Comptes rendus

Lucile Davier. Les enjeux de la traduction dans les agences de presse. Villeneuve d’Ascq, Presses du Septentrion, 2017, 334 p.[Record]

  • Louise Fortier

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  • Louise Fortier
    Université Laval

NDA

Le lectorat pourrait s’étonner qu’un ouvrage publié en 2017 n’ait pas rendu les femmes visibles, surtout en raison du fait qu’il est publié par une autrice. Le « masculin générique » est utilisé tout au long du texte, même s’il y a de nombreuses autrices citées et que des femmes ont dû être rencontrées dans le cadre des entretiens, mais on ne sent malheureusement pas leur présence.

Lucile Davier est maître-assistante, unité de français, à la faculté de traduction et d’interprétation de l’Université de Genève. Elle est détentrice d’un doctorat en traduction et communications, obtenu conjointement des Universités de Genève et de Paris 3. Ses intérêts de recherche comprennent la traduction journalistique et les approches ethnographiques de la traduction. Cet ouvrage s’inscrit dans la démarche qu’elle a entreprise avec sa thèse intitulée « Le rôle du transfert interlinguistique et interculturel dans la coconstitution d’un problème public par les agences de presse : le cas de la votation antiminarets » (2013) et avec les articles scientifiques portant plus généralement sur la traduction journalistique qu’elle a publiés (2009, 2012, 2014, 2015, 2017, 2018a, 2018b). Dans le présent ouvrage, l’objet de l’étude porte sur les dépêches de deux agences de presse, l’une mondiale, l’Agence France-Presse (AFP), et l’autre nationale, l’Agence télégraphique suisse (ATS), consacrées à la votation pour l’interdiction des minarets en Suisse en 2009. Le texte comprend cinq chapitres, six annexes faisant état de la méthodologie et des corpus utilisés pour son étude, de même qu’un index et une abondante bibliographie de 21 pages. D’entrée de jeu, l’autrice nous informe que cet ouvrage est principalement destiné à la « communauté de chercheurs et d’étudiants » en traduction et en communication (pp. 9-10), ce qui pourrait expliquer pourquoi elle recourt constamment à la formule didactique de premièrement, deuxièmement, troisièmement, qui n’est pas absolument nécessaire et est assez répétitif. Elle indique aussi que les travaux qui abordent la problématique de la traduction dans le discours médiatique sont rares. Alors pour pallier ce manque, elle propose de « mettre en contact traductologie et sciences des médias et de la communication » (p. 9). Elle ne manque pas de nous rappeler que « la traduction est omniprésente dans la production d’information par les agences de presse, mais elle est invisible » (p. 13). Dans son premier chapitre, intitulé « Traductologie et théories de la communication : le grand écart? », elle met en jeu les théories générales de la traduction : théories du sens, de l’équivalence et du skopos, dont traitent Esperança Bielsa et Susan Bassnett dans l’ouvrage phare Translation in the Global News (2009), les concepts de sourcier et cibliste, et les théories journalistiques. Elle se penche sur la pertinence telle que formulée par Ernst-August Gutt (p. 47) soutenue par la pragmatique intégrée et la pragmatique cognitive qu’elle critique en se positionnant comme non constructiviste. D’ailleurs, elle propose « d’aménager les deux catégories proposées par E.-A. Gutt afin qu’elles correspondent mieux à la réalité de la traduction, et en particulier de la traduction journalistique » (p. 47). Les étudiants et étudiantes trouveront certainement un très grand intérêt pour cette incursion dans les théories traductologiques, mais il y a lieu de se demander si les chercheurs et chercheuses s’y intéresseront également étant donné que ces notions sont déjà bien connues. Au deuxième chapitre qui porte le titre « Enquête ethnographique et analyse de corpus : le mélange des méthodes », Davier indique que le « présent travail rassemble des méthodes encore rarement combinées (une enquête ethnographique et une analyse de corpus comparable) et met sous la loupe les particularités des deux agences étudiées » (p. 73). Ce chapitre donne les détails des préparatifs, des entretiens, des rencontres dans un ordre diachronique qui en facilite la lecture. L’autrice y explique pourquoi elle a choisi les deux agences, AFP et ATS, étant donné que ces dernières ont chacune une portée différente. Pour la question des observations, Davier partage avec nous les références à des auteurs et autrices, dont Stéphane Beaud et Florence Weber (2010), …

Appendices