
TTR
Traduction, terminologie, rédaction
Volume 22, Number 1, 1er semestre 2009 La traduction au Japon Translation in Japan Guest-edited by Natalia Teplova
Table of contents (18 articles)
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Avant-propos
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Presentation
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Translation in Japan: The Cassette Effect
Akira Yanabu
pp. 19–28
AbstractEN:
Japan has always exhibited a serious attitude towards the translation of foreign languages. Any discussion of this issue must take into account the fact that ancient Japan borrowed Chinese characters, called kanji, from China. In this paper, I will focus on the use of kanji in translation, which has rarely been discussed in Western Translation Studies. Since ancient times, the Japanese have read imported books written in kanji according to a method called kundoku, which is still used for reading Western languages in modern Japan. Kanji was also used for writing the Japanese language.
This article deals primarily with examples of kanji used to translate Western words. Cultures that use kanji, including Japan, have long trusted its expressive ability, which is why Japanese translators used this so‑called ideogram. In modern times, Japanese translators have used kanji to express the meanings of Western words. Of course, this type of usage has its limits when trying to express meanings from other cultures. On the other hand, this method of translation is fairly efficient: although people reading a kanji may not at first understand its full meaning, they perhaps feel that it has a serious meaning that can be roughly understood from its context. I call the assumption of meaning triggered by kanji the “cassette effect.”
FR:
Le Japon a toujours accordé beaucoup d’importance à la traduction des langues étrangères. Toute analyse de la traduction au Japon doit prendre en compte le fait que le Japon de l’époque ancienne a emprunté à la Chine les caractères appelés kanji. Cet article porte plus précisément sur l’usage des kanji comme outils de traduction, sujet qui n’a que très rarement été abordé par la traductologie occidentale. Depuis l’époque ancienne, les Japonais ont lu les livres importés écrits en kanji à l’aide de la méthode appelée kundoku, qui est encore utilisée par le Japon moderne pour la lecture des langues occidentales.
Cet article aborde essentiellement des exemples de kanji utilisés pour traduire les langues occidentales. Les cultures qui se servent des kanji, y compris le Japon, ont très tôt apprécié leur capacité d’expression, et celle-ci a poussé les traducteurs japonais à utiliser ces prétendus idéogrammes. À l’époque moderne, les traducteurs japonais ont eu recours aux kanji afin d’exprimer le sens des mots des langues occidentales. Bien entendu, cet usage des kanji a ses limites lorsqu’il s’agit d’exprimer des idées liées à d’autres cultures. Toutefois, cette méthode de traduction est plutôt efficace : bien que ceux qui lisent un kanji peuvent ne pas comprendre immédiatement la totalité de sa signification, ils perçoivent probablement qu’il a un sens important qui peut être déduit du contexte. J’appelle l’assomption d’un sens engendrée par le kanji l’« effet cassette ».
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A Genealogy of Literal Translation in Modern Japan
Akira Mizuno
pp. 29–55
AbstractEN:
In modern Japan, especially in the Meiji period (1868-1912), translations occupied a dominant position in the literary polysystem. This paper claims that, since the Meiji period, “competing translational norms” have existed in the Japanese literary polysystem, which is to say that “literal” (adequate) and “free” (acceptable) translations have existed in parallel, vying for superior status. Moreover, this paper traces the literalist tradition in modern Japan. Though “literal” translation has been widely criticized, the styles and expressions it created have made a significant contribution to the founding and development of the modern Japanese language and its literature. Among the arguments in favor of literal translation, Iwano Homei’s literal translation strategy—the so-called “straight translation”—had different features than the others, and thus the potential to produce translations that maintain the cohesion, coherence, information structure and illocutionary effects of the source text.
FR:
Dans le Japon moderne, particulièrement à l’ère Meiji (1868–1912), la traduction a occupé une position prédominante dans le polysystème littéraire. Cet article suggère que, depuis l’ère Meiji, il existe des « normes traductionnelles en concurrence » dans le polysystème littéraire japonais, ce qui veut dire que des traductions « littérales » (adéquates) et « libres » (acceptables) existent en parallèle et rivalisent pour obtenir la supériorité. Par ailleurs, cet article retrace la tradition littéraliste dans le Japon moderne. Bien que la traduction « littérale » ait été amplement critiquée, les styles et les expressions qu’elle a produits ont apporté une contribution significative à l’élaboration et au développement de la langue et de la littérature japonaises modernes. Pour plaider en faveur de la traduction littérale, nous prenons l’exemple de la stratégie de Iwano Homei – connue sous le nom de « traduction directe » – qui a des caractéristiques différentes des autres et permet ainsi de produire des traductions qui maintiennent la cohésion, la cohérence, la structure informative et les effets illocutoires du texte de départ.
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Interpretation at the Tokyo War Crimes Tribunal: An Overview and Tojo’s Cross-Examination
Tomie Watanabe
pp. 57–91
AbstractEN:
The Tokyo and the Nuremberg War Crimes Tribunals were two major international military tribunals organized immediately after World War II. Interpretation at the Nuremberg Trial has been described in a number of papers and books and is considered the origin of simultaneous interpretation. However, with regards to the Tokyo Trial, only the inadequate quality of interpretation has been mentioned in history books and political science publications, and this on very few occasions. This paper begins by offering an overview of the interpretation at the Tokyo Trial through interviews and the records of the proceedings and then analyzes a particular instance of interpretation, namely the cross-examination of Hideki Tojo, who was tried for his significant role in WWII as Minister of War and Prime Minister, and who was finally sentenced to death by the court.
The Tokyo Trial was the first instance of an IBM Public Address System (simultaneous interpreting equipment) being installed with an interpreter’s booth in Japan. However, we must recall that it was actually consecutive interpretation that was provided through the use of the IBM system and the booth. Therefore the Tokyo Trial is the origin of the use of simultaneous interpretation equipment, but not the origin of simultaneous interpretation skills in Japan.
The records of the proceedings show that twenty-seven Japanese served as interpreters. They were selected on the basis of their good command of English but were definitely laymen in terms of interpretational skills. In order to supervise the Japanese interpreters, four monitors were appointed by the Allied Powers. The monitors, who were second generation Japanese residents in the US, worked for ATIS (Allied Power’s Translation and Interpretation Section) during WWII and were then considered to have a good knowledge of the Japanese language, culture and history. Furthermore, the Language Arbitration System was established to address intractable translation issues related to Japanese culture and pre-war systems. The quality of the interpretation, as far as Tojo’s cross-examination is concerned, can be considered fairly good, if we consider that interpreters and monitors worked together as one unit in the interpretation service. The analysis of the interpretation based on the monitors’ interventions in Tojo’s cross-examination indicates that the monitors were concerned with the accuracy of the English interpretation in court and with the understandability of the Japanese interpretation for the accused and worked to ensure a fair trial.
FR:
Les Tribunaux militaires internationaux de Tokyo et de Nuremberg sont deux tribunaux qui ont été mis en place immédiatement après la Deuxième Guerre mondiale. L’interprétation au Procès de Nuremberg a été décrite dans divers articles et livres, et on considère qu’elle est à l’origine de l’interprétation simultanée. Pourtant, en ce qui a trait au Tribunal de Tokyo, seule la qualité inadéquate de l’interprétation a été mentionnée dans des livres d’histoire et des publications de science politique, et à de très rares occasions. Cette étude présente d’abord une vue d’ensemble de l’interprétation au Tribunal de Tokyo par le biais des entrevues et des dossiers de procédure, puis analyse plus particulièrement l’interprétation faite du contre-interrogatoire de Hideki Tojo, qui a été jugé pour son rôle significatif dans la Deuxième Guerre mondiale à titre de Ministre de la Défense et de Premier Ministre, et condamné à mort par la cour.
C’est au Tribunal de Tokyo que pour la première fois au Japon un système de sonorisation publique IBM (équipement d’interprétation simultanée) a été installé dans une cabine pour interprètes. Il faut néanmoins rappeler que c’est en fait de l’interprétation consécutive qui a été réalisée grâce au système IBM et à la cabine. Le Tribunal de Tokyo est donc à l’origine de l’équipement d’interprétation simultanée, mais pas de la compétence en interprétation simultanée au Japon.
Les dossiers de procédure montrent que vingt-sept Japonais servirent comme interprètes. Ils avaient été sélectionnés en raison de leur maîtrise de la langue anglaise, mais ils n’avaient guère de formation en interprétation. Afin de superviser les interprètes japonais, quatre moniteurs furent désignés par les forces alliées. Ces moniteurs étaient des résidents américains appartenant à une seconde génération d’immigrés japonais, avaient travaillé pour l’ATIS (Section de traduction et d’interprétation des forces alliées) pendant la Deuxième Guerre mondiale, et on estimait alors qu’ils avaient une bonne connaissance de la langue, de la culture et de l’histoire japonaises. En outre, un Système d’arbitrage de la langue fut établi pour répondre à des questions de traduction insolubles, liées à la culture japonaise et à ses systèmes d’avant-guerre. La qualité de l’interprétation du contre-interrogatoire de Tojo peut être considérée comme assez bonne, si l’on prend en compte le fait que les interprètes et les moniteurs travaillaient en équipe dans le service d’interprétation. L’analyse de l’interprétation basée sur les interventions des moniteurs dans le contre-interrogatoire de Tojo indique que les moniteurs se souciaient de la précision de l’interprétation en anglais pour la cour et de la clarté de l’interprétation japonaise adressée à l’accusé, dans l’objectif de garantir un jugement équitable.
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Translationese in Japanese Literary Translation
Yukari Fukuchi Meldrum
pp. 93–118
AbstractEN:
Translationese in Japanese, despite its distinct characteristics when compared to natural Japanese, has so far been systematically studied by only one researcher (Furuno, 2005). In addition to this general lack of scholarly interest, the translational situations in Japan are not well-known in the West. In this paper, the notions of translationese in Japan are investigated from the perspective of Translation Studies and of Kokugogaku (studies of Japanese language). In addition, this study provides reasons for conducting systematic studies of translationese in Japan, where Translation Studies is still in its initial stages. Finally, the results of a preliminary examination of small comparable corpora using a translation and a non-translation are presented.
FR:
La langue de traduction japonaise (translationese), malgré ses caractéristiques marquées qui la distinguent du japonais naturel, n’a été jusqu’ici étudiée de façon systématique que par un seul chercheur (Furuno, 2005). Outre le manque d’intérêt des universitaires pour cette langue, l’Occident ne connaît pas bien la situation traductionnelle du Japon. Dans cet article, nous nous proposons de nous pencher sur la notion de langue de traduction au Japon, en adoptant la perspective de la traductologie et de la Kokugogaku (l’étude de la langue japonaise) au Japon. Par ailleurs, cette étude propose des raisons de mener des analyses systématiques de la langue de traduction japonaise au Japon, pays où la traductologie n’est qu’à ses débuts. Nous terminerons en présentant les résultats d’un examen préliminaire de corpus restreints et comparables dans des cas de traduction et de non-traduction.
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Contemporary Publishing Strategies in Japan: The Role of the Literary Agent
Yuko Tamaki
pp. 119–146
AbstractEN:
Translations are shaped by publishing strategies developed by publishers and literary agents among others. However, little research has been carried out on the activities of literary agents within a particular language culture. This paper aims to describe contemporary Japanese publishing strategies in certain book categories by focusing on the role played by the literary agent. Polysystem theory and Toury’s methodology reveal that translation usually occupies a peripheral position in contemporary Japanese culture. Information drawn from an interview with a literary agent indicates that publishers exercise a great deal of influence: from initiating a translation project to micro‑managing textual details. The results of this research, reflected in both paratextual and textual features, suggest that the peripheral position of translation in Japan largely determines how translated books are produced.
FR:
Les traductions sont soumises aux stratégies éditoriales mises au point par des acteurs tels que les éditeurs et les agents littéraires. Cependant, bien peu de recherches ont été menées sur les activités des agents littéraires au sein d’une certaine culture linguistique. Cet article vise à décrire les stratégies éditoriales japonaises contemporaines pour certaines catégories de livres et se concentre sur le rôle joué par les agents littéraires. La théorie des polysystèmes et la méthodologie de Toury permettent de montrer que la traduction occupe généralement une place périphérique dans la culture japonaise contemporaine. Les informations obtenues suite à une entrevue avec un agent littéraire indiquent que les éditeurs jouent un rôle prépondérant dans la publication des traductions, depuis l’initiation d’un projet de traduction jusqu’à la microgestion des détails du texte. Les résultats de cette recherche, révélés par des éléments textuels et paratextuels, suggèrent que la position périphérique occupée par la traduction détermine largement la manière dont les livres traduits sont produits.
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Putting Pleasure First: Localizing Japanese Video Games
Minako O’Hagan
pp. 147–165
AbstractEN:
Since their humble beginnings, video games have undergone huge technological advances, becoming a significant global industry today and highlighting the role played by translation and localization. Despite the continuing localization activities undertaken in the industry, translation studies (TS) have not paid much attention to video games as a research domain. Drawing on the author’s previous work on the Japanese Role Playing Game (RPG) Final Fantasy titles, this paper attempts to demonstrate the ample research scope that this domain presents for TS scholars. In particular, it discusses the unique localization model used by Final Fantasy’s Japanese publisher, illustrating how the games’ new digital platform allows the (re)creation of a new gameplaying pleasure directly through the localization process itself. In this model, the original game merely sets off a chain of improvements through localization. In turn, understanding the different pleasures drawn from different localized versions of games will contribute useful insights into emerging games research.
FR:
Depuis leurs humbles origines, les jeux vidéo ont fait l’objet d’immenses avancées technologiques : ils sont aujourd’hui une importante industrie transnationale et illustrent le rôle joué par la traduction et la localisation. Cependant, en dépit de la croissance des activités de localisation dans cette industrie, la traductologie n’a guère envisagé les jeux vidéo comme domaine de recherche. En nous inspirant de nos travaux antérieurs sur le jeu vidéo de rôle japonais Final Fantasy, nous tentons de montrer quel vaste champ d’étude ce domaine présente pour les chercheurs en traductologie. Nous abordons plus particulièrement le modèle de localisation utilisé par l’éditeur japonais de Final Fantasy, unique en son genre, pour illustrer comment la nouvelle plate-forme numérique des jeux permet la (re)création d’un nouveau plaisir ludique à travers le processus de localisation lui-même. Dans ce modèle, le jeu original est simplement le point de départ d’une succession d’améliorations grâce à la localisation. Dès lors, une meilleure compréhension des différents plaisirs ludiques offerts par chaque version localisée d’un jeu fournira d’utiles pistes de recherche dans le domaine émergent de l’étude des jeux vidéo.
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Dislocation in Translation
Naoki Sakai
pp. 167–187
AbstractEN:
My inquiry into translation is, first of all, concerned with a regime that postulates translation as something representable, and then, with the task of historicizing that regime. The definition of translation as the “transfer of the message from one language into another” leads to the supposition that languages are separate and discrete unities. But what might translation be if we suppose that this is not the case and that one language cannot be easily distinguished from another? The Jakobsonian concept of interlingual translation or “translation proper” fails to take into account the ambiguity inherent in the translator’s position: who and where is the translator in relation to the source and target texts? Being neither addresser nor addressee the translator becomes a “subject in transit.” If translation is understood as simply the transfer of an invariant message from one language to another, the ambiguity of the translator’s positionality is suppressed and with it the idea of translation as a poietic social practice that institutes a relation at the site of incommensurability. When this occurs, translation is replaced by the “representation of translation” and comes to be seen as a form of communication between two fully circumscribed language communities. It was this particular representation of translation which gave rise to the possibility of identifying the unity of ethnic or national language with another language unity. By this “schema of co-figuration” an ethnic‑linguistic community becomes a “geo‑body” on which national sovereignty is built. Two nations represented as equivalent and alike can be viewed as conceptually different, a difference construed as a specific difference. The co‑figuration of “the West and the Rest” is an example of the resultant typical binary oppositions: “the West” constitutes itself by positing everything else as “the Rest” allowing one term to be evaluated as superior to the other. The identification of “modern” with “the West” changed how people organized historical experience; movement in time came to be associated with movement from periphery to centre. Historically, how we represent translation prescribes how we imagine national communities and ethnic identities.
FR:
Cet article explore le postulat qui définit la traduction comme représentable, puis se penche sur l’évolution de cette pensée. Définir la traduction comme « le transfert d’un message d’une langue dans une autre » présuppose que les langues sont des unités individuelles et indépendantes. Mais que serait la traduction si on supposait le contraire, c’est-à-dire que les langues ne se distinguent pas si facilement les unes des autres? Le concept forgé par Jakobson de traduction interlinguistique ou « traduction propre » ne tient pas compte de l’ambiguïté inhérente à la place du traducteur : qui est le traducteur et quelle est sa position par rapport au texte source et au texte cible? Ni destinateur ni destinataire, il devient un « sujet en transit ». Si par l’acte de traduire on ne fait que transférer un message invariant d’une langue à une autre, on élimine à la fois l’ambiguïté de la position du traducteur ainsi que l’idée de la traduction comme pratique sociale poïétique qui établit une relation de l’ordre de l’incommensurabilité. La traduction est dès lors remplacée par une « représentation de la traduction » et est ainsi perçue comme une forme de communication entre les deux cercles fermés que forment chacune des communautés linguistiques. C’est précisément cette manière de représenter la traduction qui a permis d’identifier l’unicité d’une langue ethnique ou nationale à l’unicité d’une autre langue. Grâce à ce « schéma de co-figuration », une communauté ethnolinguistique devient un espace géographique sur lequel se construit la souveraineté nationale. Deux nations représentées comme des équivalents qui se ressemblent peuvent ainsi être considérées comme conceptuellement différentes, et leur différence est une différence spécifique. La co-figuration de l’expression « the West and the Rest » est un bon exemple d’une telle opposition binaire : « l’Ouest », ou l’Occident, se définit en se différenciant de ce qu’il n’est pas par « le reste », ce qui met l’emphase sur la supériorité du premier terme par rapport au second. L’association du terme « moderne » avec « l’Ouest » a modifié le rapport des individus à l’histoire. Ainsi, le mouvement dans le temps est devenu synonyme de tout mouvement de la périphérie vers le centre. L’histoire démontre que notre manière de représenter la traduction dicte la manière dont on imagine les communautés nationales ainsi que les identités ethniques.
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Translating Classical Chinese Poetry into Rhymed English: A Linguistic-Aesthetic View
Charles Kwong
pp. 189–220
AbstractEN:
Rhyme is an important element in the fusion of sense and sound that constitutes poetry. No mere ornament in versification, rhyme performs significant artistic functions. Structurally, it unifies and distinguishes units within a poem. Semantically, it can serve to enhance or ironise sense. Emotively, it sets up pleasing resonances that deepen artistic appeal. And prosodically, rhyme can be seen as the keynote in a melody: rhyme is a modulator of pace and rhythm, while rhyme change can mark a turn of rhythm and sense in a long poem.
Different languages have different combinations of linguistic resources for versification. This essay will revisit the debate on the use of rhymed English to translate classical Chinese poetry, moving beyond the general observations and experiential insights currently available to present concrete evidence on the rhyming resources and practices of English and Chinese. These comparative observations should shed new light on the linguistic and aesthetic issues involved in using rhymed English to translate classical Chinese poetry.
FR:
En poésie, la rime contribue à fusionner le sens et la forme. Bien plus qu’un simple ornement, la rime occupe une fonction artistique importante. Sur le plan de la structure, elle permet de rassembler et de distinguer les unités du poème, tandis que sur le plan sémantique, elle accentue le sens ou encore exprime l’ironie. Sur le plan émotionnel, la rime créé des sonorités agréables qui accentuent l’attrait artistique du poème. En termes de prosodie, elle est ce que la tonique est à la mélodie; elle permet de moduler la cadence et le rythme. Dans un long poème, les différentes rimes peuvent marquer un changement de rythme et de sens.
Chaque langue peut combiner des ressources linguistiques différentes pour créer des vers. Cet article réexamine la question de la traduction de la poésie chinoise classique dans un anglais rimé, en allant au-delà des observations générales et des études existantes, pour proposer des preuves concrètes quant aux ressources et aux pratiques de la rime en anglais et en chinois. Cette comparaison devrait permettre de jeter une lumière nouvelle sur les difficultés linguistiques et esthétiques liées à l’utilisation des rimes pour traduire en anglais la poésie classique chinoise.
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La traduction de The Scarlet Letter (Nathaniel Hawthorne) par Marie Canavaggia : étude selon les perspectives de Pierre Bourdieu et d’Antoine Berman
Julie Arsenault
pp. 221–256
AbstractFR:
Marie Canavaggia est l’une des traductrices en vue des oeuvres majeures des littératures américaine et anglaise au XXe siècle. Le rôle qu’elle a joué et l’influence qu’elle a eue en France et dans les pays francophones ont permis aux lecteurs français de découvrir les grands textes des littératures de langue anglaise. Notre réflexion sur cette importante traductrice s’inscrit dans le cadre de la théorie sociologique de Pierre Bourdieu adaptée à la traductologie et, accessoirement, dans celui de certaines idées d’Antoine Berman en traduction littéraire. Nous avons tenté de saisir l’habitus – notion que nous avons préalablement définie – de Marie Canavaggia en examinant sa biographie (les données biographiques factuelles en particulier) ainsi qu’en présentant une analyse contrastive de l’une de ses traductions reconnues, La Lettre écarlate de Nathaniel Hawthorne. Nous concluons en dégageant les éléments qui permettent de mieux cerner l’influence de Marie Canavaggia sur la littérature française et sur la traduction dans le domaine littéraire.
EN:
Marie Canavaggia is one of the few prominent translators of major works of American and English literature in the 20th century. Her role and influence in France and in French-speaking countries gave French readers the opportunity to discover key texts of English-language literatures. Our study of this important translator lies within the framework of Pierre Bourdieu’s sociological theory and, secondarily, is informed by Antoine Berman’s thoughts on literary translation. To develop an understanding of Marie Canavaggia’s habitus—a concept it was first necessary to clarify—this study examines her biography (factual biographical information in particular) and presents a contrastive analysis of her translation of Nathaniel Hawthorne’s The Scarlet Letter. It concludes by highlighting the elements that make it possible to better define Marie Canavaggia’s influence on French literature and literary translation.
Comptes rendus
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Daniel Weissbort et Astradur Eysteinsson, dirs. Translation. Theory and Practice. A Historical Reader. Oxford et New York, Oxford University Press, 2006, xiv + 650 p.
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Daniel Blampain, Philippe Thoiron et Marc Van Campenhoudt (dirs). Mots, termes et contextes. Actes des septièmes Journées scientifiques du réseau de chercheurs Lexicologie, terminologie et traduction. Paris, Contemporary Publishing International – Éditions des archives contemporaines – Agence universitaire de la Francophonie, 2006, 741 p.
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Kate Sturge. Representing Others: Translation, Ethnography and the Museum. Manchester, St. Jerome, 2007, 198 p.
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Corinne Wecksteen et Ahmed El Kaladi, dirs. La Traductologie dans tous ses états. Mélanges en l’honneur de Michel Ballard. Arras, Artois Presses Université, 2007, 284 p.
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Dorothy Kenny et Kyongjoo Ryou, dirs. Across Boundaries: International Perspectives on Translation Studies, Newcastle, Cambridge Scholars Publishing, 2007, 240 p.
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Jorge Díaz Cintas and Aline Remael. Audiovisual Translation: Subtitling. Manchester, St. Jerome Publishing, 2007, 290 p.
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Trans. Revista de Traductología 11. Málaga, Publicaciones de la Universidad de Málaga, 2007, 329 p.