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Reine Meylaerts et Kobus Marais, dir. The Routledge Handbook of Translation Theory and Concepts. New York et Londres, Routledge, 2023, 502 p.

  • Raúl E. Colón Rodríguez

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  • Raúl E. Colón Rodríguez
    Université d’Ottawa

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Cover of Brouillons de traduction, Volume 36, Number 2, 2e semestre 2023, pp. 9-387, TTR

La productivité du binôme Reine Meylaerts et Kobus Marais en tant que directeurs de publication ne cesse d’étonner. Depuis 2019, ils ont coordonné trois collectifs réunissant de nombreux traductologues d’origines aussi diverses que leurs intérêts de recherche. De plus, Marais a produit une monographie et édité deux volumes à lui seul, pour un total de six ouvrages publiés chez Routledge et Bloomsbury. Le volume analysé constitue le sommet de cette vague de publications sur la complexité en traductologie. Les deux directeurs du collectif signent une substantielle introduction suivie de vingt-trois chapitres qui revisitent dans une optique complexe presque toutes les approches contemporaines de la discipline. Il s’agit non pas d’un survol actualisé dans un nouveau « tournant », mais d’une reformulation des bases théoriques de la discipline. Elle se justifie par un profond changement épistémologique dû à des découvertes scientifiques dont les fondements théoriques remontent à plusieurs décennies, mais qui ont récemment pénétré le quotidien avec des accents parfois apocalyptiques. Le changement climatique, l’informatique quantique et l’intelligence artificielle n’en sont que les exemples les plus marquants. Meylaerts et Marais établissent cette « raison d’être » du volume dès le début de leur introduction. Ils soulignent la nécessité de redéfinir la traduction non plus comme produit mais comme processus complexe et imprévisible qui ne touche pas seulement l’écrit, la littérature en particulier. D’où la nécessité de dépasser aussi les catégories binaires du type original/traduction, source/cible. Cela découle de la prolifération dans l’espace et le temps des objets hyper- et multimodaux (p. 1). Au lieu de conceptualiser la traduction uniquement comme objet de recherche, ils proposent, en citant Maud Gonne, de la considérer aussi sous l’angle des « pratiques de recherche, construction de processus, (ré)assemblage et (re)connexion au social[], de même qu’outil épistémologique tout-englobant et concept ontologique autant que produit de la connaissance » (p. 1; je souligne). L’ouvrage se divise en cinq parties : Introduction, Foundations, Object translation, Representament translation, Interpretant translation. La recherche de Marais s’inspire en grande partie de Peirce et de sa conception complexe du signe qui est à la base de la communication où s’insère la traduction. Les directeurs de ce collectif en élargissent la signification pour que le volume puisse servir d’outil dans l’étude de la traduction au sens large (p. 5). Dans la partie « Foundations », le chapitre d’Álvaro Marín García, intitulé « Epistemological positions », est remarquable. Il est abondamment cité dans l’introduction, ce qui indique l’importance accordée à l’épistémologie; d’autres auteurs s’y arrêtent aussi pour encourager la réflexion épistémologique sur la traduction (Marín García, Gonne, Assis Rosa, Buts, Baer) ou pour justifier le maintien des distinctions binaires et autres délimitations traditionnelles dans certains contextes ou à certaines fins comme en informatique classique (Bowker). Le chapitre sur l’ontologie, intitulé « Ontological positions », de Piotr Blumczynski et Neil Sadler est d’un intérêt particulier, soulignant que les orthodoxies sur la traduction ont cédé la place à une réflexion sur ce qu’elle peut ou pourrait être, car si l’ontologie nous permet de penser la traduction, celle-ci nous aide en retour à penser l’ontologie (p. 47). On reconnaît ici le principe dialogique de la complexité, qui préserve « la dualité au sein de l’unité » (Morin, 2005, p. 98). La pensée complexe ouvre sur la réalité et sur l’engagement avec cette réalité. Telle est la proposition fondamentale des deux auteurs du chapitre touchant à un sujet que beaucoup jugent purement abstrait. La partie « Objet translation » réunit trois chapitres consacrés aux approches respectivement biosémiotiques, issues de la sociologie de la connaissance, écologiques. Ces trois sujets élargissent considérablement la portée traductologique du …

Appendices