Abstracts
Résumé
« Il n’y a rien à voir ». Une plante au plateau est un non-événement. Son temps est autre, plus long ou plus court que le temps humain ; sa mobilité et sa capacité transformatrice, imperceptibles à l’oeil nu. La plante, parent pauvre de l’objet scénique et de la marionnette, déçoit par sa difficulté à rentrer dans le champ du spectaculaire. Comment, dès lors, tâcher de figurer et représenter le vivant végétal en scène ? Comment rendre compte de ce corps alter, ainsi que de son langage chorégraphique et plastique singulier ? Après avoir décrit la restitution d’un processus de recherche-création qui a conduit à la fabrication d’une bardane hybridée et robotisée pour la création de la pièce Bardane et moi (2022), l’article ouvre sur une typologie des modes de représentation du vivant végétal dans deux spectacles contemporains de théâtre et de danse. La plante, en co-présence avec d’autres vivants, y est présentée comme partie prenante d’un dialogue discursif, somatique, et/ou sensible qui fait co-exister corps végétal et corps de l’interprète, de plain-pied dans une relation, tour à tour nourrie de rapports de soin, de compétitivité, de domination, d’exploitation ou d’attention. À travers l’examen de ces études de cas, nous verrons comment le modèle de la relation permet de dépasser la question de l’image théâtrale.
Abstract
“There’s nothing to see.” A plant on the boards is a non-event. Its time is other, longer or shorter than human time; its mobility and transformative capacity imperceptible to the naked eye. The plant, poor relation of the theatrical object and the marionette, disappoints by its struggle to enter the dramatic field. How, then, can plant life be included and represented on stage? How do we report on this alter body and its singular plastic and choreographic language? After describing the restoration of a research-creation process that led to the manufacture of a hybrid and roboticized burdock to create the play Bardane et moi (2022), this article opens with a typology of the modes of representation of plant life in two contemporary theatre and dance shows. These works present the plant, co-present with other living things, as part of a discursive, somatic and/or sensitive dialogue that has the plant body and the body of the interpreter co-exist in a full relationship, nurtured in turn by care, competitiveness, domination, exploitation or attention. By examining these case studies, the article reveals how this relationship model allows us to move beyond the issue of theatrical image.