Abstracts
Résumé
Dans ses travaux, Daniel Simeoni accordait une grande importance à la pratique du traducteur. Adoptant ce point de départ, j'analyserai ici les pratiques de Louis-Mathieu Langlès, conservateur des manuscrits orientaux de la Bibliothèque nationale de Paris de 1792 à 1824, et fondateur de l’École spéciale des langues orientales vivantes où il a travaillé à titre d’administrateur et de professeur de persan jusqu’à sa mort en 1824. Langlès occupe une position centrale dans l’orientalisme français tel qu’il s’est développé à Paris à la fin du dix-huitième et au début du dix-neuvième siècle. Dans ses multiples publications, qui comptent de nombreuses recensions, des notes biographiques, des éditions et des traductions, Langlès engage systématiquement un dialogue avec les auteurs qu’il traduit ou présente, réagissant à leurs textes et augmentant ceux-ci de copieuses notes et notices, de mémoires, de discours et autres matériaux paratextuels. Loin d’adopter une attitude de servitude, Langlès se pose en égal. Les vives réactions, tant positives que négatives, qu’ont suscitées ses écrits sont un indicateur des changements qui s’opéraient alors au sein de la discipline et des tensions personnelles qu’ils entraînaient parfois, à mesure que l’orientalisme allait se rapprocher de la science et, finalement, de la philologie.
Mots-clés :
- Louis-Mathieu Langlès,
- orientalisme,
- pratiques de traduction,
- l’Inde,
- publics
Abstract
In his work Daniel Simeoni gave prominence to the practice of the translator. Taking this as my point of departure, I analyze the practices of Louis-Mathieu Langlès, curator of Oriental manuscripts at the National Library in Paris from 1792 to 1824, and founder in 1795 of the École spéciale des langues orientales vivantes, where he was the administrator and professor of Persian until his death in 1824. Langlès held a central position in French Orientalism as it was developing in Paris at the end of the eighteenth and beginning of the nineteenth centuries. In his numerous publications, which included many reviews, biographical notices, editions and translations, Langlès systematically engages with the authors whose work he is translating or presenting, reacting to and supplementing their texts with copious notes, notices, discourses, memoirs, and other forms of paratextual materials. Far from adopting a subservient position, Langlès positions himself as an equal. His publications received both high praise and strong criticism from critics and reviewers, an indication of the changes taking place within the discipline, and the personal tensions these at times involved, as Orientalism evolved towards a more scientific, and eventually a more philological, approach.
Keywords:
- Louis-Mathieu Langlès,
- Orientalism,
- forms of translational practice,
- India,
- readerships
Appendices
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