TTR
Traduction, terminologie, re?daction
Volume 15, Number 2, 2e semestre 2002 Censure et traduction dans le monde occidental Censorship and Translation in the Western World Guest-edited by Denise Merkle
Table of contents (16 articles)
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Presentation
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Desfontaines travesti : une « Dame angloise » traduit les Avantures de Joseph Andrews de Fielding (1743)
Benoit Léger
pp. 19–48
AbstractFR:
À partir de l’analyse de certains éléments du paratexte de la première traduction française d’un texte de Henry Fielding, soit Les Avantures de Joseph Andrews, et du ministre Abraham Adams de Pierre-François Guyot Desfontaines, cet article montre comment la censure, entendue dans tous les sens que ce terme prend à l’époque, influe sur la traduction et, simultanément, comment Desfontaines répond, dans le paratexte de sa traduction et dans d’autres textes, au phénomène de la censure. L’ensemble du paratexte du Joseph Andrews français semble faire appel à une série de procédés associés, au XVIIIe siècle, aux mécanismes de la censure politique et littéraire, qu’on lui donne le sens de critique ou d’interdiction d’un ouvrage. Le personnage de « La Dame Angloise » assumé par Desfontaines, critique dans ses « notes » et dans sa « Lettre » les usages décrits par Fielding et, par la même occasion, les coutumes de sa propre nation. De tels commentaires visent normalement à défendre le texte et les choix du traducteur contre les attaques des critiques et censeurs trop épris de morale.
EN:
Desfontaines travesti examines specific elements of the paratext of the first French translation of a work by Henry Fielding, The History of the Adventures of Joseph Andrews (1743), to show how “censure,” as the polysemic word was understood and used in eighteenth-century France, influenced not only the practice of, but also the discourse on, translation. The article considers Joseph Andrews’ paratext as a whole and explores its relation to the mechanisms of political and literary censorship – both criticism and the banning of a work – in the context of France’s Proscription. The adoption of a persona, “Une Dame Angloise,” allowed translator Pierre-François Guyot Desfontaines to address these issues critically; her “notes” and her “Letter” are at once critical of Fielding’s text and of the customs of Desfontaines’ contemporaries, whereas such commentaries normally serve to defend the translated text against morally rigid criticism and attacks from target censorship.
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Censorship as Cultural Blockage: Banned Literature in the Late Habsburg Monarchy
Michaela Wolf
pp. 45–61
AbstractEN:
For Stephen Greenblatt, cultures are “inherently unstable, mediatory modes of fashioning experience,” and it is only through the imaginary order of exclusion that a culture can be simulated as a stable entity. Greenblatt calls such an exclusion “blockage,” a phenomenon that occurs constantly, thereby preventing the collapse of cultural identity. What does this mean for translation practice, where such “blockages,” i.e., textual manipulation or re-writing, can be regarded as constitutive elements of the translation process? This paper examines the question in the particular context of translation practice in the late Habsburg Monarchy. The paper will analyse the different agents which underlie the selection mechanisms–or “exclusion procedures”–in translation and will explore the phenomenon of censorship from both a metaphorical and systemic point of view. The agents involved in the selection of texts to be translated as well as in the selection of translation strategies are manifold and are all interwoven. The selection of texts automatically represents a filter for the analysis of a certain period and is, therefore, a key agent in the reception process. Other important agents are patrons, who are often themselves translators and vital representatives of cultural mediation, as well as translators from various backgrounds, involved to varying degrees in contemporary cultural discourse. Finally, the role of editors, publishers and reviewers as main filters of representations of the cultural Other in a particular culture will be considered. Greenblatt’s model of “cultural blockage” will be examined against this background. Its applicability and limits will be discussed in the context of translation where the issue of the representation of the Other is of paramount importance and where “blockage” definitely illustrates the recognition of cultural distance.
FR:
Selon Stephen Greenblatt, toute culture est une « façon par essence instable et médiatrice de modeler l’expérience », et c’est seulement à travers un ordre imaginaire d’exclusion qu’une culture peut passer pour une entité stable. Greenblatt nomme une telle exclusion « blocage », phénomène qui se produit sans cesse, sans quoi surviendrait un effondrement de l’identité culturelle. Qu’est-ce que cela signifie pour la pratique de la traduction, étant donné que de tels « blocages » (par exemple manipulation textuelle ou ré-écriture) peuvent être considérés comme des éléments constitutifs du processus de traduction ? Dans le présent article, cette question sera étudiée dans le contexte spécifique de la pratique de la traduction durant la dernière phase de la monarchie habsbourgeoise. L’article analysera les différents agents qui sont à la base des mécanismes de sélection en matière de traduction et examinera par la suite le phénomène de la censure non seulement dans un contexte métaphorique mais du point de vue de ses aspects institutionnalisants. Les facteurs impliqués dans la sélection des textes à traduire, tout comme dans la sélection des stratégies de traduction, sont multiples, liés les uns aux autres par une relation d’interdépendance. La sélection des textes représente nécessairement un filtre important pour l’analyse d’une période déterminée, s’avérant ainsi un agent-clé dans le processus de réception. D’autres agents importants sont les « patrons », eux-mêmes souvent traducteurs et médiateurs culturels, ainsi que les traducteurs, qui proviennent de différents contextes et prennent part aux discours culturels de leur époque de manière très variée. Sans oublier le rôle des éditeurs et critiques littéraires comme principaux filtres de la représentation de l’Autre culturel dans une culture spécifique. Le modèle de « blocage culturel » dévéloppé par Greenblatt sera examiné dans ce contexte. L’article analysera dans quelle mesure on peut l’appliquer à la traduction – et dans quelles limites. C’est dans le cadre de la traduction que la question de la représentation de l’Autre est d’une importance primordiale et que le « blocage » illustre particulièrement bien la reconnaissance de la distance culturelle.
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La Louisiane : une trahison américaine telle qu’illustrée dans la traduction de Vue de la colonie espagnole du Mississippi de Berquin-Duvallon
Anne Malena
pp. 63–96
AbstractFR:
Une relation de voyage anonyme publiée à Paris par un colon réfugié de St. Domingue en 1803 et traduite par John Davis à New York en 1806 constitue un cas particulièrement intéressant de traduction et censure parce qu’elle s’insère dans un contexte idéologique des plus complexes, celui de l’achat de la Louisiane. Après une courte période pendant laquelle elle est redevenue officiellement française au terme de 40 ans de gestion espagnole, la colonie sera achetée pas les États-Unis en 1803. La traduction de John Davis illustre ce moment charnière dans l’histoire de la Louisiane par la récupération hostile d’un texte qui reliait explicitement la Louisiane à la France et par les stratégies censoriales auxquelles le traducteur a recours. Dans une perspective postcoloniale, il est possible d’isoler les éléments déjà présents dans le texte original et qui rendaient sa traduction souhaitable dans le but d’informer les investisseurs américains. Cet exemple de traduction coloniale permet de mieux comprendre comment les relations discursives renforcent le pouvoir et le rôle manipulateur que joue la traduction en s’appuyant sur la censure.
EN:
An anonymous travelogue published in Paris by a refugee from St. Domingue in 1803 and translated by John Davis in New York in 1806 presents a particularly interesting case of translation and censorship because these publications were done within the extremely complex ideological context of the Louisiana Purchase. Having briefly been returned to France after 40 years of Spanish rule, the colony was bought by the United States in 1803. John Davis’s translation illustrates this key moment in the history of Louisiana because, by using strategies of censorship, it functions as a hostile takeover of a text which made explicit Louisiana’s link to France in order to inform potential American investors about the region. In a postcolonial perspective, it is possible to determine which elements already present in the source text were deemed translatable. This example of colonial translation helps in gaining a better understanding of the way discursive relations strengthen power and the manipulative role played by translation when it relies upon censorship.
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Foreign Literature in Fascist Italy: Circulation and Censorship
Jane Dunnett
pp. 97–123
AbstractEN:
In this article the author sets out to illustrate some of the strategies which Italian translators and publishers adopted, or were forced to adopt, to ensure that their texts passed muster under Fascism. “Taboo” areas are identified and an attempt is made to sketch out what were often rather vague criteria for acceptability. The author proceeds to survey the mechanisms that were put in place to vet books—essentially, preventive censorship and police confiscation—for the duration of the dictatorship. It is argued that the apparatus of the State was only partially successful at monitoring the content of works of literature. This historical contextualisation, drawing on archival and published material, is followed by a number of case-studies, first of three novels by John Steinbeck, and then of Americana, a famous anthology of American literature published during the Second World War. In her conclusion, the author draws attention to the failure of the regime to implement a watertight policy on translation, despite its desire to influence the way readers interpreted books.
FR:
Dans cet article, l’auteure présente certaines des stratégies que les traducteurs et les éditeurs italiens adoptaient — ou étaient obligés d’adopter — pour s’assurer de l’acceptabilité de leurs textes aux yeux du régime fasciste. En premier lieu, l’auteure identifie les sujets considérés comme « tabous » et cherche à décrire dans leurs grandes lignes quels étaient les critères d’acceptabilité, au demeurant plutôt flous. Dans un deuxième temps, elle examine les mécanismes qui furent mis en place pour le contrôle des livres — essentiellement, la censure préventive et la saisie par la police — sous la dictature. L’auteure soutient que l’appareil étatique n’eut qu’un succès partiel sur le contrôle du contenu des oeuvres littéraires. Cette contextualisation historique, basée à la fois sur des documents d’archives et sur des documents publiés, est suivie de plusieurs études de cas portant d’une part sur trois romans de John Steinbeck et d’autre part sur Americana, la célèbre anthologie de littérature américaine publiée pendant la Seconde Guerre mondiale. En conclusion, l’auteure met en évidence l’absence d’une politique rigide de la part du régime en matière de traduction, malgré sa volonté d’influer sur l’interprétation des livres.
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Censored Translations in Franco’s Spain: The TRACE Project — Theatre and Fiction (English-Spanish)
Raquel Merino and Rosa Rabadán
pp. 125–152
AbstractEN:
This article explores whether translational phenomena that are particular to censoring societies, such as Franco’s Spain, exist and, if so, whether they are exclusive to this type of recipient context. By using data from the TRACE project, translated theatre and fiction are analysed in terms of both the external restrictions imposed by official censorship and the long-term effects of official censorship on the recipient context. The study reveals three outstanding transfer processes during the period–adaptation, pseudotranslation and the massive cloning of genres, settings and character stereotypes originally imported through translation–, as well as the prevalence of intersemiotic chains that linked texts across languages and textual mode boundaries. When compared with work done on present-day texts translated from English to Spanish, our findings seem to indicate that these phenomena were more widespread in the period under study but cannot be considered exclusive to official censorship contexts.
FR:
L’objet de cet article est de déterminer s’il existe des phénomènes de traduction propres aux sociétés ayant utilisé, de façon habituelle, la censure, telle l’Espagne de Franco, et, le cas échéant, si ces phénomènes sont exclusifs à ces contextes de réception. À partir des données du projet TRACE, on fait l’analyse selon deux points de vue : a) celui des restrictions externes imposées par la censure officielle et b) celui de ses effets, à long terme, sur le contexte récepteur. Notre étude fait apparaître l’existence de trois processus importants de transfert dans cette période : l’adaptation, la pseudo-traduction et le clonage en masse de genres, de stéréotypes de personnages et de situations — ainsi que l’importance des chaînes intersémiotiques qui mettent en liaison des textes entre des langues différentes et entre des modes textuels divers. Quand on met en contraste ces traductions avec des analyses de textes traduits à l’heure actuelle, nos évaluations semblent indiquer que les trois phénomènes étaient beaucoup plus développés lors de la période étudiée; cependant ils ne sont pas exclusifs aux contextes de censure officielle.
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Censorship of Translated Fiction in Nazi Germany
Kate Sturge
pp. 153–169
AbstractEN:
This paper outlines the processes of censorship affecting translation under Nazi rule. Despite a markedly suspicious attitude towards translated fiction, the Nazi regime did not simply eliminate it. In fact, far from collapsing in 1933, the publication of translated fiction actually increased, both in absolute terms and as a proportion of all fiction, until the outbreak of war. However, if in purely quantitative terms translation flourished, the figures mask deep qualitative shifts: Jewish or anti-Nazi authors, translators and publishers disappeared; safe-selling genres came to dominate the market; and source-language preferences changed. These shifts were clearly the outcome of aggressive state measures, both classic “negative” censorship—the banning of literary producers and products or the imposition of “voluntary” self-regulation—and the energetic promotion of approved forms of translation. At the same time, more detailed study suggests that even for non-approved forms, the influence of state control was not always so clear-cut. In the case of the translated detective fiction of the time, censorship in translation was an amalgam of state intervention, pre-emptive filtering, selective readings of the source genre’s ambivalences, and the “normal” pressures of the book market. Even in this totalitarian context of extreme literary control, it remains difficult to define the borders of “translation censorship” as such.
FR:
Cette étude décrit les processus de censure qui touchaient la traduction sous la domination nazie. En dépit d’une attitude résolument soupçonneuse à l’égard des traductions de fiction, le régime nazi ne les a pas simplement éliminées. En fait, loin de chuter en 1933, la publication de traductions de fiction s’accrut même jusqu’à la guerre, à la fois en termes absolus et proportionnellement à la publication des oeuvres de fiction en général. Toutefois, si en termes purement quantitatifs la traduction prospère, les chiffres masquent de profondes modifications qualitatives : les auteurs, traducteurs et éditeurs juifs et anti-nazis disparurent ; les genres sûrs à la vente en arrivèrent à dominer le marché et les préférences pour ce qui est des langues sources changèrent. Ces glissements provenaient indubitablement des mesures radicales de l’État, à la fois la censure « négative » — l’interdiction de produits littéraires ou de producteurs, ou l’imposition d’une auto-régulation « volontaire » — et la promotion énergique de formes de traduction approuvées. En même temps, une étude plus détaillée suggère que, même pour les formes non approuvées, l’influence du contrôle de l’État n’était pas toujours très nette. À l’époque, dans le cas des traductions de romans policiers, la censure à la traduction était un amalgame d’intervention de l’État, de filtrage préventif, de lectures sélectives du genre d’origine et de pressions normales du marché éditorial. Même dans ce contexte totalitaire d’extrême contrôle littéraire, il reste difficile de définir les frontières de la censure sur la traduction en tant que telle.
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La traduction des textes déjà censurés
Teresa Tomaszkiewicz
pp. 171–189
AbstractFR:
Cet article fait référence à un événement de l’histoire contemporaine, lourd de conséquences politiques : la première visite du pape Jean-Paul II en Pologne, en 1979. Tous les textes des homélies du pape ont été disponibles, sous forme écrite, ainsi que leurs traductions, dans les centres de presse, pour les besoins des journalistes. Mais comme ces textes ont été soumis aux autorités avant la visite, il est clair que le pape lui-même a dû censurer plusieurs de ses textes, puisqu’il lui était impossible de dire ouvertement ce qu’il voulait. Ainsi, une des caractéristiques de son style consistait à intégrer beaucoup de sous-entendus, d’implicites, de non-dits ou d’allusions, clairs pour les récepteurs indigènes mais restant obscurs pour les récepteurs étrangers. Ayant travaillé en tant qu’interprète pendant cet événement avec les journalistes du Figaro, l’auteure de cet article dispose de ce matériel inédit. En s’appuyant sur une trentaine de textes présentés par le pape, l’auteure a essayé de décrire certains traits caractéristiques des textes censurés, ainsi que les opérations linguistiques effectuées, pendant leur traduction, pour permettre aux récepteurs étrangers d’accéder au sens caché de ces textes.
EN:
This article refers to a contemporary event with weighty political consequences: Pope John-Paul II’s first visit to Poland in 1979. All of the Pope’s homilies and their translations were available to journalists in press rooms. The Pope had clearly (self)-censored his texts, since he knew that they would be read by the authorities prior to his arrival and even the Pope was not permitted to speak freely in Poland. One of the characteristics of his style consisted in introducing his ideas subtly through the use of innuendo, implied meaning, non speak and allusions, clear to native speakers of Polish but less so to non-native speakers. Having worked as an interpreter for Figaro journalists during this event, the author now has at her disposal this unpublished material. Basing her analysis on about thirty of the Pope’s texts, the author has attempted to describe some of the characteristics of censorship applied to them, as well as the linguistic operations that were applied while translating the homilies to give the target reader access to the full meaning of the (self)-censored source-language texts.
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John Steinbeck et la censure : le cas de The Moon is Down traduit en français pendant la Seconde Guerre mondiale
Jean-Marc Gouanvic
pp. 191–202
AbstractFR:
John Steinbeck et la censure: le cas de The Moon is Down traduit en français pendant la Seconde Guerre mondiale. Prenant la notion de censure dans le sens restreint où un texte appartenant au champ littéraire est manipulé selon des enjeux du champ politique dans une société à une période donnée de son histoire, nous analysons le cas de la présumée censure de The Moon is Down dans deux traductions françaises effectuées pendant la Seconde Guerre mondiale: celle publiée aux éditions Marguerat à Lausanne en 1943 dans une traduction de Marvède-Fischer et celle publiée aux éditions de Minuit à Paris en 1944 dans une traduction d’Y. Desvignes (pseud. d’Yvonne Paraf). Selon les éditions de Minuit, les éditions Marguerat auraient produit une version censurée du texte de Steinbeck, et c’est à ce titre qu’elles s’autorisent à retraduire le texte. L’examen attentif du roman publié aux éditions Marguerat montre que cette traduction n’est pas censurante, en tous cas pas dans le sens indiqué dans la préface à la traduction des éditions de Minuit et qui fait entre autres état de prétendues «coupures» et «altérations» du texte original. La traduction des éditions Marguerat est, à la rigueur, une traduction que l’on pourrait dire «hypertextuelle», après Berman, du texte de Steinbeck, ce qui est sans doute l’une des raisons pour lesquelles les éditions de Minuit se sont méprises sur la nature de cette traduction.
EN:
In this paper, the restricted meaning of the word censorship, whereby a text belonging to the literary field is manipulated in accordance with the issues of the political field in a society at a given period in its history, is applied to the analysis of the case of presumed censorship in two French translations of The Moon is Down made during the Second World War: the first by Marvède-Fischer published by éditions Marguerat in Lausanne in 1943; the second by Y. Desvignes (pseudoname of Yvonne Paraf) published by the éditions de Minuit in Paris in 1944. According to the éditions de Minuit, éditions Marguerat produced a censured version of Steinbeck’s text, which justified their retranslation of the novel. A careful examination of the text published by éditions Marguerat shows that this translation was not censored, at least not in the way indicated in the preface to the translation published by the éditions de Minuit that reports alleged ‘cuts’ and ‘modifications’ to the original text, among other textual manipulations. The Marguerat translation is, at best, a “hypertextual” (after Berman) translation of Steinbeck’s text. This is, without doubt, one of the reasons why the Minuit publishing house mistook the nature of this translation.
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Les censures dans la traduction audiovisuelle
Yves Gambier
pp. 203–221
AbstractFR:
La censure est, aujourd'hui dans nos sociétés, une notion floue ou du moins elle tend à être utilisée pour signifier diverses réalités. Elle est synonyme d'interdiction mais rejoint aussi les entraves du marché, tel qu'il se développe actuellement. Elle peut enfin fonctionner comme un contrôle social intériorisé : c'est l'auto-censure. Ces trois types de censure existent dans l'audiovisuel. Quelles sont les positions possibles du traducteur dans les divers modes de traduction à l'écran, notamment le sous-titrage ? En quoi son auto-censure est-elle téléguidée, dirigée ?
EN:
In today’s societies, censorship is a broad notion encompassing various realities. Synonymous with banning, it also covers restrictions imposed by current market forces. In addition, censorship refers to an internalized form of social control—self-censorship. These three types of censorship are found in broadcasting and cinema. To what strategies does the translator of various types of screen translation, especially subtitling, have recourse? How is self-censorship (remote)-controlled and supervised?
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Normes et censure : ne pas confondre
Louise Brunette
pp. 223–233
AbstractFR:
Il arrive que des théoriciens associent à une forme de censure les interventions des relecteurs ou des réviseurs. C'est peut-être oublier qu'en matière de démarches évaluatives, les recherches sont guidées par le souci de l'objectivité. Le domaine des divers agents d'évaluation, c'est le respect d'une norme professionnelle connue, en même temps qu'évolutive, et garante de l'efficacité de la communication. Cette série de règles intériorisées par la profession garantit aussi la cohésion de cette dernière, et c'est là sa fonction sociale. La relecture et la révision ne sont pas la police de la traduction, mais ses gardiens.
EN:
Some theoreticians consider the interventions of reviewers and revisers to be a kind of censorship. This may be a failure to consider that as far as the evaluation process is concerned, the research is guided by a preoccupation with objectivity. It is the responsibility of the various TQA agents to respect a known, yet evolving, set of professional norms, that guarantee the efficacy of the communication. This set of rules, internalized by the profession, also guarantees its cohesion, as there lies its social function. Reviewers and revisers are not the policemen of a translation, but rather its guardians.
Comptes rendus de lecture
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Katharina Reiss. La critique des traductions, ses possibilités et ses limites, traduit de l’allemand par Catherine Bocquet, Cahiers de l’Université d’Artois 23/2002, Arras, Artois Presses Université, 2002, 166 p.
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Lynne Bowker. Computer-Aided Translation Technology: A Practical Introduction, Ottawa, Didactics of Translation Series, University of Ottawa Press, 2002, 185 p.
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Chapdelaine, Annick et Gillian Lane-Mercier (dir.) Faulkner. Une expérience de retraduction. Les Presses de l’Université de Montréal, 2001, 183 p.
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Jean Delisle (dir.). Portraits de traductrices. Ottawa, Les Presses de l’Université d’Ottawa, coll. “Regards sur la traduction” / Arras, Artois Presses Université, coll. “Traductologie”, 2002. viii + 408 p.
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Traduction : Les échanges littéraires internationaux. Actes de la recherche en sciences sociales, n° 144, septembre 2002, 106 p.