudoin est lui-même rattaché. Ce livre eût-il été plus épais que ce plan thématique eût probablement été approprié aux modestes visées du texte. Or, chaque chapitre débutant par une mise en contexte, trop peu de lignes échoient à l’objet de cette biographie pour que le lecteur en ressorte bien instruit. Par exemple, le chapitre IV, intitulé « Un officier de milice », s’ouvre sur une explication des répercussions des guerres napoléoniennes en terre nord-américaine. De Viger le militaire, on ne retient que l’esquisse d’un effort empreint de dévouement, certes, mais peu glorieux, voire insignifiant. Dans le chapitre V, portant sur la carrière de fonctionnaire de Viger à Montréal, l’auteur expose davantage la situation économique de Montréal au XIXe siècle qu’il n’explique l’impact de son protagoniste à titre d’inspecteur des grands chemins, rues, ruelles, ponts et chaussées de la ville. Le court - six pages - chapitre VI se clôt quant à lui sans que le lecteur ne sache trop ce que le premier maire de Montréal a légué à sa cité, hormis ses armoiries. Idem au chapitre VII, qui fait davantage l’histoire de la naissance obscure de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal que de l’action de Viger en son sein. Si cette structure présente l’avantage d’épargner au lecteur la linéarité souvent téléologique d’un plan chronologique, force est de constater qu’elle escamote quelque peu le personnage de …