Abstracts
Résumé
Une des raisons pour laquelle Nadja d’André Breton constitue un texte emblématique de la littérature moderne vient du fait que le récit est accompagné de 48 photographies en noir et blanc ponctuant la rencontre entre le narrateur et une jeune femme. De nombreux critiques ont tenté de décrypter le sens de ces photographies et de les faire entrer dans différentes grilles de lecture avec pour objectif de dévoiler certains non-dits du texte. En se basant sur trois articles consacrés à la photographie dans Nadja ces trente dernières années, notre étude propose de démontrer comment toute tentative d’interprétation des photographies est vouée, sinon à l’échec, au moins à la confusion et à l’ambiguïté, et débouche en fait sur plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. En voulant donner à son récit un caractère plus troublant, Breton a aussi brouillé les pistes et créé un système de signification qui lui échappe en grande partie ainsi qu’aux lecteurs. Interpréter les photographies insérées dans Nadja, tenter de les faire entrer dans un réseau plus global, revient pour chaque lecteur et chaque lectrice à projeter ses propres dispositions sur l’écran textuel et visuel du livre au risque d’aboutir à une lecture qui se caractérise davantage par ses aspects subjectifs que par la rigueur scientifique.
Abstract
André Breton’s Nadja is a text emblematic of modern literature in that, among other reasons, the narrative is accompanied by 48 black and white photographs punctuating the meeting between the narrator and a young woman. Many critics have tried to decipher the meaning of these photographs and fit them into different reading schemes so as to reveal certain elements that are left unsaid in the text. Our study uses three studies published in the last thirty years regarding the photography in Nadja to show how any attempt to interpret the photographs is bound to fail—or simply generate confusion and ambiguity—and raises more question than it answers. In aiming for a more disturbing narrative, Breton clouded the issue and created a system of meaning difficult to grasp for both himself and his readers. Those attempting to fit the photographs in Nadja into a more comprehensive system run the risk of projecting their own personal tendencies on the textual and visual elements in the book, resulting in a reading characterized more by its subjective aspects than its scientific rigour.