Abstracts
Résumé
La question de la morale est ici posée par le biais d’une réflexion sur la construction d’une image de soi dans le discours, bref d’un ethos : l’ethos de Théophile, le libertin en prison, mais aussi celui de Garasse, le jésuite écrivain. À partir du Theophilus in carcere, il s’agit d’examiner la légitimité problématique du poète libertin et de mieux saisir les enjeux de la constitution d’un ordre littéraire en relation avec le pouvoir ecclésiastique. Cette question suppose à la fois l’affirmation d’une poétique « moderne », où le « je » est omniprésent, et une méfiance toute chrétienne envers la possibilité pour un homme de jouer avec son image. Les ruines de soi ne peuvent alors que s’écrouler devant la solidité de la prison, symbole d’un pouvoir absolu, si bien que la seule posture valable pour comprendre et juger les hommes se situe en dehors de toute sphère sociale. À l’aube de la constitution d’une littérature, la prise de position de Théophile, même si elle répond principalement à un besoin apologétique, influencera la conception du littéraire et déterminera une figure légendaire de l’écrivain.
Abstract
A moral issue stems from a reflection on the construction of self-image in discourse, in brief, of an ethos, the ethos of Théophile, the incarcerated libertine, but also that of Garasse, the young Jesuit writer. Theophilus in carcere provides the framework for examining the problematic legitimacy of the libertine poet, and for understanding the challenges involved in creating a literary order related to ecclesiastic power. This issue requires the assertion of “modern” poetics characterized by the omnipresent “I” as well as the typical Christian mistrust regarding man’s ability to tamper with his image. Behind solid prison walls, symbols of absolute power, self-ruin is ineluctable, so much so that the only vantage point for understanding and judging men extends beyond social spheres. As literature begins to emerge, although Théophile’s position corresponds primarily to an apologetic need, it influences literary conception and presents a legendary image of the writer.