Abstracts
Résumé
Évoquer le sacré pourrait surprendre à propos d’une oeuvre qui défend depuis longtemps un athéisme rigoureux, conçu comme une libération, un désabusement, en particulier dans La barque silencieuse. Mais si l’on y prête attention, le lexique de la spiritualité est très fréquent dans l’oeuvre et l’idée d’une possible sacralité revient à plusieurs reprises, toujours associée à des frontières, des passages, des seuils — êtres, objets, lieux. C’est le sens de ce mot, pour Pascal Quignard, sa géographie intime, à travers le recensement de ses seuils, tels qu’ils se manifestent dans l’oeuvre, et à travers l’effet produit par leur franchissement dans l’un ou l’autre sens, qu’il s’agit ici d’approcher. L’étude interroge tout d’abord la nature du sacré dans l’oeuvre, puis en recense les seuils. Cette analyse permet enfin d’interroger, dans ce contexte, le sens du profane et de la profanation, la valeur que leur confère cette oeuvre, et la manière dont elle ouvre à la possibilité de penser de manière dynamique le sens de la tension sacré/profane dans la période contemporaine.
Abstract
Evoking the sacred may come as a surprise when speaking of a body of work that has long defended a rigorous atheism conceived as liberation and disillusionment, particularly in La barque silencieuse [The Silent Boat]. But if we pay closer attention, we note that the work includes many spirituality-related words, and the idea of possible sacredness occurs on several occasions, always in connection with borders, passages, thresholds – beings, objects, places. The issue here is to discuss the meaning of sacredness for Pascal Quignard, its intimate geography, by listing its thresholds, as they manifest in the work, and by observing the effect produced when they are crossed in one direction or another. This study first examines the nature of the sacred in his oeuvre, and then counts the thresholds. Our analysis, finally, examines the meaning of desecration and the profane in this context, the value given to them in the work, and the way the latter opens the possibility of dynamic thinking on the meaning of the tension between the sacred and the profane in modern times.