EN:
During the late nineteenth and early twentieth centuries, a host of journalists, ministers, medical doctors, businessmen, lawyers, labour leaders, politicians, and others called for an assault on poverty, slums, disreputable boarding houses, alcoholism, prostitution, sweatshop conditions, inadequate educational facilities, and other “social evils.” Although they represented an array of political positions and advocated a range of strategies to deal with what they deemed problems, historians have come to term this impulse “urban reform” or the “urban reform movement.” Over the past several decades, there have developed two main approaches to the study of this flurry of activity in Canada. Some historians, mostly writing before the mid-1980s, argued that it was an effort to reconstitute “the nation,” which arose in response to the anonymity and social conflict and ills apparent in modern, urban-industrial society. More recently, scholars have emphasized that in Canada reform often preceded urban-industrial development, and that the institutions that reformers supported, like later state agencies, were focused upon moral regulation and in particular fostering and sustaining a liberal order premised on patriarchal concepts of gender and related notions of race. This article demonstrates that important as urban industrial development and moral regulation were, understanding reform in Canada requires the addition of another layer of complexity to already existing analyses. In particular, it shows that we must conceive of Canadian reformers and their institutions as rooted in and shaped by a broader and longer history of European, and particularly British, imperialism.
FR:
Pendant la période couvrant la fin du dix-neuvième et le début du vingtième siècle, une quantité de journalistes, de ministres, de médecins, d’hommes d’affaires, d’avocats, de dirigeants syndicaux, de politiciens et de membres d’autres professions ont réclamé une lutte à la pauvreté, aux taudis, aux pensions de mauvaises réputations, à l’alcoolisme, à la prostitution, aux mauvaises conditions de travail, à l’infrastructure scolaire inadéquate et à d’autres plaies sociales. Bien qu’ils aient représenté un éventail de positions politiques et préconisé toute une gamme de stratégies pour s’attaquer à ce qu’ils considéraient des problèmes, les historiens en sont venus à nommer ce mouvement « réforme urbaine » ou « mouvement de réforme urbaine ». Au cours des décennies passées, les historiens ont développé deux principales approches dans l’étude de cette activité marquée au Canada. Certains historiens, écrivant surtout avant le milieu des années 80, ont avancé que ce mouvement correspondait à un effort de reconstruire la nation, en réponse à l’anonymat, aux conflits et aux maux sociaux évidents de la société moderne, urbaine et industrielle. Plus récemment, les chercheurs ont mis en lumière qu’au Canada, la réforme a souvent précédé des développements urbains et industriels, et que les institutions soutenues par les réformateurs, comme ultérieurement les agences d’état, se préoccupaient davantage de réglementation en matière morale, d’assistance familiale et du maintien de l’ordre libéral, relevant de conceptions patriarcales de sexe et de race. Cet article montre que, aussi important que puissent être le développement industriel urbain et la réglementation morale, la compréhension de la réforme au Canada exige que l’on tienne compte d’une composante additionnelle de complexité qui a déjà fait l’objet d’analyses. En particulier, ces analyses montrent que nous devons concevoir les réformateurs canadiens et leurs institutions en tant qu’enracinés dans l’histoire de plus grande ampleur de l’impérialisme européen et en particulier de l’impérialisme britannique.