Abstracts
Résumé
Dans son poème épique La défaite des Sauvages armouchiquois par le sagamos Membertou et ses alliez sauvages de 1607, Marc Lescarbot érige Pierre Dugua de Mons, vice-roi d’Henri iv en Acadie, et Jean de Biencourt de Poutrincourt, vice-lieutenant de Dugua de Mons, en pacificateurs de tribus amérindiennes irrépressiblement guerrières. Dès lors, bien que les genres de l’histoire universelle et de l’épopée semblent agir en tant que dispositifs de reconnaissance pour signifier le partage d’une commune humanité entre Souriquois, alliés locaux, et Français, porteurs de l’entreprise coloniale, une lecture parallèle de La défaite et de certains chapitres de l’Histoire de la Nouvelle France de 1609, soit « Des Lettres » et « De la Guerre », montre plutôt une mise à l’écart symbolique de l’Amérindien. Non seulement parce que cette geste quasi médiévale relègue son expérience du territoire à un temps révolu, voire à la fable — laissant ainsi le champ libre à une expérience européenne appartenant d’emblée au temps présent —, mais aussi parce qu’elle déclare l’incapacité du Sauvage à faire face au temps présent. Ainsi se voit-il non seulement doublement dominé par la différence de l’écriture en tant qu’objet du récit et par la maîtrise de l’écriture qui donne à l’Européen un ascendant conférant à sa prise de pouvoir un caractère naturel, mais encore La défaite représente les Souriquois remportant la bataille spécifiquement parce qu’ils auraient déployé à l’encontre de leurs ennemis non seulement leurs propres ressources — stratégiques et matérielles —, mais bien le tonnerre des armes à feu françaises.
Abstract
In his first epic poem La défaite des Sauvages armouchiquois par le sagamos Membertou et ses alliez sauvages in 1607, Marc Lescarbot depicts Pierre Dugua de Mons, viceroy of Henri iv in Acadia, and Jean de Biencourt de Poutrincourt, vice-lieutenant of Dugua de Mons, as pacifiers of Amerindian tribes who are relentlessly warlike. From then on, although the genres of world history and the epic appear to act as devices that acknowledge the shared humanity of the Souriquois, their local allies and the French, founders of the colonial enterprise, a parallel reading of La défaite and of certain chapters of the Histoire de la Nouvelle France in 1609, namely, “On Letters” and “On War” reveals instead a symbolic marginalization of the Amerindian. This is not only because this quasi-medieval act relegates his experience to a time that has passed, to fable even (thus leaving the field open to a European experience that belongs straight off to the present), but also because it affirms the Savage’s incapacity to deal with the present. He is doubly dominated by the command of the writing and by Lescarbot’s depiction of him, insofar as the European is constantly portrayed as superior and his power takeover inferred to be natural. But what’s more, La défaite shows the Souriquois winning the battle specifically because they confronted their enemies not only using their own resources—strategic and material—, but also thanks to the thunderous power of French weapons.