Abstracts
Résumé
Les histoires tragiques, parce qu’elles sont un genre chargé de dire les abominations du monde, semblent particulièrement adéquates pour raconter le viol, en explorer les circonstances pas toujours atténuantes, en dévoiler les enjeux humains, individuels et pas seulement collectifs. L’étude d’un tel corpus permet de désigner les caractéristiques qui autorisent ce crime à devenir objet de récit, mais aussi de faire entendre le discours que tient la représentation des victimes sur le forfait lui-même, et d’en saisir les enjeux moraux et sociaux. Alors que des formes de consentement a posteriori et des procédures judiciaires de réparation tendent souvent à édulcorer le viol, certains auteurs, comme Jean-Pierre Camus, mettent au contraire en évidence le dilemme qui pèse sur la victime entre sauver sa chasteté ou sauver sa vie : c’est par le choix de la mort que la victime est invitée à prouver la violence subie, toujours douteuse. Quand la société ignore ou minore le crime, cette insistance d’un évêque humaniste sur le point de vue des victimes montre un souci de révéler publiquement la gravité de l’attentat sexuel.
Abstract
Because their task is to recount the world’s atrocities, tragic stories seem a genre particularly well suited to the subject of rape, to exploring its not always extenuating circumstances, to uncovering not only its collective ramifications but its human and individual challenges as well. The study of such a corpus helps identify the characteristics that make this crime a narrative subject; it also draws attention to the victims’ representation of the issue itself and fosters an understanding of its moral and social aspects. Whereas forms of a posteriori consent and judicial reparations often tended to downplay rape, certain authors like Jean-Pierre Camus chose, rather, to focus on the dilemma faced by the victim: saving her chastity or saving her life. The victim was invited to choose death to prove she had suffered an attack, always in doubt. In a society that ignored or minimized the crime, this humanist bishop’s insistence on the viewpoint of the victim reflects a concern with publicly demonstrating the seriousness of sexual assault.