Abstracts
Résumé
Le repas cardiophage est un scandale qui habite la littérature depuis ses premiers balbutiements. Sa configuration narrative topique, met en jeu un triangle amoureux. L’amant offre son cœur. Le mari s’en saisit et le transforme en mets. L’amante le dévore, puis meurt en apprenant qu’elle a avalé le cœur de son amant. De l’érotique courtoise à la perversion sadienne, cette étude suit la variété des mises en œuvre du topos à travers les époques et les genres qui lui confèrent des saveurs fort variées. Le sujet tragique ne manque pas de susciter des parodies poussant encore plus loin le cannibalisme ou répudiant au contraire cette sombre cardiophagie au profit d’un dénouement comique. Mais, du Moyen Âge à l’aube du Romantisme, les amants s’illustrent par leur frugalité et leur union amoureuse transcende les malheurs gourmands de ce monde.
Abstract
The « eaten heart » is a scandalous meal that is to be found in literature from its very start. This story rests on various narrative configurations and topoï rooted in a triangular relationship. The heroine’s lover offers her his heart. But her husband turns it into a dish. She actually enjoys this dish but dies as soon as she finds out that she ate her lovers heart. This study follows the variations of the topos both through time and literary genres from the troubadours’s courtly poems all the way to Sade’s pervers stories. The tragical subject matter also triggered parodies, who either magnified the cannibalism or rejected the appalling meal, preferring a comical resolution. It appears however that from the Middle Ages to the dawn of Romanticism lovers show very little appetite. Their amorous communion truly transcends all greedy misfortunes of this world.
Download the article in PDF to read it.
Download
Appendices
Bibliographie
- CAMUS, Jean-Pierre, Les spectacles d’horreur, Paris, Classiques Garnier, 2013, [S. Ferrari (éd.)].
- DULAURE, Jacques Antoine, Histoire critique de la noblesse, depuis le commencement de la monarchie jusqu’à nos jours ; où l’on expose ses préjugés, ses brigandages, ses crimes, où l’on prouve qu’elle a été le fléau de la liberté, de la raison, des connoissances humaines, et constamment l’ennemi du peuple et des rois, Paris, Guillot imprimeur-libraire, 1790.
- JAKEMÉS, Le livre des amours du Chastellain de Coucy et de la Dame de Fayel, Lille, Presses universitaires de Lille, 1994, [A. Petit et F. Suard (éds.)].
- JAKEMÉS, Le roman du châtelain de Coucy et de la dame de Fayel, Troësnes, Corps 9, 1986 [A. Petit et F. Suard (trad.)].
- JAKEMÉS, Le roman du châtelain de Coucy et de la dame de Fayel (éd. bilingue), Paris, Honoré Champion, 2009, [C. Gaullier-Bougassas (trad. / ed.)].
- MARY, André (trad.), La chambre des dames : contes et romans du Moyen Âge, Paris, Gallimard, 1943.
- LUSSAN, Marguerite de, Anecdotes de la cour de Philippe-Auguste, Amsterdam, Jean Pauli et la veuve de P. De Coup, 1733.
- RENAUD, de Beaujeu, Le lai de l’Ignauré, ou, Lai du prisonnier, Liège, Vaillant-Carmanne (Textes anciens, Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique), 1938, t. 3, [R. Lejeune-Dehousse (ed.)].
- SADE, Donatien Alphonse François marquis de, Œuvres compètes du Marquis de Sade, Paris, Pauvert, 1986, 15 t. [A. Le Brun et J.-J. Pauvert (eds.)].
- COMBES, Annie, « Entre déférence et différence, les ambiguïtés de la mise en prose dans Le livre des amours du Chastellain de Coucy et de la Dame de Fayel », D. Kullmann et S. Lalonde, Réécritures : Regards nouveaux sur la reprise et le remaniement de textes dans la littérature française et au-delà, du Moyen Âge à la Renaissance, Toronto, Pontifical Institute of Mediaeval Studies, 2015, p. 53-72.
- DENIS, Françoise, « Cœur arraché / Cœur mangé : modulations », Études littéraires, vol. 31, no 1, 1998, p. 95-108.
- DI FEBO, Martina, « Ignauré. La parodie “dialectique” ou le détournement du symbolisme courtois », Cahiers de recherches médiévales [En ligne], 5 | 1998, mis en ligne le 01 octobre 2007, consulté le 01 octobre 2016. URL : http://crm.revues.org/1482 ; DOI : 10.4000/ crm.1482.
- DI MAIO, Mariella, Le cœur mangé : Histoire d’un thème littéraire du Moyen Âge au XIXe siècle, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2005.
- HAUVETTE, Henri, « La 39e nouvelle du Décaméron et la légende du “Cœur mangé” », Romania, t. 41, n°162, 1912, p. 184-205.
- HENEIN, Eglal, « Le cœur mangé… ruminé », Martine DEBAISIEUX et Gabrielle VERDIER (eds.), Violence et fiction jusqu’à la Révolution, Tübingen, Gunter Narr Verlag, 1998, p. 77-88.
- JEAY, Madeleine, « La cruauté de Philomèle : métamorphoses médiévales du mythe ovidien », dans Martine DEBAISIEUX et Gabrielle VERDIER (eds.), Violence et fiction jusqu’à la Révolution, Tübingen, Gunter Narr Verlag, 1998, p. 111-119.
- PASCAL, Jean-Noël, Le cœur terrible, Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, 2005.
- RÄKEL, Hans-Herbert S., « Castelain de Couci », MGG. Die Musik in Geschichte und Gegenwart : allgemeine Enzyklopädie der Musik, Personenteil 4, Kassel, Bärenreiter ; Stuttgart, Metzler, 1994, T. 2, P. 4., p. 775-781.
- RIBÉMONT, Bernard, « “Le cuer del ventre li as trais” : cœur arraché, cœur mangé, cœur envolé : un regard médico-théologique sur quelques thèmes littéraires », Le “cuer” au Moyen Âge : (réalité et senefiance), Aix-en-Provence, C.U.E.R.M.A. (Senefiance), 1991, no 30, p. 347-361.
- VICENSINI, Jean-Jacques, « Figure de l’imaginaire et figure du discours. Le motif du “cœur mangé” dans la narration médiévale », Le “cuer” au Moyen Âge : (réalité et senefiance), Aix-en-Provence, C.U.E.R.M.A. (Senefiance), 1991, no 30, p. 441-459.