Abstracts
Mots-clés :
- Tourisme,
- développement durable
L’Organisation des Nations Unies (ONU) a proclamé l’année 2017 « Année internationale du tourisme durable ». Le choix de l’année 2017 pour souligner cette année internationale converge avec le cinquantième anniversaire de la première année du tourisme désignée par l’ONU, en 1967 (Nations Unies, 2017). En un demi-siècle, s’est donc adjoint un qualificatif au terme de « tourisme » : le tourisme peut et doit dorénavant être « durable ». Cette année internationale s’inscrit dans le cadre du vaste Programme 2030 de l’ONU. Ce dernier prend la forme d’un plan d’action reposant sur dix-sept objectifs dans les secteurs économique, du développement social et de l’environnement. Le choix de reconnaître une année internationale du tourisme, parmi les autres activités humaines, s’explique par ses impacts nombreux et variés qui s’ajoutent à son effet catalyseur sur cinq des dix-sept objectifs du programme. Par exemple, l’ONU a identifié que le tourisme durable pouvait, par sa contribution potentielle au partage des retombées de la croissance économique, participer à la réduction de la pauvreté. Il peut aussi favoriser l’inclusion sociale, par une meilleure répartition des emplois, une accessibilité et une répartition plus équitable des ressources et un élargissement à une plus vaste participation de la population au tourisme. Bien que l’attention portée au tourisme comme vecteur de lutte contre la pauvreté ne soit pas nouvelle , l’intérêt grandissant pour le tourisme « pro-pauvres » découle du choix fait par « l’industrie du développement » de placer la lutte contre la pauvreté au centre de ses actions (Sarrasin et al., 2012). L’énergie déployée autour du programme 2030 de l’ONU participe à l’apparition d’un certain nombre d’approches dites « pro-pauvres » qui mettent explicitement l’accent sur les plus démunis d’une société, comme en témoignent les stratégies de croissance ou de conservation pro-pauvres . En misant sur le rôle central du marché et sur la croissance phénoménale de l’industrie touristique, cette démarche attire l’attention sur les façons de maximiser le potentiel du tourisme dans la lutte contre la pauvreté. Le tourisme pro-pauvres est ainsi défini comme un tourisme qui génère des « bénéfices nets » pour les pauvres, bénéfices qui peuvent être économiques, mais aussi sociaux, environnementaux ou culturels . Cette définition fait écho à celle du tourisme durable. Celui-ci est interpellé au plus haut point par les changements climatiques. Le rôle fondamental du transport dans l’industrie touristique contribue aux modifications du climat, et les flux touristiques sont également influencés par les effets des perturbations sur les paysages (ex. : ceux de la montagne avec la disparition des « neiges éternelles », ou les paysages littoraux avec la perte de grandes plages due aux fortes marées) et sur l’intensité des intempéries (ex. : pendant la saison des « tornades ») (Lapointe et al., 2015). Le tourisme est par ailleurs sollicité pour sa capacité à faire partager les valeurs et la diversité culturelles, ainsi qu’à faire connaître et reconnaître les patrimoines naturels et culturels. Quand on connaît les régions, les traditions, les individus, il est plus facile de s’y attacher et de vouloir les protéger. Par la proclamation de l’année internationale du tourisme durable, ce sont donc les décideurs, les acteurs de l’industrie comme le grand public, notamment à titre de consommateurs, qui sont invités à s’impliquer pour assurer la protection et le partage équilibré des ressources et à faire des choix éclairés, qui contribuent à l’équité, la durabilité et la pérennité des ressources et à l’amélioration de la qualité de vie des individus. Le programme est ambitieux. Pour se réaliser, il doit s’opérationnaliser, ne pas rester au niveau des discours politiques. La déclaration de l’année internationale du …
Appendices
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