Le livre présente une étude des retraductions vers l’anglais du roman Le tour du monde en quatre-vingts jours de Verne paru en 1873. L’étude se veut un essai de méthodologie transhistorique, une nouveauté pour les chercheurs en histoire de la traduction, qui vise à rassembler plusieurs (re)traductions parues en Angleterre et aux États-Unis sur une période de 131 ans, soit de 1873 à 2004. O’Driscoll présente une analyse de la première traduction vers l’anglais du Tour du monde en quatre-vingts jours ainsi que de cinq retraductions. Dans cet effort, il étudie une multitude de facteurs connexes, tels les renseignements biographiques des traducteurs et les enjeux de publication des retraductions. Le livre est divisé en trois parties. Au chapitre 1, O’Driscoll présente les fondements théoriques de sa recherche, les faits historiques entourant l’oeuvre et la carrière de Verne, les éléments pertinents liés à la réception du roman Le tour du monde en quatre-vingts jours ainsi que la méthodologie mise en oeuvre dans l’étude. Les chapitres 2 à 7 comportent une analyse détaillée de chacune des six traductions anglaises du Tour du monde sélectionnées par O’Driscoll, soit la première traduction par Towle (1873) et les retraductions de White (1874), Desages (1926), Baldick et Baldick (1968), Butcher (1995) et Glencross (2004). Chaque chapitre fournit les renseignements nécessaires à l’analyse descriptive des (re)traductions selon les critères présentés par Anthony Pym dans Method in Translation History (1998). O’Driscoll analyse les causes ayant influencé la production des traductions et synthétise les interactions entre elles. Le dernier chapitre réunit les conclusions de l’auteur en évoquant les objectifs de la recherche et le processus de sélection du corpus. Une bibliographie et un index thématique qui classe notamment les noms des théoriciens dont les propos ont été cités complètent le volume. O’Driscoll véhicule l’idée principale suivante : en combinant l’étude diachronique descriptive des retraductions et de leurs traducteurs à l’étude de la réception des oeuvres, il est possible d’expliquer les variations textuelles qui s’observent dans les retraductions d’une oeuvre. Une telle approche permet en outre d’examiner l’influence des traducteurs dans la production des textes et dans les choix de traductions qui ont été faits. Ainsi, selon O’Driscoll, l’approche transhistorique est essentielle pour mener l’analyse de retraductions, car elle permet de juxtaposer les éléments textuels et les données biographiques relatives aux traducteurs. Ces données biographiques sont d’une grande importance afin de tirer des conclusions sur la société dans laquelle les textes ont été rédigés. Dans les mots de Pym : « [f]or almost every inner causation that one finds in a translator’s personal biography there is a wider, social mode of causation that enables or accepts inner factors to leave their mark in the public world of translations » (cité par O’Driscoll, 2011, p. 17). Selon O’Driscoll, les retraductions ne s’inscrivent pas dans une trajectoire linéaire de progrès, mais sont plutôt produites pour des raisons très différentes et dans des contextes historiques particuliers. En analysant les multiples causes entourant le projet et le processus de traduction, O’Driscoll peut expliquer pourquoi certaines traductions se ressemblent énormément, alors que d’autres diffèrent les unes des autres. Il cherche à répondre aux questions suivantes : qui a traduit quoi, quand, pourquoi et pour quellesraisons ? En se renseignant sur les traductions et les traducteurs qui les ont effectuées, O’Driscoll cherche à clarifier les enjeux de production et à déduire les normes sociales et culturelles qui ont influencé les textes cibles. Il tente également d’expliquer la réception du roman de Verne dans les cultures réceptrices anglophones de l’Angleterre et des États-Unis. Par le biais d’une analyse des causalités de la traduction, il …
Appendices
Bibliographie
- BERMAN, Antoine (1990). « La retraduction comme espace de la traduction ». Palimpsestes, 4, p. 1-7.
- CHESTERMAN, Andrew (2000). Memes of Translation: The Spread of Ideas in Translation Theory. Amsterdam/Philadelphia, John Benjamins.
- EVANS, Arthur B. (2005). « Jules Verne’s English Translations ». Science-Fiction Studies, 32, 1, p. 80-104.
- PYM, Anthony (1998). Method in Translation History. Manchester, St Jerome Publishing Ltd.
- TOURY, Gideon (1995). Descriptive Translation Studies and Beyond. Amsterdam/Philadelphia, John Benjamins.