Abstracts
Résumé
La répartition désormais célèbre entre un libertinage de moeurs et un libertinage érudit a eu finalement tendance à répéter la distinction même que le xviie siècle n’a eu de cesse de clamer pour protéger l’exercice d’une philosophie libertine des risques que la radicalité d’une morale anti-chrétienne faisait courir à ceux qui la professaient. En confrontant des textes d’apologètes, des épisodes scandaleux rapportés sur les libertins de moeurs avec leur production écrite, il s’agira, d’une part, de permettre de sortir ces textes et leur auteur d’un double Enfer : l’insignifiance critique et l’inexistence de fantômes de papier. De l’autre, il s’agira de montrer que « c’est sur le terrain de la pratique et des moeurs, à commencer bien sûr par les moeurs sexuelles, que la vie philosophique s’oppose de la manière la plus nette et la plus brutale à la vie chrétienne » (Jean-Pierre Cavaillé). Qu’il existe un style commun aux écrits et aux comportements et que ce style engage une culture morale et philosophique commune à un groupe d’individus que l’on appelle libertins et qui l’identifient et se reconnaissent à travers lui, c’est ce que voudrait montrer cette contribution à l’étude des morales dissidentes au xviie siècle.
Abstract
The now famous distinction between moral and erudite licentiousness tended to repeat itself even while the 17th century never ceased clamouring for the protection of libertine philosophy against radical anti-Christian morals. A comparison of texts by apologists and scandalous episodes about moral libertines with the written accounts of the libertines themselves makes it possible, on the one hand, to deliver these texts and their authors from a two-edged inferno: critical insignificance and the non-existence of paper ghosts. On the other hand, the intent is to show that “in terms of everyday life and mores, particularly sexual mores, philosophical life differs clearly and radically from Christian life” (Jean-Pierre Cavaillé). The contribution of this study on 17th century moral dissidents is to demonstrate that there exists a commonality in writing style and behaviour and that this style involves moral and philosophical cultures typical of a group of individuals referred to as libertines, identified by this style, and who recognize themselves through it.