EN:
The rapid spread of electric streetcar technology in the 1890s brought not only passengers to the suburbs but streetcar politics too. Beyond Montreal's city limits in the Village of Mile End, the politics of streetcar services was particularly virulent and indeed often comical. The contest between competing streetcar firms, and divisions within the council, culminated in early March 1893 when the Mayor of Mile End tore up a half-mile of the Montreal Street Railway Company's track. Though residents had long clamoured for streetcar service, most applauded the Mayor's heroics. This paper is an attempt to make sense of the 'Mile End Muddle,' as the newspapers dubbed the strange sequence of events, and to explain the relative weakness of the council and residents in the contest for streetcar service. I aim to show that the council and residents of Mile End, though vociferous and often violent, were unable to secure any significant degree of control of the actions of the MSRC and the Park & Island Railway Company. Although Mile End had the legal right, as a municipal corporation, to regulate streetcar services in its domain, in practice it and its venal councillors were small players in the battle for a streetcar franchise. Without the tax base to threaten public ownership of streetcar services, the town of Mile End was unable to defy the interests of heavily capitalized streetcar companies. By dividing the territory of greater Montreal between them, the MSRC and Park & Island effectively undermined the negotiating power of suburban councils to regulate a critical urban service.
FR:
Les tramways électriques, qui ont connu une rapide expansion technologique dans les années 1890, permirent le transport des passagers jusqu’aux banlieues. Toutefois, leur présence y provoqua également l’éclosion des intrigues politiques inhérentes aux luttes de pouvoir pour le contrôle de ce type de service. Par-delà les limites de la ville de Montréal, dans le village de Mile End, ces intrigues prirent un caractère particulièrement virulent et, à vrai dire, souvent burlesque. La compétition entre les sociétés de tramways concurrentes et les dissensions au sein du conseil municipal atteignirent leur point culminant au début de mars 1893 lorsque le maire de Mile End arracha 0,8 km (un demi-mille) de rails installés par la Montreal Street Railway Company. Les résidents, qui réclamaient à grands cris depuis fort longtemps l’avènement d’un service de transport en commun, n’en applaudirent pas moins pour la plupart le coup d’éclat de leur maire. Le présent article cherche à faire la lumière sur cette étrange séquence d’événements qualifiée de « Mile End Muddle » (tumulte de Mile End) par les journaux de l’époque. Il vise également à expliquer la relative faiblesse du conseil municipal et des résidents dans cette lutte pour le contrôle des services de tramways. Mon objectif est de démontrer que le conseil municipal et les résidents de Mile End, bien que bruyants et souvent violents, étaient incapables d’exercer un véritable contrôle sur les actions de la MSRC et de la Park & Island Railway Company. Même si à titre de municipalité, Mile End avait légalement le droit de réglementer les services de tramways sur son territoire, en pratique, la municipalité et ses conseillers vénaux n’étaient que des acteurs de second plan dans la bataille pour l’obtention d’une concession de service de tramways. En se divisant le territoire du Montréal métropolitain, la MSRC et la Park & Island sapèrent réellement le pouvoir dont disposaient les conseils municipaux des banlieues dans les négociations portant sur la réglementation d’un service urbain essentiel.