Abstracts
Résumé
Par la mise en scène de la fiabilité problématique de tentatives d’appropriation du passé, le roman de mémoire interroge souvent la subjectivité et la sélectivité de la mémoire. Présentant trois variations de la narration indécidable, l’article vise à démontrer l’apport supplémentaire de cette forme de narration problématique à la réflexion sur la mémoire par la fiction, notamment sur la formation collective de la mémoire individuelle. Pour ce faire, l’article analyse trois romans de mémoire québécois, allemand et français publiés après 2000, et qui exploitent de différentes manières le contraste entre voix narratives individualisées et voix narratives dont l’attribution pose problème. Ce faisant, Hunter s’est laissé couler de Judy Quinn, Spione de Marcel Beyer et Des hommes de Laurent Mauvignier suscitent des questions sur la mise en récit d’une mémoire passée sous silence. Si Hunter s’est laissé couler interroge surtout les enjeux de la mise en fiction d’une vie quasi inconnue, Spione se penche sur le vide mémoriel et identitaire que provoque un passé tu chez ceux qui viennent après. Quant au roman Des hommes, il repose sur la mise en récit paradoxale d’un passé indicible qui occasionne le silence auquel se heurtent les personnages des romans de Quinn et de Beyer.
Abstract
By using a mise en scène of the problematic reliability of attempts to appropriate the past, the memoir-novel often explores the memoir’s subjectivity and selectivity. By presenting three variations of undecidable narration, the present article aims to demonstrate how this form of problematic narration further contributes to fiction’s reflection on the memoir, notably on the collective formation of the individual memoir. Toward this end, the article analyzes three Quebec, German and French memoir-novels published after 2000 that exploit in different ways the contrast between individualized narrative voices and narrative voices of problematic attribution. Accordingly, Hunter s’est laissé couler by Judy Quinn, Spione by Marcel Beyer and Des hommes by Laurent Mauvignier raise questions about the narrative creation of a memoir that has gone ignored. If Hunter s’est laissé couler focuses, mainly, on the issues involved in fictionalizing a quasi-unknown life, Spione examines the memory and identitary void produced by the past in those who come after. The novel Des hommes, for its part, is based on the paradoxical narrative creation of an unspeakable past that is responsible for the silence confronted by the characters in Quinn’s and Beyer’s novels.