Abstracts
Résumé
« J’avais souvent pensé que pour les futurs historiens de la littérature moderne, les revues seraient d’un grand profit et principalement les revues de jeunes écrivains, parce qu’on pouvait y suivre, de mois en mois, le cours de la “littérature qui se faisait” », écrivait Valery Larbaud au début du xxe siècle. Malgré le développement remarquable des travaux sur les revues, cette histoire n’a pas encore été écrite. Cependant l’idée m’est chère et c’est sous son aiguillon que je souhaite réfléchir à l’étude historique de la littérature contemporaine, en quittant les revues littéraires françaises des années 1900 à 1920 pour les revues littéraires québécoises des dix dernières années. Le saut d’une époque et d’un domaine littéraire à l’autre, loin d’être balayé sous le tapis, servira de point de départ à mon interrogation. Peut-on toujours souligner, comme Larbaud le faisait, « l’importance capitale des revues » dans la littérature qui se fait maintenant ? Les revues servent-elles toujours de rampe de lancement pour les oeuvres nouvelles, de catalyseur esthétique pour les regroupements d’écrivains, de lieu de confrontation entre les écritures d’une même époque, voire de vecteur de « contemporanéité » ? Ces questions sur l’historicité des revues suscitent, du même souffle, une interrogation sur les méthodes de l’histoire littéraire.
Abstract
“I had often thought that future historians of modern literaturewould find literary journals, mainly those of young writers, highlyuseful because historians could follow, month by month, the course of‘literature as it was being written’,” wrote ValeryLarbaud in the early twentieth century. Despite the remarkabledevelopment of research on these journals, this history has not beenwritten. Since this idea is a favourite of mine, however, I wasmotivated to conduct a historical study of contemporary literature byeschewing the French literary journals of 1900 to 1920 to concentrateon literary journals in Québec during the last ten years.Skipping from one period and one literary field to another, far frombeing swept under the rug, serves as a point of departure for myinvestigation. Can we continue to underscore, as Larbaud did,“the capital importance of journals” in the literaturebeing written today? Do the journals still serve as a launching pad fornew works, an aesthetic catalyst for writers’ organizations, aplace of comparison for writings of the same time period, even a vectorof “contemporaneity”? These questions on journals’historicity prompt, at the time, an investigation into the methods ofliterary history.