Abstracts
Résumé
La nécessité de fixer des paramètres objectifs pour le projet de recherche CALQ sur la réception de la littérature québécoise au Canada anglais a entraîné entre autres une prise de conscience de la complexité des concepts de « réception », « littérature québécoise » et « Canada anglais ». Cet article, qui s’interroge sur le rôle de la traduction dans cette réception entre 1900 et 1940 – époque importante où la littérature canadienne décide de s’inventer en tant que polysystème conscient – arrive à la conclusion que, pour bien répondre à cette question, il faut problématiser également le sens du mot « traduction ». Il est évident que le rôle de la traduction a été primordial en suscitant de l’intérêt pour la littérature du Québec pendant cette période, comme l’illustrent éloquemment le « phénomène Maria Chapdelaine » et les statistiques de publication. Mais la quantité d’oeuvres non traduites dont il est question dans les périodiques et les manuels littéraires du Canada anglais oblige aussi à reconnaître l’importance d’autres facteurs tels que les « tandems littéraires » biculturels comme Lorne Pierce/Mgr Camille Roy, ainsi que la capacité de l’élite canadienne-anglaise de l’époque de lire des textes littéraires français fort complexes même si elle était souvent incapable de parler la langue. Tout ceci ne minimise en rien, cependant, l’impact idéologique au Canada anglais de la « traduction » : celle de Jean Rivard et de Maria Chapdelaine, bien entendu, mais aussi celle représentée par la poésie de l’habitant de William Henry Drummond ou les manuels d’histoire littéraire de Lorne Pierce, de Vernon Blair Rhodenizer et de Archibald MacMechan.
Mots-clés:
- réception,
- littérature québécoise,
- Canada anglais,
- traduction,
- polysystème conscient
Abstract
The necessity of establishing objective parameters for CALQ, a research project on the reception of Quebec literature in English Canada, led to a heightened awareness of the complexity of concepts such as “reception”, “Quebec literature” and “English Canada”. The present article concludes, after examining the role played by translation in the above-mentioned reception between 1900 and 1940 – a particularly vital period when Canadian literature was essentially “invented” as a self-aware polysystem – that it is also essential, in this context, to problematize the word “translation”. It is clear that translation played a vital role in the awakening of interest in Quebec literature during this period, a fact eloquently illustrated by the « Maria Chapdelaine phenomenon » and the statistics of studies published. However, the long list of untranslated Quebec literary works that are also discussed in English-Canadian periodicals or literary manuals point to the importance of other factors such as bicultural “literary tandems” like Lorne Pierce/Mgr Camille Roy, as well as the fact that, generally speaking, the English-Canadian elite of that period was well able to read complex literary texts in French even if it was incapable of speaking the language. This is not to say, however, that one should minimize the ideological impact on English Canada of “translations”, whether these be translations of works such as Jean Rivard or Maria Chapdelaine, or the translation of Quebec culture as offered by the habitant poetry of William Henry Drummond and literary manuals by authors such as Lorne Pierce, Vernon Blair Rhodenizer and Archibald MacMechan.
Keywords:
- reception,
- québécois literature,
- English Canada,
- translation,
- conscious polysystem
Appendices
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