Abstracts
Résumé
Si dans l’histoire de la traduction du russe nous devions chercher un nom de traducteur qui rime avec la retraduction à plusieurs, celui d’André Markowicz viendrait naturellement à l’esprit. En refusant de qualifier ses traductions de retraductions, il invite le public français à découvrir d’une nouvelle façon les oeuvres des classiques dans le respect des oeuvres originales, tout en revendiquant la subjectivité du traducteur et ainsi sa propre vision et interprétation du texte. De ce fait, l’idée qu’une traduction puisse être considérée comme définitive ne semble pas possible pour André Markowicz, puisqu’une oeuvre peut avoir autant de traductions que de traducteurs et ainsi ce processus devient perpétuel. L’approche traductive d’André Markowicz est profondément ancrée dans une réflexion collaborative. Le devenir de cette démarche de traduction à plusieurs telle qu’elle est vécue et appliquée par André Markowicz aujourd’hui est intimement lié à quelques moments clés dans la vie du traducteur. D’abord, les premières expériences de traduction de Pouchkine au sein du cercle de traduction d’Efim Etkind. Ensuite, la rencontre avec Françoise Morvan, la découverte de son inventivité lexicale et du rapport qu’elle entretient avec les mots, leur sonorité et l’expérience de vie. Leur collaboration autour de l’oeuvre dramaturgique de Tchekhov basée sur deux façons différentes de voir les textes ne cesse de se nourrir et de s’enrichir à mesure que de nouvelles mises en scène théâtrales fondées sur leurs traductions sont réalisées. Enfin, la compréhension des enjeux de la traduction pour le théâtre grâce aux lectures aux côtés des metteurs en scène de renommée et des acteurs a permis de reconsidérer le texte en déplaçant le focus à partir des mots écrits vers les mots entendus et vécus par le spectateur. Ainsi, en conjuguant la subjectivité du traducteur avec une démarche de traduction collaborative sous ses diverses formes, André Markowicz invite à reconsidérer le statut du « traducteur littéraire » pour le rendre plus visible.
Mots-clés :
- André Markowicz,
- Françoise Morvan,
- littérature russe,
- traduction collaborative,
- subjectivité
Abstract
If we were to look for a translator who exemplifies collaborative retranslation in the history of classical Russian literature, André Markowicz’s name would naturally come to mind. Refusing to characterize his translations as re-translations, he invites the French reader to discover the works of Russian classical writers in a new way by asserting the translator’s subjectivity. For Markowicz, the idea of a definitive translation does not seem possible, since a text has as many translations as there are translators, which makes the process of translation endless. Markowicz’s approach to translation is deeply rooted in collaboration. The development of his collaborative approach, as he experiences and applies it today, is intimately linked to some key moments in his life. First, his participation as a student in collaborative translations of Pushkin with the members of Efim Etkind’s translation circle. Second, meeting Françoise Morvan, his discovery of her lexical inventiveness and her relationship to words and their sound, and to life experiences. Their collaborative translations of Chekhov’s dramaturgical work, based on two different ways of approaching the texts, evolved as new theatrical productions based on their translations were produced. Finally, understanding the challenges of theatre translation through readings alongside renowned theatre directors and actors enabled them to reconsider the originals, shifting the focus from the written word to the words heard and experienced by the audience. Thus, by combining the translator’s subjectivity with collaborative translation in its various forms, André Markowicz invites us to reconsider the status of the “literary translator” in order to make him or her more visible.
Keywords:
- André Markowicz,
- Françoise Morvan,
- Russian literature,
- collaborative translation,
- subjectivity
Appendices
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