TTR
Traduction, terminologie, rédaction
Volume 23, Number 2, 2e semestre 2010 Censure et traduction en deçà et au-delà du monde occidental Censorship and Translation within and beyond the Western World Guest-edited by Denise Merkle
Table of contents (12 articles)
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In memoriam Barbara Godard
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Presentation
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Entre censure et autocensure littéraire en Roumanie : L’odyssée d’un journal intime à l’époque communiste
Anda Rădulescu
pp. 23–52
AbstractFR:
Nous nous proposons d’étudier les manifestations de censure et d’autocensure dans le journal intime du professeur Paul Miclău rédigé et initialement traduit à l’époque du totalitarisme communiste en Roumanie. Ce journal a connu une histoire hors du commun. Voulant se protéger des autorités censurantes, Paul Miclău l’a tout d’abord écrit en français en 1985. Ensuite, afin de le faire publier sous le régime communiste (en 1989), il l’a traduit en roumain et a dû le censurer. La version roumaine intégrale n’a été publiée que tardivement, en 1994. De même, l’original français n’est paru en France qu’en 1995. Miclău explique que la censure et l’appareil de répression sur lequel elle s’appuyait ont amoindri son autorité en tant qu’auteur du texte. De sa propre initiative ou sur le conseil d’autrui, il a dû retirer de l’original certains mots ou fragments de longueur variable pouvant choquer les autorités. De plus, la censure officielle coupait ou supprimait des paragraphes entiers portant sur certaines réalités d’ordre politique, social, économique, religieux ou sexuel que les autorités communistes considéraient comme irrecevables lorsqu’insuffisamment atténuées. Une comparaison de l’original écrit en français et de l’autotraduction intégrale en roumain avec la première autotraduction produite en Roumanie à la fin des années 1980 permet de constater que l’autorité de Paul Miclău en tant qu’auteur avait été amoindrie, puisqu’il lui a fallu réécrire son oeuvre en tenant compte du contexte censurant qui en a autorisé la publication. Or, quoique diminuée, cette autorité n’avait pas été éliminée.
EN:
The purpose of our paper is to study manifestations of censorship and self-censorship in Paul Miclău’s journal written and initially translated during the period of communist totalitarianism in Romania. This journal has had a fascinating story. It was written in French in 1985. In order for it to be published under the communist regime in 1989, the author self-translated it into Romanian and censored it. The uncensored Romanian version appeared later, in 1994, and the original French version was printed in France in 1995. Miclău explains that repressive censorship contributed to diminishing his authority as the author of his work. On his own initiative or on the advice of others, he had to suppress words or passages of variable length from the original text so that his work could be published. Censorship concealed political, social, economic, religious or sexual realities through attenuation, deletion of words and expressions, even the cutting of entire paragraphs. Comparing the original French and uncensored Romanian text with the first Romanian self-translation reveals that Paul Miclău’s journal was no longer the unique product of his literary self-expression, rather it had been rewritten in light of the censorial context that allowed it to be published. Yet, his personal stamp had not been obliterated.
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Self-Censorship and Censorship in Nitobe Inazo, Bushido: The Soul of Japan, and Four Translations of the Work
María Teresa Rodríguez Navarro and Allison Beeby
pp. 53–88
AbstractEN:
This paper looks at self-censorship and censorship in Bushido: The Soul of Japan (1900) by Nitobe, Inazo (1862-1933) as well as in four different translations of the book. In Bushido, probably the best known of Nitobe’s books, the renowned Japanese writer and diplomat tried to act as an inter-cultural mediator between East and West and export the concepts and values of Bushido (the path of the samurai). Nitobe was descended from one of the great samurai families, but he converted to Christianity, married an American Quaker from Philadelphia and studied widely in the US and in Europe. Bushido was a valiant attempt to “translate” the ethical code of the samurais for the West, but perhaps in so doing Nitobe idealized the samurai caste by domesticating their values and teaching in order to bring them closer to Christian values and teaching. The main purpose of his book was to make Japanese culture acceptable to and valued by the West and in particular Philadelphia at the beginning of the 20th century, but he also had to assure the approval of the imperial authorities.
The original text was written in English, which was not Nitobe’s mother tongue, and it can be studied as a self-translation that involves self-censorship. Writing in a foreign language obliges one to “filter” one’s own emotions and modes of expression. To a certain extent, it also limits one’s capacity for self-expression. Alternatively, it allows the writer to express more empathy for the “other culture.” Furthermore, one is much more conscious of what one wants to say, or what one wishes to avoid saying, in order to make the work more acceptable for intended readers.
The four translations are the Spanish translation by Gonzalo Jiménez de la Espada (1909), the French translation by Charles Jacob (1927), the Japanese translation by Yanaihara Tadao (1938) and the Spanish translation by General José Millán-Astray (1941). A descriptive, diachronic study of the translation of selected cultural references shows the four translations to be good examples of the way translations vary over time. They also illustrate the relationship between context, pretext and text (Widowson, 2004) and the visibility or invisibility of the translator (Venuti, 1995). We have also found it useful to draw on skopos theory, as well as some aspects of the Manipulation School, in particular ideology, censorship and the emphasis on translation between distant languages and cultures.
The analysis of the four translations shows that censorship of cultural references is evident during periods of conflict (such as the Japanese translation of 1938 and the Spanish translation of 1941). We hope to show that the context/pretext of the translator led to such manipulative or censorial translation decisions that Nitobe’s skopos was lost in at least one of the translations.
FR:
Nous analysons dans cet article l’autocensure et la censure présentes dans l’oeuvre d’Inazo Nitobe, Bushido : The Soul of Japan, ainsi que dans quatre de ses traductions. Dans ce qui est probablement sa publication la plus connue à l’échelle internationale, le célèbre essayiste et diplomate japonais Inazo Nitobe (1862-1933) joue le rôle de médiateur interculturel entre l’Orient et l’Occident en exportant les valeurs et les concepts du bushidō, la voie du samouraï. Nitobe appartenait à une grande famille de samouraïs, mais se convertit au christianisme, épousa une jeune femme quaker de Philadelphie et acquit la plus grande partie de sa formation universitaire aux États-Unis et en Europe. Dans Bushido, il tente courageusement de traduire pour l’Occident le code éthique des samouraïs, mais sa volonté d’établir des liens étroits avec les valeurs chrétiennes le conduit à idéaliser la caste des samouraïs et à christianiser, en quelque sorte, les valeurs et les enseignements de celle-ci. À travers son livre, Nitobe souhaitait faire connaître la valeur de la culture japonaise afin qu’elle soit acceptée par les Occidentaux, notamment les habitants de Philadelphie du début du XXe siècle.
Le texte original est en langue anglaise, qui n’est pas la langue maternelle de l’auteur et peut donc être étudié en tant qu’autotraduction, ce qui implique une certaine autocensure. En effet, lorsqu’il écrit dans une langue étrangère, un auteur est en quelque sorte amené à filtrer ses émotions et son mode d’expression. Il est, certes, limité dans sa capacité d’expression, mais, en même temps, il peut faire preuve d’une plus grande empathie pour l’autre culture. En outre, il est plus conscient de ce qu’il veut dire et ne pas dire pour que son oeuvre soit bien reçue par ses lecteurs potentiels.
Les quatre traductions que nous analysons sont, dans un ordre chronologique, celles de Gonzalo Jiménez de la Espada (1909, en espagnol), de Charles Jacob (1927, en français), de Yanaihara Tadao (1938, en japonais) et du général franquiste José Millán-Astray (1941, en espagnol). Une étude descriptive diachronique de la traduction des références culturelles montre que ces quatre versions illustrent d’une manière exemplaire comment la manière de traduire et le lien qui existe entre le contexte, l’avant-texte et le texte (Widowson, 2004) changent selon l’époque, de même que la visibilité et l’invisibilité du traducteur (Venuti, 1995). Nous utilisons pour notre travail la théorie du skopos, certains aspects de la théorie du polysystème, notamment ceux qui concernent l’idéologie et la censure, ainsi que l’étude de la traduction entre langues et cultures éloignées.
Notre analyse des quatre traductions nous permet de montrer que la manipulation – ou l’autocensure – des références culturelles du texte original est particulièrement évidente dans les périodes de conflit, comme l’illustrent la traduction japonaise de 1938 et la traduction espagnole de 1941. Notre objectif est finalement de démontrer comment le contexte/l’avant-texte peuvent conduire le traducteur à manipuler et censurer le texte original, si bien que le skopos de Nitobe est complètement occulté dans les traductions.
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Sanctions, Censure and Punitive Censorship: Some Targeted Hebrew Translations of Arabic Literature from 1961-1992
Hannah Amit-Kochavi
pp. 89–112
AbstractEN:
Translations of Arabic literature into Hebrew have been marginally present in Israeli Jewish culture for the last 62 years. Their production and reception have been affected by the ongoing political Jewish-Arab conflict which depicts the Arab as a threatening enemy and inferior to the Jew. This depiction has often led to fear and apprehension of Arabic literary works. The present paper focuses on several cases where Hebrew translations of Arabic prose and poetry were publicly condemned as a potential threat to the stability of Israeli Jewish sociopolitical creeds and state security. The various sanctions imposed on the texts and their writers (though not on their translators!) by Israeli authorities, the Israeli Hebrew press and public opinion are described and explained. These sanctions were subsequently lifted after Israeli Jewish writers rose up against censure and censorship by raising their voices in protest.
FR:
Au sein de la culture israélienne juive, le nombre de traductions de la littérature arabe en hébreu resta petit au cours des 62 dernières années. Or, cette maigre production et l’accueil qu’on a fait à ces oeuvres s’expliquent par l’incessant conflit politique judéo-arabe qui dépeint l’Arabe comme un ennemi des Juifs et un être inférieur; cette représentation a en outre fait craindre ces traductions et a provoqué une certaine appréhension envers les oeuvres littéraires arabes. Le présent article se penche sur quelques cas où des traductions de prose et de poésie arabes en hébreu furent publiquement condamnées parce qu’elles menaçaient les croyances sociopolitiques israéliennes juives et la sécurité de l’État. Les textes et leurs auteurs (mais pas leurs traducteurs!) furent l’objet de différentes sanctions de la part des autorités israéliennes, de la presse hébraïque et de l’opinion publique. Ces sanctions sont décrites et expliquées, ainsi que la façon dont elles tombèrent quand des écrivains israéliens juifs s’élevèrent contre ce genre de censure.
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L’autocensure et la représentation de l’altérité dans le récit de voyage de rifā’a rāfi’ al-TahTāwī (1826-1831)
Myriam Salama-Carr
pp. 113–131
AbstractFR:
Figure emblématique de la renaissance arabe du dix-neuvième siècle, le traducteur, formateur et essayiste al-TahTāwī (1801-1873) a rédigé une relation de voyage et une description de Paris (1826-1831) qui illustrent de manière convaincante les rapports qui lient traduction et récits de voyages dans une entreprise de représentation de l’Autre. Membre d’une mission étudiante, qui s’inscrit dans le programme de modernisation lancé par le khédive MuHammad ‘Alī, al-TahTāwī se donne pour tâche, dans ce récit de voyage, de décrire la France, et plus particulièrement Paris, et de brosser un tableau de la vie politique et culturelle du lieu et de l’époque. Notre propos est double. Il s’agit tout d’abord de dégager la manière dont s’élaborent cette représentation et ce projet encyclopédique qui font intervenir une sélection de faits à rapporter, de textes à traduire et de stratégies de traduction à retenir. Dans un deuxième temps, nous cernons dans quelle mesure il s’exerce une autocensure préventive, dictée par des enjeux socio-culturels et politiques, qui va jouer un rôle non négligeable dans cette entreprise et être mise au service d’une acceptation de l’Autre. Outre le témoignage historique que constitue cette oeuvre – ouverture de l’Égypte sur l’Europe et les courants libéraliste et orientaliste en France –, l’effort de syncrétisme qu’elle évoque, et qui passe par l’autocensure et l’aménagement des textes en fonction de contraintes diverses (Lefevere, 1992), s’avère particulièrement pertinent à une époque où il est de bon ton de parler du « choc des civilisations ».
EN:
An emblematic figure of the Arab renaissance in the nineteenth century, the translator, teacher and essayist al-TahTāwī (1801-1873) wrote a travelogue and a description of Paris (1826-1831) that convincingly illustrate the relation that binds translation and travel writing as an undertaking in the representation of the Other. One of a group of students enrolled in the modernisation programme launched by the khedive MuHammad ‘Alī, al-TahTāwī set out, in his travel writing, to paint a detailed portrait of the political and cultural life of France, and more specifically Paris, during the early decades of the nineteenth century. Our purpose is two-fold. First, we outline the development of this representation and the encyclopaedic project that involve a selection of facts to report, texts to translate and translation strategies to retain. Second, we examine the degree to which the translator’s preventive self-censorship, dictated by socio-cultural and political factors, played a significant role in this undertaking and was used to promote the acceptance of the Other. Beyond the contribution to history that this work represents—Egypt opening its doors to Europe and Liberal and Orientalist movements in France—, the syncretism effort that it evokes, and that is subjected to self-censorship and textual rewriting in keeping with various constraints (Lefevere, 1992), turns out to be particularly pertinent during a period when it is good form to talk in terms of “clash of civilizations.”
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When Literary Censorship Is Not Strictly Enforced, Self-Censorship Rushes In
Nitsa Ben-Ari
pp. 133–166
AbstractEN:
Understanding literary translation as part of a power game has led to renewed interest in issues of censorship in translation. In an effort to untangle the intricate relations between formal law and (internalized) norms, this essay will focus on voluntary or self-imposed censorship in areas where formal censorship (i.e., legislated law, religious law) is not strictly enforced. It will first briefly describe certain aspects of formal censorship in Israel, then present cases in which the borderline between formal censorship and self-censorship seems blurred. Two particular cases will be examined: one has to do with the attitude of translators towards the use of the words “pig and pork,” the other with the Committee established by the Ministry of Education in the 1960s to censor obscenity in literature. These cases will help shed light on the deep roots of self-censorship mechanisms and the reduced need for formal censorship when subordinate groups or individuals feel that working with the consensus is more beneficial than working against it. The case of a book banned in the Orthodox community—and therefore pre-censored for translation—will examine another aspect of censorship, that of the corrective measures applied when voluntary self-censorship is not exercised.
FR:
Envisager la traduction littéraire comme un acteur dans les rapports de force conduit à un renouveau d’intérêt pour la question de la censure en traduction. Afin de tenter de démêler les liens complexes entre la loi formelle et les normes (intériorisées), cet article se penchera sur le rôle que joue la censure volontaire – ou autocensure – dans les domaines où la censure formelle (par exemple, la loi édictée par le droit ou la loi religieuse) n’est pas rigoureusement appliquée. Nous décrirons d’abord brièvement certains aspects de la censure formelle en Israël, pour ensuite présenter des cas où la frontière entre la censure formelle et l’autocensure semble floue. Nous examinerons d’abord l’attitude des traducteurs à l’égard de l’usage des mots « cochon » et « porc », puis nous nous pencherons sur le cas du Comité de censure établi par le ministère de l’Éducation pendant les années 1960, dont le mandat était d’expurger la littérature de toute obscénité. Ces deux cas nous aideront à mettre en évidence les racines profondes des mécanismes d’autocensure et le besoin quasiment nul de censure formelle quand des groupes ou des individus opprimés comprennent que travailler en accord avec le consensus est plus avantageux que de s’y opposer. L’exemple d’un livre interdit dans la communauté orthodoxe – et donc soumis à une censure préalable à sa traduction – servira à éclaircir un autre aspect de la censure, à savoir les mesures correctives mises en application quand l’autocensure volontaire n’est pas exercée.
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Censure et subversion dans les médias saoudiens d’État
Salah Basalamah
pp. 167–185
AbstractFR:
Cet article traite de la censure dans un pays dont on entend parler très peu en traductologie : l’Arabie Saoudite. Le présent article se propose d’abord de présenter brièvement la situation sociopolitique du pays puis de brosser le portrait très synthétique de l’environnement médiatique (radio et télévision). Pour mieux comprendre l’état de la censure dans les médias saoudiens, l’auteur s’est penché sur une étude de cas expérimentée il y a une dizaine d’années au service radio en langue française du ministère de l’Information saoudien, ainsi que sur une expérience de première main dans la chaîne de télévision publique en langues étrangères du même ministère. Enfin, l’auteur conclut sur une réflexion de type postcoloniale sur le rapport entre éthique, censure et traduction.
EN:
This article deals with censorship in a country about which Translation Studies scholars have written little: Saudi Arabia. It proposes first to introduce briefly the sociopolitical situation of the country and then to give a synthetic overview of the media landscape (radio and television). In order to better understand the state of censorship in the Saudi media, the author presents a case study based on his work some ten years ago at the French radio section of the Saudi Ministry of Information, and gives a first-hand account of his experience in the foreign languages television channel of the same Ministry. Finally, the author concludes with a postcolonial reflection on the relation between ethics, censorship and translation.
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Alain-René Lesage et la traduction au XVIIIe siècle : Roland l’Amoureux
Giovanni Dotoli and Marcella Leopizzi
pp. 187–220
AbstractFR:
En 1717, Alain-René Lesage fait paraître une adaptation en prose du poème italien de Matteo Maria Boiardo, intitulé Orlando innamorato, sous le titre de Roland l’Amoureux. Comme lui-même l’explique dans sa Préface, Lesage élabore son remaniement de l’Orlando innamorato en toute conformité aux nécessités et aux goûts du XVIIIe siècle. Il intervient sur l’architecture du récit, voire sur la dispositio, mais aussi sur l’inventio : il se base sur le principe de vraisemblance, il introduit une plus grande cohérence dans la narration, il « corrige » tout ce qui apparaît trop fantastique et irrationnel, il offre plus de bienséance dans le langage et les comportements, il modifie de nombreux épisodes dans le but de révéler sa dévotion envers la royauté et il transforme certaines aventures afin d’être fidèle au concept, très important à son époque, de la quête du bonheur. Le travail de Lesage est une réussite : son roman est lu tout au long du siècle, faisant l’objet de huit rééditions jusqu’en 1793. Même si Lesage n’a pas restitué la musicalité de l’ottava rima ni le « rythme » de l’original, par son Roland l’Amoureux, il a contribué à faire connaître en France l’ouvrage de Boiardo et à faire goûter au lecteur français l’ars imaginativa de ce poète. La traduction de Lesage, dont la narration brève, claire et logique se lit sans trop d’effort, a offert – et offre encore – des « moments captivants » aux amateurs de romans d’aventures et elle garde son prestige même de nos jours parce qu’elle nous livre de précieuses informations sur les goûts de son public et de son époque, ainsi que sur ses propres penchants moraux et artistiques.
EN:
In 1717, Alain-René Lesage published a prose adaptation of Matteo Maria Boiardo’s Italian poem, entitled Orlando innamorato, under the title Roland l’Amoureux. In the Preface to his Roland l’Amoureux [Orlando in Love], Lesage explains that his translation reflects the needs and tastes of his time. So, for example, in order to adapt the Italian poem to the rules of verisimilitude and propriety, Lesage modifies the original dispositio and inventio: he introduces more coherence in the narration, he eliminates all that was too irrational and fantastic, he employs a polite language, he describes well-mannered and respectful behaviours, he changes several of the episodes to show his devotion towards royalty, and he transforms many adventures with the purpose of respecting the concept, very important during his time, of the search for happiness. Lesage’s work can be considered successful: it has been read throughout the 18th century and has been the subject of eight new editions until 1793. Even if Lesage has not reproduced the musicality of the ottava rima and the rhythm of the original, he has offered to French readers the possibility to know Boiardo’s work and to appreciate his ars imaginativa. Being short, clear and logical, Lesage’s translation can be read without too much difficulty and provides very interesting and “riveting moments” to lovers of adventure novels. Lesage’s adaptation retains its importance into our time by serving as an indicator of the public’s tastes during the 18th century, as well as of the moral and artistic inclinations of Lesage himself.
Comptes rendus
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Michaela Wolf and Alexandra Fukari, eds. Constructing a Sociology of Translation. Amsterdam and Philadelphia, John Benjamins Publishing Company, “Benjamins Translation Library,” 2007, 226 p.
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Marc Charron, Seymour Mayne and Christiane Melançon. Pluriel : Une anthologie, des voix/An Anthology of Diverse Voices. Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 2008, 284 p.
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Antoine Berman. L’Âge de la traduction. « La tâche du traducteur » de Walter Benjamin, un commentaire. Texte établi par Isabelle Berman avec la collaboration de Valentina Sommella. Saint-Denis, Presses Universitaires de Vincennes, coll. « Intempestives », 2008