Abstracts
Résumé
L’article propose une analyse de la mise en scène du patrimoine de la Vallée des rois thraces en Bulgarie dans deux corpus de documentation touristique en langue française. L’image voulue, dégagée de la communication nationale, et l’image perçue, observable dans la communication étrangère, sont abordées à travers la présence quantitative et thématique des vestiges de l’antique civilisation thrace, puis étudiées dans leurs dimensions discursive, lexicale, terminologique, traductologique et interculturelle en vue de la confrontation des deux démarches. La pertinence et les effets sur le lecteur des procédés mis en œuvre par les textes traduits et rédigés en français sont recherchés dans l’optique de l’objectif premier d’inciter à la découverte du patrimoine en question. Les correspondances et les divergences établies font apparaître un inventaire de techniques et d’outils efficaces pour la construction d’un discours touristique susceptible de suggérer l’authenticité, la charge identitaire et axiologique, la valeur esthétique et l’offre d’altérité du patrimoine ainsi valorisé.
Mots-clés :
- discours,
- linguistique,
- texte touristique,
- valorisation,
- patrimoine culturel
Abstract
The article presents an analysis of the representation of the heritage of the Valley of Thracian Kings in Bulgaria in two corpora of tourist documentation in French. The “desired image” emerging from national communication and the “perceived image” found in foreign communication are studied through the quantitative and thematic aspects of the ancient Thracian remains, and then considered in their discursive, lexical, terminological, translational, and intercultural perspectives. The literary devices’ relevance and the effects on the reader found in the translated texts as well as in the texts originally created in French are observed keeping in mind the primary objective of encouraging the first encounter with the heritage in question. The parallels and differences show the variety of effective tools and techniques available in order to build a discourse likely to express the destination’s authenticity, identity and suggested values, the esthetic merit, and the expected encounter with another culture that this particular heritage makes possible.
Keywords:
- discourse,
- linguistics,
- tourist text,
- valorization,
- cultural heritage
Article body
Les documents touristiques : spécificités et intérêt pour la communication touristique
La popularisation d’une destination touristique riche d’un patrimoine culturel passe nécessairement par l’image qui en est créée. Les textes à vocation touristique, dans toute leur diversité de réalisations imprimées ou électroniques, font « partie intégrante du produit » ; leur « qualité est associée à celle du produit touristique global ». Un des « principaux canaux de promotion du produit global », le texte touristique véhicule l’information sur les sites touristiques, mais aussi l’invitation à s’y rendre, et est susceptible de contribuer à « la diffusion du produit » en assurant une meilleure sensibilisation des touristes potentiels aux « avantages de la destination » (Ivanova, 2016 : 18-19 ; [notre traduction]). Ainsi, il participe d’un discours fondamental de l’industrie qui vise la promotion et la vente du produit.
Dans le cadre du paradigme sociolinguistique du tourisme que propose Graham Dann (2011 : 28), l’analyse du discours touristique explore en toute légitimité, indépendamment de la source et du canal choisi, « toutes les formes de communication qui sont employées pour promouvoir les destinations, les centres de villégiature, les transports, l’hébergement, les sites touristiques, les événements, etc., c’est-à-dire celles des messages destinés aux touristes potentiels et aux visiteurs réguliers dans un certain nombre de situations préalables au voyage » [notre traduction]. La présente étude discursive et linguistique[1] porte sur 53 documents touristiques en français sur la ville bulgare de Kazanlak et sa région (guides, brochures, pages Internet de musées, monuments et tourisme, circuits touristiques), publiés entre 2009 et 2019 aux niveaux local et national, qui reflètent a priori l’« image voulue » d’une destination, « cette image que le ‘pays’ veut donner de lui » et qui devrait être en harmonie avec une « image vécue » par ses habitants, selon Pierre Frustier (2009 : 33). Cette documentation révèle la pluridimensionnalité touristique de la vallée qui nous intéresse (situation géographique centrale, frontières ne se limitant pas à la commune administrative de Kazanlak, climat favorable à la culture des roses et du vin, conditions pour les sports aériens et aquatiques, richesses culturelles d’époques historiques différentes) dont le patrimoine thrace, notre cas d’étude, est une des facettes. Nous examinerons également 53 documents touristiques francophones à propos du même territoire (26 articles de presse et 27 publications de blogues de voyages dont les limites temporelles se situent entre les années 2009 et 2018), censés attester l’« image perçue » qui se forge sur la base de la documentation découverte par les touristes étrangers, de leurs visites et échanges avec les locaux (ibid. : 36). Nous retrouverons ici, toujours selon le paradigme de Dann (2011 : 29 ; [notre traduction]), « au stade de l’après-voyage, les touristes de retour, [qui] via le bouche-à-oreille » continuent de pratiquer le langage du tourisme en émettant à leur tour des messages, « la différence majeure étant que, contrairement à l’étape précédant le voyage, ces messages peuvent dissuader et persuader les autres de s’engager dans des expériences similaires ». La comparaison des deux corpus permettra de mettre en évidence la présence quantitative et thématique des vestiges thraces dans les textes et les images et le mode de valorisation de ce patrimoine dans la partie textuelle afin de rechercher des procédés discursifs (typologie des discours utilisés, discours spécialisés, dimension interdiscursive, interculturelle : clichés historiques, culturels, références et citations historiques, littéraires, mythologiques, culturelles, thèmes et images mis en discours) et linguistiques (lexique : vocabulaire de présentation, description et promotion du patrimoine culturel, connotations, emplois figurés, jeux de mots ; terminologie : termes historiques, ethnographiques et techniques ; stylistique : faits d’expressivité, figures de style ; approches traductologiques) efficaces aux fins de la communication touristique.
Les textes touristiques : une mosaïque de discours
Pour Catherine Kerbrat-Orecchioni (2004 : 147), le discours des guides touristiques « s’apparente à bien des égards au discours publicitaire […] dont le but principal est de valoriser un produit pour inciter à sa consommation ». Cet effet majeur recherché ne saurait être obtenu pour nous sans les autres types de discours superposés dans le texte touristique : un « discours de vulgarisation » (Dechamps, 2018 : 148) avec la « transmission de connaissances / d’un savoir » (ibid. : 149 ; aussi Seoane, 2013a : 25), c’est-à-dire, juxtaposés, des informations pratiques pour la bonne logistique du voyage touristique et du discours historique, géographique, architectural, scientifique, sociologique, économique entre autres, avec une pluralité de « marques de didacticité » (Dechamps, 2018 : 148). C’est ainsi que le discours touristique construit les dimensions pratique et objective du texte touristique, suggérées par Annabelle Seoane (2013a ; 2013b).
De plus, une dimension subjective investit également la communication touristique avec un « discours critique (voire laudatif) » (Raus, 2017 : IX) et un discours connotatif bien présents. Seoane (2013a : 18) y range des formules subjectivantes : commentaires et métacommentaires du locuteur, anecdotes historiques sans source, qualificatifs plus ou moins positifs et connotations associées aux registres de la littérature ou de la peinture des XVIII e et XIX e siècles (sur ce dernier point, référence est faite à Chabaud, 2000 : 10-25) : « le pittoresque », « le curieux (au sens latin d’étonnant ou extraordinaire) », « le sublime ou émotionnel de l’ordre de la contemplation esthétique ou du sentiment » et « le mystérieux ». Nous retrouvons ainsi la description suivante donnée par Dann (2011 : 27) : « À travers de nombreux registres, divers médias et toutes les étapes d’un voyage, le langage du tourisme transmet des messages intemporels, magiques, euphoriques et tautologiques qui contiennent les attentes et les expériences circulaires des touristes et du tourisme » [Dann cite une de ses publications antérieures : 1996, The Language of Tourism. A Sociolinguistic Perspective, CAB International, Wallingford : 249].
Ces trois dimensions du texte touristique – pratique, objective et subjective – contribuent à mettre en place ce que Seoane (2013b : 2) décrit, en parlant du guide touristique, comme « la spécificité culturelle du référent » :
[A]u-delà de l’identité qui est la sienne va s’opérer la nécessité de reconstruire une nouvelle identité stéréotypique, issue de l’imaginaire collectif du lectorat visé (un public français avide de dépaysement, par exemple). Le but n’est pas tant de décrire une contrée que de créer discursivement un ailleurs désirable et accessible, concrétisé par le voyage effectif du lecteur. En valorisant et en mettant en discours un certain espace touristique, le guide s’inscrit dans une époque et dans une culture donnée.
La mise en garde d’auteurs tels que Kellee Caton (2012 : 121) contre les biais d’un discours touristique créant des stéréotypes loin de la réalité, qui subjuguent aussi bien le touriste que la région hôte à leur image et visent le profit par cette même promotion de l’endroit touristique, est, en général, tout à fait fondée : « L’expérience des touristes dans de tels endroits sert ainsi souvent à renforcer les stéréotypes existants, et quand ils rentrent chez eux, ils partagent des histoires et des photographies qui fournissent encore plus de matière pour des histoires réarticulant des thèmes discursifs dominants » [notre traduction].
Il est ainsi pertinent de voir à quel point l’image créée est vraiment loin de ce que la région elle-même offre. Quant à la construction de cette identité, elle passe toujours par l’histoire : « À cette fin, Hollinshead s’appuie sur les travaux en théorie littéraire de Homi Bhabha sur l’anti-essentialisme, qui nous apprennent que l’identité, l’être et l’appartenance à une nation sont toujours des matières narrativisées, plutôt que des choses fixées et immuables » (Caton et Hollinshead, 2017 : 4 ; [notre traduction]).
Une hypothèse dans le cadre de notre étude serait qu’il existe un jeu de communication entre le destinateur (la municipalité de Kazanlak, les agences touristiques, etc.) et le destinataire (les touristes francophones) autour de l’objet de la communication (la Vallée des rois thraces) et de la situation (un échange d’information touristique en vue de la visite de la région). Ce jeu permettrait de voir des positions de pouvoir visant l’établissement d’images figées et présupposerait des attentes et des figures idéalisées des deux côtés. Nous n’avons pourtant pas pu dégager une image dominante préconçue du côté de l’émetteur, ni du côté des récepteurs : l’appropriation de l’espace se fait sur une base commune à la pensée historique en Bulgarie et en France, celle de l’époque hellénistique. Les textes eux-mêmes ont une visée, pour la plupart informative ; il n’y a que les sites d’agences touristiques bulgares qui pourraient faire l’objet d’une lecture proprement commerciale et où se joue la véritable « vente » du produit touristique. Ainsi, nous serons sensibles au jeu d’attentes et d’intentions qui se crée à travers les différents types de discours que nous avons retrouvés dans les textes. L’image du patrimoine qui se dégage des deux côtés est plutôt convergente, dans la grande partie de ses éléments structurels.
Le patrimoine : définition, valeurs symboliques et mise en scène
La réflexion scientifique sur la notion de patrimoine fait le constat de sa complexité, de son évolution accélérée et de son identité difficile à cerner (Le Hégarat, 2015 : 5) : les différentes définitions historiques, nationales et internationales successives ont conduit à « ce que l’on a appelé ‘l’extension patrimoniale’, voire le ‘tout-patrimonial’, c’est-à-dire un élargissement considérable de son périmètre à partir des années 1980 ». Nous citerons ici celle proposée par l’UNESCO (2014 : 132) :
Le patrimoine culturel est, dans son sens le plus large, à la fois un produit et un processus qui fournit aux sociétés un ensemble de ressources héritées du passé, créées dans le présent et mises à disposition pour le bénéfice des générations futures. Il comprend non seulement le patrimoine matériel, mais aussi le patrimoine naturel et immatériel.
La dichotomie matériel–immatériel investit les efforts d’analyse et de classification des œuvres humaines ou naturelles définies comme patrimoniales : ces deux aspects sont d’abord formellement distingués (voir les conventions de l’UNESCO de 1972 et de 2003 consacrées respectivement au patrimoine matériel et immatériel), plus récemment associés (voir la notion d’esprit du lieu [2] définie dans la Déclaration de Québec de 2008 de l’ICOMOS), l’intérêt accru pour l’immatériel ces derniers temps appelant parfois un souhait de rééquilibrage au profit de « la matérialité des objets patrimoniaux [qui] surplombe en réalité une large part des représentations et des actions sur le patrimoine » et « porte, par ses formes ou par les traces inscrites en elles, une part de l’héritage dont l’œuvre est investie » (Le Hégarat, 2013). Cette signification symbolique, universellement reconnue, apparaît comme inhérente au patrimoine (Riegl[3], 1903, et Ruskin, 1956, cités dans Choay, 2007) ou activée/vérifiée par l’acte de patrimonialisation (Dormaels, 2012 ; Le Hégarat, 2013) ou encore de reconnaissance du statut patrimonial (Paveau, 2009). La dimension immatérielle du patrimoine, au-delà des aspects esthétiques et formels de ce dernier, s’articule pour divers auteurs autour du rapport avec le passé/l’histoire et la mémoire (Riegl, 1903, et Ruskin, 1956, dans Choay, 2007 ; Paveau, 2009 ; Dormaels, 2012 ; Le Hégarat, 2013), avec un groupe qui reçoit et transmet un héritage (Paveau, 2009 ; Le Hégarat, 2015), structure son identité par ce patrimoine (Paveau, 2009 ; Dormaels, 2012 ; Le Hégarat, 2015) et avec l’émotion : « Le patrimoine est une notion qui ne peut se construire et se dire que dans un bain émotionnel : il y a une sorte de jouissance de la sauvegarde, comme il existe une souffrance de la destruction […] » (Paveau, 2009 : 8).
Pour Françoise Choay (2007 :160), mettre en scène le patrimoine bâti signifie « présenter le monument comme un spectacle, […] le donner à voir de la façon la plus flatteuse ». Ainsi, l’éclairage nocturne, par exemple, selon elle, fait que « le monument, telle l’apparition d’une divinité en gloire, semble rayonner l’éternité » et « supprime la pesanteur de l’architecture, […] en révèle une autre dimension, poétique et transcendante ». Comment transposer cette vision architecturale de la mise en scène du patrimoine dans la communication touristique qui devrait à son tour, à distance et avant l’heure, aider le touriste potentiel à percevoir ces valeurs symboliques ? Il s’agit de voir par quels dispositifs discursifs et linguistiques se matérialiserait la valorisation patrimoniale, qui est axée, dans divers travaux de chercheurs en communication et anthropologie du patrimoine, sur l’authenticité fondée sur la spécificité et les valeurs[4] et l’apport identitaire passant par une redécouverte et reprise du patrimoine des ancêtres (Merah et Bendebili, 2016), sur l’impact axiologique (Fournier, 2010) et la valeur esthétique (Davallon, 1991, dans Fournier, 2010), sur cet ailleurs, cette offre d’altérité (Devilla, 2017) dont sont porteurs les objets patrimoniaux.
Le patrimoine de la Vallée des rois thraces
La Vallée des rois thraces aux environs de Kazanlak, baptisée ainsi par le renommé archéologue Georgi Kitov qui y a travaillé entre 1992 et 2006, abrite la nécropole royale du royaume des Odryses (Ve siècle av. J.-C. – Ier siècle, une des nombreuses tribus thraces), dont la capitale Seuthopolis se trouve aujourd’hui sous les eaux du lac artificiel Koprinka à sept kilomètres à l’ouest de la ville. Plus de 300 de ses 1 500 tumuli ont été étudiés, avec la mise au jour de quinze tombeaux, dont le Tombeau thrace de Kazanlak inscrit en 1979 sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO pour le raffinement et la vivacité de ses fresques, de tombes maçonnées et de restes de somptueuses funérailles avec un impressionnant mobilier funéraire en or et en argent (voir Ovcharov, 2019). Ce patrimoine emblématique, inscrit en 2016 sur la Liste indicative des biens culturels matériels bulgares soumise auprès de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (voir UNESCO, 2020), est au cœur de projets de mise en valeur, des Fêtes dans la Vallée des rois thraces annuelles (spectacle, foire, arts et sports) et de l’aménagement actuel d’un complexe touristique multifonctionnel, Le Monde des Thraces (voir Stoyanova, 2019). Une source française indique le caractère récent de l’appellation, la mettant en valeur : « la vallée jadis appelée vallée des Roses à cause de la production intensive de fleurs est désormais surnommée vallée des Rois » (Le Figaro, 23 février 2015).
La présence quantitative et thématique du patrimoine thrace dans les deux corpus
L’outil d’analyse des supports de communication PATCOM, dont le but est d’évaluer la mise en scène du patrimoine par la communication touristique[5], permet de faire le décompte des mentions en lien avec les Thraces dans huit champs thématiques, ce qui démontre leur présence quantitative dans le corpus.
Le champ « Histoire » visualise la part des différentes périodes historiques mentionnées dans les textes. La période occupant les trois quarts des mentions dans le corpus bulgare est celle de la civilisation thrace (75,23 %). Se trouvant dans l’Antiquité, mais ne la recouvrant pas, nous nous sommes gardées de l’y assimiler. La place prépondérante de l’époque thrace ici n’est égalée dans aucun autre champ (les items thraces composent la moitié des mentions architecturales, par exemple), mais vient de sa présence comme élément associé à un patrimoine donné dans cinq des sept autres champs étudiés. Il faut mentionner que les autres périodes historiques sont elles aussi moins représentées : à part l’Éveil national (7,74 %) et la Libération de la domination ottomane (8,05 %) (parfois apparaissant à propos du même patrimoine culturel), les autres périodes historiques figurent à quelques reprises seulement, sans vraiment donner un tableau complet du développement historique de la région. Ainsi, l’image du profil historique de la région est largement dominée par l’époque thrace.
Dans le corpus francophone, le champ « Histoire » est, lui aussi, dominé par l’époque de la civilisation thrace (80,40 %). Une similarité frappante se dégage des deux corpus quant au développement historique de la région, le poids de l’époque thrace l’emportant sur toutes les autres époques.
Dans le corpus bulgare, on trouve une assez grande variété de mentions de la civilisation thrace en lien avec d’autres champs patrimoniaux. Il existe 161 mentions de l’architecture funéraire de la région, suivies par seulement 12 mentions de l’architecture religieuse et civile, se référant à des temples connexes aux tombeaux ou aux vestiges de Seuthopolis. Il est évident que la culture thrace de la région est représentée surtout avec ses tombeaux et leurs tumuli. Les musées de la région de Kazanlak figurent avec 20 occurrences : des trouvailles archéologiques. Les spectacles vivants rapportés aux Thraces, qu’ils soient antiques ou des reconstitutions contemporaines, sont présents à 9 reprises dans les documents. Ensuite, les « Sciences & techniques », présentes surtout avec le mobilier funéraire produit à l’époque (masque, couronne, jambières, armes, chars, décorations et symboles du statut des défunts), mais aussi à 3 reprises avec la transformation des roses, la distillation d’eau de rose (technique attribuée aux Thraces), cumulent 64 mentions. La nature est très peu invoquée ici, seulement à 7 reprises (à ce sujet voir l’illustration 3).
La répartition entre textes et images dans le corpus bulgare est intéressante : l’architecture funéraire et le mobilier funéraire sont beaucoup plus présents dans des images (85 et 42 occurrences) que dans des textes (41 et 12 occurrences). Par ailleurs, certains champs thématiques sont absents des images, comme les fêtes et les reconstitutions de rituels thraces. En général, la richesse des champs patrimoniaux du corpus bulgare réside dans les textes.
Dans le corpus francophone, on trouve 142 mentions de l’architecture des Thraces : 124 d’architecture funéraire (toutes reliées aux tombeaux dans les tumuli retrouvés dans la vallée) et 18 d’architecture civile, mentionnant la capitale Seuthopolis. C’est le champ thématique le plus présent dans la communication bulgare aussi, comme nous l’avons constaté. Suivent les « Sciences & techniques » avec 31 mentions de mobilier funéraire manufacturé à l’époque thrace : masque, couronne, armes, armure, chars, fresques, etc. Le champ « Nature » recueille les mentions des roses (cultivées par les Thraces), les champs de lavande et les rivières. Le champ « Musées » recense les objets thraces dans les musées de Kazanlak.
Proportionnellement au nombre d’occurrences total, il est visible que dans les deux corpus l’architecture funéraire est la plus présente. Le mobilier funéraire participe de cette tendance. Dans les trois autres champs, on note des divergences. Le champ « Nature », dans des chiffres absolus, participe à égalité dans les deux corpus, mais comme les occurrences bulgares sont beaucoup plus nombreuses que les occurrences françaises (212 contre 160), il participe de façon relativement moins importante dans la documentation bulgare. Le champ « Musées » est représenté uniquement par 5 mentions, alors que le champ « Spectacles », lui, est absent de la communication touristique étrangère.
Les correspondances en ce qui concerne le champ « Architecture » et les divergences dans les trois autres champs sont notables. Cela est en grande partie attribuable au genre de texte : dans le corpus francophone, des articles de presse liés à la récente exposition de trésors thraces au Louvre (2015), présentant l’histoire des Thraces, et des blogues touristiques qui relatent l’expérience personnelle – variable – des touristes. Les textes bulgares sont des pages Web de musées en français, des brochures touristiques censées donner une image complète et variée des activités offertes sur place, des circuits proposés par des agences de voyages. Ainsi, il est attendu que les « Musées » seront beaucoup plus présents dans la documentation bulgare.
Le grand absent du corpus étranger reste le festival de reconstitution de l’époque thrace, faisant l’objet d’une large publicité en bulgare de la part de la municipalité de Kazanlak. Cet événement créé en 2005 est annoncé comme une « nouvelle destination touristique » pour la commune de Kazanlak (voir site officiel, <www.kazanlak.bg> ; [notre traduction]). Cette absence prête à questions du fait que les autres attraits de la région liés aux Thraces ont leurs correspondances fidèles dans les documents francophones.
D’un côté proprement factuel, nous pouvons voir que les informations contenues dans le corpus de textes bulgares se retrouvent, presque fidèlement, pour la plupart des champs thématiques, dans le corpus francophone. Cela nous autorise à poser l’hypothèse que l’image voulue de la région – celle qu’elle voudrait donner aux touristes – trouve un écho assez fort auprès du public francophone.
L’image voulue construite aux niveaux discursif et linguistique par le corpus de documentation touristique bulgare en langue française
Dans les documents bulgares, la figure du touriste est vue à la fois comme quelqu’un qui ne connaît pas la région et comme quelqu’un qui a sûrement les connaissances nécessaires, l’outillage scientifique pour se délecter de la variété et de la richesse de la région.
Une image patrimoniale construite en deux temps
Les nombreux descriptifs de circuits touristiques restent par ailleurs assez concis, la destination Vallée des rois thraces étant parfois accompagnée de la seule référence à l’UNESCO (argument d’autorité) pour motiver l’intérêt de la visite :
Excursion panoramique dans la ville de Kazanlak - la capitale de la Vallée des roses et des rois thraces, avec la visite de la tombe thrace de Kazanlak (la réplique), datant du 4‑èmе siècle av. J.C. qui est un monument de la liste de l’UNESCO. (<http://www.boiana-mg.com/storage/presentation/La_Bulgarie%20autentique_Sofia_to_Nessebar_i.pdf>)[6]
Le caractère antique et attrayant des tombeaux thraces peut être annoncé par opposition aux autres sites (cependant, anciennes, principale attraction), sans véritable argumentation à ce niveau :
JOUR 5, KAZANLAK - KALOFER - KARLOVO – HISSAR
La Bulgarie est traditionnellement un grand producteur d’essence de rose et vous pouvez visiter la Vallée des Roses pour une examination magnifique. A Kazanlak, le Musée des Roses documente également cette industrie florissante. Cependant, les anciennes tombeauxs thraces sont l’attraction principale. (<http://travelinbulgaria.eu/fr/le_coeur_de_la_bulgarie>)
Le lecteur doit consulter un deuxième volet d’informations (page, brochure en ligne, inventaire des biens culturels dans la brochure imprimée) pour une présentation individualisée ou générique des éléments du patrimoine thrace. Dans les deux cas, un discours factuel, daté, chiffré, informatif et objectif est mis en place, qui évoque la mise au jour technique de ce patrimoine :
Les Thraces étaient les premiers habitants de la vallée qui ont laissé des témoignages de traces matérielles de leur culture. Le nombre de tumulus érigés par eux dans la période comprise entre la seconde moitié du Ier et du IIe siècles après J.C. dans la Vallée des Rois Thraces compte environ 1500. Lors des fouilles archéologiques environ 300 tumulus ont été étudiés. Les tombes y découvertes sont très impressionnantes par la diversité de leur design et par la maîtrise de la construction et la décoration des plus monumentales entre elles – les sépulcres […] Tout avec de l’ancienne capitale des Odrisses – Seuthopolis déjà étudiée, elles font de la région un endroit de la plus forte concentration de monuments intéressants et attrayants de la période thrace en Bulgarie. (Brochure Le patrimoine thrace – La Vallée des rois thraces BG161PO001/3.2-02/2011/006 La Vallée des roses et des rois thraces)
Un discours patrimonial à dominantes architecturale et technique
Des descriptions et des énumérations de pièces découvertes structurent les présentations des tombes thraces moyennant un discours architectural, émaillé d’une terminologie gréco-latine pour valoriser le patrimoine :
TOMBE MAÇONNÉE AU TUMULUS SVETITSA (LA SAINTE) […] on y a découvert un masque d’or massif (680 gr.), une bague en or, une armure de bronze, une hydrie de bronze et d’autres objets en métal et en céramique appartenant à un souverain Thrace de la fin du Ve siècle av. J.-C. (Guide touristique BG161PO001/3.2-02/2011/006 La Vallée des roses et des rois thraces)
Le Temple sous le monticule Golyamata Kosmatka dans la Vallée des Rois, daté de la fin du Ve siècle av. J.-C., comprend un couloir, une pièce circulaire et une chambre ressemblant à un sarcophage. Les objets découverts ici – une tête en bronze, partie d’une statue de Seuthès III, une cruche d’argent, une phiale, un casque de bronze portant le nom de celui-ci, une couronne royale d’or, un kylix en or, une moule d’argent doré, les genouillères de bronze et d’autres, suggèrent qu’ici fut effectué […] l’enterrement du […] roi thrace Seuthès III. (Kandzeva et Handjiiski, 2017)
La légende du masque d’or de la tombe Svetitsata[7], les circonstances de sa découverte, des explications terminologiques[8] intéresseraient sans doute le lecteur. Par ailleurs, même si l’on connaît le peplum, le chiton ou la fiole, d’autres termes techniques nommant des objets anciens (rhyton, œnochoé, pithos, amphore [9]), des détails architecturaux (kymation, bucrane/bukrane, stéréobate, acrotère, antéfixe, architrave [10]) ou des particularités de la culture thrace (le rituel « trizna », parfois déterminé simplement comme un rituel, parfois mentionné avec les restes de vaisselle qui y sont associés, mais jamais décrit[11]) ne sont pas systématiquement expliqués dans la documentation étudiée. Pour Christina Dechamps (2018 : 148-149), ce type de définitions terminologiques fait partie, au même titre que les divers supports visuels (« plans, tableaux, illustrations, photos »), d’un « ensemble de reformulations » verbales et iconiques, à visée didactique, qui sont spécifiques d’un discours touristique véhiculant des savoirs sur la destination. Certains termes contenus dans les documents visés sont aussi traduits de manière inappropriée, ce qui est peut-être dû à leur caractère de « faux amis » : la camera / caméra pour la chambre funéraire, garnitures d’applications rondes (interprétation difficile), ceinture pour bande (une ligne de couleur entourant de l’intérieur la coupole du tombeau de Kazanlak). Comme le fait remarquer Ludmila Ivanova,
Le rôle du traducteur dans la mise en place de la communication réside non seulement dans sa qualité d’expert linguistique, mais aussi dans sa qualité d’expert en communication (interculturelle) et il pourrait par sa compétence de « designer de texte » prévenir telle solution inconvenable eu égard au nouveau groupe cible. (2016 : 29 ; [notre traduction])
Ainsi, le portrait des Thraces apparaît dressé surtout par le biais de leur architecture (dont les liens avec leur philosophie gagneraient par endroits à être explicités), de leurs mobilier funéraire et rites funèbres, étroitement liés entre eux, comme suggéré dans leur mise en parole :
Le temple sous le tumulus « Chouchmanetz » […] se compose d’un large couloir, un porche d’une voûte semi-cylindrique et une caméra en coupole, dont les surfaces sont recouvertes de crépi fin, blanc, brillant. Au milieu du porche a une excellente colonne ionique, et au centre de la chambre ronde se dresse une colonne massive dorique. La décoration plastique de demi-colonnes et des pilastres reflète les conceptions religieuses et philosophiques des thraces pour la construction du monde. [L’]architecture unique [du tombeau] en fait l’un des ouvrages les plus représentatifs de l’architecture de Thrace. (<http://www.muzei-kazanlak.org/index.php?option=com_content&view=article&id=74%3A2013-12-09-23-43-59&catid=51%3A2013-12-01-08-32-27&Itemid=90&lang=fr>)
Le temple [Goliama Kosmatka] a été utilisé pendant plus d’un siècle pour célébrer des cérémonies religieuses (dites mystères orphiques) des sacrificateurs thraces. À fin de préserver le sacrement du rituel des non-initiés, à l’intérieur est utilisé une porte à deux battants verrouillée aux clenches […] Au début du III-ème siècle av. J.C. dans la chambre centrale est réalisée enterrement rituel d’un aristocrate de Thrace, qui est censé être […] Seuthes ІІІ […] l’édifice change de fonction et se convertit en son tombeau. Afin d’assurer une transition sans obstacles pour l’âme du roi entre les mondes, les Thraces lui fournissent un guide, sacrifiant un cheval et déposant son corps dans la première chambre. (<http://www.muzei-kazanlak.org/index.php?option=com_content&view=article&id=72&Itemid=88&lang=fr>)
Des documents isolés évoquent des « guerriers invincibles, des prêtres mystiques et des bijoutiers qualifiés », « de très bons chanteurs et musiciens, [qui] adoraient la nature » et mentionnent leur maîtrise de la ferronnerie, de la viniculture et de l’orfèvrerie (LA BULGARIE Tourisme culturel, Ministère du tourisme : 5) ou leur associent l’or, la rose, le vin et le yaourt comme éléments de leur culture :
L’or faisait partie du quotidien des Thraces et de leurs rituels destinés à la vie posthume […] Mais bien avant les Ottomans, les nobles Thraces aimaient eux aussi offrir des encens à base de rose […] Leur civilisation nous donna le culte de Dionysos et du bon vin et le sublime hymne à l’amour et à la mort que représente la légende d’Orphée et d’Eurydice […] À leur époque, les Thraces produisaient de nombreux produits quotidiens à base de lait. (La Bulgarie Terre de rencontre, agence Odysseia-In 2020 : 10-11, 5, 12)
Les références littéraires (Homère), historiques (Hérodote, Thucydide) et mythologiques (Orphée et Eurydice, Spartacus), pourtant parlantes aux touristes étrangers, sont rares dans le corpus. Dann précise les effets, pour le discours touristique, de la présence de motifs mythologiques religieux offrant des explications « génétiques, atemporelles et symboliques plutôt que factuelles, historiques ou scientifiques » :
De tels mythes, y compris de nombreux hérités de la Grèce antique, résident dans l’inconscient collectif et reviennent de manière régressive à la quête d’un passé nostalgique comme délivrance de la souffrance quotidienne actuelle et des craintes pour l’avenir. Ils représentent la tension dualiste permanente entre le « Centre » et l’« Autre ». (2013 : 26 ; [notre traduction])
Le corpus contient une seule référence à l’exposition des trésors thraces au Louvre, en 2015, événement pourtant largement médiatisé en France et significatif pour le touriste :
Ensuite nous nous rendrons dans la Vallée des roses, appelée encore la Vallée des rois Thraces […] Une partie des trésors découverts durant les dernières fouilles archéologiques fut exposée au Musée du Louvre en 2015. (https://randobulgarie.eu/Autotour-La-Bulgarie-classique)
Des qualités artistiques et esthétiques mises en avant
Le vocabulaire valorisant (laudatifs, superlatifs, marqueurs d’excellence, arguments d’autorité et de notoriété) fait ressortir la valeur artistique et la dimension esthétique, cette dernière apparaissant comme un des critères de « haut lieu » pour Jean Davallon (1991, dans Fournier 2010 : 70) :
Les équipements funéraires qui y sont retrouvés sont très impressionnants par la diversité de leurs plans ainsi que par la maîtrise de leur réalisation et la décoration des plus monumentaux parmi eux – les sépulcres. (Guide touristique BG161PO001/3.2-02/2011/006 La Vallée des roses et des rois thraces)
Le Tombeau Thrace “GOLIAMATA KOSMATKA” […] Ici on a retrouvé une multitude d’objets de bronze et d’argent, des tasses et une belle couronne d’or aux feuilles de chêne, exposées dans une des salles du musée, témoignages d’une riche culture thrace sur nos terres. (<http://www.lazarovatravel.com/fr/excursiondetails.php?excid=7>)
Arrivée à Kazanlak pour une découverte du premier tombeau royal Thrace, monument unique de ce genre dans le monde (site UNESCO depuis 1979) […]. C’est un ouvrage artistique et esthétique, chef-d’œuvre de l’esprit créatif thrace. (<http://travelinbulgaria.eu/fr/voyage_unesco>)
Cet éventail de procédés tient son importance du fait qu’il construit un discours touristique promotionnel et donc incitatif, « qui emprunte essentiellement les voies d’un discours évaluatif et plus précisément laudatif, et qui fonctionne globalement selon ce mécanisme inférentiel qui caractérise tout énoncé publicitaire : X est bien (il possède tels attributs positifs) consommez X » (Kerbrat-Orecchioni (2004 : 135).
Dans son ensemble, l’information fournie ne manque pas de richesse et pourrait donner une image assez fidèle au lecteur et potentiel touriste francophone. La communication bulgare traduite en français réussit à rendre le caractère unique de la civilisation thrace, son importance et le niveau élevé de ses acquis culturels. Nous considérons que ces textes accomplissent leur fonction principale qui est de rendre accessible et compréhensible au touriste francophone le patrimoine culturel des Thraces dans leur authenticité. Les principales difficultés qui pourraient se manifester pour un lecteur francophone viendraient d’abord de la structuration générale du texte : celui-ci ne fournit pas de contexte historique et ne prend pas en compte l’appartenance du touriste francophone à une entité sociale et culturelle différente. Ainsi, pour un Bulgare, les Thraces sont déjà suffisamment ancrés dans l’Antiquité, précèdent l’union des Slaves et des Protobulgares qui a donné naissance au premier État bulgare. Pour le lecteur et potentiel touriste étranger, la mention des Thraces ne pourrait pas aller de soi, du fait qu’il s’agit d’une région géographiquement éloignée et méconnue. Afin de rendre la communication bulgare plus accessible aux touristes francophones, une réorganisation du texte pourrait aussi mettre l’accent sur ses points importants et rendre une image globale pluridimensionnelle aux yeux des touristes. La volonté de souligner le caractère unique du patrimoine décrit transparaît dans le texte traduit en français. En effet, la visée du grand nombre de termes spécialisés pourrait être celle-ci : rendre une importance au texte, démontrer son caractère quasi scientifique. Les multiples détails qui y sont parfois mentionnés témoignent, à la différence des textes francophones originaux, comme nous le verrons, d’une culture bien connue dans le pays, bien étudiée par la communauté scientifique et mise à disposition des touristes. Les points de recoupement avec la Grèce antique sont présents, mais de façon accessoire : il est visible que le texte n’anticipe pas le besoin d’une culture extérieure qui refléterait la culture thrace ou qui servirait comme prisme d’interprétation de celle-ci. L’authenticité du patrimoine thrace est signalée par sa présence même dans la vallée et celui-ci ne nécessite pas d’intermédiaire pour être considéré.
L’image perçue du patrimoine thrace observable dans les composantes discursive et linguistique du corpus francophone
Concernant les articles de presse analysés ici[12], nous rappellerons avec Pierre Frustier et Jane Voisin (2004 : 11) que les textes journalistiques sont « représentatifs des attentes des lecteurs dans la mesure où la presse est un miroir de son lectorat, selon des théories confirmées à ce sujet. En conséquence, on espère obtenir une image du territoire ‘perçue’ par les lecteurs. » La deuxième catégorie de documentation étrangère, elle, procède d’un genre de discours touristique relativement nouveau, qui « perturbe également le système d’information classique du tourisme » : « les blogs de voyageurs qui deviennent des sources d’information sur les destinations » (Frustier, 2009 : 115).
Le patrimoine thrace décrit comme le symbole d’un univers autre
C’est bien l’image d’un univers lointain et peu familier qui se dégage des articles de presse français consacrés à l’exposition au Louvre :
la puissance et la splendeur de cette civilisation mystérieuse, encore trop méconnue […] une période jusque-là [2004] trop méconnue du grand public [...] [il s’agit aussi du public bulgare] […] Les fouilles archéologiques menées ces dernières années en Bulgarie ont renouvelé notre connaissance de ce très riche royaume des Balkans. (Le Figaro Magazine, 22 mai 2014)
Leur nom a des sonorités qui semblent familières, mais qu’en sait-on vraiment ? (Le Figaro Histoire, 15 avril 2015)
rien dans ces scènes ne cadre de ce qu’on connaît des cités helléniques. (Le Figaro, 23 février 2015)
Le mystère est de l’ordre de cette même méconnaissance, comme si elle était provoquée par une caractéristique propre de la civilisation thrace, mystérieuse :
mystérieuse civilisation […] (BeauxArts, 1er juin 2015)
force est de reconnaître que les noms des tribus de ces fiers cavaliers semblaient, il y a encore peu, nimbés d’une aura de mystère. (L’Œil, 1er avril 2015)
Le manque d’informations sur la civilisation thrace est perçu comme hors de l’ordre des choses ; cela provoque donc l’étonnement :
une splendeur étonnante […] une richesse insoupçonnée […] remarquable maîtrise des formes, souvent étonnamment proches de l’art moderne […] (Le Figaro Magazine, 22 mai 2014)
étonnant peuple […] Somptueux, raffinés, étonnants par la richesse en or et argent […] (Le FigaroScope, 27 mai 2015)
d’incroyables nécessaires de voyage pour l’autre monde, tout à la fois celtiques, macédoniens et achéménides […] (Le Figaro, 23 février 2015)
À côté de cette série d’épithètes et de formules lexicales qui situent le message touristique dans les registres du mystérieux et du curieux distingués par Seoane (2013a, voir supra, par. 2 de la sect. « Les textes touristiques : une mosaïque de discours »), des questions rhétoriques, qui imprègnent d’expressivité le discours, alimentent également le même imaginaire :
Comment vivaient ces peuples des bords orientaux de la mer Noire ? (Le Figaro Magazine, 22 mai 2014)
Portait-il [Seuthès III] la couronne d’or qui imite des feuilles de chêne ? Elle irait à merveille sur cette tête de bronze. (Présent, 16 mai 2015)
Quel dignitaire pouvait s’offrir un tombeau d’une telle splendeur ? (Le Figaro Magazine, 22 mai 2014)
Le secret non percé ou en cours de divulgation sous les yeux du visiteur, l’univers inconnu, l’or, la richesse, le somptueux : l’ailleurs attrayant qui doit séduire le lecteur s’articule autour de ces thèmes et images dans le corps des publications et dans les titres. Textes et iconographie (gros plans de mobilier funéraire thrace, architecture funéraire, fresques, tumuli) apparentent ces documents au « guide touristique et [aux] autres ouvrages qui accompagnent le voyage comme autant de lieux de formation et de transformation de l’expérience du voyage réel ou virtuel, participant en tant que tels à la création de l’imaginaire touristique des lieux et des objets culturels qu’ils décrivent » (Farina, 2018 : X). Les titres accrocheurs reposent sur un vocabulaire valorisant fait de laudatifs :
La culture méconnue des Thraces révèle sa splendeur au Louvre. (RTBF, 14 avril 2015)
Complexe, somptueuse, brillante et mystérieuse, la Thrace fut l’un des acteurs principaux du monde antique, qui n’a pas fini de livrer ses secrets. (Le Figaro Histoire, 15 avril 2015)
de métaphores à double lecture (imagée et littérale) :
Thrace : un royaume d’or et d’argent (Le Figaro Magazine, 22 mai 2014)
L’or des Thraces brille au Louvre (Le FigaroScope, 27 mai 2015)
sur du lexique du registre mystérieux :
Bulgarie : la Vallée des rois garde ses secrets (Le Vif, 16 juillet 2015)
Secrets de la vallée des rois thraces : derniers jours de l’exposition au Louvre ( France Info, 16 juillet 2015)
En Bulgarie, sur les pas des rois thraces (L’Œil, 1er avril 2015)
Une capitale noyée (Le Figaro, 23 février 2015)
La mystérieuse épopée des Thraces se dévoile au Louvre (Le Figaro Histoire, 15 avril 2015)
Une Thrace un peu moins secrète (Le Figaro, 23 février 2015)
sur des formules ludiques avec reprise de titres littéraires transformés (« palimpsestes verbo-culturels », Galisson, 1999 : 484) :
À la recherche des Thraces disparus (Le Figaro, 23 février 2015), cf. À la recherche du temps perdu de Marcel Proust
ou non transformés :
La fièvre de l’or saisit la Bulgarie, sur la trace des Thraces (L’Express, 28 octobre 2015), cf. La Fièvre de l’or, recueil de nouvelles de Jack London
sur des rimes :
Étonnant peuple que ces voisins nordiques des Grecs antiques. Leurs sépultures, fouillées depuis cinquante ans, révèlent quantité d’objets raffinés, mi-barbares, mi-civilisés (Le FigaroScope, 27 mai 2015)
et sur l’homonymie :
La fièvre de l’or saisit la Bulgarie, sur la trace des Thraces (L’Express, 28 octobre 2015)
L’antithèse : « Thraces, entre steppes et cités » (Présent, 16 mai 2015) contribue également à poser cet « ailleurs exotique et rassurant, virtuellement à la portée de tous », avec un « exotisme ‘aménagé’, un dépaysement préparé et sous contrôle », découlant pour Seoane (2013b : 36, 47) à la fois du mariage du verbal et de l’iconique, opéré par l’émetteur, et de l’expectative de dépaysement dans laquelle se place a priori le lecteur de messages touristiques.
Une authenticité mise en exergue
L’authenticité du patrimoine n’en est pas moins argumentée dans cette communication, alors qu’Aissa Merah et Ismail Bendebili (2016 : 42) établissent que « l’offre des acteurs [de la patrimonialisation] mise en communication doit être signifiante pour susciter l’intérêt et la demande de l’autre, ici le touriste potentiel, et elle doit être basée sur la quête de l’authenticité ». Le corpus francophone présente de nombreux échantillons de discours géographique et historique situant dans le temps et dans l’espace les Thraces et leurs contacts avec d’autres civilisations :
Du 3e millénaire avant J.-C. jusqu’à leur déclin vers le 3e siècle après J.-C., les Thraces ont occupé une partie du territoire actuel de la Roumanie, de la Bulgarie, de la Grèce et de la portion européenne de la Turquie. Comme ils n’ont laissé aucun témoignage écrit[13], c’est au contact direct de leur legs archéologique que l’on peut véritablement apprécier le raffinement et la richesse culturelle de ce peuple qui a vu naître – au propre ou au figuré – Spartacus, Dionysos et Orphée. (Regard sur l’Est, 15 juillet 2009)
Plusieurs éléments clés de la civilisation thrace sont mis en discours, dont le royaume des Odryses et son roi Seuthès III :
Dans les années 325-320 av. J.-C., un chef odryse, Seuthès III, se dégage pourtant de l’hégémonie macédonienne, prend vaille que vaille son indépendance vis-à-vis de Lysimaque, qui, lors du partage de l’empire d’Alexandre en 323 av. J.-C., avait été nommé satrape puis roi de Thrace. Le royaume de Seuthès, qui durera jusqu’à la conquête romaine, quoique plus petit que le premier royaume odryse, a laissé les productions les plus riches du point de vue architectural. (Le Figaro Histoire, 15 avril 2015)
le portrait du Thrace et de la société, le quotidien de cette population :
L’aristocratie avait le monopole des mines d’or et d’argent, de la culture des céréales, de l’élevage des chevaux de race. La Thrace était un fructueux carrefour commercial entre les grandes steppes du Nord, la Grèce, la Perse et le Proche-Orient. D’après le nombre important d’armes et de harnachements mis au jour sur leur territoire, il apparaît que ces peuples, réputés pour leur vaillance guerrière et leurs qualités de cavaliers, étaient en guerre constante non seulement contre leurs voisins, mais aussi avec les autres tribus thraces. (Le Figaro Magazine, 22 mai 2014)
Le rapprochement avec le monde connu, pour les auteurs des textes francophones, c’est un parallèle avec la culture de la Grèce antique. La mise en relation avec les Grecs anciens va plus loin que la simple vérification des sources antiques sur les Thraces et on voit que ces deux peuples vont jusqu’à se confondre parfois, par les adjectifs qualificatifs : « ces voisins nordiques des Grecs antiques » (Le FigaroScope, 27 mai 2015) ; une tête « la plus belle subsistant du monde hellénique » (la tête en bronze de Seuthès III) ; « à l’origine, son peuple, les Thraces, se confond avec la geste homérique » ; « [les tribus thraces] ont donné à la Grèce quelques dieux et quelques personnages mythologiques importants, comme Dionysos, Orphée, Térée » ; « alors que la Grèce connaît un développement en cités, les Thraces gardent des rois tribaux » ; « la remarquable tête de Seuthès III a vraisemblablement été réalisée par un artiste grec employé à la cour » (Présent, 16 mai 2015). Ainsi, les Thraces s’avèrent méconnus, étonnants, proches des Grecs dans l’espace et, jusqu’à un certain point, dans la culture.
Les articles de la presse francophone font cas également d’un renouvellement de l’effort scientifique, en mettant de l’avant des indices de travail de recherche en cours :
Depuis l’après-guerre, bien des trésors ont émergé de quelque 1500 tumuli inventoriés […] les archéologues bulgares […] sont à pied d’œuvre. (Le FigaroScope, 27 mai 2015)
depuis quelques décennies, et aujourd’hui encore, trésors somptueux et mobiliers funéraires souvent complets sont exhumés des sols bulgares. (Le Figaro, 15 avril 2015)
Les archéologues exhument régulièrement les trésors funéraires de l’aristocratie [thrace]. (Présent, 16 mai 2015)
les fruits de fouilles les plus récentes, recelant de véritables trésors. (BeauxArts, 1er juin 2015)
[le tumulus] sera l’objet des prochaines fouilles du Louvre. (Le Figaro, 23 février 2015)
Les textes parlent également de la recherche de « preuve » (Le Figaro Magazine, 22 mai 2014), ce qui est encore un indice de discours scientifique ; de recherche de mise en place sur le plan historique : « souligner son rôle de précurseur » (Le FigaroScope, 27 mai 2015) ; le temps présent indiquant la recherche en cours : « leurs sépultures révèlent quantité d’objets raffinés » (Le FigaroScope, 27 mai 2015). Ce discours scientifique démontre à la fois les connaissances collectives du public étranger et l’information qui est fournie par les sources bulgares. En effet, il n’est pas difficile de voir l’information concernant les Grecs anciens comme un thème connu (et elle est présentée comme tel), et celle sur les Thraces comme un thème nouveau. Ainsi, il est évident que les défis qui se dressent devant un potentiel traducteur bulgare des brochures et des sites Internet ne sont pas seulement de rendre de manière fidèle le texte bulgare en français. Il est impératif de suivre certaines attentes du lecteur français qui formeraient sa perception de cette culture méconnue. C’est une lacune qui rend difficile la lecture, pour le touriste francophone, des textes bulgares traduits en français.
Le discours historique dans la documentation étrangère est entrecoupé de passages littéraires à valeur documentaire (les textes homériques), d’extraits de documents touristiques, de citations de commentaires d’archéologues et de commissaires d’exposition :
Cette civilisation raffinée à la confluence des influences perses, romaines et macédoniennes, entendit rivaliser avec Rome et Athènes dans le domaine des arts, à défaut d’y être parvenue militairement et politiquement. « La Thrace ancienne est surtout célèbre pour ses pièces d’orfèvrerie uniques », rappelle Milena Tonkova, l’une des commissaires de l’exposition (15 avril-20 juillet), où certaines œuvres sont montrées pour la première fois. (RTBF, 14 avril 2015)
et d’anecdotes relatant la découverte de telle tombe où le fait divers prend le dessus et les propos, les pensées et les émotions des équipes archéologiques sont rapportés dans le détail, ce qui nourrit la dimension connotative pittoresque évoquée par Seoane pour le discours touristique (2013a, voir supra, par. 2 de la sect. « Les textes touristiques : une mosaïque de discours ») :
L’histoire de sa découverte, en 2004, est elle aussi tout aussi inouïe. Dans la vallée des rois thraces, la nuit est déjà tombée depuis quelques heures quand, près du village de Shipka, à trois heures de route à l’est de Sofia, les équipiers de Georgi Kitov, l’archéologue bulgare qui conduit les fouilles sur le tumulus de Goliamata Kosmatka, viennent lui annoncer qu’ils buttent contre des alignements de pierre. L’équipe, très exaltée, pense avoir découvert un tombeau. Kitov reste calme : des tombeaux, il en a déjà découvert, mais il a toujours été déçu. La plupart d’entre eux étaient vides, déjà visités par des pilleurs. Cette fois pourtant, il va avoir plus de chance : la chambre funéraire est intacte. Se pourrait-il que la tombe n’ait pas non plus été violée ? L’architecture du bâtiment est si majestueuse que Kitov a immédiatement la certitude qu’il ne peut s’agir que de la sépulture d’un personnage royal […] (Le Figaro Magazine, 22 mai 2014)
L’authentique et l’exceptionnel sont argumentés de manière convaincante par cette démultiplication des instances énonciatives.
Les documents étrangers insistent, eux aussi, sur l’ancienneté de cette civilisation par du vocabulaire temporel et des superlatifs :
L’antique civilisation des Thraces est l’une des plus anciennes au monde et a laissé en héritage d’inestimables trésors et monuments disséminés dans toute la Bulgarie. (<https://ma-bulgarie.fr/les-thraces-en-bulgarie/>)
Une terminologie spécifique (architecturale, militaire, d’origine grecque et latine) suggère là encore la particularité du patrimoine thrace :
Le combattant thrace (peltaste) est un valeureux cavalier équipé de deux lances. (Présent, 16 mai 2020)
Les territoires Thraces ont vu ainsi s’édifier des tumuli, dont beaucoup ont disparu au cours des âges. Les tombes souvent très ornées et garnies d’objets précieux étaient recouvertes d’une butte de terre (tumulus) plus ou moins élevée, selon le rang et la richesse du défunt. (<https://ma-bulgarie.fr/tombe-de-kazanlak/>)
Les fresques qui en [du tombeau de Kazanlak] ornent le corridor (dromos) et l’intérieur de la chambre à coupole en font tout l’intérêt. (<https://coinsdumonde2.blogspot.com/2017/05/bulgarie-la-tombe-thrace-de-kazanlak.html>)
Des gloses à l’attention du lecteur facilitent souvent la perception du patrimoine dans toute son originalité et authenticité : pour Lorenzo Devilla (2017 : 3-4), « cette médiation verbale est nécessaire dans la mesure où le référent culturel est la trace d’un monde ancien dont les significations sont opaques et incompréhensibles pour la plupart des visiteurs ».
La « sélection terminologique », assortie de définitions, de même que les « séquences descriptives et explicatives » (Dechamps, 2018 : 148 ; se référant à Jean-Michel Adam, 2011) citées tout au long de cette section (données géographiques, historiques, géopolitiques, scientifiques, archéologiques), activent le « discours de vulgarisation », vu par Dechamps (2018 : 148-149) comme un constituant essentiel du discours touristique ; ainsi la visée cognitive et la confirmation de l’authenticité du patrimoine présenté apparaissent-elles étroitement associées dans les messages touristiques de valorisation patrimoniale.
Les richesses thraces vues comme une composante identitaire
Une dimension identitaire du patrimoine émerge du discours qui pose le lien direct entre le passé thrace et ses valeurs (héroïsme, puissance, splendeur), devenus quasiment palpables dans les images verbales et visuelles générées, et l’identité du territoire et de sa population, la fierté de celle-ci :
La Bulgarie moderne se passionne pour un passé lointain, celui des Thraces dont ses citoyens se sentent les héritiers. (<https://ma-bulgarie.fr/les-thraces-en-bulgarie/>)
Mais c’est en quittant la capitale pour s’enfoncer au cœur des Balkans que l’on sentira palpiter, davantage encore, l’âme héroïque des tribus thraces, le faste de leurs dynastes épris de luxe et de cavalcades guerrières. (L’Œil, 1er avril 2015)
De plus, des références géopolitiques soulignent, par la mise sur un pied d’égalité avec d’autres civilisations antiques marquantes comme l’Égypte ancienne, la Mésopotamie, la place importante occupée par les Thraces dans le monde antique :
L’apport capital de ces nombreuses exhumations faites non seulement à Goliamata Kosmatka […] est de réhabiliter le rôle de l’Europe balkanique comme foyer de civilisation au même titre que l’Anatolie, la Mésopotamie, l’Égypte, et par certains aspects de souligner son rôle de précurseur dans l’histoire de l’humanité. (Le Figaro Magazine, 22 mai 2014)
La grandeur à l’image de l’Égypte ancienne est aussi connotée par l’adjectif pharaonique (colossal au sens figuré, mais relatif au pharaon [voir TLFi] d’Égypte au sens propre) et l’interférence onomastique (Vallée des rois, appellation partagée par les nécropoles bulgare et égyptienne) au sujet du projet de valorisation de Seuthopolis, gelé depuis, faute de moyens financiers :
Projet pharaonique dans la vallée des Rois : La Bulgarie en quête d’un symbole. Homme calme et discret, Jeko Tilev semble l’incarnation de la réserve et de la modération. Pourtant, cet architecte bulgare maintes fois primé est le maître d’œuvre d’un ambitieux projet aux proportions pharaoniques : faire ressurgir des eaux Seuthopolis, une antique ville campée au cœur de la vallée des Rois thraces. (Regard sur l’Est, 15 juillet 2009)
De l’aspect axiologique du patrimoine de la Vallée des rois thraces
Selon Laurent Sébastien Fournier (2010 : 61), « sous la dimension économique de la mise en patrimoine est toujours logée une dimension axiologique et mythique, celle-là même qui permet d’intéresser les touristes ou plus généralement d’entrer en communication avec autrui ». Les blogues du corpus exploité réservent, eux aussi, une place aux échanges valorisants avec les locaux autour du patrimoine thrace durant le voyage décrit :
Les gardiens de la Tombe sont très aimables et ravis de répondre ne anglais à mes questions. Ils me recommandent de visiter le tumulus voisin. (<https://netsdevoyages.car.blog/2012/09/09/les-tombeaux-des-thraces-autour-de-kazanlak/>)
Après avoir complimenté le guide pour son bon Anglais, il me recommande de filer au musée de Kazanlak voir les objets originaux exposés. Les autres tombeaux sont fermés, faute de gardien. (ibid.)
Nous allions remonter en voiture quand la dame du Musée accourt vers nous (en pleine canicule) pour nous dire d’aller visiter le tumulus de Kazanlak à cinq minutes d’ici. (ibid.)
Considérations esthétiques sur le patrimoine des Thraces
Finalement, un lexique à valorisation euphorique (termes laudatifs du champ du beau, du raffinement et de la richesse, superlatifs, marqueurs d’excellence) pose la valeur esthétique du patrimoine thrace dans le cadre d’un discours connotatif émotionnel (voir Seoane, 2013a, supra, par. 2 de la sect. « Les textes touristiques : une mosaïque de discours ») :
trésors funéraires d’une vertigineuse richesse dont la plupart découverts ces quinze dernières années […] les joyaux prêtés par les musées bulgares. (L’Œil, 1er avril 2015)
l’Or des Thraces, masque funéraire impressionnant provenant du tumulus de Svetitsa (5ème siècle av JC) et des bijoux d’une extrême finesse. (<https://netsdevoyages.car.blog/2012/09/09/les-tombeaux-des-thraces-autour-de-kazanlak/>)
une concentration exceptionnelle de sites archéologiques, indices de la présence des Thraces, une des principales civilisations du monde antique dans les Balkans […] Des centaines de constructions, tombes, tumuli, lieux de culte, roches sculptées témoignent de la richesse et de l’avancement de ce peuple, dont la culture rayonna pendant des siècles sur cette région. (<http://pixiland.info/fr.page10u.htm>
Des descriptions vivantes de paysages, architecture et statues de personnages, soucieuses du détail et de l’expressivité (adjectifs, noms, locutions verbo-nominales, comparaisons, métaphores), permettent de visualiser avec beaucoup de pittoresque des éléments du patrimoine qui prennent vie sous les yeux du lecteur :
Ponctuant la vaste plaine comme autant de mamelons, des chapelets de tumulus dévoilent ainsi aux rares touristes de sublimes architectures souterraines aux allures de cosmos en réduction. Baptisée de façon un peu pompeuse « la Vallée des Rois », la région de Kazanlak abrite, outre la capitale et la tombe de Seuthès III, l’un de ces tombeaux les plus célèbres. (L’Œil, 1er avril 2015)
Son regard déterminé est cerné par d’épais sourcils ; sa tête massive se prolonge d’une barbe broussailleuse et les traits du visage sont fortement individualisés, jusqu’au grain de beauté sur la joue gauche. Cette superbe tête de bronze à l’effigie de Seuthès III, souverain du royaume des Odryses, au cœur de la Thrace antique, est une des pièces maîtresses de l’exposition que le Louvre consacre à cette mystérieuse civilisation. (BeauxArts, 1er juin 2015)
Dans les blogues de voyages, une subjectivité inhérente au genre renforce la spécificité et l’intérêt esthétique du patrimoine : par le vécu du narrateur (événementiel et ressenti) :
Nous visitons le plus important [tombeau thrace] ou plutôt sa copie, car l’original situé à côté est fermé au public […] Une fois à l’intérieur, nous sommes frappés par la qualité des fresques murales […] la finesse des détails et l’expression des personnages dépassent certaines fresques romanes […] Malheureusement, les photos sont interdites. (<http://deliredecrire.blogspot.com/2016/10/recit-de-voyage-en-bulgarie.html>)
ou par son jugement personnel et ses interactions avec les lecteurs émettant à leur tour des jugements valorisants :
En bref… Un exemple assez unique d’art préhellénistique […]
Commentaire :
leda 4 mai 2017 à 22 :52 Superbe découverte ! Et article toujours très intéressant.
Réponse :
Julien G. - Coins du Monde 5 mai 2017 à 18 :16 La culture Thrace est assez localisée et il faut aller dans les Balkans pour la découvrir !
Commentaire :
Jacqueline 6 mai 2017 à 18 :06 Et tout ça avant JC ? ? ? Les peintures sont absolument magnifiques ! Je partage tout de suite
Réponse :
(<https://coinsdumonde2.blogspot.com/2017/05/bulgarie-la-tombe-thrace-de-kazanlak.html>)
Nous pouvons voir que l’appropriation culturelle, ou plutôt l’entrée du patrimoine thrace dans le champ culturel francophone, est effectuée à plusieurs échelons : la reconnaissance d’une nouveauté identitaire ; l’inscription de celle-ci dans un système axiologique existant ; la reconnaissance, enfin, d’une altérité, tout en conservant suffisamment d’indices de cohésion et de partage culturels. Le discours de valorisation mis en place n’est ainsi pas un vain exercice de style dans le but de vendre le produit touristique, mais repose sur des faits scientifiques attestés et vise à promouvoir la connaissance mutuelle entre les deux espaces culturels. Si l’on devait répondre ne serait-ce qu’à quelques-unes des questions[14] que posent Kelly Caton et Keith Hollinshead (2017 : 5-6), il ressort d’abord que le lieu recherché (« there ») est représenté par des valeurs culturelles mutuellement reconnues (déjà citées). Nous proposons une méthode de mesure de la concordance des deux systèmes culturels par le décompte des informations factuelles dans les documents et les exemples de différents types de discours valorisants ; la culture régionale est très bien accueillie à l’étranger, et cela confirme son importance dans la région originelle ; le retour d’expérience de la part des touristes francophones est la preuve de cette même valorisation mutuelle.
Conclusion
Au fil de cette étude, à côté des points de recoupement entre les deux démarches observées (cf. mise en place d’un discours spécialisé sur l’architecture décrite, emploi de terminologie savante, diversité de formules lexicales valorisantes), un certain nombre de divergences thématiques, discursives et linguistiques ont été relevées dans la représentation du patrimoine thrace. La mise en relief de ses aspects authentique, identitaire, axiologique, esthétique, d’altérité dans le corpus relatif à l’« image perçue » nous permet d’y distinguer des objectifs spécifiques de promotion, d’information, de présentation, réalisés, dans une très large mesure, en cohérence avec les principes d’une communication valorisant les biens culturels. Communiquer le produit culturel suppose en effet, comme l’indiquent Jean-Yves Duyck et Jean-Dominique Riondet (2008 : 180), de prendre en considération le fait que « dans la mesure où le patrimoine est porteur de valeurs, par principe, sa communication les contient. À défaut, le produit perd tout ou partie de sa qualité patrimoniale. »
Les observations exposées précédemment nous ont permis d’identifier des thèmes et des images susceptibles d’intriguer le public étranger et des techniques discursives et des outils linguistiques intéressants en vue de la mise en scène d’un patrimoine et de sa valeur culturelle et historique originale dans le document touristique : le portrait d’une civilisation étrangère à travers ses personnages éminents, société et mode de vie et des références historiques, géopolitiques, littéraires, mythologiques, culturelles qui facilitent sa compréhension ; une diversité de discours et d’énonciateurs ; des composantes subjective, émotionnelle, curieuse, pittoresque, ludique et mystérieuse développées. Un discours touristique en effet très hybride – objectif, historiographique, d’une part, et imagé et subjectivant, tissé de connotations linguistiques et iconiques, pour reprendre la vision de Seoane (2013a : 18), de l’autre – y dessine sous les yeux des touristes étrangers l’image patrimoniale, avec le souci de prendre en compte les connaissances extralinguistiques et linguistiques présentes ou absentes chez eux.
La valorisation du patrimoine thrace fait sans aucun doute partie du produit touristique, mais ce discours, tout en gardant sa visée de promotion, dévoile des richesses et conduit son lecteur dans un monde inconnu. Il représente un véritable pont entre deux espaces culturels possédant des différences considérables, mais en même temps appartenant à une même culture, bercée dans l’Antiquité. Et nous pouvons conclure que l’accès, la perception et l’adhésion du touriste en devenir au patrimoine présenté dans la communication touristique seront par principe d’autant plus prononcés et riches d’effets pragmatiques que la présentation factuelle, formaliste et esthétique sera conjuguée à un rehaussement, par le discours et par la langue, de l’émotion, de la curiosité et des significations de nature historique, culturelle et interculturelle qui sont partie intégrante des biens patrimoniaux : la coexistence du matériel et de l’immatériel offerte par toute découverte dans le réel n’en sera de la sorte que plus efficacement reflétée dans les messages touristiques, en avant-goût du futur voyage.
Appendices
Notes
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[1]
Conduite dans le cadre du projet « Quels outils linguistiques et stratégies de communication pour une valorisation du patrimoine culturel matériel et immatériel national ? », № К-П-06-Франкофония/1/20.12.2018, financé par l’Agence universitaire de la francophonie et le Fonds de recherches scientifiques – Bulgarie.
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[2]
« Nous définissons l’esprit du lieu comme l’ensemble des éléments matériels (sites, paysages, bâtiments, objets) et immatériels (mémoires, récits oraux, documents écrits, rituels, festivals, métiers, savoir-faire, valeurs, odeurs), physiques et spirituels, qui donne du sens, de la valeur, de l’émotion et du mystère au lieu. Plutôt que de séparer l’esprit du lieu, l’immatériel du matériel, et de les mettre en opposition, nous avons exploré les différentes manières dont les deux sont unis dans une étroite interaction, l’un se construisant par rapport à l’autre. L’esprit construit le lieu et, en même temps, le lieu investit et structure l’esprit. » Déclaration de Québec sur la sauvegarde de l’esprit du lieu adoptée à Québec, Canada, le 4 octobre 2008.
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[3]
Aloïs Riegl (dans Choay, 2007 : 124-126, Merah et Bendebili, 2016 : 36) distingue en 1903 deux catégories de valeurs : celles de remémoration, liées au passé et à la mémoire (l’histoire, l’histoire de l’art, l’ancienneté du site), et celles de contemporanéité, liées au présent (l’art dans ses pratiques actuelles et l’usage sous forme de tradition et d’artisanat).
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[4]
Ainsi, pour le site du ksar de Temacine (bas Sahara algérien), « les valeurs particulières qui font son authenticité et justifient sa valorisation : le passé glorieux de ses fondateurs, les valeurs de ses populations, les caractéristiques architecturales, le savoir-faire de ses artisans, les traditions sociales, les arts anciens, les mythes des caravanes et des routes du désert, la dimension spirituelle des lieux, etc. » (Merah et Bendebili, 2016 : 36).
-
[5]
L’analyse effectuée à l’aide du logiciel PATCOM (Frustier et Germain, 2008) est basée sur la recherche, dans un corpus de documents, des indices de la présence de huit champs de consommation touristique : les champs patrimoniaux « Architecture », « Histoire », « Sciences & techniques », « Musées », « Nature », « Sports & loisirs », « Gastronomie », « Culture vivante » (déclinés en sous-rubriques), dans lesquels sont donc répertoriées les principales composantes sémantico-lexicales du texte et de l’image, constitutives du domaine notionnel du patrimoine. Le résultat est visualisé sous forme de « profils patrimoniaux » (graphiques de pourcentages) qui permettent de s’interroger sur les politiques de communication ou d’aménagement qui produisent ces images et sur leurs conséquences éventuelles en termes d’identité des territoires et de culture locale.
-
[6]
Les extraits de documentation touristique contenue dans les deux corpus sont reproduits tels qu’ils apparaissent dans leur version originale, erreurs comprises.
-
[7]
Selon l’archéologue Kitov, celui-ci aurait servi de phiale dans laquelle le souverain Térès Ier buvait du vin avant de le mettre sur son visage, forçant le respect chez l’assistance par cette transformation (Bonev, 2019).
-
[8]
Cf. hydrie : « vase à panse bombée, destiné à contenir ou à puiser de l’eau, ordinairement muni de petites anses latérales et d’une grande anse verticale », TLFi ; phiale : « coupe sans pied ni anse, généralement en métal précieux, destinée aux libations », TLFi ; kylix : « vase peu profond et évasé utilisé pour déguster du vin lors des symposia », Wikipédia.
-
[9]
Cf. rhyton : « vase à boire en forme de corne ou de cornet façonné en métal ou en terre cuite et représentant, le plus souvent, une tête d’animal », TLFi ; œnochoé : « pichet à vin qui sert à puiser le vin dans le cratère – où il a été coupé à l’eau – avant de le servir », Wikipédia ; pithos : « profonde jarre d’origine grecque, ayant une faible base », Wikipédia ; amphore : « vase de terre cuite, de forme ovoïde, à deux anses et à col allongé, servant à conserver et à transporter des liquides ou des grains », TLFi.
-
[10]
Cf. kymation : cimaise, « moulure constituant le haut d’une corniche. Elle est généralement constituée de deux courbes en forme de S », Wikipédia ; bucrane / bukrane : « motif ornemental qui se composait d’une tête de bœuf décharnée, aux cornes ornées de guirlandes et de fleurs, et qui fut utilisé pour la décoration des frises de temples et d’autels », TLFi ; stéréobate : « soubassement continu dépourvu de moulures, de base et de corniche, servant de piédestal à une colonnade », TLFi ; acrotère : « socle disposé aux extrémités ou au sommet d’un fronton ou d’une colonne et servant de support à des statues, à des vases ou à d’autres ornements », TLFi ; antéfixe : « ornement de sculpture en terre cuite, pierre, marbre, ou airain qui décorait le bas et quelquefois le faîte du toit des édifices publics ou privés pour masquer les vides des tuiles creuses », TLFi ; architrave : « partie inférieure de l’entablement qui porte directement sur les chapiteaux des colonnes ou des pilastres », TLFi.
-
[11]
Cf. « Devant le complexe a été découvert le tombeau sarcophage vide et la trizna. Parmi les fragments de la trizna / rite funèbre chez les thraces-restes d’un feu rituel, de morceaux de poterie cassée lors du repas funèbre / se distinguent ceux des pithos, amphores /certains avec sceaux / petits vaisseaux, un acrotère six antéfixes d’une décoration plastique et des restes de stuc. » (<http://www.muzei-kazanlak.org/index.php?option=com_content&view=article&id=73%3A2013-12-09-23-43-37&catid=51%3A2013-12-01-08-32-27&Itemid=89&lang=fr>)
-
[12]
Parus en France, en Belgique et en Suisse principalement en 2015 (grande exposition de trésors thraces au Louvre) et en 2009-2010 (projets de valorisation des vestiges de la cité thrace de Seuthopolis).
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[13]
Affirmation nuancée par Alexandre Baralis, archéologue du Louvre, qui parle, conformément aux hypothèses les plus récentes, d’« une culture spécifique et [d’]une écriture originale qu’on commence tout juste à décrypter ». Le Figaro, 23 février 2015.
-
[14]
Des questions qui concernent l’établissement d’une identité du lieu par rapport aux valeurs culturelles ; les méthodes qui permettraient de mesurer ou d’interpréter les phénomènes ; la présence d’un pouvoir « doux » qui vise l’acceptation du patrimoine à l’étranger, en véhiculant certaines de ses qualités positives ; la conception de l’époque privilégiée (la tradition ou la contemporanéité) ; l’accord ou le désaccord avec la vision « douce » proposée par les institutions.
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