Article body
Il y a quelques années, Théologiques avait ouvert ses pages à la thématique du dialogue judéo-chrétien (Juifs et chrétiens. L’à-venir du dialogue, vol. 11, 2003), ce qui avait donné lieu à un important volume dans lequel les échanges entre acteurs et penseurs du dialogue, des deux confessions, avait été particulièrement fructueux. Cette thématique en appelait logiquement une autre, celle du dialogue islamo-chrétien. Six ans plus tard, le projet commença donc à se former, au sein de la FTSR, d’offrir à la revue ce deuxième volet de réflexion. Théologiques tient ainsi à remercier Patrice Brodeur pour l’initiative qu’il a eue de proposer cette thématique et de la soumettre au Comité de rédaction, en identifiant déjà certains des collaborateurs qui pourraient alimenter la réflexion. Il a vu en effet l’importance de réfléchir sur ce thème à une époque où le dialogue islamo-chrétien est justement menacé par des événements à caractère géopolitique dont les retombées, surtout après le 11 septembre 2001, ont été dramatiques sur le plan religieux.
La rédaction a donc poursuivi cette idée originale, qui lui permet de proposer aujourd’hui aux lecteurs de la revue un dossier rassemblant huit contributions provenant du Canada, de France et du Liban. Celles-ci s’emploient bien sûr à présenter un bilan des efforts de dialogue entre chrétiens et musulmans après le 11 septembre 2001, tant sur la scène internationale que sur certaines scènes locales, mais aussi à offrir quelques perspectives en ce qui concerne l’avenir de ce dialogue, sur les plans humains et spirituels ou religieux. Plusieurs acteurs majeurs y sont donc signalés, parmi les autorités religieuses ou les penseurs des deux religions, ainsi que certains documents et événements significatifs, tels que la Conférence de Ratisbonne ou la Lettre des 138. Si la Conférence constitua, malgré son intention originale, un important point de discorde, elle eut toutefois le mérite de stimuler un peu plus le besoin de compréhension mutuelle des deux religions et elle donna l’occasion à plusieurs documents clés d’être produits, notamment du côté musulman. Ainsi la Lettre des 138, qui en appelait à la rencontre des deux confessions qui trouvent chacune à leur origine un commandement d’amour.
En complément de ce dossier, la revue accueille un texte de Farid El Moujabber, portant sur une double thématique, celle du manque et de la totalité, qui semblent tous deux caractériser la condition humaine et ce, depuis ses origines. Or, il constate que le posthumanisme, dans sa quête de la totalité comme objectif ultime de la vie humaine, refuse l’aspect négatif que porte le manque. Il se propose donc d’explorer le texte de Genèse, dans lequel l’idée de totalité est au contraire perçue comme néfaste à l’humain, afin de susciter un dialogue constructif avec les théories contemporaines du posthumanisme.