Abstracts
Résumé
La Coppie d’une lettre envoyee de la Nouvelle France, ou Canada, imprimée à Lyon en 1609, relate la traversée de l’Atlantique et le séjour américain d’un missionnaire reçu dans la plus haute société. Émaillé de noms de personnes et de lieux sans lien avec la réalité historique de la colonisation française en Amérique au début du xviie siècle, ce récit n’est pas sans entretenir de rapports avec une autre représentation de la Nouvelle-France, tout aussi fictive que complaisante à l’égard de la noblesse d’épée et publiée la même année dans l’Histoire de la Nouvelle-France de Marc Lescarbot. Cependant, même si ces deux documents charrient une même vision utopique et déréalisée de la colonisation, le récit épistolaire, contrairement au récit historique, assure à son auteur le privilège de formuler une expérience particulière qui ne peut être confrontée à aucune autre, ainsi que la possibilité de s’adresser à un auditoire qui s’identifiera au destinataire de la lettre, simplement désigné comme un « amy ». La Coppie comportant l’imprimatur de la Compagnie de Jésus, il est à supposer qu’elle aura été publiée avec l’accord des Jésuites, soucieux de s’acquérir quelque soutien dans leur recherche de moyens de passer en Nouvelle-France.
Abstract
The Coppie d’une lettre envoyee de la Nouvelle France, ou Canada (Copy of a letter sent from New France, or Canada), printed in Lyon in 1609, recounts the Atlantic crossing and American sojourn of a missionary received in the highest echelons of society. Sprinkled with the names of persons and places having nothing to do with the historic reality of the French colonization of America in the early seventeenth century, this account nevertheless reveals relationships with another representation of New France, both fictional and convenient, regarding the nobility of the sword and published the same year as Marc Lescarbot’s Histoire de la Nouvelle-France. Even if these two documents convey the same utopian and derealized vision of colonization, however, the epistolary narrative, contrary to the historic account, ensures its author the privilege of formulating a particular experience unlike any other together with the possibility of addressing an audience who will identify with the letter’s recipient, designated simply as an “amy.” Since the Coppie contains the imprimatur of the Company of Jesus, one may suppose it was published with the consent of the Jesuits, eager to acquire some support in their search for ways and means to move into New France.