TTR
Traduction, terminologie, rédaction
Volume 21, Number 1, 1er semestre 2008 La formation en traduction : pédagogie, docimologie et technologie I Translator Training: Pedagogy, Evaluation, and Technologies I Guest-edited by Georges L. Bastin and Marco A. Fiola
À la mémoire de notre collègue et amie Louise Audet
Table of contents (10 articles)
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Présentation
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Compétence en traduction et formation par compétences
Amparo Hurtado Albir
pp. 17–64
AbstractFR:
L’objectif de cet article est d’établir les bases d’une planification curriculaire par compétences dans la formation de traducteurs, que nous illustrons à partir de l’initiation à la traduction (vers la langue maternelle). Pour ce faire, nous situons, d’une part, les défis actuels posés par la planification curriculaire et les besoins pédagogiques qu’ils entraînent, et nous exposons, d’autre part, les fondements de la formation par compétences et les caractéristiques de la compétence en traduction. Nous proposons ensuite les bases d’une planification curriculaire par compétences et tâches de traduction dans la formation de traducteurs : le cadre théorique, les catégories de compétences spécifiques, l’opérationnalisation des compétences, la séquenciation, l’élaboration de l’unité didactique et l’évaluation.
EN:
The aim of this article is to establish guidelines for a skill-based curriculum in translator training through introduction to translation (into the mother tongue). I begin by describing the current challenges that arise from curriculum development, together with the pedagogical needs they entail, before going on to explain the basics of skill-based training and the characteristics of translation proficiency. I propose a skill and translation task-based approach for translator training, which includes the following: theoretical framework; categories of specific competences; operationalization of competences; sequencing; development of teaching units; and assessment.
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Énième plaidoyer pour l’innovation dans les cours pratiques de traduction. Préalables à l’innovation?
Álvaro Echeverri
pp. 65–98
AbstractFR:
Nombreux sont les didacticiens de la traduction qui, au cours des trente dernières années, ont proposé des idées pour innover en matière de techniques d’intervention pédagogique dans les cours pratiques de traduction. Cependant, la situation n’a pas beaucoup changé et encore aujourd’hui les formules pédagogiques utilisées dans de nombreux cours pratiques de traduction se limitent aux méthodologies traditionnelles (performance magistrale, traductions collectives et la méthodologie du « lisez et traduisez »). Notre travail reprend ce désir d’innover tout en soulignant l’importance de cinq idées que nous considérons des préalables à l’innovation en enseignement de la traduction. Ces idées aident à établir le pont manquant entre la traductologie et les sciences de l’éducation. Pour que l’innovation ait un vrai impact sur les pratiques d’enseignement, le discours sur l’enseignement de la traduction doit se nourrir des connaissances partagées et non des appréciations subjectives. Les cinq idées que nous considérons des préalables à l’innovation à l’intérieur des cours pratiques de traduction sont : 1. la formation pédagogique de base des futurs formateurs; 2. la prise en compte de la composante métacognitive de l’apprentissage; 3. la responsabilisation des apprenants dans le déroulement des cours; 4. la mise en valeur de la présence physique des apprenants dans les salles de cours, et 5. l’exploration des formules propres à l’approche par compétences. Il sera davantage illogique d’envisager la formation des langagiers qui seront actifs dans les deux prochaines décennies avec des méthodologies vieilles de plus de cinquante ans.
EN:
In the last thirty years, many authors interested in the teaching of translation have come up with innovative ideas for translation classroom instruction. However, teaching techniques in practical translation classes are characterized by the use of traditional approaches (lecture method, group translation, and the ‘Read and translate’ method). In this article, we insist on the need to bring some innovation to the translation classroom and on the need to establish an interdisciplinary link between translation studies and educational sciences. However, we consider that for innovation to have a real impact on the way translation is taught, innovative endeavors have to be based on shared knowledge and not on subjective considerations. Thus, we have established five preconditions to prepare the discipline for innovation in the translation classroom: 1. basic pedagogical training for translation instructors; 2. consideration of the metacognitive aspects of learning; 3. students’ involvement in classroom activities; 4. valorization of learner’s presence in the classroom; 5. exploration of the potentialities of competence-based learning techniques. It will be increasingly illogical to keep training future translators with 50-year-old methodologies.
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Training the Trainers: Towards a Description of Translator Trainer Competence and Training Needs Analysis
Dorothy Kelly
pp. 99–125
AbstractEN:
There is now a relative wealth of Translation Studies literature on translator training, but it often centres on impersonal aspects such as processes, content or activities, and ignores the human factor. There are two sets of participants in the teaching and learning process, both of whom are essential for its success: students or trainees, and teachers or trainers. Other than to bemoan their supposed deficiencies, or to design elaborate entrance filters, little has been said about students. But even less has been said about trainers. In this paper, attention focuses on them. The little that TS literature says about trainer profiles is mostly centred on the need for them to have professional translator competence. This paper takes a broader approach to the issues surrounding translator trainers and their training, setting them firmly within the broader context of higher education teaching as a profession, and attempts to link recently developed professional standards in higher education teaching to our field. This background allows the author to draw up a competence-based profile of the translator trainer and briefly to review which areas of such a profile have been addressed in TS and which are still in need of further work. The paper ends with an overview of the preliminary results of a study currently underway in Spain, designed to carry out detailed training needs analysis for translator trainers.
FR:
En traductologie, de plus en plus d’études ont pour objet la formation en traduction, mais, au lieu de s’intéresser au facteur humain, elles portent en général sur les aspects impersonnels du métier tels que les activités, les procédés et le contenu. Le rôle des étudiants et stagiaires, ainsi que des enseignants et formateurs, est essentiel, car chacun participe activement aux processus d’apprentissage. Outre le fait de déplorer leurs points faibles ou d’établir toutes sortes de règles d’admission, peu a été dit en traductologie à propos des étudiants. Il faut ajouter qu’encore moins a été dit à propos des enseignants. Lorsqu’elle est abordée, la question est généralement centrée sur la nécessité pour chacun d’entre eux de faire preuve de compétences spécifiques en traduction. Si cet article s’intéresse avant tout aux enseignants tout en établissant des liens entre les nouveaux critères professionnels et le milieu de la traduction, il tente aussi d’aborder le sujet de manière plus générale de façon à illustrer la place de ceux-ci dans le vaste contexte des études supérieures comme formation professionnelle. En établissant ce contexte général, l’auteure tente de dresser le profil des enseignants en traduction selon leurs compétences et revoit brièvement dans quels domaines de la traductologie il a déjà été question de ce sujet et où il serait nécessaire de pousser davantage la discussion. L’article se termine par un survol des résultats préliminaires d’une étude lancée en Espagne qui tente d’élaborer une analyse complète des exigences de formation pour les enseignants en traduction.
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Évaluation de la traduction littéraire : de la « sensibilité à la littérarité » à la « littérarité en traduction »
Louise Audet†
pp. 127–172
AbstractFR:
L’évaluation de la traduction littéraire peut-elle échapper à la subjectivité du critique? D’une part, le texte littéraire, par essence, ne suscite-t-il pas une infinité de lectures, d’interprétations? D’autre part, le critique, également lecteur, n’est-il pas engagé dans une activité d’interprétation? Sa tâche ne s’en trouve-t-elle pas compromise? Cependant, nous croyons qu’il est possible d’analyser des textes de manière objective tout en incluant les questions esthétiques dans l’analyse : la traduction a ce pouvoir de rendre transparents certains phénomènes linguistiques, stylistiques, qui, autrement, échapperaient à l’analyste. Nous proposons ici une méthode critique (composée de quatre axes d’analyse) qui rend compte de deux phénomènes de la traduction littéraire : la « sensibilité à la littérarité » et la « littérarité en traduction », notion qui recouvre le rendu de la littérarité dans les traductions finales. Ce faisant, nous préciserons la notion d’« aboutissement » de la traduction qui recouvre deux aspects, c’est-à-dire, le terme du processus de la traduction et la réussite textuelle de la traduction.
EN:
Can literary translation be evaluated objectively? Considering the fact that literary texts are, by nature, viewed as creating multiple readings, and that analysts who evaluate those texts are also readers, how is such a task possible? Nonetheless, we believe that evaluating literary texts according to objective criteria, while including aesthetic aspects in the analysis, is possible: translation reveals linguistic and stylistic phenomena that, otherwise, would escape the analyst. We propose a critical methodology (with four axes) which accounts for two phenomena in literary translation: “sensitivity to literariness” and “literariness in translation”. We will define the notion of “achievement” which covers two aspects: the dynamic aspect of the process and the resultative aspect of translations.
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Self-Assessment in Teaching Interpreting
Encarnación Postigo Pinazo
pp. 173–209
AbstractEN:
Evaluating interpreter performance is a controversial issue throughout a professional degree (Riccardi, 2002). The training period is vital for introducing future interpreters to habits of recognizing their strengths and weaknesses, lack of specific knowledge and application of learned skills. Integrating self-assessment into teaching and treating it as essential will have positive effects on learners’ attitudes to self-criticism and on performance. Collaborative approaches and technologies make it easier to work with recorded material and enable teachers and students to exchange materials effectively. We have used evaluation sheets for teaching interpreting to our students. We used them in the first stage of training and had students participate actively in evaluating simulated situations in class. This strategy had a positive effect on student commitment and learning and led to better short term results in their performance.
FR:
L’évaluation des performances est un problème controversé tout au long de la formation universitaire (Riccardi, 2002). La période de formation demeure un moment clé qui vise à amener de futurs interprètes à prendre conscience de leurs forces et de leurs faiblesses, du manque de connaissances spécifiques et de l’application des compétences acquises. Par conséquent, si l’auto-évaluation est intégrée dans le processus d’enseignement comme facteur essentiel, elle aura un effet positif à la fois sur le comportement des étudiants envers l’autocritique et sur leur rendement. Les méthodes et les technologies d’aide à l’enseignement facilitent le travail grâce au matériel préenregistré et permettent aux professeurs et aux étudiants d’échanger ce matériel efficacement. Des grilles d’évaluation ont été utilisées par nos étudiants au cours de l’apprentissage de l’interprétation, à l’étape initiale de formation. Les étudiants ont également participé activement à l’évaluation de simulations en classe. Ces méthodes d’auto-évaluation ont eu un effet positif sur l’engagement des étudiants dans le processus d’enseignement, sans compter que leur rendement à court terme en a été amélioré.
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Rabassa and the “Narrow Act”: Between Possibility and an Ethics of Doubt
María Constanza Guzmán
pp. 211–239
AbstractEN:
In this article I examine the writings about translation by Gregory Rabassa, translator into English of such canonical novels as Gabriel García Márquez’s Cien años de soledad and Julio Cortázar’s Rayuela. I look at some of Rabassa’s articles about translation and at his recently published book If This Be Treason: Translation and Its Dyscontents, in light of contemporary approaches in translation studies that conceptualize the translator and translators’ self-images and representations. I examine the conceptions of language and translation that underlie Rabassa’s statements in general, and look at them in light of Lawrence Venuti’s idea of the translator’s self-effacement. I discuss the way in which translators’ ideas about translation in general and about their own practice in particular can inform conceptualizations about the figure and status of the translator.
FR:
L’objet de cet article est d’analyser les écrits sur la traduction de Gregory Rabassa, traducteur vers l’anglais de romans canoniques tels Cien años de soledad de Gabriel García Márquez et Rayuela de Julio Cortázar. Dans un premier temps, nous examinons quelques articles de Rabassa sur la traduction ainsi que son livre récent, If This Be Treason: Translation and its Dyscontents, à la lumière de conceptualisations contemporaines du traducteur, de l’image de soi du traducteur et des différentes représentations du traducteur. Dans un deuxième temps, nous examinons les concepts de la langue et de la traduction qui sous- tendent les écrits de Rabassa et nous les analysons à la lumière du concept de l’effacement de soi de Lawrence Venuti. Enfin, l’article présente une réflexion sur la manière dont la perception générale du traducteur quant à la traduction et à sa pratique particulière de la traduction peut informer les conceptualisations de la figure et du statut du traducteur.
Comptes rendus
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Michael Cronin. Translation and Identity. Oxford/New York, Routledge, 2006, 166 p.
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Barbara Folkart. Second Finding: A Poetics of Translation. Ottawa, University of Ottawa Press, 2007, 562 p.
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Georges L. Bastin and Paul F. Bandia, eds. Charting the Future of Translation History. Ottawa, University of Ottawa Press, 2006, 344 p.