Abstracts
Résumé
Henri Estienne inaugure, dans ses travaux sur le français, un nouveau récit sur la langue vulgaire dans lequel le parler courant ressort comme le gardien fidèle de l’intention des premiers « auteurs » de la langue. Les « conformités » qu’il découvre entre grec, latin, français sont d’une nature bien différente des moyens par lesquels traditionnellement on rapprochait les mots français de leurs étymons latins ou grecs : ce sont des ressemblances structurelles et abstraites, qui supposent des similitudes mentales remontant aux temps de la constitution de la langue. Cette démarche s’attache non plus aux marques extérieures de l’origine — comme celles que manifeste encore l’orthographe étymologique — mais aux « patrons » sur lesquels sont taillées les expressions les plus usuelles et les plus évidentes. En constituant de la sorte le parler courant en objet scientifique et en objet de culte, les travaux d’Estienne ont posé un jalon capital de la linguistique de la période classique.
Abstract
In his work on French, Henri Estienne initiates a new narrative on popular language in which everyday speech emerges as the faithful guardian of the intention of language’s first “authors.” The “conformities” he discovers between Greek, Latin and French are quite different in nature from the traditional means used to connect French words with their Latin or Greek etymons: these are structural and abstract resemblances, which suppose mental similarities dating far back to the constitution of language. This approach no longer relies on outward signs of origin—such as those still demonstrating etymological spelling—but on the “patterns” upon which the most usual and obvious expressions are moulded. By thus making everyday speech into a scientific object and a cult object, Estienne’s works laid an essential linguistic milestone of the classical period.