Liminaire[Record]

  • Roxanne Roy

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  • Roxanne Roy
    Université du Québec à Rimouski

Dès les années 1970, l’intérêt marqué pour le genre de la nouvelle s’est surtout manifesté par une réflexion sur la théorie du genre (définition, poétique, délimitation et transformation) . Rapidement, un constat s’impose : la confusion terminologique qui entoure le genre rend impossible la proposition d’une définition unique qui vaille pour toutes les nouvelles. Pratiquement au même moment, on en vient à faire l’histoire du genre depuis ses origines, à retracer les influences littéraires qui s’exercent sur lui, à la fois françaises et étrangères , et à identifier les formes narratives qui ont contribué à la constitution de la nouvelle française. Roger Dubuis, dans son ouvrage Les cent nouvelles nouvelles et la tradition de la nouvelle en France au Moyen Âge , par exemple, a fait un excellent travail sur la genèse du genre. Plus importants encore pour notre projet sont les travaux menés par Frédéric Deloffre  et René Godenne . En insistant sur l’évolution de la nouvelle (d’un siècle à l’autre et d’un auteur à l’autre) et sur ses différentes définitions, ils mettent en place des notions fondamentales liées au genre. Ils dégagent les principes esthétiques — plaire par le réalisme galant, le sérieux du sujet, le dépouillement de l’intrigue, la sobriété du style, l’invention des incidents, la constance des caractères, la justesse de l’analyse des mouvements du coeur, le naturel des personnages, et divertir tout en instruisant le lecteur — et les caractéristiques formelles de la nouvelle — brièveté de l’intrigue, cadre français et récent, rejet des monologues et des histoires intercalées, souci de vraisemblance, dénouement moral — qui sont encore valables aujourd’hui. La méthode socio-historique mise en avant par Hermann Wetzel , et qui a inspiré tout récemment Didier Souiller , a eu l’avantage de renouveler les études sur la nouvelle. Pour le premier, il s’agit de montrer le rôle et la détermination des facteurs historiques et sociaux dans l’évolution du genre, d’établir un parallèle entre la structure littéraire (le cadre, l’organisation du texte, les thèmes, le ton) et la structure sociale (situation économique, ordre politique, idéologies) à une période donnée. Pour le second, la naissance et l’affirmation de la nouvelle sont indissociables de l’évolution des mentalités, des pratiques sociales et des débats culturels au sein de l’espace européen. À retracer les grands moments de la recherche sur le genre de la nouvelle, on se rend compte que les réflexions ont d’abord été formulées par rapport au genre romanesque. Plus précisément, c’est au sein d’études consacrées au roman et à l’histoire de ce genre qu’on trouve un panorama et un essai de classification des nouvelles françaises (comiques, tragiques, galantes, historiques, etc.). Les travaux les plus marquants sont sans aucun doute ceux d’Henri Coulet , de Maurice Lever  et de Jean Sgard . Puis, à l’exemple des travaux fondateurs de René Godenne, les critiques ont préféré ne s’en tenir qu’à la nouvelle, l’étudier en elle-même, l’affranchissant, du coup, de la tutelle du roman. L’introduction de Jean Lafond aux Nouvelles du xviie siècle  est, à cet égard, d’un grand intérêt, car elle ouvre plusieurs pistes qui sont au coeur de la réflexion sur la nouvelle. Cependant, beaucoup reste à faire sur l’étude du genre de la nouvelle. Dans ce contexte, il apparaît même d’autant plus urgent d’élaborer une poétique de la nouvelle sous un angle nouveau, celui du théâtre, que « l’importance des modèles fournis par l’écriture dramatique peut également rendre compte de la place prise par la composition de véritables scènes à l’intérieur de la nouvelle  ». Il s’agira donc pour nous aussi d’interroger les spécificités génériques de la nouvelle sous l’Ancien Régime, mais en insistant sur …

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