FR:
Le tourisme devient une source de richesse pour les villes méditerranéennes qui profitent de la mondialisation. Pourtant, le processus de mise en scène et en récit de ces métropoles transforme le paysage urbain et les usages de l’espace public. D’un côté, la stratégie touristique vise à proposer une image de qualité de la ville auprès des touristes internationaux, renforçant son attractivité et nécessitant la création de nouveaux espaces de loisirs ; de l’autre côté, la réussite de cette entreprise de communication et de marketing amène une situation de tension causée par une surfréquentation de visiteurs et une concentration de problèmes sociaux que le nouveau terme de tourismophobie synthétise. La « révolte » du quartier de la Barceloneta en août 2014 et d’autres quartiers de la capitale catalane entre 2014 et 2017 atteste une situation de crise et de transition urbaine que nous analysons à partir d’une enquête de terrain originale qui repose sur l’étude des pancartes revendicatrices accrochées aux balcons des habitants, des entretiens avec des locaux et un recensement statistique auprès de l’Office de tourisme de Barcelone. Nos résultats mettent en avant trois éléments pour expliquer les tensions sociales issues de la confrontation de deux modes de vie, sédentaire et nomade : 1) Barcelone et ses districts de front de mer sont victimes d’un succès et d’une attractivité touristique exponentielle, mais aussi d’une superposition concomitante de processus d’attraction engendrant des flux continus de tourisme d’affaires et d’agrément, à savoir : l’héliotropisme, l’haliotropisme et une métropolisation renforcée ; 2) le tourisme résidentiel et l’innovation numérique impliquent une redéfinition importante de l’offre immobilière locative, bouleversant le corps social du centre-ville et de quartiers populaires qui ont profité parallèlement d’une intervention urbanistique de qualité dans les années 1990 à la suite des Jeux olympiques (JO) ; 3) une crise urbaine s’observe en relation avec l’activité touristique et ses conséquences, engendrant la volonté de trouver une nouvelle gouvernance touristique, mais nous identifions un manque de vision stratégique et des contradictions idéologiques dans la capacité à arriver à une coprésence harmonieuse touristes–habitants.
EN:
Barcelona and Mass Tourism: Tourismophobia and Coexistence – Tourism is becoming a source of wealth for Mediterranean cities that benefit from globalization. Yet the staging and storytelling process of these cities transforms the urban landscape and the uses of public space. On the one hand, the tourism strategy aims to provide a quality image of the city with international tourists, promoting its attractiveness and involving the creation of new recreational areas; on the other hand, the success of this communication and marketing process creates a tensed situation in old port districts, sometimes neglected due to visitor overcrowding and the concentration of social problems, that the new term “tourismophobia” sums up well. The Barceloneta “revolt” in August 2014 and in other areas of the Catalan capital from 2014 to 2017 testifies to a crisis and urban transition that we analyze from an original field survey based on the study of the demands set out on placards hanging from the inhabitants’ balconies, interviews, and a census from the Barcelona Tourist Office. Our results highlight three elements explaining social tensions from the confrontation of two lifestyles, sedentary and nomadic: (1) Barcelona and its waterfront districts are victims of success and exponential tourist attraction, but also concomitant superposition of the attraction process generating continuous streams of business and leisure tourism, namely: heliotropism, heliotropism, and increased metropolization; (2) residential tourism and digital innovation involve a significant redefinition of the rental properties, upsetting the social core of the town centre and popular neighbourhoods who simultaneously took advantage of a quality urban operation in 1990; (3) an urban crisis related to tourism and its consequences can be observed, and it engenders the desire to find a new tourism governance, but we identify a lack of strategic planning and ideological contradictions in the ability to arrive to a peaceful co-presence tourists – inhabitants.