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Julie Loison-Charles. Traduction audiovisuelle et multilinguisme : Le français dans les séries anglophones. Arras, Artois Presses Université, 2022, 231 p.

  • Valérie Florentin

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  • Valérie Florentin
    Université York

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Cover of Traduction et journalisme, Volume 36, Number 1, 1er semestre 2023, pp. 9-283, TTR

Cet ouvrage arrive au moment où le multilinguisme s’affiche de plus en plus à l’écran et la question, de même que les enjeux qu’elle sous-tend, est donc d’importance : comment restituer dans un film ou une série télévisée doublée en français, le recours sporadique au français de la version originale anglaise? Quelles sont les conséquences, directes ou non, des différentes solutions? Le livre, dont la division et la formulation rendent l’argumentation facile à suivre, propose quatre chapitres, assortis d’une introduction, d’une conclusion, d’une bibliographie complète et des index nécessaires à une consultation rapide. L’introduction, malgré sa tonalité plutôt scolaire, a l’avantage de situer le débat. Il sera bel et bien question d’étudier, sous l’angle pratique, comment traduire efficacement vers le français, en doublage et non en sous-titrage, le rôle du français utilisé comme langue étrangère. De plus, seules les séries anglophones seront considérées. Dès l’introduction, Julie Loison-Charles explique que les traductrices font face à quatre priorités dans de tels cas, soit le respect du visuel, de la diégèse (cohérence interne), de la dénotation et de la connotation des mots. Elle mentionne également que son corpus est composé d’une quarantaine de séries américaines, canadiennes et britanniques, mais ce corpus semble choisi au hasard, selon les goûts peut-être de l’auteure, sans que d’autres critères soient mentionnés. Des comédies côtoient des drames, des séries récentes sont analysées selon les mêmes critères que des séries plus anciennes, sans aucune considération pour le fait que les stratégies ont pu changer au cours des vingt dernières années. Pourtant, Buffy the Vampire Slayer, Friends ou encore Doctor Who (qui a débuté dans les années 1960), n’ont pas été diffusées dans les mêmes conditions que des séries Netflix, dont Emily in Paris ou The Last Kingdom. Malgré son titre, le chapitre 1, « Traduire le multilinguisme en audiovisuel : un cadre théorique », s’avère moins un cadre théorique qu’un rappel, exemples à l’appui, des différentes possibilités s’offrant à toute traductrice audiovisuelle. La discussion commence par la notion des accents en audiovisuel, puisque choisir de rendre l’alternance codique par un accent risque de provoquer un effet comique indésirable. Julie Loison-Charles précise notamment que les langues avec variantes peuvent être pratiques pour maintenir l’illusion de « deux langues », mais que ce n’est pas applicable au français : la variante québécoise serait évitée puisqu’elle est réservée « à des personnages bons vivants, stupides, analphabètes ou sans éducation » (Plourde, 2003, cité en p. 50). S’intéressant ensuite à la suspension consentie de l’incrédulité, notamment en doublage, l’auteure oppose le réalisme d’Inglorious Basterds, dans lequel les différents acteurs parlent leur langue maternelle (et non l’anglais), à de nombreux films de guerre où les soldats allemands parlent un parfait anglais dans la version originale. Également, dans un rare aparté sur le sous-titrage, elle se demande s’il entrave le mimétisme avant de conclure qu’il permet à tout le moins de créer un effet de connivence avec le public ou de l’exclure, selon que la personne concernée comprend ou non la langue étrangère utilisée. De manière plus centrale au sujet à l’étude, Julie Loison-Charles indique que la traduction du multilinguisme s’effectue sur un continuum : d’un effacement total à une multiplication des instances. Elle rappelle également que les choix effectués à l’étape de la traduction peuvent nuire à la logique de l’histoire et qu’il est difficile de trouver des acteurs parlant les langues nécessaires pour tout doubler (et ainsi conserver l’alternance codique et la même voix dans la version doublée). Elle mentionne également un problème assez unique : le cas des personnages qui interprètent, à l’écran, pour le bienfait d’autres personnages. …