FR:
En partant du constat que la nature des destinations et des expériences touristiques se diversifie, se multiplie et se renouvelle sans cesse (au point que des lieux touristiques en deviennent carrément loufoques et même follement inatteignables), nous avons cherché à savoir de quelle manière le cinéma participe à la qualification ou requalification de certains lieux apparemment banals pour en faire des destinations dignes d’un intérêt touristique.
Cet article montre que les dispositifs de médiation touristique n’hésitent pas à convoquer des films pour transformer des fragments d’espace en sites touristiques, des lieux apparemment anodins en choses à voir. Il met ensuite en évidence la manière dont certains lieux tirent parti de leur inscription dans un récit filmique pour s’assurer une existence touristique par la mise en exposition de traces cinématographiques. Il dévoile enfin que le ciné-tourisme repose sur une écriture de l’autre qui garantit une carrière ciné-touristique à certains lieux mis en scène dans des films.
Cette inscription de la destination touristique dans le film, le maintien de traces dans des lieux ayant servi à des tournages ainsi que les opérations de qualifications de fragments d’espace au titre de sites ciné-touristiques forment ce que nous appelons « une boucle alllographique ». Cette dernière peut être saisie comme une compétence communicationnelle des acteurs du ciné-tourisme : pour mettre les lieux en culture, et plus particulièrement en tourisme, ils doivent savoir composer avec une intertextualité qui se joue entre espaces, objets et discours.