Télescope
Revue d’analyse comparée en administration publique
Volume 18, Number 1-2, Spring–Summer 2012 Les administrations publiques à l’ère du numérique Guest-edited by Jean-François Savard
Table of contents (16 articles)
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Éditorial
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La transparence gouvernementale et le cybergouvernement : les enjeux démocratiques selon une perspective publique
Teresa M. Harrison, Santiago Guerrero, G. Brian Burke, Meghan Cook, Anthony Cresswell, Natalie Helbig, Jana Hrdinová and Theresa Pardo
pp. 1–20
AbstractFR:
Dans cet article, nous abordons la notion de transparence gouvernementale et sa portée générale sur l’avenir de l’administration publique dans un contexte de cybergouvernement. Nous soutenons que l’Open Government Initiative de l’actuelle administration américaine estompe les différences conventionnelles entre cyberdémocratie et cybergouvernement par l’intégration, au moyen des technologies, de pratiques démocratiques traditionnelles dans les organismes administratifs. Nous examinons comment fonctionnent les pratiques démocratiques axées sur la transparence, la participation et la collaboration dans les organismes administratifs, en supposant qu’elles contribuent à l’action administrative et au processus décisionnel, contrairement à l’approche actuelle qui semble les considérer comme la finalité de l’action administrative. Nous étudions le gouvernement transparent sous l’angle de la « valeur publique » que souhaitent produire les organismes publics, car elle leur permet de combler les besoins et les aspirations de la population par ses avantages considérables et la valeur intrinsèque associée à un meilleur gouvernement. Nous appliquons cette vision à la notion de transparence gouvernementale pour décrire la valeur dégagée par une interaction gouvernement-citoyen fondée sur la transparence, la participation et la collaboration, c’est-à-dire une interaction plus démocratique.
EN:
We consider open government (OG) within the context of e-Government and its broader implications for the future of public administration. We argue that the current US Administration’s Open Government Initiative blurs traditional distinctions between e-Democracy and e-Government by incorporating historically democratic practices, now enabled by emerging technology, within administrative agencies. We consider how transparency, participation, and collaboration function as democratic practices in administrative agencies, suggesting that these processes are instrumental attributes of administrative action and decision making, rather than the objective of administrative action, as they appear to be currently treated. We propose alternatively that planning and assessing OG be addressed within a “public value” framework. The creation of public value is the goal of public organizations ; through public value, public organizations meet the needs and wishes of the public with respect to substantive benefits as well as the intrinsic value of better government. We extend this view to OG by using the framework as a way to describe the value produced when interaction between government and citizens becomes more transparent, participative, and collaborative – i.e., more democratic.
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Renouveler la gouvernance à l’ère du numérique
Gianluca Misuraca
pp. 21–43
AbstractFR:
Le présent article dresse un survol de l’évolution de la gouvernance électronique au cours de la dernière décennie, en examinant l’état actuel des stratégies de gouvernement électronique et en posant un regard particulier sur l’évolution du domaine en Europe. Il propose un cadre d’interprétation permettant d’évaluer les valeurs publiques qui servent de fondement à la construction virtuelle des systèmes de gouvernement électronique et établit des fondations tournées vers l’avenir en abordant la question de l’emploi de la gouvernance électronique dans le champ de l’élaboration des politiques, c’est-à-dire la relation entre, d’une part, l’emploi de systèmes de gouvernement électronique afin de favoriser une administration participative basée sur des données probantes et, d’autre part, les processus organisationnels et sociaux qui s’y rattachent. Un aperçu sur les défis politiques que l’avenir pourrait réserver aux gouvernements électroniques et sur les directions que pourrait prendre la recherche dans le domaine clôt l’article.
EN:
This article presents an overview of the evolution of digital governance in the last decade, with a special emphasis on the current state of e-Government strategies in Europe. To that end, it proposes an interpretative framework for assessing the public values underpinning the abstract construct of ICT-enabled governance. It also creates a basis for future discussion in the emerging field of ICTs for governance and policy modelling, an umbrella term indicating the interplay between collaborative ICTs implemented for the purpose of achieving participative, evidence-based governance and performing the related organizational and social processes. The article concludes by outlining policy challenges and research directions for the future of e-Governance.
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L’effet de l’utilisation des outils de réseau social par les sites gouvernementaux sur la transparence et la participation du public
Jensen J. Zhao and Sherry Y. Zhao
pp. 44–61
AbstractFR:
La présente étude examine l’utilisation des outils de réseau social par les sites gouvernementaux dans les États américains et son incidence sur la transparence gouvernementale et la participation du public. Pour ce faire, des données ont été colligées auprès des sites des gouvernements des cinquante États américains et du district de Columbia. Ces données étaient liées à l’usage fait, par les sites Internet des gouvernements étatiques, des outils de communication en ligne que sont Twitter, Facebook, YouTube, Flickr, LinkedIn, Vimeo, des fonctions courriel, blogue et clavardage, de même que des boîtes à suggestions et des technologies mobiles de visualisation de pages Web. Les résultats indiquent que la majorité des sites ont recours aux courriels, à Twitter et Facebook et que très peu usent du blogue, de LinkedIn et de Vimeo. Le niveau de mise à jour et d’activité des sites gouvernementaux ainsi que la rapidité dans les réponses aux demandes d’information ont également été analysés.
EN:
This study assessed the U.S. state e-government use of social networking media for government transparency and public participation. Data were collected from the e-government sites of the 50 U.S. states and Washington, D.C. The findings indicate that (a) Email, Twitter, and Facebook were available on most of the state e-government sites whereas Suggestion box, Chat, Flickr, YouTube, Mobile Web service, Blog, LinkedIn, and Vimeo were only on the minority of the sites; (b) Twitter, Facebook, Flickr, and YouTube carried current and active communications for sharing government decisions, current issues, new initiatives, announcements, as well as enabling users to leave comments; (c) government officials’ communications on YouTube, Twitter, Flickr, Chat, Facebook, and Vimeo were clear to online readers, but their email response rate and speed via Contact Us were disappointing; and (d) overall, the participants reported positive experience with the majority of the state e-government social networking media.
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La prestation de services publics par message texte : les types de services et les facteurs d’acceptation
Tony Dwi Susanto and Robert Goodwin
pp. 63–83
AbstractFR:
La plupart des services cybergouvernementaux dans les pays en développement n’ont pas réussi à mobiliser la population. L’écart entre ce qu’exige la technologie d’Internet et le piètre progrès des technologies de l’information dans ces pays serait la principale barrière à l’utilisation de ces services, mais la prestation de services publics par message texte (SMS) pourrait pallier cet écart. Notre article explique pourquoi le recours à ce canal constitue une bonne stratégie pour joindre les citoyens et les sensibiliser à l’utilisation des services publics électroniques, notamment dans les pays en développement. Nous énumérons les services gouvernementaux offerts par SMS à l’aide d’un modèle à six niveaux et décrivons également treize facteurs cognitifs et affectifs qui influencent le citoyen dans sa décision d’accepter ou non les services. Nous terminons en proposant des recommandations aux gouvernements pour faciliter une adoption rapide des services gouvernementaux par message texte.
EN:
Most e-government services in developing countries have failed to engage citizens. The gap between the requirements of Internet technology and the poor state of ICT deployment in developing countries is believed to be the barrier causing low e-government adoption. Delivering public services via SMS (SMS-based e-government services) can bridge this gap. This paper presents the reasons why SMS-based e-government services are a good strategy for reaching and engaging more citizens in using e-government services, particularly in developing countries. It also presents currently available SMS-based e-government services as a “Six-Level” model. This paper also presents the 13 cognitive and affective factors which influence individuals to accept or reject e-government services. By way of conclusion, we make a number of recommendations to governments to facilitate quick adoption of SMS-based e-government services.
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L’administration publique congolaise aux prises avec les TIC : innovations, défis et perspectives. Le cas de la publication des résultats des examens d’État
Jéthro Kombo Yetilo
pp. 84–101
AbstractFR:
Soucieuse de s’adapter à un monde sans cesse mouvant, l’administration publique congolaise adopte petit à petit les technologies de l’information et de la communication considérées à juste titre comme un instrument d’amélioration de l’offre des services publics. C’est dans ce contexte, et contre toute attente, que depuis 2008, les résultats des examens d’État, qui sanctionnent la fin des études secondaires, sont publiés et consultés en ligne sur le site Internet du ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel ou même par simple message texte à partir d’un téléphone portable. Si des gains évidents sont à mettre à l’actif de ces technologies, il faut aussi reconnaître qu’elles ont engendré de nouveaux problèmes qui constituent de vrais défis à relever pour l’administration publique, dans un pays où les infrastructures de télécommunication sont encore peu développées.
EN:
Out of a concern with adapting to a continually changing world, Congo’s public administration has, little by little, been adopting new information and communication technologies, rightly considered to be an instrument for improving the public service offering. Against this backdrop and against all odds, since 2008 the results of state examinations (certifying the end of secondary studies) have been published and consulted on the Website of the Ministry of primary, secondary and vocational education and even via text messaging. While there are obvious gains to be chalked up to these new technologies, it is also important to acknowledge that new problems have resulted, too. In a country where telecommunication infrastructures are as yet little developed, these developments present serious challenges for the public administration.
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Repères et Références
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Les services partagés : une stratégie de collaboration au sein des réseaux de services publics
Marijn Janssen, Muhammad Kamal, Vishanth Weerakoddy and Anton Joha
pp. 104–120
AbstractFR:
Les organisations publiques, longtemps critiquées pour leur style de travail bureaucratique et intrusif, sont dorénavant encouragées à collaborer dans l’utilisation des services (partage de services) au sein de réseaux. La mise en place de ces réseaux demeure une entreprise complexe, car les organisations sont multiples, elles sont dotées de ressources et d’une capacité d’absorption limitées et variées et leurs stades de développement diffèrent. Cette étude analyse le déploiement de trois projets de services partagés. Une stratégie de collaboration différente a été adoptée par chaque cas étudié. Les trois arrangements ont été comparés et liés à la situation de départ à l’aide des théories des compétences clés et de la capacité d’absorption. Nos résultats montrent que le développement d’un accord de services partagés est influencé par des facteurs dépendant de la trajectoire choisie, dont le type d’organisations impliquées, leurs relations, leur capacité d’absorption et leur situation géographique.
EN:
Public Organizations (POs) have been slow in innovating their service provisioning bureaucracy. Recently, POs have been stimulated to cooperate with each other in loosely coupled organizational arrangements by making use of each other’s services – i.e., the sharing of services. The development of these networks is difficult, since they embrace several organizations whose developments are often out of sync and their resources and absorptive capacity are limited and diverse. This study analyzes and examines three cases in which three different collaboration strategies were adopted. Based on the core competency and absorptive capacity theory, the three cases are then compared. This comparison shows that of the variety of shared service collaboration strategies can be explained by several factors including path-dependencies, the organizations involved, their interrelationships, available resources, capabilities and geographical position.
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De la liberté du logiciel et de son ouverture : tour d’horizon et perspectives
Guillaume Blum
pp. 121–138
AbstractFR:
Dans cet article, l’auteur présente ce qu’est le logiciel libre et ce qu’il représente. Pour ce faire, il s’intéresse à différents éléments, tels que les concepteurs, les utilisateurs, le mécanisme de fonctionnement et les raisons poussant les individus à recourir à ce type de logiciel. Une fois l’objet défini et bien décrit, il examine les conséquences du logiciel libre dans d’autres domaines et relève les enjeux en matière d’administration publique. La dernière partie revient sur l’état d’avancement du logiciel libre au Québec et dans l’administration publique québécoise.
EN:
In this article, the author describes and explains open source software and what it represents. To this end, he examines various elements – such as designers, users, operating mechanism, etc. – and the reasons why people have turned to this type of software. Having defined and fully described the object of his research, he discusses the consequences of open source software in other fields and the issues that its use raises for public administrations. The last section of his article reviews the status of open source software in Quebec and in the province’s public administration.
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Les registres publics à l’ère du numérique
Olivier Glassey
pp. 139–154
AbstractFR:
Les registres publics contiennent des informations très riches sur les administrés. Étant de plus en plus souvent informatisés et capables d’échanger des données, ces registres pourraient constituer une ressource inestimable à l’heure de mettre en place l’administration numérique. Cela ne va par contre pas sans poser des problèmes de protection des données et implique dans tous les cas la mise en place de processus de décision quant au partage de ces données, en fonction d’objectifs précis et dans un contexte donné. Dans cet article, nous proposons un cadre d’analyse qui permet d’évaluer les besoins en information pour une prestation administrative donnée, ainsi que les possibilités de partage ou les restrictions en matière de protection de la sphère privée.
EN:
Public registers contain highly rich information about citizens. As these registers are, to a steadily increasing extent, digitized and designed for data-sharing purposes, they represent an invaluable resource when implementing e-government. At the same time, they raise a number of serious data protection issues that entail, at all events, establishing a decision-making process to frame the sharing of these data on the basis of specific objectives and in accordance with a particular context. In this article, I propose an analytical framework serving to assess both the informational requirements associated with a given administrative service as well as the opportunities for sharing data, coupled with privacy restrictions.
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Des grottes de Lascaux aux nuages de Google : le bouleversement des systèmes de l’écrit et son incidence sur le fonctionnement de nos institutions démocratiques
Daniel J. Caron and Richard G. Brown
pp. 155–167
AbstractFR:
En augmentant les capacités de stockage, la rapidité et la capacité de traitement de l’information, les changements opérés par la micro-informatique ont mené à des avancées dans la qualité du service aux citoyens. Les progrès plus récents ont toutefois des retombées imprévues : ils bouleversent non seulement les pratiques usuelles internes, mais remettent en question le système de l’écrit et ses conventions sur la base duquel nos bureaucraties se sont établies. Le document, instrument de première importance dans la conduite des affaires de l’État, a perdu peu à peu ses attributs et tarde à se redéfinir dans l’environnement numérique. Il en est de même pour les règles et les processus qui sont le fondement même de notre fonctionnement en organisation formelle. Cet article aborde les questions liées à l’effondrement des conventions du système de l’écrit et à la manière dont cela affecte le fonctionnement de nos institutions et requiert des innovations importantes et fondamentales si nous voulons assurer la pérennité de nos systèmes démocratiques.
EN:
The advent of microcomputing has signified major transformations in terms of the effectiveness and efficiency of bureaucratic processes. As data storage and processing capacities have continually increased, these changes have also triggered improvements in the quality of public services. More recently, however, such progress has generated some unexpected outcomes, not only causing disruption in the customary internal practices but also throwing into question the writing system and accompanying conventions upon which our bureaucracies have been established. The leading instrument in the conduct of government affairs, the document has gradually been shorn of its attributes and has, at the same time, been slow to achieve a new definition in the digital environment. The same observation applies to the rules and processes that are the very foundation of operations in formal organizations. This article discusses the issues surrounding the collapse of the writing system and how this trend affects the operations of our institutions and compels carrying out major, fundamental innovations if we wish to safeguard the long-term future of our democratic systems.
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Les activités d’espionnage électronique et de contrôle d’Internet à l’ère de l’infonuagique : le cas de la Chine
Nir Kshetri
pp. 169–187
AbstractFR:
Même si environ quarante gouvernements contrôlent leur environnement virtuel, peu ont réussi à le faire aussi bien que la Chine. Au cours des dernières années, cette réalité est devenue préoccupante en raison de la diffusion et du développement rapide de l’infonuagique, lequel est décrit comme « le » mécanisme d’espionnage par excellence. Dans cet article, nous proposons un cadre qui permet de définir des contextes clairs et des mécanismes associés aux mesures de contrôle des régimes autoritaires. Nous développons le concept de champ institutionnel formé autour du contrôle d’Internet dans les régimes autoritaires. Le fait de considérer le cybercontrôle comme un champ institutionnel nous permet de nous pencher sur l’évolution des institutions cognitives, normatives et régulatrices. Nous proposons un modèle qui explique la façon dont un champ institutionnel évolue.
EN:
Although about forty governments control their online environments, few have done so more skilfully than China. This concern has become especially pronounced in recent years due to a rapid diffusion and development of cloud computing, which is described as the ultimate spying machine. In this paper, I propose a framework for identifying clear contexts and the attendant mechanisms associated with authoritarian regimes’ Internet control measures. I build on the concept of an institutional field formed around Internet control in authoritarian regimes. Viewing cyber-control as an institutional field enables me to examine the evolution of regulative, normative and cognitive institutions. I advance a model that explains how an institutional field evolves.
Note de recherche
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L’évaluation du coût financier du numérique dans l’administration publique canadienne
Jean-François Savard and Herménégilde Nkurunziza
pp. 189–205
AbstractFR:
L’administration publique, comme toutes les sphères des sociétés occidentales, s’est tranquillement, mais résolument, engagée dans l’ère numérique. Au cours des trente dernières années, elle s’est informatisée, puis réseautée. De nombreuses études se sont penchées sur ce phénomène ; elles font ressortir les avantages du numérique en rendant plus efficace l’offre de programmes et de services ou en permettant une meilleure communication avec les citoyens. Or, aucune étude ne s’est véritablement attardée au coût que représente le passage de l’administration publique à l’ère numérique. Dans cette note de recherche, nous dressons un portrait sommaire du coût financier que représente le numérique dans l’administration publique canadienne et émettons des hypothèses pour nos recherches et analyses ultérieures. La méthode que nous mettons de l’avant permet de comprendre le coût qu’a entraîné le passage à l’ère numérique pour l’administration publique canadienne.
EN:
Public administration, as in all spheres of Western societies, has gradually but determinedly entered the digital age. Over the last 30 years, it has “computerized” and then “networked.” This phenomenon has been the subject of a considerable literature, which has highlighted the benefits of computerization/digitization in terms of the program and services offering or of improved communication with citizens. At the same, no study has genuinely addressed the question of the cost of public administration’s transition to the digital age. In this research note, we present a summary profile of computerization/digitization in the Canadian public administration and set out a number of hypotheses for my future research and analyses. The methodology we put forward provides a basis for understanding the costs resulting from the transition to the digital age for the Canadian public administration.
Recensions
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Understanding E-Government in Europe: Issues and Challenges, sous la direction de Paul G. Nixon, Vassiliki N. Koutrakou et Rajash Rawal, London, Routledge, 2010, 322 p.
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Circulation des renseignements personnels et Web 2.0, de Vincent Gautrais et Pierre Trudel, Montréal, Éditions Thémis, 2010, 231 p.
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iPolitics: Citizens, Elections, and Governing in the New Media Era, sous la direction de Richard L. Fox et Jennifer M. Ramos, New York, Cambridge University Press, 2012, 303 p.