Abstracts
Résumé
Cet article tente d’examiner la relation entre le développement touristique, la réduction de la pauvreté et les inégalités de revenus. Sur un échantillon de 46 pays en développement, avec un accent particulier sur les pays du Sud et de l’Est méditerranéen (PSEM) pendant la période 1980-2009, nos résultats suggèrent que le tourisme international est généralement favorable à la réduction de la pauvreté dans de nombreux pays en développement et plus particulièrement dans les PSEM qui se concentrent sur le tourisme. Ces résultats soulignent l’importance du tourisme international pour les pauvres.
Mots-clés :
- tourisme international,
- pauvreté,
- inégalités de revenus,
- PSEM,
- données de panel
Abstract
This article examines the relationship between tourism development, reduction of poverty and income inequality. On a sample of 46 developing countries, with a particular focus on the Southern and Eastern Mediterranean Countries (SEMC) during the period 1980-2009, our results emphasize the importance of international tourism in reducing poverty in many developing countries and especially in SEM countries that focus on tourism. These findings highlight the importance of international tourism for the poor.
Keywords:
- international tourism,
- poverty,
- SEM countries,
- panel data
Article body
La lutte contre la pauvreté s’inscrit de nos jours comme l’un des objectifs prioritaires des politiques et des stratégies de développement. Selon les estimations de la Banque mondiale de 2008, près de la moitié de la population dans les pays en développement – ce qui représente un total de 2,8 milliards de personnes – vit avec moins de deux dollars par jour. À noter également qu’un ensemble de pays de la communauté internationale se sont entendus sur un accord baptisé « Objectifs du millénaire pour le développement » (OMD), qui visait à réduire de moitié la proportion de la population mondiale vivant dans une situation d’extrême pauvreté avant la fin de l’année 2015. Pour y parvenir, des combinaisons très spécifiques de stratégies de croissance et de politiques d’aide devaient être adoptées par chaque pays. La pauvreté est un concept complexe et multidimensionnel. Selon, Deepa Narayan et ses collègues (2000), elle se manifeste de plusieurs manières, dont : la pauvreté monétaire, la faim, la malnutrition, le sexisme, le manque d’accès aux services essentiels, notamment l’éducation, l’eau et l’assainissement, les soins de santé, la sécurité et le logement.
Par ailleurs, l’Organisation mondiale du tourisme (UNWTO, 2015) estime que le tourisme représente jusqu’à 10 % du produit intérieur brut mondial (PIB), ce qui en fait la plus grande industrie du monde. Le tourisme international est le secteur économique grâce auquel les pays en développement, à l’exception des pays producteurs de pétrole, ont réussi à accroître leur participation à l’économie mondiale. La possibilité pour le tourisme de contribuer de manière significative à la réduction de la pauvreté est considérable.
En se basant sur des études empiriques, un grand groupe de partisans, y compris la Banque mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI), cherchent à déterminer dans quelle mesure le secteur touristique est favorable à la réduction de la pauvreté. La proposition que la croissance économique réduit la pauvreté est implicite et puisque le tourisme génère de la croissance, il peut vraisemblablement améliorer la situation des pauvres. Le tourisme, par conséquent, offre l’une des meilleures opportunités de croissance en termes de recettes en devises, d’emplois et d’attraction des investissements. Le seul lien manquant dans cette approche est le lien empirique entre le tourisme et la réduction de la pauvreté et des inégalités de revenus.
Cependant, l’existence d’un consensus à l’effet que le tourisme joue un rôle dans la réduction de la pauvreté n’est toujours pas clair. De nombreux chercheurs (entre autres Ashley et al., 2001 ; Ashely et Goodwin, 2007) ont démontré qu’il est difficile de conclure que le tourisme contribue à la réduction de la pauvreté. Cela dépend de l’importance de son intégration dans l’économie nationale. La plupart des impacts évidents du tourisme sur la réduction de la pauvreté restent majoritairement à un niveau micro, spécifique à une zone géographique restreinte et à une niche donnée, ce qui ne permet pas de tirer des enseignements généraux sur le tourisme « pro-pauvre ».
Dans la littérature empirique, de nombreuses études ont porté sur la relation entre le tourisme international et la croissance économique. Le bilan de ces études démontre qu’il est difficile d’établir une relation forte entre ces deux variables. Certaines études révèlent une relation positive et significative entre le tourisme international et la croissance économique (dont Fayissa et al., 2007 ; Proença et Soukiazis, 2008 ; Schubert et al., 2011). D’autres encore rapportent une relation positive mais non significative (Sequiera et Campos, 2005)[1]. Par contre, à la différence du lien entre tourisme et croissance, on répertorie bien peu d’études empiriques du développement économique qui ont cherché à savoir si le tourisme international contribue à la réduction de la pauvreté et des inégalités de revenus. Cette lacune ne permet pas d’éclairer efficacement les décisions politiques.
En conséquence, la présente étude vise à évaluer l’impact du tourisme international sur la réduction de la pauvreté et les changements dans la répartition du revenu dans de nombreux pays en développement, tout en focalisant l’analyse sur quelques pays du Sud et de l’Est du bassin méditerranéen (Égypte, Jordanie, Maroc, Syrie, Tunisie, Turquie). Ces pays s’appuient essentiellement sur le secteur touristique qui y revêt une importance particulière sur le plan macroéconomique. Il convient de noter également que la majorité des PSEM ont à la fois un niveau de revenu faible et un retard particulièrement important sur les plans social, éducatif et économique. Néanmoins, ces pays ont généralement un taux de pauvreté monétaire relativement faible par rapport à d’autres régions du monde telles que l’Afrique sub-saharienne et l’Amérique latine.
L’approche que nous avons adoptée consiste à utiliser plusieurs méthodes économétriques, notamment les techniques de données de panel ou données individuelles-temporelles. Cette double dimension implique une augmentation de l’information disponible, permettant ainsi d’améliorer la précision des paramètres estimés. En plus, les données de panel ont l’avantage de tenir compte des spécificités de chaque pays à l’aide de variables observables et individuellement spécifiques.
Notre article est structuré comme suit. Après une revue de la littérature dans la prochaine section, nous examinerons la spécification empirique, les données et la méthodologie adoptée. Nous procéderons ensuite à l’analyse des résultats statistiques et économétriques obtenus pour terminer dans la dernière section avec quelques conclusions et recommandations.
Revue de la littérature
Jusqu’à récemment, le rôle du tourisme dans la réduction de la pauvreté a attiré seulement une petite cohorte de chercheurs dans les études de l’économie touristique, et la littérature existante se compose principalement d’études de cas (voir par exemple Barling, 2005 ; Chok et al., 2007 ; Muhanna, 2007). En outre, il y a peu de travaux méthodologiques dans ce domaine, les exceptions étant Stephen Wanhill (1994), Adams Philip et Brian Parmenter (1995), Adam Blake (2000), Larry Dwyer, Peter Forsyth, John Madden et Ray Spurr (2000), et Adam Blake et Tea M. Sinclair (2003). Il y a donc un besoin urgent d’une approche plus systématique, globale et cohérente pour guider les recherches dans ce domaine (Zhao et Ritchie, 2007 : 121)[2].
Traditionnellement, le développement touristique local a été considéré comme un objectif principal de la croissance économique régionale, alors que la réduction de la pauvreté a été considérée comme soit un sous-objectif, soit un résultat naturel de la croissance (Deloitte et al., 1999 ; Ashley et al., 2000). La croyance communément répandue est que tant que l’ensemble de la région s’enrichit, les avantages apportés par la croissance économique finiront par rejaillir sur la pauvreté locale à travers de multiples canaux, tels que l’emploi, l’aide sociale, la santé et les réseaux familiaux (Zeng et al., 2005). Cela ne semble pourtant pas toujours être le cas. Les bénéfices du tourisme et les retombées sur les pauvres dépendent du modèle de développement touristique choisi (Christie, 2002). Il se peut qu’une bonne partie des dépenses touristiques s’échappe du pays d’accueil et que celles qui y restent ne soient pas destinées au service des pauvres, mais aux tranches aisées de la population.
Il y a un certain nombre d’exemples, en particulier dans les pays en développement, où les grandes entreprises étrangères accaparent l’industrie touristique. Les pays en développement ne reçoivent qu’une partie des dépenses touristiques (Saayman, 2007 ; Saayman et al., 2012). Neil L. McCulloch, Alan Winters et Xavier Cirera (2001 : 248) estiment même que la part des dépenses touristiques dans les pays en développement qui est captée par les pays développés s’élèverait entre 55 % à 75 %. Plusieurs arguments peuvent être avancés pour expliquer cette situation, notamment la puissance des voyagistes internationaux (Broham, 1996), le rapatriement des profits par les entreprises touristiques appartenant à des étrangers et la grande propension marginale à importer des touristes (Jules, 2005). Il est à noter que la fuite d’une partie des revenus en devises étrangères générés par le tourisme a été depuis longtemps reconnue dans la littérature traitant des impacts économiques de ce secteur (voir par exemple Fletcher, 1989 ; Archer, 1996).
Par ailleurs, bien que le tourisme puisse accroître les recettes publiques, la répartition de ces revenus est incertaine (Blake et al., 2008 : 113). Dans les cas où les recettes du tourisme sont utilisées à des fins autres que touristiques, l’économie locale et le pays ne bénéficieront pas nécessairement du développement de cette industrie. En fait, dans la plupart des cas, le pays hôte doit encourir des coûts supplémentaires et les conséquences sociales sont négatives. De même, la nature des investissements touristiques et le manque d’engagement de la part des pauvres peuvent engendrer une fuite des touristes, donc de leurs dépenses, vers d’autres destinations. Les revenus générés ne bénéficieront donc pas aux pauvres, mais aux segments de la population les mieux qualifiés et les plus riches (OMT et SNV, 2010).
Le concept de pro-poor tourism[3] a récemment été proposé comme une solution au problème de la fuite (Carbone, 2005). L’idée est que le secteur du tourisme peut générer des bénéfices nets pour les pauvres. Certains des avantages seront directs, tels que l’augmentation des salaires individuels grâce à l’emploi dans le secteur formel, alors que d’autres seront indirects, tels que l’amélioration de l’infrastructure, l’assainissement, les niveaux d’éducation et de la santé, et la protection de l’environnement. Maurizio Carbone (2005) soutient que le développement du secteur du tourisme peut être plus propice à une croissance favorable pour les pauvres qu’au développement d’autres secteurs en raison des effets multiplicateurs considérables et des opportunités du secteur informel créées pour les travailleurs non qualifiés et les femmes. À ce sujet, Eugenio Yunis (2004) argue que le tourisme permet aux communautés rurales de bénéficier d’une partie des revenus générés par les ressources du tourisme dans leur région, mais aussi en intégrant les activités traditionnelles de ces communautés dans l’offre touristique. Comme le tourisme est un secteur à très forte intensité de main-d’œuvre, il est une source importante de création d’emplois. Cela donne la possibilité aux jeunes et aux femmes de travailler et peut aussi résulter en la création de nouvelles petites entreprises (voir Weinz et Servoz, 2011 : 3).
Weibing Zhao et Brent Ritchie (2007 : 120) considèrent que « la confluence du tourisme et de la pauvreté, qui étaient auparavant deux domaines distincts, reflète un changement essentiel dans la philosophie du développement du tourisme et la réduction de la pauvreté ». Regina Scheyvens (2007), pour sa part, est d’avis que la réduction de la pauvreté et le tourisme sont de plus en plus liés. Cela se retrouve dans la plupart des documents politiques des pays en développement qui traitent de croissance économique – où le tourisme est considéré comme un outil important pour lutter contre la pauvreté. Un rapport de l’Organisation mondiale du tourisme intitulé Tourism and Poverty Alleviation Recommendations for Action, publié en mars 2004 (UNWTO, 2004), énumère sept moyens susceptibles de faire bénéficier les plus pauvres du développement touristique. Ces différents moyens peuvent être utilisés soit séparément, soit simultanément, selon les projets touristiques considérés :
Emploi des plus pauvres dans les entreprises touristiques ;
Fourniture de produits et de services par les plus pauvres aux entreprises du secteur touristique;
Vente directe de produits et de services par les plus pauvres aux touristes ;
Création et gestion d’entreprises touristiques par les plus pauvres ;
Mesures d’incitation fiscale bénéficiant aux plus pauvres ;
Actions de bénévolat des firmes touristiques et des touristes ;
Investissement dans les infrastructures de base bénéficiant à la fois aux plus pauvres et au développement touristique.
Si les décideurs doivent être convaincus de la nécessité de mettre en place des initiatives pour augmenter les dépenses des touristes et encourager les entrepreneurs locaux, ils auront besoin de preuves de l’impact du tourisme sur la réduction de la pauvreté et des inégalités. De ce fait, quelques auteurs ont tenté d’examiner le lien de long terme entre le tourisme international et la réduction de la pauvreté, en utilisant généralement le développement récent de l’économétrie des séries temporelles. Les résultats de ces études sont mitigés.
Robertico Croes et Manuel Vanegas (2008) par exemple ont examiné la relation entre le tourisme et la réduction de la pauvreté au Nicaragua dans le cadre d’une modélisation vectorielle autorégressive (VAR) assortie d’une analyse de la cointégration durant la période 1980-2005. Ils ont pu établir que le tourisme a un impact significatif sur la réduction de la pauvreté. De même, Louis Dupont (2009) a utilisé les tests de causalité de Granger dans le cadre d’un modèle vectoriel à correction d’erreur (VECM) pour analyser les relations de causalité entre développement touristique, croissance économique et réduction de la pauvreté en Haïti de 1965 à 2005. Cette étude utilise comme indicateur de mesure de la pauvreté le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, seuil fixé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) à un dollar par jour et par habitant, en parité de pouvoir d’achat (PPA). L’étude a montré une relation unidirectionnelle entre la réduction de la pauvreté et le développement touristique. Ainsi, la réduction de la pauvreté se traduirait par du développement touristique, et non l’inverse.
Saint-Martin Mongan (2010) a quant à lui analysé la relation entre la croissance économique, les arrivées touristiques et l’espérance de vie à la naissance, retenue comme proxy (variable approximative) de la pauvreté, dans le cas du Burkina Faso, pour la période allant de 1977 à 2008. Il a constaté que le tourisme a un impact positif mais très faible sur la pauvreté.
Après cet exposé de la littérature existante sur le sujet, nous examinons dans ce qui suit, en utilisant l’économétrie des données de panel basée sur un échantillon des pays en développement, particulièrement sur les pays du Sud et de l’Est méditerranéen, l’existence ou non d’un effet favorable du développement touristique sur la réduction de la pauvreté et des inégalités.
Spécification empirique, données et méthodologie
Détermination du modèle
Avant de présenter le modèle à estimer, il convient de résumer les canaux par lesquels le développement touristique pourrait contribuer au recul de la pauvreté. Premièrement, de l’avis de Donald Hawkins et Shaun Mann (2007), ayant un effet positif sur la croissance économique, le développement du tourisme est bénéfique pour la création de l’emploi et la réduction de la pauvreté. De même, comme nous l’avons signalé précédemment dans le cadre de l’approche « pro-pauvres », le tourisme a des effets directs et indirects sur le revenu des populations pauvres.
En adoptant la méthodologie de David Dollar et Aaart Kraay (2000), la spécification empirique utilisée dans le cadre de ce travail est la suivante :
où yit.représente soit la variable du taux de pauvreté du pays i à la période t ou bien l’indice de Gini[4] pour expliquer les inégalités de revenus ; tourism est un indicateur du développement touristique ; ɛest le terme de l’erreur ; ,𝑋-𝑖𝑡 .est un vecteur d’autres variables qui sont susceptibles d’influer sur la pauvreté ou l’inégalité (PIB par habitant, ouverture commerciale, inflation, démocratie, etc.).
En outre, il serait opportun, pour répondre à notre objectif principal, d’étudier le lien entre le tourisme et la pauvreté dans un cadre dynamique. De ce fait, le modèle dynamique s’écrit :
Et il peut être réécrit comme suit :
Le modèle (3) permet d’examiner l’effet du tourisme international sur la variation de la pauvreté. Ce modèle nécessite le recours à l’utilisation de la méthode des moments généralisés en système (GMM-S) (voir plus loin).
Données et méthodologie
L’évaluation empirique utilisée dans ce travail est fondée principalement sur une approche en données de panel non cylindré, car les indices de la pauvreté et de l’inégalité sont disponibles à partir d’enquêtes sur les ménages qui ne sont pas réalisées annuellement, et leurs résultats sont donc lacunaires. De ce fait, les informations disponibles sur ces indices sont plus restrictives, et l’ensemble de données est basé sur des enquêtes auprès des ménages. Notre échantillon comprenant 46 pays en développement et couvrant la période 1980-2009 se focalise sur le cas de certains pays du Sud et de l’Est méditerranéen (PSEM), où le tourisme international revêt une importance particulière pour le développement économique et social. Dans cette étude, l’échantillon des pays considérés a été sélectionné en raison de la disponibilité des données ainsi que pour répondre à nos besoins spécifiques, notamment l’évaluation des différents impacts. Nous avons retenu des pays dont la relation tourisme-pauvreté et inégalités peut apporter des enseignements pour la majorité des PSEM[5].
Notre estimation se base essentiellement sur quatre méthodes :
La méthode des moindres carrés ordinaires (OLS).
Celle des moindres carrés à deux étapes (2SLS), méthode qui permet de remédier aux problèmes d’endogénéité et de simultanéité.
La troisième méthode correspond aux modèles à effets fixes (EF) et aléatoires (EA)[6]. Ces modèles permettent d’obtenir des estimations qui tiennent compte des évolutions observées au fil du temps dans chaque pays. L’intérêt de ces modèles réside dans la possibilité d’isoler l’influence des facteurs inobservables. Quand ces effets sont stables dans le temps, on peut les représenter par les modèles à effets fixes, sinon on utilise les modèles à effets aléatoires. En outre, la prise en compte de ces effets, lorsqu’ils existent, permet d’améliorer la précision des estimations et garantit une meilleure évaluation de la variance des coefficients estimés.
La dernière méthode est celle des moments généralisés en système (MMG-S), qui permet de traiter le problème d’endogénéité des variables. Il s’agit de combiner pour chaque période l’équation en différence première avec l’équation en niveau. Dans l’équation en différence première, les variables sont instrumentées par leurs valeurs en niveau retardées d’au moins une période. Par ailleurs, dans l’équation en niveau, les variables sont instrumentées par leurs différences premières retardées d’une période. Cette différenciation supprime le problème de la sous-détermination du modèle, et l’utilisation de variables instrumentales corrige l’endogénéité des variables explicatives.
Les indicateurs de pauvreté et d’inégalité
Nous utilisons comme variables dépendantes un indicateur de la pauvreté monétaire et un autre pour mesurer les inégalités de revenus. L’indicateur de la pauvreté est mesuré par le ratio de la population pauvre en fonction du seuil national de la pauvreté, en pourcentage de la population (Banque mondiale, 2011). En ce qui concerne les inégalités, nous retenons l’indice de Gini[7] (ibid.), la mesure la plus utilisée empiriquement pour analyser les inégalités de revenus.
Toutefois, il convient de préciser que les données sur la pauvreté et les inégalités de revenus ne sont pas disponibles sur une longue période. Globalement, nous avons pu construire une base de 270 observations pour les régressions sur la pauvreté et de 255 observations pour l’indice de Gini. Les données sur la pauvreté et sur les inégalités sont issues d’enquêtes nationales menées généralement de façon quinquennale. Cela implique un faible nombre d’observations et rend, de ce fait, le travail de modélisation relativement difficile (voir le tableau 1 relatif à l’échantillon des PSEM, à titre indicatif).
Les indicateurs de développement touristique
Pour bien capter les effets du tourisme sur la pauvreté et les inégalités de revenus, nous prenons en considération des variables permettant de mieux estimer l’importance du tourisme, il s’agit notamment :
Des arrivées de touristes par rapport à la population (Arriv) : cette proportion représente le flux touristique. Elle est calculée à partir du ratio des arrivées de touristes sur la population totale (Banque mondiale, 2011).
Des recettes touristiques en pourcentage du PIB (Rt) : cet indicateur représente une évaluation de l’impact monétaire direct de la dépense touristique en provenance étrangère (Banque mondiale, 2011).
De même, pour mesurer l’impact du tourisme sur la pauvreté et les inégalités dans les PSEM, nous introduisons les termes multiplicatifs suivants : Arriv * PSEM ou Rt * PSEM[8].
Les variables de contrôle
C’est l’ensemble de variables réelles souvent utilisées pour expliquer la pauvreté et les inégalités. Il s’agit essentiellement de :
Cr : croissance du PIB réel par habitant (en dollars américains constants, 2000). La question de l’effet de la croissance économique sur la pauvreté et les inégalités est très discutée dans la littérature économique[9]. Cette variable a été extraite de la base de données World Development Indicators (WDI) (Banque mondiale, 2011).
To : nous utilisons le taux d’ouverture commerciale que nous calculons par le ratio (Exportations + Importations) / PIB. Cet indicateur permet de mesurer l’effet de l’ouverture aux échanges sur la pauvreté et les inégalités de revenus. Les composantes de cette variable ont été tirées de la base de données WDI.
Tpop : taux de croissance de la population. Nous avons utilisé cet indicateur pour mesurer l’impact éventuellement positif de la croissance de la population sur l’augmentation de la pauvreté. Une augmentation du taux de croissance de la population peut être à l’origine de la croissance de la pauvreté (modèle de Solow, 1956). Cette variable a aussi été extraite de la base de données WDI.
Inf : le niveau du taux d’inflation est utilisé comme une variable approximative pour saisir le niveau de stabilité macroéconomique et notamment la stabilité du niveau général des prix d’un pays quelconque. Cette variable a été extraite de la même base de données WDI.
Tf : envois de fonds des travailleurs et rémunération des salariés, reçus en % du PIB. Cette variable permet d’étudier le rôle des transferts de fonds internationaux des émigrés dans l’atténuation de la pauvreté. Comme les précédentes, elle a été extraite de la base de données WDI[10].
Polity 2 : Cet indice est une mesure du niveau de démocratie corrigé du niveau de dictature. Il mesure trois aspects d’un régime démocratique : le degré de compétition dans le choix du chef de l’exécutif, le degré de contraintes institutionnelles et politiques dans l’exercice des fonctions du chef de l’exécutif et la transparence du processus électoral. La valeur de l’indice est comprise entre ‑10 et +10. Plus l’indice est élevé (lorsqu’il est positif) plus les institutions démocratiques sont de bonne qualité. Les institutions démocratiques peuvent contribuer à réduire les inégalités de revenus. Contrairement aux variables précédentes, celle-ci est extraite de la base de données de Polity IV.
Il convient de souligner que la majorité des variables ont été stabilisées en les exprimant sous forme logarithmique (ln).
Résultats empiriques
Dans cette section nous présentons d’abord les résultats des estimations de l’équation de pauvreté pour ensuite nous intéresser à la compréhension de la relation entre le développement touristique et les inégalités de revenus.
Tourisme international et pauvreté
Les représentations graphiques de la relation tourisme–pauvreté nous permettent de faire une première analyse descriptive de notre échantillon, avant de procéder à l’estimation proprement dite. Les graphiques 1 et 2 montrent les diagrammes de dispersion qui exposent tout rapport statistique éventuel entre le développement touristique et le niveau de la pauvreté dans de nombreux pays en développement.
À chaque pays correspond un point qui représente à la fois les variables touristiques et le taux de la pauvreté. Ainsi, le premier graphique compare le taux de la pauvreté et la fréquentation touristique dans de nombreux pays. Il présente une corrélation négative et statistiquement significative entre les deux variables d’un pays à l’autre. Le graphique 2 met en évidence également une corrélation négative entre les recettes touristiques en pourcentage du PIB et le taux de la pauvreté dans de nombreux pays en développement, y compris les PSEM.
Le tableau 2 présente la matrice de corrélation entre les variables utilisées dans le cadre de notre analyse empirique. Cela permet de mettre en évidence une relation de corrélation négative entre les indicateurs de développement touristique et la pauvreté. Toutefois, le coefficient de corrélation est inférieur à 50 %.
Le tableau 3 fournit les résultats des régressions concernant l’impact du tourisme international sur la pauvreté. Ces résultats montrent que les deux variables mesurant le développement touristique (qui sont le nombre des arrivées touristiques par rapport à la population et les recettes touristiques en % du PIB) sont négatives et significatives quelle que soit la méthode d’estimation employée, en particulier pour les PSEM. En effet, le tourisme international a un effet favorable sur la réduction de la pauvreté, toutes choses étant égales par ailleurs. En termes de politique économique, les résultats obtenus mettent en évidence l’importance de maintenir un niveau de croissance touristique soutenue et durable en vue de favoriser l’emploi des populations défavorisées. De ce fait, le secteur touristique doit être encouragé dans ces pays, entre autres en cherchant les moyens de permettre aux productions locales, notamment lorsqu’elles proviennent des populations les plus pauvres, de renforcer leur participation au développement touristique en fournissant en produits et en services les entreprises touristiques. En plus, il est important de mettre en œuvre des mesures d’incitation fiscale pour encourager les activités touristiques à forte intensité de main-d’œuvre. Il convient également de développer les moyens des petites sociétés touristiques en favorisant notamment l’identification des domaines concrets dans lesquels des micro-entreprises touristiques peuvent s’implanter, ce qui permettra d’améliorer la productivité de ce secteur et ainsi de le rendre moins dépendant des fluctuations de la demande. De même, il est important de mettre en place des projets touristiques basés uniquement sur les ressources locales et sur les conditions de vie locales. Enfin, il est judicieux d’accompagner les mutations du secteur tout en améliorant le fonctionnement du marché du travail et les politiques de développement des ressources humaines.
Par ailleurs, nos résultats obtenus par les méthodes 2SLS et GMM-S révèlent que la croissance économique est corrélée négativement et d’une manière significative avec le seuil de la pauvreté, ce qui indique que dans les pays ayant connu une croissance du PIB réel par habitant, la réduction du nombre de personnes vivant dans la pauvreté a tendance à se faire de façon accélérée.
Les résultats indiquent également que la montée de l’inflation a un impact sur l’aggravation des conditions de vie des pauvres. Elle est particulièrement nocive pour eux, car elle réduit leur revenu disponible réel. Une politique économique visant une croissance équilibrée et une inflation faible réduit le risque de crise et accélère la stabilisation macroéconomique. En outre, la variable des envois de fonds par les travailleurs est significative et positive : la hausse des envois de fonds par les travailleurs permet d’augmenter la pauvreté dans les pays en développement. Cet impact positif est contraire aux attentes. L’explication vient du fait que de nombreux pays en développement ne disposent pas encore d’institution ni des infrastructures nécessaire qui leur permettraient de canaliser les envois de fonds en favorisant la croissance des activités, ce qui suggère que les décideurs dans ces pays devraient concentrer leurs efforts sur la recherche de moyens pour canaliser les fonds vers des utilisations qui aident à diminuer la pauvreté et la promotion d’autres activités qui favorisent le développement économique et social.
Tourisme international et inégalités de revenus
Les effets des variables d’intérêt, à savoir le tourisme international et la croissance du PIB réel par habitant sur les inégalités, sont illustrés au tableau 4.
Concernant l’effet des deux variables du tourisme sur les inégalités de revenus dans les PSEM, les résultats varient selon la méthode d’estimation utilisée. Les deux méthodes OLS et 2SLS indiquent qu’elles sont significativement négatives. Par contre, dans le cas du modèle à effets fixes, elles ne sont pas significatives. De même, le graphique 3 montre une relation non linéaire entre le développement touristique et les inégalités de revenus. D’ailleurs, il y a peu de preuves statistiques sur l’existence d’une corrélation entre les variables touristiques et l’indice de Gini. Ainsi, les résultats issus de cette analyse ne permettent pas de confirmer que le tourisme international contribue à réduire les inégalités de revenus dans les PSEM.
Ces résultats doivent être analysés avec prudence puisque les deux variables touristiques, lorsqu’on prend en compte l’ensemble de l’échantillon, sont positives et parfois significatives. Ce résultat est probablement attribuable à l’importance des caractéristiques internes des pays dans les processus de redistribution et d’ajustement. Ainsi, les impacts du tourisme international, aussi positifs ou négatifs soient-ils, peuvent être atténués ou amplifiés par des mécanismes institutionnels adaptés.
En outre, les caractéristiques institutionnelles des pays sont importantes dans le processus de compréhension des niveaux des inégalités de revenus. Les États peuvent également influencer la répartition des revenus en restreignant (ou en élargissant) l’exercice des droits démocratiques. De ce fait, nous avons inclus une variable pour mesurer le niveau de la démocratie, notamment Polity 2, pour mieux capter les qualités des institutions démocratiques des différents pays de l’échantillon. Cette variable est positive et statistiquement très significative au seuil de 1 %, pour les deux méthodes d’estimation (OLS et 2SLS). Ce résultat peut s’expliquer par le fait que la plupart des pays en développement, y compris les PSEM, se caractérisent par la faiblesse des institutions. Cet impact devrait inciter les pouvoirs publics à adopter des réformes institutionnelles visant à lutter efficacement contre la pauvreté et les inégalités de revenus.
Quant à l’effet de la croissance économique sur les inégalités de revenus, il n’est pas significatif dans l’ensemble des estimations, ce qui est conforme à la littérature économique qui stipule que cette relation ne peut pas être considérée comme une évidence. En effet, les résultats obtenus rejoignent la conclusion de Robert Barro (2000 : 29) selon laquelle la croissance économique n’est pas un déterminant significatif du niveau des inégalités dans les pays en développement.
Conclusion
Cette étude est une contribution à l’analyse économique du rôle du tourisme international dans le processus de développement, notamment à travers la réduction de la pauvreté et des inégalités de revenus.
D’abord, notre analyse a révélé que la littérature empirique n’apparaît pas homogène, tant dans les résultats que dans les variables employées pour mesurer l’impact du tourisme international. Ensuite, ce travail fournit une estimation empirique de l’impact du tourisme international sur la réduction de la pauvreté et des inégalités de revenus. Contrairement aux études antérieures, nous avons utilisé un échantillon des pays en développement avec un accent particulier sur les pays du Sud et de l’Est méditerranéen. Ces pays ont constitué un excellent cas pour un tel exercice, permettant d’étudier le rôle déterminant du tourisme dans ces destinations en termes de réduction de la pauvreté.
Tenant compte de l’information statistique disponible, principalement en ce qui concerne les indicateurs de pauvreté des PSEM, les résultats empiriques obtenus suggèrent que le tourisme international est généralement favorable aux pauvres dans de nombreux pays en développement et plus particulièrement dans les PSEM spécialisés dans le tourisme. Il est donc important d’inclure la pauvreté comme l’un des objectifs des politiques nationales de développement touristique. Ce rôle du tourisme dans la lutte contre la pauvreté correspond particulièrement bien aux projets de développement touristique qui permettent de fournir non seulement des revenus additionnels aux populations locales, mais qui sont susceptibles d’apporter des infrastructures socioéconomiques de base, entre autres dans les domaines des transports, de l’énergie, des communications, de l’éducation, du logement, de l’assainissement, de la santé et de l’hygiène, qui bénéficieront à la fois aux touristes et aux pauvres. Il convient de noter que plusieurs pays méditerranéens et notamment du Sud et de l’Est fondent leur stratégie touristique sur la masse, faisant du tourisme une source de création d’une grande quantité d’emplois peu qualifiés. Face à une concurrence mondiale acharnée, la qualité des prestations touristiques est l’un des facteurs clés pour améliorer les recettes liées à l’activité touristique en faisant en sorte que les visiteurs restent plus longtemps et dépensent davantage dans la destination. À noter également que plusieurs sites culturels et naturels dans les PSEM ne sont pas mis en valeur et restent encore inaccessibles, ce qui ne permet pas de renforcer l’attractivité et la performance du secteur touristique dans ces pays.
Au volet de la réduction des inégalités, les résultats s’avèrent mitigés et ne permettent pas de conclure que le tourisme international contribue à réduire les inégalités de revenus dans les PSEM. En effet, les impacts du développement touristique peuvent être atténués ou amplifiés par des mécanismes institutionnels adaptés. Il est donc important d’instaurer des institutions démocratiques solides et efficaces pour favoriser une redistribution plus équitable susceptible de contrer ces inégalités.
Enfin, cette étude a montré qu’il y a encore un besoin d’évaluer la relation empirique entre tourisme international, croissance, réduction de la pauvreté et des inégalités, dans les PSEM ainsi que dans d’autres régions. Par conséquent, une étude similaire est recommandée pour les autres pays et régions touristiques du monde entier à des fins de comparaison avec les résultats de recherches antérieures.
Appendices
Notes
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[1]
De même, les études traitant de la relation de causalité de long terme entre la croissance et le tourisme international sont nombreuses et aboutissent à des résultats divergents. Par exemple, l’hypothèse de la croissance est validée pour les pays suivants : Espagne (Balaguer et Cantavella-Jorda, 2002), Turquie (Gunduz et Hatemi, 2005) et Grèce (Dritsakis, 2004). Quant à la causalité bidirectionnelle entre la croissance et le tourisme international, elle est vérifiée pour les pays suivants : Taïwan (Kim et al., 2006), Espagne (Nowak et al., 2007) et Malte (Katircioglu, 2009b). Une relation de causalité unidirectionnelle allant de développement économique vers l’activité touristique est détectée pour les pays suivants : Maroc et Tunisie (Bouzahzah et El Menyari, 2013) et Chypre (Katircioglu, 2009a). En revanche, aucune relation stable de long terme n’a pu être dégagée pour la Barbade (Jackman et Lorde, 2010) et la Turquie (Katircioglu, 2009c). Pour une revue de littérature empirique exhaustive sur la relation tourisme–croissance, voir le travail de Pablo-Romero et Molina, 2013.
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[2]
Selon Saint-Martin Mongan (2010), « Les modèles d’équilibre général calculables (MEGC) offrent l’un des cadres analytiques les plus appropriés pour l’analyse de l’impact du tourisme sur la réduction de la pauvreté. Ils permettent de mettre en évidence les différents canaux par lesquels les activités touristiques affectent le bien-être des populations et contribuent à l’accroissement de la richesse globale (effets directs, indirects et induits). Ces modèles nécessitent toutefois de disposer de données exhaustives, désagrégées et actualisées sur le secteur touristique qui est particulièrement dynamique. Les données requises concernent, entre autres, la structure des consommations des touristes et des capitaux investis dans le secteur (entre résidents et non-résidents), la part des bénéfices réinvestis, la production (détaillée de manière à distinguer ou à estimer avec autant de précision que possible la part des pauvres dans la production en tant qu’entrepreneurs), les consommations intermédiaires et finales (locales et importées), les contributions fiscales, le nombre d’employés (répartis par catégories professionnelles) et leur rémunération ». Pour le cas des pays du Sud et de l’Est de la méditerranée, ces données sont difficilement accessibles et les détails pouvant être obtenus sont peu nombreux, sinon inexistants.
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[3]
Ce concept a été inventé par un groupe de chercheurs rattachés à l’Overseas Development Institute, à l’Institut international pour l’environnement et le développement et au Centre international pour le tourisme responsable.
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[4]
L’indice de Gini est une mesure statistique de la dispersion d’une distribution dans une population donnée, développée par le statisticien italien Corrado Gini.
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[5]
Outre les PSEM sur lesquels l’enquête s’est concentrée, Égypte, Jordanie, Maroc, Syrie, Tunisie et Turquie, les autres sont : Afrique du Sud, Bangladesh, Bénin, Bolivia, Botswana, Brésil, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Chili, Chine, Colombie, Côte d’Ivoire, Équateur, Éthiopie, Gambie, Ghana, Haïti, Honduras, Inde, Indonésie, Jamaïque, Kenya, Madagascar, Malaisie, Malawi, Mali, Mexique, Népal, Niger, Nigeria, Pakistan, Pérou, Philippines, Sénégal, Tanzanie, Thaïlande, Togo, Uruguay et Venezuela. À noter que nous avons éliminé les pays riches en pétrole, les pays développés et les petits états insulaires que nous avons jugés non représentatifs pour tirer des conclusions générales pour les PSEM.
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[6]
L’hypothèse cruciale de ces modèles est l’absence de corrélation entre effets individuels spécifiques et variables explicatives.
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[7]
Cet indice souffre de plusieurs limites. Selon Deininger et Squire (1996), les échecs des modèles économétriques à mettre en évidence un lien robuste entre les inégalités et la croissance économique sont attribuables à la mauvaise qualité des données.
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[8]
PSEM est une variable muette, égale à un pour les PSEM, et zéro ailleurs.
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[9]
Pour plus de détails voir Dollar et Kraay, 2000.
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[10]
Pour une étude détaillée sur le lien entre pauvreté, développement et migration, voir Bakewell, 2009.
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