Abstracts
Résumé
La catégorisation générique de l’autofiction a connu maints revers depuis une trentaine d’années. Puisque le concept déborde à présent le domaine de la littérature, cet article présente une définition linguistique de l’autofiction comme configuration énonciative et stratégie discursive, au demeurant intermittente et ponctuelle, qui rend possible le discours du moi au sein de tout énoncé narratif ou fictionnel. S’appuyant sur cette réorientation théorique, l’auteur s’attache ensuite à l’analyse des moments autofictionnels dans le corpus que forment les dix-sept romans publiés à ce jour par Philippe Djian. Sur la base d’une distinction entre « auto-biographèmes » (Kerbrat-Orecchioni, L’énonciation, 1980) factuels (nom propre, données sociologiques, faits vécus) et métadiscursifs (poétique, éthique et esthétique propres à l’auteur), la recherche des indices qui permettent de mesurer la présence de l’auteur dans ses romans montre que le noyau central d’un discours de l’intime peut se cacher à même un récit apparemment fictionnel, c’est-à-dire ailleurs que dans les faits racontés.
Abstract
The genetic categorization of autofiction has undergone a number of reversals in the last thirty years. Since the concept extends beyond the field of literature, this article presents a linguistic definition of autofiction as an enunciative configuration and discursive strategy—in passing, intermittent and timely—that enables the discourse of self in any narrative or fictional statement. Supported by this theoretical reorientation, the author then focuses on the analysis of autofictional moments in the seventeen novels published to date by Philippe Djian. Based on a distinction between “auto-biographemes” (Kerbrat-Orecchioni, L’énonciation, 1980) that are factual (proper name, sociological data, lived experience) and those of a metadiscursive nature (poetics, ethics and aesthetics specific to the author), the search for clues allowing us to measure the author’s presence in his novels demonstrates that the core of an autobiographical discourse can be woven into the fabric of an apparently fictional narrative, that is, somewhere other than in the facts recounted.