Abstracts
Résumé
L’abbé Grégoire (1750-1831) n’est pas à proprement parler un oublié de la Révolution française, mais sa politique linguistique d’éradication des patois sous la Constituante et la Convention passe, elle, souvent inaperçue, alors qu’elle pose un jalon capital dans la longue durée de l’histoire de la langue française. C’est en regard d’une politique du livre héritée des Lumières et de son préjugé favorable à la lettre que l’abbé Grégoire tente de mettre en place une politique répressive des dialectes et patois afin de faire entrer la différence de la phonê dans la gramma. Cette manière de voir les rapports entre langue et patois aura des conséquences politiques et littéraires tout au long du xixe siècle, perceptibles chez George Sand notamment, dont le roman Jeanne (1844) donne à lire les conséquences directes d’une folklorisation des langues marginales, les repoussant du côté d’une divinisation poétique dorénavant dépourvue d’efficace sociale.
Abstract
Abbé Grégoire (1750-1831) is not, strictly speaking, a forgotten figure of the French Revolution, but his linguistic policy of eradicating dialects under the Constituent Assembly and the Convention, for its part, often goes unnoticed, whereas it constitutes a major milestone in the history of the French language. In regard to a book policy inherited from the Enlightenment and its bias in favour of letters, Abbé Grégoire attempts to implement a repressive policy of dialects and patois in order to include the difference of the phonê in the gramma. This manner of viewing the relationships between language and dialects was to have political and literary consequences throughout the nineteenth century, which can be seen, notably, in George Sand. Her novel Jeanne (1844) shows the direct consequences of a folklorization of marginal languages, in that it pushes them towards a poetic divinization henceforth devoid of social effectiveness.