Abstracts
Résumé
Pourquoi Léonard de Vinci a-t-il, notamment, placé des anguilles, des harengs et des oranges sur la table de sa représentation de la Dernière Cène ? Pourquoi y fait-il figurer une salière renversée devant Judas ? Sachant qu’il ne sera plus possible de connaître les intentions de l’artiste, les auteurs mettent à l’épreuve quatre hypothèses qui peuvent nous aider à comprendre la valeur de chacun des aliments figurant sur la peinture. Tour à tour, ils évaluent si les aliments correspondent à ceux mentionnés dans les récits du Nouveau Testament, à ceux que Léonard aimait manger ; si leur goût ou leur nom leur donne une valeur symbolique particulière. Leur parcours rigoureux à travers l’exégèse biblique, les biographies de Léonard de Vinci, l’histoire médiévale de l’alimentation et la sémiotique de l’image, leur permet de conclure que le maître du sfumato a probablement « enfumé » celles et ceux qui ont contemplé son Cenacolo, en leur proposant une oeuvre en « trompe-la-bouche ».
Abstract
Why did Leonardo da Vinci place, for instance, eels, herrings, and oranges on the table of his representation of the Last Supper? Why did he paint a turned over salt shaker in front of Judas? Acknowledging that it will never be possible to fully understand the artist’s intentions, this paper puts to the test four hypotheses that can help assess the importance of the foods depicted in the painting. Are the foods identical to the ones mentioned in the New Testament or are they foods da Vinci liked eating? Did their names or their tastes give them a symbolic meaning? After a careful research through biblical exegesis, biographies of da Vinci, medieval history of food, and semiotics of images, the article concludes that the master of sfumato probably created some sort of a “smoke screen” for all who have been contemplating his Cenacolo.
Appendices
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