Abstracts
Résumé
À la fin du xviiie siècle, au moment où la Révolution semble avoir enfin écrasé « l’Infâme », paraît une apologie du catholicisme qui sut réinventer l’art de défendre et d’illustrer l’Église en fonction d’un nouvel ensemble de critères et de savoirs. Avec l’abbé Nicolas-Sylvestre Bergier, apologiste de renom dont la réputation s’était affirmée dès les années 1760 à l’occasion de fines analyses des textes des philosophes, les méthodes inspirées de celles des encyclopédistes et les connaissances tirées de l’exploration du Nouveau Monde s’allient en faveur d’un discours apologétique renouvelé destiné à combattre l’ennemi protestant ou libre penseur. C’est ce dont témoigne en particulier son Dictionnaire de théologie, ouvrage de compilation commandé par Panckoucke pour l’Encyclopédie méthodique. L’examen d’une série d’articles centrée sur le rôle des missions catholiques dans le monde met en évidence la compatibilité, voire l’étroite complicité, entre la mission apostolique des Jésuites, la mission d’exploration, la collection et l’expansion des savoirs à une époque où s’annoncent la fin des Lumières et celle des premiers empires coloniaux.
Abstract
At the end of the eighteenth century, at a time when the Revolution seemed finally to have crushed “the infamous thing,” an apologia for Catholicism appeared that was able to reinvent the art of defending and explaining the Church thanks to a new set of criteria and knowledge. With Abbé Nicolas-Sylvestre Bergier, a renowned apologist whose in-depth analyses of the texts of the philosophes established his reputation in the 1760s, methods inspired by those of the encyclopédistes together with knowledge drawn from explorations of the New World produced a renewed apologetic discourse intended to combat the Protestant, or free-thinking, enemy. This is particularly apparent in his Dictionnaire de théologie, a compilation ordered by Panckoucke for the Encyclopédie méthodique. The study of a series of articles centred on the role of Catholic missions in the world underscores the compatibility — the tight complicity even — between the apostolic mission of the Jesuits, the mission of exploration, and the acquisition and expansion of knowledge during an age characterized by the end of the Enlightenment and the beginning of the first colonial empires.