Chroniques

Pour en lire plus : Progress in French Tourism Geographies. Inhabiting Touristic Worlds Mathis Stock (dir.), Progress in French Tourism Geographies. Inhabiting Touristic Worlds , Cham, Suisse, Springer, 2021, coll. « Geographies of Tourism and Global Change », 244 p.[Record]

  • Julien Menu

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  • Julien Menu
    Doctorat en études urbaines à concentration touristique, École des sciences de la gestion, Université du Québec à Montréal, menu.julien@courrier.uqam.ca

Progress in Frenche Tourism Geographies. Inhabiting Touristic Worlds se veut comme un partage à l’international des progrès de la recherche francophone en géographies du tourisme. Directeur de l’ouvrage et auteur de plusieurs chapitres, Mathis Stock est professeur ordinaire à l’Institut de géographie et durabilité de l’Université de Lausanne. Docteur en géographie, il s’intéresse, entre autres, aux modalités de l’habiter, mais aussi au développement touristique des destinations sur des temps longs. Dans une perspective de collaboration internationale de la recherche, il était pertinent et important pour Stock de pouvoir rendre accessibles au monde de la recherche les avancées en études touristiques de son aire universitaire-linguistique. La conception du phénomène touristique sous le prisme de la géographie francophone est riche d’une vision différente de celle soutenue par les Anglo-Saxons. Des auteurs français comme Pierre Bourdieu ou Michel Foucault ont considérablement marqué les sciences sociales et humaines durant le XX e  siècle. Les chercheurs provenant du même univers linguistique ont été parmi les premiers à s’inspirer d’eux. Il n’est donc pas étonnant que la géographie touristique de l’Hexagone se retrouve imprégnée des idées développées par ces penseurs. De ce fait, dès l’introduction Stock affirme que cette communauté de scientifiques francophones travaille selon une même culture épistémologique. Les géographies touristiques francophones ont donc hérité d’une dimension socioculturelle plus prépondérante que celle du monde anglo-saxon, davantage axée sur l’économie. Ce livre est le fruit de la collaboration de chercheur·es, provenant des quatre coins de la francophonie, voulant faire découvrir les résultats de leur travail à un plus grand public. L’ouvrage se compose de treize chapitres, eux-mêmes subdivisés en différentes sections par leur(s) auteur(s) respectif(s). L’atout majeur du livre est la cohérence avec laquelle les différents chapitres s’enchaînent. Les éléments et la conclusion de la plupart des sections introduisent subtilement et intelligemment la partie subséquente. Dans le titre même de l’ouvrage, ces notions d’habiter et de mondes touristiques vont guider la lecture au fil des productions scientifiques présentées. Le livre ne propose pas que des études de cas. Plusieurs articles, que ce soit au début, au milieu ou à la fin, offrent une réflexion plus théorique. Ces écrits plus conceptuels donnent du rythme à l’ouvrage en marquant une progression à son parcours. Concevoir la pratique touristique comme une façon d’habiter ( dwelling ) l’espace fait naître une pléthore de réflexions théoriques comme pratiques au sein du monde universitaire et de la recherche. Les chapitres deux et trois s’interrogent sur l’application de l’habitation du monde par le fait touristique. Le second chapitre, écrit par Stock lui-même, s’attarde sur cette notion, importante pour l’ensemble de l’ouvrage. Il souhaite, dans cette section, évaluer les contributions et les limitations du concept d’habiter afin d’aborder les questions empiriques et les problèmes théoriques du tourisme. Cet « habiter » se comprend différemment en anglais et en français, ce qui n’aide pas les échanges entre les deux univers linguistiques. Stock revient à la base du concept, développé par Heidegger, afin de comprendre comment « pratiquer le tourisme » et « habiter » peuvent être liés (p. 18). Le tourisme permet d’habiter les lieux non fréquentés habituellement, dans le quotidien. Afin de gérer ces espaces, l’individu va devoir mobiliser une série de connaissances, mais aussi des compétences particulières. C’est par l’acquisition de ces dernières que l’individu va maîtriser ces milieux. Léopold Lucas (chap. 3) propose d’appliquer cette réflexion à la pratique d’un espace urbain. Les médias, mais surtout les contenus qu’ils transmettent, ont pris une place grandissante dans les pratiques touristiques depuis maintenant plusieurs années. Les sections subséquentes s’insèrent dans cette réalité par une concentration sur les usages médiatiques dans un tourisme sportif et …